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1.Plus d’information
La préservation de la biodiversité ne passe pas uniquement par une action sur la nature mais aussi sur le milieu humain. Cette action consiste à en appeler à une éthique de la commune appartenance, pour raviver le sens de nos responsabilités à l'égard de l'avenir de la planète, à partir du sentiment de sa fragilité. Cette approche inspirée d'un dialogue entre Paul Ricoeur et Hans Jonas sur l'écologie conduit à miser sur la dynamique des sentiments, préalablement à celle des concepts et des principes. D'un côté, c'est par notre corps que nous appartenons à la nature. De l'autre, c'est l'exceptionnalité de la conscience humaine qui fait notre responsabilité spécifique à l'égard de l'écosystème. L'action pour la préservation de la biodiversité requiert une pédagogie des valeurs liées à la réceptivité. En ravivant en nous le sens de la fragilité de notre condition, elle permet de résister à la logique de prédation en introduisant dans les consciences comme dans l'échange social un sentiment de gratitude pour les biens aujourd'hui menacés que nous devons à la nature et à la société.
Mots-clés : biodiversité, éthique, fragilité, Hans Jonas, réceptivité, responsabilité, Paul Ricoeur, biodiversity, ethics, fragility, Hans Jonas, receptiveness, responsability, Paul Ricoeur
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2.Plus d’information
La présente contribution explore la manière dont se pose la question du sens de l'être dans l'œuvre de P. Ricœur. Johann Michel montre que l'ontologie herméneutique ricœurienne se présente comme fragmentée, disséminée dans des ouvrages épars sans jamais s'ériger dans un système clos et achevé. À travers ces fragments d'ontologie, J. Michel se risque cependant à dégager deux trames, l'une (l'onto-poétique) qui prend sa source dans La métaphore vive, l'autre (l'onto-anthropologie) qui trouve son point culminant dans Soi-même comme un autre. Bien qu'ayant leur topos propre, chacune de ces trames ontologiques converge vers le même style de la « voie longue de l'herméneutique ».
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4.Plus d’information
RésuméAttentif aux avancées de la psychanalyse comme de l'analyse des discours et des récits, Paul Ricoeur n'a cessé de dégager, à travers ses études, des types de discordance dans le monde, et des formes de concordance ou de mises en ordre narratives et discursives susceptibles de créer une reprise du sens et une déprise du moi pour le lecteur et pour l'interprète d'une tradition littéraire donnée. Après avoir fait état d'un « double sens » des symboles (1965) et d'un « conflit des interprétations » (1969) en littérature, Ricoeur valorise les objets culturels par un questionnement sur le phénomène de l'innovation sémantique. Ce questionnement, engagé dans La métaphore vive (1975) et relancé dans Temps et récit (1983-1985), sera poursuivi jusqu'à sa mort. De la nouvelle pertinence sémantique créée par la parole vive à la mise en intrigue de l'action, Ricoeur cherche à replacer poèmes et récits dans la perspective de l'agir humain. Le hasard d'une naissance se transforme en destin et le moi narcissique fait place au soi réflexif par le détour des signes et par la médiation de la lecture envisagée comme herméneutique. En postulant que Ricoeur affermit la position du lecteur individuel puis celle des communautés de lecteurs dans ses ouvrages parus entre 1983 et 2010, nous voulons dégager les moyens langagiers grâce auxquels les oeuvres innovent et parviennent à exercer une fonction concomitante de refiguration du monde et de redécouverte de soi chez des « communautés qui s'interprètent elles-mêmes en interprétant le texte ».
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6.Plus d’information
Il y a eu un épisode pétainiste dans la vie de Paul Ricoeur. Combien de temps a-t-il duré exactement ? Il est vrai que le philosophe en a reconnu l'existence, lorsqu'en 1994 l'auteur de cet article lui a fait parvenir des textes publiés sous son nom au printemps 1941 dans une revue vichyssoise, l'{Unité Française} ; mais il est vrai aussi qu'il l'a présenté comme un bref épisode de désarroi ne durant que les premiers mois de sa captivité en Oflag. N'en a-t-il pas minimisé la longueur puisqu'il fut conférencier du "Cercle Pétain" de son camp de prisonniers et que ce cercle n'a commencé d'exister qu'en décembre 1941? A cette interrogation s'en joint une autre : la lecture attentive d'un article de Paul Ricoeur de mars 1939 – comme sa présence à l'université de Münich au cours de l'été 1939 ? – conduit à se demander quelle fut la nature de ce désarroi, bien antérieur donc à la défaite de juin 1940.
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8.Plus d’information
Il y a plus de trente ans, le livre fondateur de Carol Gilligan, In a Different Voice, fournissait aux théoriciennes féministes une nouvelle approche permettant d'affiner la critique des théories morales traditionnelles, particulièrement en ce qui concerne leur universalisme. Focalisant sur les situations concrètes, l'éthique du care chez Gilligan permet de recentrer l'attention sur les spécificités d'un dilemme moral qui, autrement, risquent de rester dans l'ombre. La réflexion féministe en philosophie morale et politique a progressé depuis, s'attelant à de nouveaux défis. La recherche récente suggère qu'une théorie morale non idéale (émergeant des situations vécues) est préférable aux théories dites idéalistes. Dans cet article, j'examine l'éthique du care selon Eva Feder Kittay, soit à titre d'éthique naturalisée (enracinée dans l'expérience), afin de mettre en relief les caractéristiques saillantes de l'agent.e caring. Cela me permettra ensuite de montrer comment l'affirmation clé de Kittay selon laquelle « nous sommes tou.te.s l'enfant d'une mère » fait écho à la pensée ricoeurienne de l'estime de soi qui est, en retour, ancrée dans la notion de sollicitude. Deuxièmement, je soutiens que la « petite éthique » ricoeurienne peut enrichir les éthiques du care (notamment celle de Kittay), précisément en ce qui a trait au telos du care. Ce faisant, les éthiques du care, qui placent l'accent sur l'universalité des besoins en cette matière, pourront mieux ancrer la sollicitude dans la sphère politique.
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9.Plus d’information
L'auteur se donne comme objet de discuter de la valeur philosophique et scientifique de la contribution de Paul Ricoeur quant à l'écriture de l'histoire, plus particulièrement au regard du rapport entre l'objectivité et la subjectivité et du rôle de l'intentionnalité dans l'historicité et le devenir. Pour ce faire, il organise son analyse autour des trois tomes de Temps et récit (1983-1985) où Ricoeur oppose à l'autosatisfaction triomphaliste de l'école des Annales sa proposition de dialogue entre la philosophie et l'histoire. L'auteur passe en revue un certain nombre de réactions aux propos de Ricoeur (entre autres de Certeau, Chartier, Rancière, Duby) et compare sa position à celle d'autres historiens et philosophes anglophones (entre autres celle de Dray, von Wright, Danto, White, Taylor). Ces discussions lui permettent d'explorer systématiquement la pensée du philosophe-historien. On est ainsi amené à constater que, pour Ricoeur, la pratique historienne est en tension constante entre l'objectivité, à jamais incomplète, et la subjectivité du regard méthodique qui doit se déprendre d'une partie de soi-même. Cette tension, précise Ricoeur, régit le « contrat de vérité » qui guide l'investigation historienne et fonde sa méthode et où la subjectivité de réflexion se trouve engagée dans la construction même des schémas d'intelligibilité. Il n'est donc pas étonnant alors que l'objet de Temps et récit soit de penser l'articulation du temps qui doit apparaître avec le temps qui est conçu comme condition des phénomènes. C'est ce qui fonde le projet herméneutique de Ricoeur, c'est-à-dire rouvrir le passé, revisiter ses potentialités à la lumière de l'intentionnalité du locuteur analysant. Ce projet ne pouvait que mener Ricoeur à s'interroger sur l'événement et son sens. À ce propos, l'auteur souligne ici l'importance de la contribution du philosophe au moment où la mondialisation de l'information fait que la totalité sociale connaît une extraordinaire dilatation de l'histoire, ce qui constitue une présentification conduisant à une expérimentation nouvelle de l'historicité, où l'événementialité est redéfinie comme approche d'une multiplicité de possibles et où la lecture historienne de l'événement n'est plus réductible à l'événement étudié, mais envisagée dans sa trace située dans une chaîne événementielle, donc à l'intérieur d'un processus. Sur cette base, on comprend alors toute l'importance de la contribution de Ricoeur à l'histoire du temps présent et l'incidence de ses travaux sur le rapport entre histoire et mémoire, dans lesquels cette dernière est elle-même érigée en objet historique. L'auteur souligne que ce renversement a une valeur heuristique, car il permet de mieux comprendre l'indétermination des possibles ouverts pour les acteurs, indétermination où l'intentionnalité subjective des acteurs prend tout son importance dans la détermination du régime d'historicité, ce dernier étant traversé par la tension entre l'espace d'expérience et l'horizon des attentes. C'est ce qui fait que le régime d'historicité est toujours ouvert vers le devenir et ne peut être la simple projection d'un projet social pensé et fermé sur lui-même, la logique d'action maintenant toujours ouvert le champ des possibles.
Mots-clés : Ricoeur, objectivité, subjectivité, intentionnalité, historicité, devenir, philosophe-historien, événement, présentification, attentes, Ricoeur, objectivity, subjectivity, intentionality, destiny, philosopher-historian, event, presentification, expectations, Ricoeur, objetividad, subjetividad, intencionalidad, historicidad, devenir, filósofo-historiador, evento, presentización, expectativas