Le collectif de textes dirigé par Marie-Claude Larouche, Félix Bouvier et Pierre-Luc Fillion arrive dans le contexte de la réforme du cours d’histoire occidental au collégial et de la conception en 2023 du programme de Culture et citoyenneté québécoise qui remplacera celui d’Éthique et culture religieuse. Il permet de prendre une pause et d’observer l’état de la recherche à l’échelle du Québec et à l’international. Son format collaboratif classique, mais efficace, organisé en deux parties, propose des textes avec des problématiques diverses provenant de chercheur⋅se⋅s québécois⋅es et d’ailleurs : la première partie aborde les thèmes de l’histoire nationale, de la mémoire, de l’identité et de la diversité, alors que la deuxième traite de l’enseignement de l’histoire et des sciences sociales sous différentes perspectives. L’introduction et la conclusion qui encadrent ces deux grands axes permettent aux directeur⋅rice⋅s de l’ouvrage d’affermir leur avis sur les différents enjeux que représente l’enseignement de l’histoire nationale. Larouche et Fillion signent l’ouverture de leur livre avec comme prémisse l’idée que la tension entre les minorités et la majorité serait la cause principale des débats sur l’enseignement de l’histoire nationale. L’intention est clairement exprimée : « offrir un panorama impressionniste » (p. 14) aux différentes questions influant sur le contexte actuel. Cette volonté justifie le choix de la forme. L’introduction présente une partie où sont résumés et mis en contexte les chapitres de l’ouvrage, permettant aux lecteur⋅rice⋅s de les cibler selon leurs intérêts. La première partie regroupe des textes qui ont en commun la place du récit national dans les sociétés multiculturelles. Les trois premiers chapitres traitent de la situation au Québec et au Canada français, alors que le dernier propose une perspective internationale en s’intéressant à l’enseignement de l’histoire dans les écoles primaires de Grèce. La deuxième partie se concentre quant à elle sur des éléments extérieurs au Québec. Au contraire des chapitres de la première partie, ceux qui composent la deuxième moitié de l’ouvrage ne semblent pas avoir de thème commun, outre l’objet du livre. Le chapitre cinq a pour thème les enjeux reliés à l’emploi en France (p. 99-113), tandis que le chapitre six concerne des approches utilisées dans l’enseignement au Portugal pour traiter d’enjeux sensibles comme l’Estado Novo (État nouveau) et le chapitre sept, les manuels scolaires sous l’oeil de la question autochtone en Argentine. La conclusion que signe Bouvier, montre les problématiques propres à l’enseignement des sciences sociales au sein des États-nations. Ce texte lui permet de recenser les antérieurs en appliquant le prisme québécois aux enjeux qui furent mis de l’avant au long de l’ouvrage. Il rappelle au passage le statut particulier du Québec à l’intérieur de la Confédération canadienne, faisant de celui-ci un « terrain pour l’étude des tensions dans l’enseignement des sciences sociales et de l’histoire nationale » (p. 166). La vue d’ensemble que proposent Larouche, Bouvier et Fillion intéressera toute personne sur le rôle que devraient occuper les sciences humaines et sociales à l’école. Il s’agit d’un livre qui, grâce aux parties introductives et conclusives, s’adresse à un public bien au-delà du milieu universitaire. Ces mêmes parties permettent aux auteur⋅e⋅s d’énoncer clairement leur position sur les objets polarisants au coeur de ce travail.
Larouche, M.-C., Bouvier, F. et Fillion, P. L. (dir.). (2022). Tensions dans l’enseignement de l’histoire nationale et des sciences sociales. Vues québécoises et internationales. Septentrion
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Émile Caron
Université de Montréal
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