« Les approches sociales du handicap – Une recherche politique » de Myriam Winance

L’ouvrage est issu du mémoire d’Habilitation à Diriger des Recherche de la sociologue française Myriam Winance. L’ouvrage permet de façon relativement synthétique (environ 150 pages) de dresser un panorama des approches, controverses et enjeux qui traversent la recherche sur le handicap dans le champ des sciences sociales.

La première partie du livre propose une synthèse de quatre approches cherchant à explorer la construction sociale du handicap : le modèle social, la sociologie des techniques, l’éthique du care et les approches validistes. Pour chacune, l’auteure propose son analyse des apports et limites de chacun des courants. Ces perspectives ne sont pas simplement présentées les unes après les autres de façon séquentielle, elles sont également mises en dialogue au travers de la mise en lumières de présupposés qui peuvent être plus ou moins différents. A l’issue de cette partie, Myriam Winance effectue sa synthèse de ces différents courants afin de proposer un programme de recherche autour de deux niveaux d’analyse. D’une part, comprendre comment émergent et évoluent les catégories du handicap. D’autre part, explorer la façon dont ces catégories sont saisies dans la pratique et participent d’un processus de qualification plus large dotant les acteurs de qualités distinctives et singulières.

La seconde partie du livre propose un regard dynamique en s’intéressant à la fois à la structuration du champ de recherche et à la trajectoire de la chercheuse. C’est, dans un premier temps, l’histoire et l’institutionnalisation de la recherche sur le handicap au Royaume-Uni qui est étudié. Myriam Winance met en lumière l’intrication des dimensions théoriques, méthodologiques et politiques dans ces travaux qui s’articulent avec un modèle émancipatoire de la recherche. Le chapitre suivant est dédié à la progressive construction du champ du handicap en France depuis les années 80. Il met notamment en avant le rôle structurant d’institutions comme la CNSA ou la FIRAH dans l’histoire récente du champ. La chercheuse présente enfin sa trajectoire dans le champ et l’évolution de son positionnement. Les dernières pages du chapitre mènent une réflexion riche et illustrée sur les enjeux et difficultés de la recherche participative.

Au final, Myriam Winance parvient à dresser un état des lieux des approches sociales du handicap en mettant en lumière la dimension politique de ces travaux. Le livre dresse des perspectives de renouvellement de ces réflexions en adoptant une posture à la fois mesurée et engagée de la recherche.