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Ce livre est une adaptation française de deux ouvrages parus aux États-Unis en 2007 et 2010 et réunis en un seul titre. Son auteur s’appuie principalement sur son expérience de médecin et de père de famille pour livrer une analyse qui interroge l’importance du genre dans la construction de l’identité. L’ouvrage s’adresse avant tout aux parents, mais saura aussi intéresser les enseignants désireux de réfléchir à la question des genres dans leur enseignement.
Dans son ouvrage, Sax affirme − sans grande nuance − que si les filles sont anxieuses et dépressives tandis que les garçons sont désoeuvrés et vissés à des écrans pour jouer à des jeux vidéos ou regarder de la pornographie, c’est parce que les adultes (parents et enseignants) ignorent les différences entre les sexes et négligent l’importance du genre dans la construction de l’identité. Il avance qu’une éducation qui ne tient pas compte des différences entre les filles et les garçons tend à renforcer les stéréotypes de genre et contribue à maintenir les inégalités. Il prône plutôt une éducation attentive aux besoins différenciés des filles et des garçons.
Dans le premier chapitre, l’auteur s’appuie sur son expérience pour expliquer comment, en raison de l’absence de guides pour construire leur identité, les filles et les garçons d’aujourd’hui se définissent principalement par leur apparence. Le second chapitre s’attarde à exposer les raisons qui, selon lui, ont amené les sociétés occidentales à perdre la conscience des besoins spécifiques des filles et des garçons, et de ce fait, la capacité à les soutenir dans la construction de leur identité. Le troisième et le quatrième chapitres sont consacrés à l’impact négatif de l’utilisation des réseaux sociaux chez les jeunes filles et de celui des jeux vidéos chez les garçons. Le cinquième chapitre expose les conséquences d’une éducation non sensibilisée aux différences entre les garçons et les filles qui, selon l’auteur, pourrait renforcer les stéréotypes de genre plutôt que de les réduire. Dans le sixième, l’auteur expose les résultats d’études qui montrent que certaines toxines présentes dans l’environnement et dans notre alimentation pourraient accélérer le processus de la puberté chez les filles et le ralentir ou le perturber chez les garçons, ce qui aurait également un impact sur la construction de leur identité. Dans le septième et dernier chapitre, il remet en question l’application stricte du principe de l’égalité des sexes et soutient qu’être « égaux » ne signifie pas être identiques. En outre, il suggère aux parents désireux d’accompagner leur enfant dans la construction d’une identité moins stéréotypée, de respecter, d’apprécier et de célébrer les différences plutôt que de les ignorer.
Par certains de ses raccourcis et ses nombreuses généralisations, la lecture de ce livre fait souvent sourciller. En effet, le peu de nuance et les partis pris manifestes de l’auteur sont propices à soulever la polémique. Citons, pour exemple, cet extrait : J’affirme en revanche que l’économie du xxie siècle, dans laquelle de nombreuses femmes gagneront davantage que leurs maris − si elles en trouvent un − exige que nous repensions le rôle des hommes. Si un jeune trentenaire ne fait plus vivre sa famille, alors quel est son rôle ? (p. 138). Malgré ces limites importantes, l’ouvrage a le mérite de susciter la réflexion et la discussion, ce qui nous semble une avenue pertinente pour tout parent ou enseignant intéressé par la question de l’impact du genre dans la construction de l’identité des jeunes.