Recensions et comptes rendusPhilosophie

Blaise Pascal, Voilà de que c’est que la foi. Textes présentés et commentés par Jean de Saint-Cheron ; préface de Jean-Luc Marion. Paris, Éditions Salvator, 2023, 13 × 20 cm, 160 p., ISBN 978-2-70672-492-3

  • Rémi Caucanas

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  • Rémi Caucanas
    Études supérieures – Philosophie, Collège universitaire dominicain, Ottawa

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Cover of Religion et métaphysique, Volume 76, Number 3, September–December 2024, pp. 307-465, Science et Esprit

« Il y a sans doute autant de façons de rencontrer Pascal qu’il y a de lecteurs » constate Jean de Saint-Cheron qui travaille aujourd’hui à l’Institut catholique de Paris (p. 204). Or, parmi les publications qui ont marqué le quatrième centenaire de la naissance de Blaise Pascal en 2023, ce livre sera retenu pour son approche aisée et stimulante de la question de la foi, centrale chez Pascal. Constitué de sections généralement brèves, il permet une lecture discontinue, osons dire une série de méditations. Comme le dit Jean-Luc Marion à la fin d’une préface qui pose des jalons importants, le mérite de l’ouvrage « outre d’introduire à la vie et à l’oeuvre de Pascal, consiste d’abord à en (faire) lire les textes » (p. 15). Car Jean de Saint-Chéron est investi d’une mission : nous faire entendre Pascal. Mais pourquoi s’y intéresser ? Dans une belle introduction, le commentateur écrit que « en notre XXIe siècle bien entamé, le génie auvergnat déroute, stimule, fascine encore » (p. 18). Et plus loin : « Sans doute sa phrase toujours fraîche, précise, élégante, son sens de la formule et de la comparaison, ont-ils beaucoup contribué à ce que Pascal reste proche de nous. Mais s’il sait se faire proche, c’est pour mieux débusquer notre hypocrisie, jusque dans nos beaux discours. » (p. 22) Dans une langue pure, Pascal a su se saisir des grandes questions humaines dont celle du bonheur qui, pour lui, serait « une question de foi ». Dans ce livre, Jean de Saint-Chéron explore donc la réflexion de Pascal sur la foi, « l’un des sommets de son oeuvre » (p. 23). Au-delà du seul « pari », il s’attache ainsi à peindre la figure du libertin, l’interlocuteur de Pascal, de même qu’à analyser les ressorts de l’incroyance et, en miroir, les preuves de l’existence de Dieu avancées par Pascal. Or « c’est la foi qui sauve, et non la preuve » rappelle Jean de Saint-Chéron (p. 29) avant de dérouler une courbe de vie pascalienne qui ressemble en fait beaucoup à une « inlassable quête du vrai » (p. 32). « Lire Pascal requiert de l’attention » souligne Jean de Saint-Chéron dans son introduction (p. 36). Mêlant adroitement une série de textes choisis et des commentaires souvent empreints d’humour et de clins d’oeil à notre temps, l’auteur balaie à grands traits la pensée de Blaise Pascal tout en pointant des questions théologiques et anthropologiques qui résonnent fortement aujourd’hui. La vérité, la mort, le divertissement sont tour à tour abordés de même que l’on peut lire successivement des passages des Provinciales, des Pensées et d’autres écrits pascaliens. En 15 courts chapitres, l’auteur réussit ainsi à rendre compte de ce balancement pascalien qui va par exemple d’une exhortation à la vie casanière à une mise en garde adressée aux moralisateurs, ou bien encore de la mise en évidence de la misère de l’homme à la nécessaire prise de conscience de sa grandeur. Pour Pascal, comme seule issue à cette contradiction, comme seule solution à cette « énigme » (p. 51), il s’agit en réalité de « reconnaître l’Amour comme personne, créateur et sauveur, Jésus-Christ » (p. 48). Dans le sillage de Jean-Luc Marion, l’auteur souligne ainsi le caractère salutaire de l’oeuvre de Pascal : « l’ordre de la charité est incomparablement plus élevé et incommensurablement plus admirable que ce dont la seule intelligence est capable » (p. 49). Et dans le dialogue nécessaire entretenu avec la raison, il contribue à un questionnement portant fondamentalement sur la foi, qu’ « on la cultive ou la rejette » (p. …