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En éducation, le verbe refonder est à la mode ! Depuis quelques années, plusieurs auteurs l’emploient pour désigner un nouveau plan d’action destiné à redonner une nouvelle vigueur à l’école, marquée par des réformes éducatives menées tambour battant ou encore par la résistance au changement. De nombreux ouvrages ont paru sur le sujet en Europe et en Amérique du Nord. Celui de Develay s’en démarque par sa densité et son ampleur (290 pages). Son contenu se divise en trois grandes parties composées chacune de courts chapitres introduits sous forme de questions. Leurs titres illustrent bien l’intention de l’auteur d’aborder son sujet de façon globale : (a) Kaléidoscope, (b) Les questions vives que l’école recèle et, enfin, (c) L’école telle qu’elle pourrait être.
Dès l’introduction de cet ouvrage, le lecteur est fixé : l’auteur adopte une posture humaniste qui traverse tout son livre : « L’humanité, écrit-il, n’existe que par l’éducation et pour l’éducation » (p. 11). Après avoir mis en lumière la complexité du concept d’école, Develay insiste sur la nécessité de ne pas s’en tenir à la surface des choses, mais bien de remonter aux fondements de l’éducation : L’école a pour finalité de socialiser par le savoir (p. 25). À ses yeux, l’école est un lieu d’éducation par l’instruction (p. 194). Il accorde à la culture et au savoir une importance capitale.
On l’a vite compris, l’objectif que poursuit l’auteur est bien d’apporter une contribution personnelle à la refondation de l’école primaire. Son analyse porte sur les principaux éléments constitutifs du processus d’éducation : la part des parents, le métier d’élève, la formation des enseignants, etc. Ces éléments font l’objet d’une réflexion fondée sur sa longue expérience de formateur et de penseur de l’éducation. Malheureusement, à certains moments, il est difficile de le suivre : toutes les problématiques sont, pour ainsi dire, projetées sur le devant de la scène. Certaines sont parfois abordées de façon un peu superficielle. Celle des compétences, par exemple, nous laisse sur notre faim. D’autres, en revanche, font l’objet d’une étude fouillée : c’est le cas, entre autres, de la relation école-famille et de la formation des maîtres.
La troisième et dernière partie de ce livre est largement consacrée à l’école telle qu’elle pourrait être (p. 181). Les nombreuses propositions qui s’y retrouvent concernent l’école à refonder envisagée sous divers angles : le rapport au savoir, les apprentissages de base, le recrutement des enseignants, la qualité de leur formation, la régulation du système scolaire, et enfin, la place de l’école dans la société. C’est manifestement la portion la plus riche de la contribution de Develay dans cet ouvrage : elle rappelle la nécessité de transmettre aux générations futures un savoir fécondé par la réflexion et la mise à l’épreuve. L’auteur a aussi le mérite d’établir des liens éclairants entre la pédagogie, la gouvernance et la formation. Son souci de refonder l’école sur des valeurs premières, qui mettent de l’avant les notions de sens et de responsabilisation, est également à souligner. Ce livre donne le goût d’aller plus loin ! Plusieurs des thèmes qu’aborde Develay pourraient également, s’ils étaient pris en compte, contribuer à la refondation de l’école secondaire.