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1. Introduction

Les eaux souterraines représentent une importante ressource exploitée pour la consommation humaine et pour l’utilisation dans les domaines agricoles et industriels. Ces eaux sont souvent menacées par la contamination par des polluants de différente nature : biologique, chimique ou physique. La prévention contre la pollution des nappes constitue une étape importante à laquelle les scientifiques consentent de plus en plus d’effort, notamment en étudiant la vulnérabilité des nappes souterraines. La notion de vulnérabilité à la pollution d’un aquifère est définie comme sa susceptibilité intrinsèque à la modification de la qualité et de la quantité d’eau souterraine dans l’espace et dans le temps, à cause des processus naturels et/ou de l’activité anthropique (CIVITA, 1994). La nappe étudiée est la nappe phréatique de Metline-Ras Jebel-Raf Raf située dans le gouvernorat de Bizerte au Nord-Est de la Tunisie (Figure 1). Cette nappe est localisée dans une plaine côtière essentiellement exploitée par l’agriculture et où de plus en plus d’installations industrielles s’implantent. Ainsi, ce travail a été réalisé dans le but d’établir des cartes de vulnérabilité à la pollution par les polluants inorganiques suivant les méthodes paramétriques suivantes : la méthode DRASTIC standard (ALLER et al., 1987) avec sa classification classique et sa classification proposée par ENGEL et al. (1996), la méthode SINTACS (CIVITA, 1994), et la méthode SI (RIBEIRO, 2000). D’autre part, une comparaison statistique des résultats obtenus par les différentes méthodes, a été effectuée.

Figure 1

La nappe alluvionnaire de Metline-Ras Jebel-Raf Raf.

The alluvial aquifer of Metline-Ras Jebel-Raf Raf

La nappe alluvionnaire de Metline-Ras Jebel-Raf Raf.

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Les méthodes utilisées se présentent sous forme de systèmes de cotation numérique basés sur la considération des différents facteurs influençant le système hydrogéologique. Les méthodes DRASTIC et SINTACS prennent en compte les sept paramètres suivants : la profondeur de la nappe, la recharge efficace de l’aquifère, la lithologie de l’aquifère, les types de sol, la topographie, l’impact de la zone vadose ou l’effet de l’autoépuration de la zone vadose, et la conductivité hydraulique de l’aquifère. En revanche, la méthode SI prend en compte les seuls cinq paramètres suivants : la profondeur de la nappe, la recharge efficace de l’aquifère, les types de sol, la topographie et l’occupation des sols.

2. Methodes d’étude

2.1 La méthode DRASTIC

La méthode DRASTIC, développée par les services de l’Agence américaine de protection de l’environnement USEPA (ALLER et al., 1987), est une méthode d’évaluation de la vulnérabilité intrinsèque verticale à la pollution des aquifères par systèmes paramétriques; le principe commun de ces systèmes consiste à sélectionner préalablement les paramètres sur lesquels se base l’évaluation de la vulnérabilité. Chaque paramètre est subdivisé en intervalles de valeurs significatives et affecté d’une cotation numérique croissante en fonction de son importance dans la vulnérabilité. L’acronyme DRASTIC correspond aux initiales des sept facteurs déterminant la valeur de l’indice de vulnérabilité : Depth to water (D) : profondeur de la nappe; Net Recharge (R) : recharge efficace de l’aquifère; Aquifer media (A) : la lithologie de l’aquifère; Soil media (S) : type de sol; Topography (T) : pente topographique du terrain; Impact of vadose zone (I) : impact de la zone vadose (zone non saturée); Hydraulic Conductivity of the aquifer (C) : conductivité hydraulique de l’aquifère. Les sept paramètres découpent, de façon schématique, une unité hydrogéologique locale en ses principales composantes, lesquelles influencent à différents degrés les processus de transport et d’atténuation des contaminants dans le sol, ainsi que leur temps de transport. Une valeur numérique appelée poids paramétrique, comprise entre 1 et 5, est attribuée à chaque paramètre, reflétant son degré d’influence. Chaque paramètre est classé en classes associées à des cotes variant de 1 à 10. La plus petite cote représente les conditions de plus faible vulnérabilité à la contamination. Une valeur numérique appelée indice de vulnérabilité DRASTIC et notée ID est déterminée : elle décrit le degré de vulnérabilité de chaque unité hydrogéologique. L’indice de vulnérabilité DRASTIC est calculé en faisant la somme des produits des cotes par les poids des paramètres correspondants :

(où D, R, A, S, T, I, et C les sept paramètres de la méthode DRASTIC, p étant le poids du paramètre et c, la cote associée).

Il existe deux versions de la méthode DRASTIC : la version DRASTIC standard, appliquée dans le cas où les contaminants considérés sont des polluants inorganiques (cas de notre article), et la version DRASTIC pesticides, appliquée dans le cas où les contaminants considérés sont des pesticides. Les valeurs des poids des paramètres, dans la version standard de la méthode DRASTIC, sont présentés dans le tableau 1.

Tableau 1

Poids des paramètres dans la version standard de la méthode DRASTIC.

Generic DRASTIC parameter weights.

Paramètre

Version DRASTIC standard

D : profondeur de la nappe

5

R : recharge efficace

4

A : matériaux de l’aquifère

3

S : type de sol

2

T : pente du terrain

1

I : matériaux de la zone non saturée

5

C : conductivité hydraulique de l’aquifère

3

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Les valeurs de l’indice DRASTIC obtenues représentent la mesure de la vulnérabilité hydrogéologique de l’aquifère, elles varient de 23 à 226 dans le cas de la version standard. Les valeurs obtenues sont regroupées, selon ALLER et al. (1987), en cinq classes dont chacune correspond à un degré de vulnérabilité (Tableau 2). D’autre part, ENGEL et al. (1996) propose la classification des valeurs en quatre autres classes (Tableau 3).

Tableau 2

Critères d’évaluation de la vulnérabilité dans la méthode DRASTIC (ALLER et al., 1987.

Criteria for the evaluation of vulnerability in the DRASTIC method (ALLER et al., 1987).

Degré de vulnérabilité

Indice de vulnérabilité

Très faible

< 80

Faible

80 - 120

Moyen

121 - 160

Élevé

161 - 200

Très élevé

> 200

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Tableau 3

Critères d’évaluation de la vulnérabilité dans la méthode DRASTIC (ENGEL et al., 1996).

Criteria for the evaluation of vulnerability in the DRASTIC method (ENGEL et al., 1987).

Degré de vulnérabilité

Indice de vulnérabilité

Faible

< 101

Moyen

101 - 140

Élevé

141 - 200

Très élevé

> 200

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2.2 La méthode SINTACS

La méthode SINTACS (CIVITA, 1994) est la version italienne de la méthode DRASTIC : c’est une adaptation de cette méthode aux conditions méditerranéennes. Cette méthode prend en considération les mêmes paramètres que la méthode DRASTIC avec des poids et des cotes différentes. L’acronyme SINTACS correspond aux initiales des sept facteurs suivants : la profondeur du plan d’eau (S = Soggiacenzia), la recharge efficace de l’aquifère (I = infiltrazione), l’effet de l’autoépuration de la zone vadose (N = effeto di autoepurazione del non-saturo), le type de sol (T = typologia della copertura), les caractéristiques hydrogéologiques de l’aquifère (A = caratteristiche idrogeologische dell’acquifero), la conductivité hydraulique de l’aquifère (C = conductibilità dell’acquifero) et la pente topographique (S = l’acclivita della superficie topografica).

La spécificité de cette méthode consiste au fait qu’elle propose cinq scénarios différents :

  • Scénario « Impact Normal » : scénario relatif aux aquifères constitués par des sédiments non consolidés avec une profondeur de la nappe qui n’est pas très élevée, localisés dans des aires à sols épais. Les zones relatives à ce scénario correspondent aux régions stables, de point de vue occupation des sols, avec existence ou non de terres cultivées, une utilisation faible de pesticides, de fertilisants et d’irrigation, et des périmètres urbains très dispersés;

  • Scénario « Impact Sévère » : correspond aux mêmes types d’aquifères soumis à une occupation des sols intensive, avec des terres cultivées à forte utilisation de pesticides, de fertilisants et d’irrigation, des implantations industrielles et urbaines denses, et des dépôts liquides et solides de déchets;

  • Scénario « Drainage important à partir d’un réseau superficiel » : scénario relatif aux aires où il y a une forte infiltration vers l’aquifère à partir d’un réseau superficiel d’eau;

  • Scénario « Terrain très karstifié »;

  • Scénario « Terrain fissuré ».

Les poids attribués aux différents paramètres dans les différentes versions SINTACS sont présentés dans le tableau 4. Quatre classes de vulnérabilité peuvent êtres identifiées selon les valeurs des indices de vulnérabilité (Tableau 5).

Tableau 4

Poids attribués aux paramètres SINTACS dans les différents scénarios de la méthode.

Weights attributed to parameters in the different scenarios of the SINTACS method.

Scénario Paramètre

Impact Normal

Impact Sévère

Drainage Important

Karst

Terrains Fissurés

S

5

5

4

2

3

I

4

5

4

5

3

N

5

4

4

1

3

T

4

5

2

3

4

A

3

3

5

5

4

C

3

2

5

5

5

S

2

2

2

5

4

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Tableau 5

Critères d’évaluation de la vulnérabilité dans la méthode SINTACS.

Criteria for the evaluation of vulnerability in the SINTACS method.

Degré de vulnérabilité

Indice de vulnérabilité

Faible

< 106

Moyen

106 - 186

Élevé

187 - 210

Très élevé

> 210

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2.3 La méthode SI (Susceptibility Index)

La méthode SI (Susceptibility Index ou méthode d’Indice de Susceptibilité), qui estime la vulnérabilité verticale spécifique à la pollution agricole (essentiellement par les nitrates et également par les pesticides), a été développée au Portugal par RIBEIRO (2000). Cette méthode prend en considération cinq paramètres. Les quatre premiers paramètres sont identiques à quatre paramètres déjà utilisés dans la méthode DRASTIC (D : la profondeur de la nappe, R : la recharge efficace de l’aquifère, A : la lithologie de l’aquifère, et T : la pente topographique du terrain). Les cotes correspondantes aux différentes classes de ces paramètres, dans la méthode DRASTIC, ont été également conservées. Un cinquième nouveau paramètre a été introduit : le paramètre occupation des sols (OS). La classification utilisée pour ce paramètre est la classification CORINE Land Cover (EUROPEAN COMMUNITY, 1993) (Tableau 6). Une valeur appelée facteur d’occupation des sols et notée LU, variant de 0 à 100, est attribuée à chaque classe d’occupation des sols. Il est à signaler que les valeurs des cotes attribuées aux classes des différents paramètres ont été multipliées par 10 pour faciliter la lecture des résultats obtenus. Ces valeurs varient par conséquent de 0 à 100, allant du moins vulnérable au plus vulnérable. Les poids attribués aux paramètres SI varient de 0 à 1 selon l’importance du paramètre dans la vulnérabilité (Tableau 7).

Tableau 6

Principales classes d’occupation des sols et valeurs correspondantes.

Main soil occupation classes and corresponding values.

Occupation des sols selon la classification CORINE Land Cover

Valeur du facteur d’occupation des sols LU (Land use factor)

Décharge industrielle, décharge d’ordures, mines

100

Périmètres irrigués, rizières

90

Carrière, chantier naval

80

Zones artificielles couvertes, zones vertes

75

Cultures permanentes (vignes, vergers, oliviers, etc.)

70

Zones urbaines discontinues

70

Pâturages et zones agro-forestières.

50

Milieux aquatiques (marais, salines, etc.)

50

Forêts et zones semi-naturelles

0

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Tableau 7

Poids attribués aux paramètres SI.

Weights attributed to SI parameters.

Paramètre

D

R

A

T

OS

Poids

0,186

0,212

0,259

0,121

0,222

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La méthode SI présente quatre degrés de vulnérabilité selon les valeurs des indices obtenues (Tableau 8).

Tableau 8

Critères d’évaluation de la vulnérabilité dans la méthode SI.

Criteria for the evaluation of vulnerability in the SI method.

Degré de vulnérabilité

Indice de vulnérabilité

Faible

< 45

Moyen

45 - 64

Élevé

65 - 84

Très élevé

85 - 100

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Il est à signaler que les paramètres, qui ne sont pas pris en compte dans la méthode SI par rapport à la méthode DRASTIC sont les suivants : conductivité hydraulique de l’aquifère, impact de la zone vadose et type de sol. En effet, la méthode SI considère que le paramètre conductivité hydraulique de l’aquifère est difficile à évaluer dans l’espace. De plus, ce dernier paramètre a été déjà pris en compte indirectement dans le paramètre A (lithologie de l’aquifère) par la considération des caractéristiques granulométriques de l’aquifère. RIBEIRO (2000) minimise également le rôle de la zone vadose en se basant sur les travaux de FOSTER (1987), et ceux de VRBA et ZOPOROZEC (1994) qui considèrent également que les processus d’atténuation relatifs au paramètre type de sol sont sans grand effet sur la vulnérabilité, bien que ce paramètre soit indirectement pris en considération à travers le paramètre occupation des sols.

Plusieurs applications de cette méthode ont été effectuées (BATISTA, 2004; FRANCES et al., 2002; OLIVEIRA et LOBO FERREIRA, 2005; STIGTER et al., 2006). Ces études ont montré une bonne corrélation entre les zones considérées comme vulnérables par cette méthode et les zones réellement contaminées.

3. Site d’étude

La zone de Metline-Ras Jebel-Raf Raf est une plaine côtière située dans le Nord-Est tunisien entre les latitudes 514.411 et 526.215 Nord et les longitudes 431.657 et 440.351 Est (UTM Ref) (Figure 1). Le bassin hydrogéologique occupe une superficie de 50 km2 avec une population d’environ 55 000 habitants. Les hauteurs des bordures montagneuses excèdent rarement 300 m. La nappe alluvionnaire couvre environ 35 km2 et elle est située approximativement entre les altitudes 0 et 50 m. Les principales villes et villages du bassin versant sont Metline, Ras Jebel, Raf Raf, Beni Ata et Sounine. La pluviométrie annuelle varie, de 495 mm à 638 mm. Plus de 200 puits sont actuellement exploités au niveau de la nappe avec un volume moyen de 1,5 millions de m3 d’eau extraite annuellement. Les ressources de cette nappe sont menacées par l’utilisation de plus en plus accentuée d’engrais chimiques dans le domaine agricole, ainsi que par les rejets domestiques en l’absence de stations d’épuration fonctionnelles dans la région. Les rejets de la zone industrielle de Ras Jebel représentent également une grande menace pour la nappe.

4. Application des méthodes DRASTIC, SINTACS et SI

4.1 Données utilisées

L’identification des unités et des sous-unités hydrogéologiques ainsi que l’évaluation des différents paramètres considérés dans les méthodes DRASTIC, SINTACS et SI, requièrent une bonne connaissance de la géologie, de l’hydrogéologie, de la pédologie, de la topographie ainsi que de la météorologie. Ainsi, les travaux effectués dans la zone d’études dans les domaines climatiques (INM, 1991-2004), géologiques (BUROLLET, 1951; EL GHALI et BEN AYED, 2000), géophysiques (ESSAYEH, 1996), hydrogéologiques (DGRE, 1991-2004; ENNABLI, 1969), pédologiques (ASB, 1997-2000; FOURNET et MOURI, 1990; MANSOUR, 1988), topographiques (OTC, 1981), d’occupation des sols (CRDA de Bizerte, 1999), ont permis d’identifier ces différents paramètres pour l’ensemble du territoire étudié. Pour le paramètre profondeur de la nappe, une interpolation des valeurs de profondeur de la nappe enregistrées en 2004 sur plus de 60 puits bien répartis sur la région d’étude a été faite, puis une carte piézométrique a été tracée; pour le paramètre recharge efficace de l’aquifère, il a été calculé grâce à l’équation suivante : I = P. c (mm/an) (ENGLAND, 1973) où I : la recharge efficace annuelle de l’aquifère (mm), P : la pluviométrie annuelle (mm), et c : le coefficient d’infiltration potentielle qui dépend de la nature du sol. Cette équation est proposée par CIVITA (1994) dans le cas des sols ayant une épaisseur dépassant 0,5 m, comme c’est le cas pour les sols présents dans notre zone d’étude. Les données relatives à la lithologie de la zone non saturée ont été déterminées en utilisant la méthode de corrélation sur la base de la lithologie des forages disponibles et la nature des terrains d’après la carte géologique. Les données relatives au type de sol ont été extraites de la carte pédologique couvrant une grande partie de la zone d’étude, ainsi qu’à partir de quelques études pédologiques ponctuelles effectuées dans la région. La lithologie de l’aquifère a été déterminée en se basant sur les données des forages effectués par ENNABLI en 1969 et sur les données de profondeur de la nappe en 2004 (les épaisseurs de la zone saturée ont été ajustées en fonction de la variation du niveau de la nappe). La conductivité hydraulique de l’aquifère a été calculée en utilisant les données de transmissivité et les données de l’épaisseur de l’aquifère. Enfin, la pente topographique du terrain a été calculée en utilisant les trois cartes topographiques couvrant la région d’étude.

Les systèmes d’information géographique (SIG) représentent l’outil le plus adéquat pour l’application de ces méthodes paramétriques. Les logiciels ARC/Info et Idrisi ont été utilisés dans le présent travail.

4.2 Application de la méthode DRASTIC standard

La méthode DRASTIC a été déjà appliquée dans sa version pesticides (HAMZA et al., 2004) et dans sa version standard (HAMZA et al., 2006) dans la zone d’étude. Les deux versions de cette méthode diffèrent par les valeurs des poids attribués aux paramètres «type de sol», «pente topographique du terrain» et «impact de la zone vadose». La carte de vulnérabilité DRASTIC standard basée sur la classification d’ALLER et al. (1987) (Figure 2) montre l’existence de trois degrés de vulnérabilité dans la zone d’étude : très faible, faible et moyen. Les zones à très faible vulnérabilité occupent 16 % de la surface totale, celles à faible vulnérabilité occupent 61 %, et celles à vulnérabilité moyenne n’occupent que 23 %. D’autre part, la carte de vulnérabilité DRASTIC standard basée sur la classification d’ENGEL et al. (1996) montre l’existence des degrés de vulnérabilité suivants : faible, moyen et élevé (Figure 3) avec 46 % des territoires à vulnérabilité faible, 48 % à vulnérabilité moyenne et 6 % à vulnérabilité élevée. Il est à noter que pour pouvoir faire une comparaison entre la carte de vulnérabilité DRASTIC classée selon ALLER et al. (1987) et les autres méthodes, nous avons regroupé les classes à très faible et à faible vulnérabilité sous le terme «vulnérabilité faible».

Figure 2

Carte de vulnérabilité DRASTIC standard (classification d’ALLER et al., 1987).

Generic DRASTIC vulnerability map (classification of ALLER et al., 1987).

Carte de vulnérabilité DRASTIC standard (classification d’ALLER et al., 1987).

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Figure 3

Carte de vulnérabilité DRASTIC standard (classification d’ENGEL et al., 1996).

Generic DRASTIC vulnerability map (classification of ENGEL et al., 1996).

Carte de vulnérabilité DRASTIC standard (classification d’ENGEL et al., 1996).

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4.3 Application de la méthode SINTACS

Pour les paramètres quantitatifs de la méthode SINTACS (profondeur de la nappe, recharge efficace, conductivité hydraulique de l’aquifère et pente topographique), les classes se présentent sous forme d’intervalles de valeurs numériques, et ne posent pas, de ce fait, de problèmes dans la classification et dans l’attribution des cotes correspondantes.

Par contre, les paramètres qualitatifs (effet de l’autoépuration de la zone vadose, type de sol et lithologie de l’aquifère) peuvent ne pas correspondre exactement aux classes proposées par les tableaux du guide pratique de la méthode SINTACS. Il faut alors suivre un raisonnement logique, pour pouvoir identifier les classes adéquates, et attribuer par la suite à chaque classe la cote correspondante.

La zone d’étude se subdivise en deux parties dont l’une coïncide avec le scénario «Impact Normal» et l’autre avec le scénario «Impact Sévère» de la méthode SINTACS. La carte de vulnérabilité finale obtenue (Figure 4), montre l’existence de 3 degrés de vulnérabilité : faible, moyen, et élevé. Les zones à faible vulnérabilité occupent 19 % de la surface totale de la nappe, celles à vulnérabilité moyenne occupent 80 %, et celles à vulnérabilité élevée n’occupent que 1 %.

Figure 4

Carte de vulnérabilité SINTACS.

SINTACS vulnerability map.

Carte de vulnérabilité SINTACS.

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4.4 Application de la méthode SI

Les cartes relatives aux quatre premiers paramètres nécessaires (D, R, A et T) ont été déjà préparées lors de l’élaboration des cartes DRASTIC. La carte relative au paramètre occupation des sols (OS) est la carte du facteur d’occupation des sols LU. Elle a été préparée en se basant sur la carte numérique d’occupation des sols du gouvernorat de Bizerte (CRDA de Bizerte, 1999). La carte de vulnérabilité SI obtenue (Figure 5) montre l’existence de trois degrés de vulnérabilité dans la zone d’étude : faible, moyen et élevé avec 20 % des territoires à vulnérabilité faible, 73 % à vulnérabilité moyenne, et 7 % à vulnérabilité élevée.

Figure 5

Carte de vulnérabilité SI.

SI vulnerability map.

Carte de vulnérabilité SI.

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5. Comparasion des cartes de vulnerabilite obtenues

Les résultas montrent que les cartes de vulnérabilité obtenues en se basant sur la méthode DRASTIC compte tenu des deux classifications d’ALLER et al. (1987) et d’ENGEL et al. (1996) sont différentes entre elles, et différentes par rapport à celles obtenues par les méthodes SI et SINTACS. D’autre part, les résultats obtenus par les méthodes SI et SINTACS ne différent pas significativement entre eux, notamment pour les zones à moyenne vulnérabilité, qui occupent la plus grande partie de la zone d’étude (Tableau 9).

Tableau 9

Comparaison des surfaces occupées par les différents degrés de vulnérabilité déterminés selon les méthodes.

Percentage of surface occupied by the different vulnerability degrees according to the methods.

Méthode d’étude

Degré de vulnérabilité

DRASTIC, (classification d’Aller et al., 1987)

DRASTIC, (classification d’Engel et al., 1996)

SINTACS

SI

Faible

77 %

46 %

19 %

20 %

Moyen

23 %

48 %

80 %

73 %

Élevé

6 %

1 %

7 %

Très élevé

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En absence de validation des différentes méthodes on ne peut que constater que :

  • La méthode DRASTIC, classée selon ALLER et al. (1987), donne des résultats largement différents des autres méthodes. Cette méthode ne permet de définir que deux classes de vulnérabilité : faible et moyenne.

  • Les méthodes SI et SINTACS fournissent des résultats assez homogènes où prédomine nettement la classe de vulnérabilité moyenne (80 % de la surface totale pour la méthode SINTACS et 73 % pour la méthode SI). Le taux de coïncidence relatif à la classe de vulnérabilité moyenne entre ces deux méthodes est de plus de 64 %.

  • La méthode DRASTIC, selon ENGEL et al. (1996), donne des résultats qui se caractérisent par un taux de vulnérabilité moyenne de 48 %, avec un taux de coïncidence de 54 % avec la classe de vulnérabilité moyenne de la méthode SINTACS et de 49 % avec la classe de vulnérabilité moyenne de la méthode SI. La méthode DRASTIC, selon Engel et al., tend à augmenter la superficie des zones à vulnérabilité faible au détriment de la classe moyenne par rapport à la méthode DRASTIC selon ALLER et al., 1987

6. Conclusions

La comparaison des cartes de vulnérabilité à la pollution obtenues selon les méthodes DRASTIC (classification d’ALLER et al., 1987 et d’ENGEL et al., 1996), SINTACS et SI, montre que les résultats les plus proches sont ceux issus de la méthode SINTACS et SI, versions modifiées de la méthode DRASTIC adaptées au climat méditerranéen, climat régnant dans la zone d’étude. La carte de vulnérabilité DRASTIC, standard classique selon ALLER et al. (1987), donne, quant à elle, des résultats largement différents des autres méthodes.

Une validation de ces différentes méthodes de vulnérabilité utilisées mériterait d’être effectuée dans la région en établissant une comparaison des résultats qualitatifs et quantitatifs de la vulnérabilité avec les analyses de la qualité chimique des eaux.

Les résultats obtenus par ces méthodes paramétriques méritent également d’être comparés avec les résultats d’autres méthodes qui peuvent être appliquées dans la zone d’étude. Parmi elles, on peut citer la méthode géophysique d’ANDRADE-AFONSO et al. (1998) développée au Portugal et qui peut être appliquée dans la zone étudiée en géophysique par ENNABLI (1969) et ESSAYEH (1996). Cette méthode permet de délimiter les zones à forte et faible vulnérabilité à la pollution, en se basant sur la détection des zones fracturées et sur la localisation et la quantification des discontinuités.