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Bernard Andrieu est philosophe, professeur à l’UFR STAPS (Unité de formation et de recherche des sciences et techniques des activités physiques et sportives) de l’Université de Paris (Paris-Descartes) (France), Directeur de l’Institut des sciences du sport-santé de Paris (URP 3625 I3SP). Il coordonne le parcours EPS du Master MEEF ESPE Paris et le Master STAPS Parcours APA3S « Sport, Santé, Société ». Il est codirecteur de la revue Corps au Éditions du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Il a codirigé Body Ecology and Emersive Leisures (Routledge, 2019) et publie en 2020-2021, en brésilien, avec Petrucia da Nóbrega, Emegir na Naturareza. Ensaios de Ecologia Corporal [Émerger dans la nature. Essais d’écologie corporelle], Sao Paulo, LibersArs et, à Montréal, aux Éditions Liber La vivacité. Effets de la dismose dans le corps ; voir <https://i3sp.recherche.parisdescartes.fr/equipe/bernardandrieu/>.
E.P. : En tant que philosophe français du corps, Bernard Andrieu, vous êtes l’auteur de nombreux travaux sur le rapport au corps dans nos sociétés contemporaines et vous vous êtes intéressé aux usages et à l’histoire des pratiques corporelles, notamment aux cultes du corps (1993-1994), au plein air (2009), au bronzage (2011), à la santé (2012), etc., jusqu’aux sensations vécues (2016) avec l’émersiologie. Vous analysez ainsi les loisirs émersifs des individus pour proposer une compréhension selon une écologie corporelle (2009-2011, 2020), c’est-à-dire l’expérience d’un rapport au corps situé. À partir de vos recherches sur les modus vivendi qui organisent de nouvelles pratiques de loisirs aujourd’hui, notre rencontre consiste à apporter un éclairage quant au métissage entre le tourisme sportif et les logiques de santé et de bien-être que nous examinons dans ce numéro de la revue Téoros.
Dans ce sens, quel regard portez-vous sur les nouvelles manières d’intégrer les loisirs actifs/sportifs dans les expériences contemporaines de l’ailleurs ?
B.A. : L’écologie du sport est une nouvelle discipline philosophique de l’éthique du sport pour penser les concepts et les techniques du corps immergé dans les pratiques sportives et de loisir, dans la nature et dans les éléments. Le philosophe norvégien Arne Naess [1912-2009], connu aujourd’hui pour ses thèses sur l’écologie profonde, a été un expert de la montagne, notamment par l’étude des expéditions en Himalaya (Naess, 2008). Cette combinaison disciplinaire en Norvège de l’écologie et du sport par une pratique environnementale a pu influencer le métaphysicien Peter Wessel Zapffe [1899-1990] et le philosophe de la nature Sigmund Kvaløy Setereng [1934-2014]. Gunnar Breivik, formé notamment par Naess, défend en 1975 sa thèse en philosophie du sport à la Norwegian School of Sport Sciences en développant une réflexion sur les sports de plein air et les pratiques à risque.
Le sport est en connexion avec les milieux et la nature par la localité des territoires où les pratiques et les techniques corporelles s’intègrent sans détruire. L’éco-sport met en connexion dans un système relationnel les humains avec « des systèmes organiques, avec les animaux, les plantes et les écosystèmes » (Naess, 2008 : 130). L’éco-responsabilité des sports de pleine nature a trouvé avec la montagne et la mer, mais aussi la campagne, des milieux pour développer des pratiques du corps plus saines et plus justes. Avec Sigmund Loland et Mike McNamee (2007), la philosophie écologique du sport interroge la relation de risque avec la nature. Elle se fonde sur les expériences immersives des pionniers (Thoreau, 1846 ; David-Néel, 1907 ; Shackleton, 1909 ; Muir, 1911 ; Bombard, 1953…) dans la pratique éthique de la nature.
Si les loisirs actifs se définissent comme la participation active du corps dans une expérience différente de la vie quotidienne de l’homme urbanisé, l’activité de loisir se déplace aujourd’hui : par le détour par l’urbex, des espaces abandonnés urbains ou industriels comme lieux inédits, l’ailleurs décrit une modalité inédite de la contemporanéité. L’exploration urbaine de lieux abandonnés confronte le sujet au spectacle du passé de la technologie comme s’il visitait un autre âge de son humanité. Ainsi le tourisme à Tchernobyl, décrit comme un « dark tourism », comme celui du départ de la flamme à Fukushima avec le projet des Jeux olympiques reporté à cause de la COVID-19, se joue du risque radioactif que subissent encore les populations. Il faudrait ici s’intégrer à n’importe quel prix par un défi écologique à un milieu dangereux avec une prise de risque sanitaire.
En refusant d’être secondaire, le tourisme sportif voudrait dans une seconde modalité s’immerger dans ces lieux vierges, comme des forêts primaires, détruisant par là même les équilibres écologiques. Cette dénaturation du sport dans ce tourisme zoonosique n’a rien à voir avec ce que nous présentons ici en termes d’alternative durable par une immersion de longue durée avec une communauté partagée, avec le milieu et les peuples locaux. Les itinérances récréatives voudraient, après le tourisme, être dans une transmodernité avec Jean Corneloup (2021), là où les épistémologies du Sud critiquent le colonialisme vert, comme l’analyse de Guillaume Le Blanc (2020). Il faudrait sinon plus d’humilité dans et face à la nature, du moins un complet renversement de notre mode économique du tourisme sportif. La notion de tourisme sportif conçue comme visite cannibale et comme un consumérisme de service devra être remplacée par une pratique collaborative, locale et communautaire. L’aménagement durable des territoires propose face à l’exode urbain et face à la collapsologie une ruralité positive : plutôt que des loisirs de compensation, le retour à la terre définit des pratiques douces et des exercices en harmonie avec les paysages.
L’aménagement du territoire dans un but de loisirs corporels ne sert pas la logique d’immersion sensorielle dans la nature. La sensation de l’espace se construit par le contact avec la terre et les éléments qui se produit sur un territoire donné. Le sentiment de cosmose (désir de se fondre dans la nature), qui pour Augustin Berque (2018) consiste à « recosmiser la terre », est produit par l’intensité du réénchantement et de l’engagement du corps dans l’écologisation : d’une part l’immersion dans les éléments naturels, à l’instar du wingsuit de Géraldine Fasnacht en 2016 dans son film 4634 – Perception – The Mountain Within[1], montre comment le vent soulève les corps en les stimulant ; d’autre part l’écologisation des sports est effective dans l’espace urbain comme le skateboard, le roller, la trottinette, le rooftopping, l’urbex, le parkour, le streetworkout ou l’urban training.
La nature sauvage, wilderness, n’existerait pas et n’aurait jamais existé, car « les pionniers n’ont jamais traversé de nature vierge : celle-ci était habitée par les natifs » (Neyrat, 2016 : 36). Mais cette expérience n’est plus toujours possible : selon Frédéric Neyrat dans La part inconstructible de la Terre (2016), il convient, avec raison, de critiquer le mythe de l’interconnexion des êtres vivants dans une éco-sphère au nom de laquelle l’activité démesurée de l’homme viendrait recouvrir notre expérience de la nature. Avec son écologie de la séparation, il faudrait admettre une discontinuité à rétablir et à accepter entre l’homme et son anthroposcène. Immergé dans la terre, le cosmicien que l’on est ne peut déconstruire la Terre pour en faire sa propriété. Comme locataire et mobile, le terrien n’est jamais entièrement terrestre. Face à l’acosmie moderne, le corps-cosmos en 2008 de Michel Collot trouve dans la nature le moyen de se définir, de se retrouver ou de s’approfondir.
Ce temps long de l’immersion cosmique est celui des flux du vivant dans ses processus de création et de mort des formes de la matière en devenir. La tentation est grande de fusionner avec la nature, ses esprits, ses éléments et ses êtres vivants. Ces cultures si empathiques avec la nature expriment un mode de vie imsertive par une immersion-imsertion dans l’animal, dans la force de l’élément comme le rêve chez les aborigènes. Sortir de son propre corps pour devenir l’autre corps de l’animal ou renoncer à l’égo du corps propre pour se dépropréiser. Toute une réflexion in situ, comme vous le développez (Perera et Beldame, 2016 ; Beldame et Perera, 2020), démontre qu’au contact du corps vivant nous pourrions « habiter en oiseau » (Despret, 2019), être « sur la piste animale » (Morizot, 2018-2020), « croire aux fauves » (Martin, 2019), sentir « la vie végétale » (Coccia, 2010), « penser les forêts » (Kohn, 2017), ou prendre « un bain de forêt » (Brisbarre, 2018).
L’ailleurs, comme un besoin irrépressible de nature tel que Sébastien Dalgalarrondo et Tristan Fournier l’étudient à propos de l’utopie sauvage (2020), devient un ensauvagement interne et intime dans ce que nous développons avec l’émersiologie, notamment avec une communauté d’auteur·e·s dans le Manuel d’émersiologie (Andrieu, 2020) : un contact avec le vivant dans notre corps, face à la contamination au virus COVID-19, ou externe avec les éléments, les plantes, les animaux, renouvèle ce que Jacques Rancière (2020) appelle « le temps du paysage ». La résonance pour Harmut Rosa (2018), le contact pour Matthew B. Crawford (2019) et l’immersion dans le vivant pour Anaïs Bernard (2018), posent la question des limites de la cosmose, de ce que j’analyse comme le désir de « se fondre dans la nature » (Andrieu, 2017). Les loisirs actifs sont ceux qui activent le vivant et nous connectent dans la nature avec les autres espaces de l’écoumène.
E.P. : Comment interpréter alors des phénomènes touristiques comme le slow tourisme ou encore un engagement contemplatif dans les manières de voyager ?
B.A. : Le bien-être n’est plus l’accumulation consumériste des services de loisir sur le modèle néocolonial. Plus lentement mais aussi plus profondément une exploration progressive s’organise avec les acteurs locaux et développe l’économie durable. Avec Florian Lebreton et Christophe Gibout nous avons développé depuis 2018 une description des pratiques de la lenteur dans les loisirs émersifs autour du slow tourism / slow sport (Lebreton et al., 2020).
La profondeur du corps reste le continent noir de l’anthropologie sensorielle car il faut tenir compte non seulement du récit du corps vécu, mais aussi des effets émersifs dans le corps vivant à la suite de l’écologisation corporelle dans l’élément. Le tourisme durable s’appuie sur l’écologie corporelle comme une cosmose : celle-ci se produit par l’émergence involontaire lors d’émersions sensorielles et/ou d’activations physiques de notre corps. L’osmose est ce sentiment de plénitude par la présence au monde et par l’attention à l’instant favorisées par la lenteur comme dans la marche nordique, sur le paddle, immergé dans le longe-côte, ou sous l’eau en apnée.
Ainsi le Queensland Parks and Wildlife Service, Department of National Parks, Sport and Racing[2], a défini une conception durable du tourisme sportif qui comprend globalement le lien entre sports, loisirs et compétition sous le prisme de la vie sauvage, notamment la barrière de corail, et autochtone, comme les « expanding authentic indigenous ecotourism experiences » (Coria et Calfucura, 2012). Le contact avec la culture indigène et le respect de l’écosystème ne signifient pas un ensauvagement qui consisterait à vivre comme « ce que serait la vie dans une nature sauvage », comme certains stages de survivalisme le proposent. Une lente immersion procure des empreintes sensorielles inédites par le processus d’acculturation.
Inséré, le cosmicien doit écologiser le vivant de son corps, sinon subir l’altérité de la nature comme une altération fatale des rythmes fondamentaux. En se transformant de l’intérieur, le cosmicien devient une part du cosmos sans le réduire ou s’y réduire dès lors qu’il maintient une homéostasie entre son milieu intérieur et le milieu extérieur. Un déséquilibre entre les deux se produit par la dismose quand la nature, les autres ou la technique viennent les détruire (Le Blanc, 2020). Dans la nature plutôt que depuis la nature, chacun voudrait éveiller aussi sa nature profonde dans un idéal d’unité et d’harmonie entre le cosmos intérieur et l’univers infini. Cette illusion, qui peut être mystique, naturiste et anarchiste, comme nous le montrons ici, révèle aussi une intuition et une sensibilité à la nature. La volonté de faire corps avec les loups, comme le réalise Shaun Ellis en vivant avec eux, ce dont il témoigne dans son récit Un homme parmi les loups (2019) ; il ne revisite pas simplement le Livre de la jungle ou le mythe de Greystoke. L’univers nous cosmotise en révélant la grandeur toute relative de notre présence et de nos actions, tandis que notre monde intérieur s’intensifie par les échos des éléments, des autres et des techniques en nous.
Les récits de survivants de l’extrême, héroïsés dans des documentaires fictions qui reconstituent pour de vrai, et souvent pour de faux, dans des autofictions reconstruites après le contact avec la nature, l’immersion de manière illusoire : la caméra est le secours toujours possible d’un aventurier qui joue à se faire peur. Les guides de survie en milieu hostile se multiplient au nom du survivalisme : il faudrait être équipé tant en techniques du corps qu’en matériaux adaptés pour ne pas subir la dismose et traverser les épreuves de la nature comme autant de preuves, sinon de sa virilité, de sa souplesse. Pensons ici à la marche extrême en solitaire, comme celle de Sarah Marquis traversant à pied en 2018, du sud au nord, la forêt primitive de la Tasmanie, qui vient exalter en elle la nature dans son ensemble : il faudrait être conscient de son environnement à tout instant en découvrant les limites de son propre corps en pleine nature.
Pour participer à ce style de pratiques, il faut avoir, selon Gaston Bachelard, un corps mou plutôt que dur ; le corps dur disperse l’action sur la nature en voulant la maîtriser dans une connaissance de la matière ; il est « le miroir convexe de notre énergie » (1948 : 29 et chap. V). La volonté de domination s’exprime dans des images et des réalisations d’architectures élevées. Ici la cosmotique, comme écologie cosmique, se fonde plutôt sur le corps mou, « miroir concave » : car la « mollesse » (ibid.) de la matière, et non sa malléabilité, nourrit le désir de pénétration de la nature ou celui d’être pénétré par les éléments pour ressentir une nouvelle intimité. La boue, la grotte, l’apnée, sont des moyens d’être dans la nature en découvrant la nature de son propre corps et en particulier ce qui est vivant mais pas encore vécu par nos techniques habituelles. L’écologie corporelle, comme cosmotique, est le principe de constitution des relations entre le corps et le monde ; c’est une interaction dynamique tant sur le plan conscient qu’inconscient.
Cette écologisation des pratiques n’est pas une dissolution du moi dans des états fluctuants et incertains comme une dépersonnalisation. En faisant corps avec le milieu, avec les autres et avec les éléments, nous avons démontré comment chacun·e cherche à s’éprouver pour ressentir des sensations que ne procurent plus le milieu urbain habituel et le schéma corporel automatisé des circuits sensoriels ordinaires.
Le corps se révèle ici dans ce type de tourisme comme un trou bordé d’orifices. C’est moins la pénétration de l’air par le corps que lui apporte cette émersion vertigineuse que ses effets internes et intimes par l’éveil des émotions et des sensations. En retournant sa peau par une sensibilité intime, le vertige dans l’air révèle en nous une cartographie des cavernes intérieures : gravité, déséquilibre, appui, vitesse et mobilité.
E.P. : Dans quelle mesure un rapprochement vers la nature est une recherche d’une forme de bien-être ? Quelles sont ces nouvelles formes de bien-être auxquelles les individus aspirent aujourd’hui ? Quels sont leurs liens avec le tourisme sportif ?
B.A. : Ce partage d’une vie immersive dans un temps plus lent nous rend capables de savourer les rencontres et l’apprentissage d’une autre façon de vivre plus proche de nos sensations, de nos émotions. Mais cela nous demande aussi d’élargir notre perception et notre solidarité pour vivre de vrais échanges avec la population locale, par exemple pour approfondir l’écoute quand on est en train de parler avec les habitants pour, petit à petit, découvrir leur façon de vivre, les difficultés sociales de la région, les souhaits, etc.
Le tourisme immersif cherche à ressentir l’éveil de la nature par son émergence, son émersion et sa fusion en nous à l’occasion des pratiques qui vont de la confrontation avec la nature sauvage à des pratiques parfois dangereuses (Andrieu et da Nóbrega, 2020). Le processus expérientiel engage le tourisme sportif dans la recherche d’expériences mémorables qui sortent du cadre esthésiologique habituel. Le marketing de l’immersion dans les éléments, que nous avons développé dans l’écologie corporelle (Andrieu, 2009-2011), est le moyen de communiquer avec l’énergie. Le longe-côte est assez exemplaire de cette nouvelle pratique vivifiante (Lebreton et al., 2008), mais aussi qui active en nous une santé capacitaire inédite. La marche nordique renouvelle le nomadisme écologique (Raça, 2019) dans la perception de la nature en fonction de l’activité capacitaire des personnes.
La notion de performativité, s’accomplir dans ses actes, plutôt que de performance, est à rechercher à travers cet écotourisme sportif et durable. Ainsi les formations en écotourisme comprennent désormais, comme à l’Université de l’Ohio, des modules d’anthropologie culturelle, d’écologie à la biodiversité, de développement durable, de loisirs récréatifs ou encore d’éthique environnementale. Adventure, sport et sustainable tourism management sont indispensables pour le développement d’un « écosportourisme » durable. Le tourisme sportif depuis la COVID-19 que nous apportons dans ces milieux jusque-là protégés doit remettre en cause notre destruction de la nature primaire, de la forêt amazonienne, ainsi que les pratiques corporelles indigènes, évitant ainsi la création de zoonoses : diminuer son impact c’est explorer son bien-être sans provoquer le mal-être des autres, de la nature ou des cultures. Une forme d’équilibre entre être bien et le bien-être des autres avec qui je partage le terrain et la culture est une condition nécessaire à une durabilité commune et partagée (Bookchin, 2017).
E.P. : J’ai pu lire dans vos travaux que vous allez jusqu’à vous mettre « tout nu » pour approcher les nouvelles pratiques des bords de mer, pouvez-vous m’en dire plus ?
Être nu physiquement, mais aussi méthodologiquement, c’est se laisser envahir par le milieu traversé. L’étonnement est la condition de la nudité méthodologique. Car la nudité physique ne suffit pas pour garantir l’empathie et le contact direct avec les sujets remarquables sur le terrain. En se dénudant aussi de ses préjugés, le chercheur nu ne parvient pas si facilement à se rendre invisible parmi les autres personnes nues. Nous avons vécu cela où, immergés dans un hôtel naturiste de l’île du Levant qui dominait toute la vue sur la mer, le propriétaire est venu me demander si finalement, alors que j’étais aussi nu que lui, j’étais bien naturiste. Soit parce que la nudité ne suffit pas pour être naturiste et même nudiste, soit parce que poilu et non épilé je me suis rendu compte avec sa question que bien que nu, je ne montrais pas les codes de la nudité, épilé, qui était standard sur toute l’île, tant chez les hommes que chez les femmes. Des communautés naturistes, en fonction de leurs pratiques sexuelles et de leur genre, distinguent des types de nudité et de loisirs en fonction des modes de valorisation de l’île.
Nous avons aussi étudié – c’est ma collègue, car femme, qui a pu pénétrer dans ces maisons interdites aux hommes, en nous immergeant en cover researcher au Brésil – le bronzage naturel dans des clubs privés. La maison bronze, comme cela s’appelle, est une nouvelle offre qui se développe. Il s’agit de redessiner les marques du maillot sur la peau pour produire sur son corps une silhouette de playmate semblable à celle des magazines. Avec 15 % de protection dans les crèmes ou l’usage de parabène sur la peau, le bronzage est immédiat, et même s’il devrait se pratiquer avant 10 heures du matin, le bronzage de la peau est aussi immédiat et doit se voir par la démarcation entre le dessin blanc du maillot et la partie bronzée du corps. En orientant l’exposition sur un maillot redessiné à même la peau, chaque adepte voudrait se conformer aux normes érotiques de la playmate (Columina et Jankovic, 2016 : 192-193) en exposant, comme avec le string, toutes ces parties du corps. L’impudeur sur la plage publique peut être dans ces nouvelles maisons closes, exclusivement féminines, transgressée sans le regard et le jugement masculins. Car sur la plage publique la codification des maillots est stricte.
Avec cette technique, bronzer entièrement avec peu, voire aucune protection ne se caractérise pas comme une pratique naturiste, mais comme une technique éco-esthétique réservée, jusqu’à présent, seulement aux femmes, de tous âges, qui cherchent ce qui serait un bronzage parfait. Nous avons pu – ma collègue étant en observation participante avec les femmes – partager ce bronzage naturel dans les espaces que nous avons visités : une maison de bronzage à João Pessoa et deux à Natal, en 2016. Les femmes disent qu’elles sont là pour obtenir un bronzage parfait, pour augmenter leur estime de soi, pour se sentir sexy et pour plaire à leur compagnon. Elles affirment également qu’elles ne se sentent pas à l’aise dans le port d’un bikini si petit, en string sur la plage en présence de leurs enfants, des amis ou d’autres regards indiscrets.
En plus de ces conversations informelles, nous décrivons notre expérience dans deux de ces espaces situés dans les villes de João Pessoa et de Natal, Brésil, au cours des mois de novembre et décembre 2016. Au départ, signalons qu’il n’y avait pas de différences significatives entre eux car ils suivent le même protocole par rapport à la technique de bronzage.
Ma collègue Petrucia da Nóbrega décrit son immersion sur le terrain :
Dans une cabine réservée – avec chambre pour une ou deux personnes étant servies en même temps – nous étions nues et la personne responsable dessine le bikini sur notre corps, en utilisant du ruban de couleur et adhésif. La forme est coupe-bas pour bien souligner la silhouette. Après avoir fait le bikini on est passé au soleil. La personne nous recommande l’utilisation d’une crème solaire avec un facteur de protection 15 sur le visage, mais pas pour le corps. Ils utilisent de la paraffine pour accélérer encore le bronzage. Couchées sur des chaises longues ou une sorte de lit, nous sommes restées pendant environ deux heures, en changeant de position toutes les vingt minutes. Cette procédure est contrôlée par la personne responsable qui, de temps à autre, vient nous rafraîchir avec des jets d’eau, jus de fruits ou de l’eau. Cette période « rafraîchissante » est agréable et nous aide à supporter la chaleur, en raison des températures élevées pendant l’été au nord-est du Brésil, environ 30 à 35 degrés. Après le soleil, nous pouvons décolorer les poils de la peau ou nous faire masser.
Chaque session coûte autour de 70 R$ (10 €), mais il y a un forfait avec trois ou quatre sessions autour de 200 R$ (30 €) pour assurer « la marque parfaite », comme les slogans diffusés dans ces espaces et leur site Web respectif. Les femmes qui travaillent dans ces espaces et qui nous accompagnent tout au long du processus sont jeunes et portent des vêtements avec 98 % de protection anti-UV. Elles nous conseillent également de ne pas bronzer ailleurs pour ne pas perdre « la marque ». Nous notons qu’il n’y a pas de conseils quant aux risques d’exposition au soleil sur l’incidence du cancer de la peau. Interrogée par ma collègue sur ces risques, la personne responsable lui dit qu’ils ne reçoivent pas les clients après 10 heures du matin parce que la procédure doit se terminer au plus tard à midi :
Cependant, dans notre observation, les clientes arrivées après 10 heures ont été reçues. Les femmes avec lesquelles nous avons discuté ont des différences en âge, profession et pouvoir d’achat. Elles disent qu’elles se sentent bien avec la peau bronzée et avec cette marque bien définie sur leur corps, considérée par elles comme très sensuelle. Avec le bronzage et cette marque, certaines se comparent aux modèles exposés dans le magazine Playboy et se sentent belles et désirables.
Sans cette immersion du corps de la chercheuse dans ce terrain, nous ne saurions rien de ces pratiques. La contrainte d’être bronzée, y compris dans le tourisme sportif sur les plages, rend difficile la dé-assignation de femmes. Leur bien-être n’est pas si facilement intersectionnable en raison de la limitation aux normes sociales hétérocentrées de la société. Pouvoir atteindre un bien-être plus durable et écologique implique une déconstruction de la domination masculine ; le colonialisme de l’anthropocène pourrait maintenir le corps sportif dans un consumérisme perpétuel qui force ces femmes à la beauté normalisatrice.
E.P. : En quoi cette manière de vous immerger, c’est-à-dire une « immersion par corps », vous permet-elle de saisir les loisirs des pratiquants de bord de mer et leurs sensations, comme le surf nu ?
Avec Pétrucia da Nóbrega, ma collègue professeure à la Faculté des sports de l’UFR Norte à Natal, nous avons étudié comme exemple la pratique du naturisme sur la plage de Tambaba, située dans la commune de Condé, à environ 30 kilomètres de João Pessoa, au Brésil, en la plaçant dans le contexte de l’écologie du corps. Nous nous sommes immergés une semaine sur place en logeant dans la pausada sur la plage même afin de comprendre les différents types de publics, la topographie relationnelle de la plage, les rituels et les pratiques sportives. Depuis le moment de l’entrée sur la plage où nous devons nous mettre nus jusqu’au bout de la plage réservée aux couples échangistes et où des homosexuels se réfugient, toute une stratification des loisirs est mise en œuvre, à la fois invisible mais très précise, dès que l’on passe certains points de la plage. Nous avons assisté aussi à un geste très beau d’une femme naturiste très âgée aidée par les habitué·e·s pour s’asseoir dans un fauteuil dans l’eau. Alors même que le bar de la Pausada accueille à la journée des jeunes couples qui consomment des bières, une adolescente sous l’effet de la drogue est évacuée vers l’hôpital en fin de soirée. Un concentré des rituels de loisirs naturistes est ici rendu possible à travers les pratiquants réguliers et des modes de vie transgressifs comme les couples illégitimes, les gays, ou des personnes très âgées stigmatisées sur la plage classique.
L’activité physique nue est aussi présente sans connotation de bronzage, d’érotisme ou de séduction. À la plage de Tambaba on peut trouver des groupes naturistes : Sonata, Território Macuxi, Tambaba Nua et Movimento Nu. Cette dernière association organise un festival naturiste qui s’appelle Tambaba Open de Surf Naturista[3]. Nous avons pu nous entretenir, le 8 novembre 2015, avec le président de l’association qui avait installé une tente sur la plage. Le projet de l’association est de diffuser à la fois le naturisme et le projet écologique. Comme ce jour-là où les anniversaires sont fêtés avec des pratiquants individuels ou en couples plutôt âgés de la trentaine, le but est de réunir des personnes autour du naturisme sur la plage. Le surf nu est une pratique écologique qui implique une pratique de la planche libre pour ne pas être blessé lors de la chute dans l’eau. La chute libère la planche que le surfeur nu vient chercher ensuite, le plus souvent un peu plus loin sur la plage en fonction des courants. La liberté de mouvement est donc favorisée et la nudité devient sportive sans souci d’exhibition de soi autre que le geste admiré par les naturistes sur la plage.
Les pratiquants font corps avec la nature pour trouver des modes différents selon le vécu corporel dans la pratique sportive ou de loisir ayant des objectifs aussi différents qu’améliorer la santé, ressentir du bien-être ou éprouver de la sociabilité. Dans ces moments de loisir ils peuvent avoir de nouveaux rapports aux corps et au monde à travers l’expérience esthésiologique de leurs sens qui s’émersent involontairement du corps vivant dans la perception du corps vécu.
C’est une écologie de l’élément, ici l’eau et le vent, le contact avec les éléments naturels peuvent contribuer à l’éducation de la sensibilité écologique et offrent une possibilité de jouissance de l’énergie solaire et d’autres éléments de la nature. Du point de vue de l’écologie du corps, ce contact avec la nature cherche à établir une liaison avec les éléments de la nature comme un mode d’immersion dans les sensations corporelles telles que la respiration, le naturisme, l’énergie, la lumière, la marche, la méditation et d’autres techniques, pour essayer de promouvoir des modes de vie collectifs, associatifs, de solidarité, de coopération, pour tisser encore une alternative de vie plus harmonieuse et solidaire. Par ailleurs, une écologie sensorielle éveille l’expérience immersive dans l’élément afin de découvrir l’intensité des sensations internes. Enfin, une écologie durable place dans une économie durable de la santé les acteurs locaux qui profitent du vent qui tourne pour redéfinir une place.
Ce contact peut prendre plusieurs intensités différentes selon le degré de mise en danger dans le risque sportif de la pratique. Le contact par la dismose est une épreuve de la vivacité de la nature qui peut se retourner contre celui qui s’y aventure dans les sports extrêmes ou dans les raids aventure, ou dans les sports de chute et de vertige. Le contact par la cosmose est une épreuve de fusion sensorielle avec la nature en faisant corps avec les éléments. Le contact par osmose est l’augmentation du champ de conscience par la modification de sa perception sous l’effet de pratiques sportives en contact avec le vivant.
La conscience écologique trouve dans les techniques de restauration et de recyclage le moyen éthique de préserver et de s’insérer dans des écosystèmes : les immerseurs écologiques auront pénétré la nature sauvage et constaté la dégradation humaine, mais en définissant une philosophie de l’immersion esthétique et esthésiologique dans les éléments. Les immerseurs témoignent dans le vif de leur chair (Étienne, 1999) de l’impression et de l’empreinte des éléments dans leur corps à corps. À la différence des naturistes et des naturiens qui maîtrisent leur corps en le purifiant par une revigoration, l’immerseur·euse s’enfonce dans la nature pour ensauvager son corps afin d’éprouver, par une écologie sensorielle comme le surf nu, la modification sans le contrôle de la volonté, comme l’avancée de la glace qui force à l’hivernage en 1907-1909 l’explorateur Ernest Shackleton [1874-1922], ou la rencontre d’autres cultures jusqu’au Tibet par l’écrivaine Alexandra David-Néel [1868-1969] en 1924.
E.P. : Finalement, peut-on parler d’un tourisme immerseur qui organise un nouveau rapport au corps, utilisant les loisirs émersifs comme recherche d’un bien-être intérieur ?
En découvrant en soi et avec les autres de nouveaux modes de coopération sportive, je propose le terme de « sportourisme santé », qui fait découvrir un sens commun, ressentir l’énergie interne et éveiller des ressources capacitaires jusque-là inédites. Plutôt que de rechercher des conditions extrêmes et invivables, voir inviables, le sportourisme santé propose d’activer la vivacité des corps dans le contact expérientiel avec la nature. En recherchant l’osmose avec le vivant, le sujet n’est pas seulement dans un état de cosmose par lequel il voudrait se fondre dans la nature, mais il va se perdre dans cette nature pour y découvrir les émersions de son vivant. Se mettre au contact du vivant est une rencontre avec le sauvage (wild), les fauves ou les conditions climatiques extrêmes, mais cette rencontre est non maîtrisable.
Le tourisme de l’éveil propose à travers des expériences de pleine conscience une nouvelle lenteur exploratrice de soi, de la nature et des autres par les activités de bien-être et de développement personnels telles que le yoga, le Tai-chi, ou la technique posturale du Feldenkrais. Les loisirs émersifs sont des expériences corporelles en interaction avec le monde mais aussi avec les émotions qui émergent dans le cours de l’engagement corporel. Le loisir ludique trouve dans l’activité sportive un bien-être et une satisfaction : le but semble viser de manière intentionnelle des objectifs non compétitifs du loisir. En laissant émerser les émotions et les sensations dans le lieu même de l’écologie corporelle, le milieu favorise dans le cours du loisir des modes de réalisation de soi. Le loisir ludique cherche à procurer un plaisir qui s’achève une fois obtenu, tandis que le loisir émersif poursuit en soi des effets de connaissance et rémanences sensorielles.
L’émersion dans les loisirs s’effectue par une expérience cosmique dans la nature, par la sensibilité des échos du monde en soi et par l’éveil du corps vivant dans des activités d’attention et de méditation. Par des engagements corporels, les loisirs émersifs activent dans le corps vivant des ressources jusque-là inédites. Les pratiques d’éveil par les pratiques corporelles sont des immersions de la conscience dans des expériences corporelles dont les effets ne sont pas contrôlés par une prise de conscience. Pour que l’éveil du vivant puisse émerser, c’est-à-dire émerger de manière involontaire dans la conscience, il faut, par son écologisation dynamique et spontanée, que le vivant de notre corps soit activé pour produire des ressources capacitaires jusque-là inédites et inconnues à la conscience.
Le lien entre l’écologie corporelle et les loisirs émersifs tient aux effets de l’écologisation : immersive dans le corps, l’écologisation vient activer des ressources capacitaires inédites et favorise ainsi l’émersion involontaire jusqu’à la conscience de nouvelles émotions. Cette activation est un nouveau mode de connaissance de soi dans l’expérience même de l’immersion corporelle. En éveillant des sensations internes jusque-là inconnues, comme ici dans les textes retenus, le vertige, l’osmose avec les éléments, la douleur de la blessure, le loisir laisse émerser jusqu’à la conscience l’activité du vivant : se faire surprendre par le vif de son corps donne au loisir moins un sens de détente qu’une signification de découverte et de connaissance augmentée de soi-même et du monde.
L’écologie corporelle correspond à cette émersion de nouvelles données sensibles au cours du loisir. En s’écologisant, le corps paraît subir les effets de l’environnement de manière passive, alors que dans les loisirs émersifs, l’écologisation est décrite par ce qui est activé dans les émotions, les affects et les sensations internes comme l’empathie.
Si les émersions corporelles sont inconscientes, elles ne sont pas inactives car l’activation met en œuvre dans le vivant des scénarios de décisions et d’émotions avant que l’action n’en réalise un seul. Le corps vivant incarne du sens avant de pouvoir l’exprimer dans une structure linguistique susceptible d’être reconnue par la communauté lors de l’interaction proxémique. La différence entre intention corporelle et conscience corporelle de l’intention est utile pour comprendre l’anticipation inconsciente du corps vivant par rapport à la mise en action volontaire du corps. Entre les deux, les affects, les émotions, la mémoire associative… viennent alimenter la production sémantique du corps sans toujours que la conscience puisse y accéder. L’activité du vivant dans les loisirs émersifs commence avant que le moi ne la connaisse comme telle et puisse en faire une mise en forme narrative.
E.P. : Merci Bernard Andrieu pour cet échange constructif.
Appendices
Notes
-
[1]
Voir <https://filmfreeway.com/890482>, consulté le 4 janvier 2021.
-
[2]
<https://parks.des.qld.gov.au/tourism/pdf/final-qld-ecotourism-plan.pdf>, consulté le 4 janvier 2021.
-
[3]
<https://www.youtube.com/watch?v=25ejcF85x8w&list=FLcAXzGLngWgLDAA3C_jWWWw&index=436>, consulté en janvier 2021.
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