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Le dossier que nous livrent Réjean Beaudoin et Luc Bonenfant réunit plusieurs des grands spécialistes du dix-neuvième siècle québécois pour réfléchir à une question en apparence simple, mais qui témoigne bien des tiraillements et des complexités de la vie littéraire de cette époque : pour reprendre le titre de l’article de Michel Biron, il s’agit de voir comment « écrire pour un lecteur d’ici » tout en empruntant aux formes étrangères — pour ne pas dire françaises. Tour à tour, les auteurs des articles ici rassemblés scrutent les sources et les modèles des oeuvres de Philippe Aubert de Gaspé fils, d’Octave Crémazie et de François Xavier-Garneau (Michel Biron), des ouvrages de prose d’idées (Denis Saint-Jacques), des premiers romans que sont L’influence d’un livre et Les révélations du crime (Micheline Cambron), des oeuvres de Laure Conan (Marie-Andrée Beaudet) et de Pour la patrie (Jean-Christian Pleau). En études libres, Alexis Lussier poursuit en quelque sorte cette réflexion en étudiant la correspondance du « martyr » Isaac Jogues, alors que Benoit Doyon-Gosselin analyse les figures spatiales dans L’île de la Merci d’Élise Turcotte. Complètent ce numéro les chroniques d’André Brochu, de Frances Fortier, de Lucie Joubert et — une nouvelle collaboration — de Martine-Emmanuelle Lapointe.
Ce numéro marque la fin de mon mandat à titre de directeur, après trois années d’intenses activités. Axées autour du trentième anniversaire de Voix et Images, ces dernières ont été l’occasion d’une réflexion de fond sur les manières de permettre à la revue de répondre aux objectifs que ses fondateurs lui avaient donnés : étudier et promouvoir la littérature québécoise. Le processus d’évaluation a été révisé et resserré, la rédaction a favorisé un retour des dossiers consacrés à des auteurs, avec une introduction plus substantielle, de nouveaux collègues se sont joints au comité de rédaction (Jane Everett), à l’équipe des chroniqueurs (Frances Fortier, Luc Bonenfant et Martine-Emmanuelle Lapointe), ainsi qu’au comité des correspondants (Petr Kyloušek, Vijayalakshmi Rao et Robert Major).
Surtout, tout en poursuivant la publication périodique imprimée, qui est sa principale raison d’être, la revue s’est lancée dans un projet de numérisation de l’ensemble de sa collection, qui permet une vaste, durable et nouvelle diffusion d’un riche patrimoine critique sur la littérature québécoise, aujourd’hui librement accessible par Internet. En parallèle, la revue s’est associée aux Presses de l’Université du Québec pour lancer la collection « De vives voix », dont les premiers volumes — sur Anne Hébert, Réjean Ducharme et Hubert Aquin — connaissent un excellent succès.
Je souligne en terminant le plaisir réel de travailler avec le comité de rédaction (Janet Paterson, Robert Dion, Jane Everett, Andrée Mercier, Jacinthe Martel et Robert Major), et ma gratitude envers ceux qui ont collaboré aux riches activités de Voix et Images au cours des dernières années : auteurs, évaluateurs, chroniqueurs, directeurs de dossiers et membres des comités. Aussi, les lecteurs ont certes remarqué la qualité de l’affiche publiée lors du trentième anniversaire et lancée au cours de la soirée qui a réuni les amis de la revue au printemps 2006, et l’originalité des maquettes graphiques des derniers numéros : derrière cette beauté se cache la graphiste Élise Lassonde, que je remercie. Pour avoir accompagné Voix et Images dans ces projets, je salue également Max Roy, directeur de la collection « De vives voix » ; Céline Fournier, directrice des Presses de l’Université du Québec ; Caroline Tessier et Tanja Niemann d’Érudit, et Charles Messier pour la numérisation de la revue ; Michel Tremblay, de Repro-UQAM, qui nous a permis d’être la première revue scientifique du Québec à réaliser un virage environnemental ; Chantal Bouthat, du Service de la recherche et de la création de l’Université du Québec à Montréal ; et aussi, pour leur soutien quotidien, les secrétaires à la rédaction Michel Nareau et Catherine Vaudry. En terminant, je souhaite à celle qui va me succéder à la direction de Voix et Images, ma collègue Jacinthe Martel, une grande satisfaction à diriger cette revue, essentielle pour tous ceux et toutes celles qui s’intéressent à la littérature du Québec.