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La compréhension systémique des parcours d’intégration constitue un angle mort de la recherche. Faisant suite à une publication précédente sur les dynamiques de l’établissement des familles québécoises d’origine immigrante, ce nouvel ouvrage collectif, dirigé par Fasal Kanouté et Gina Lafortune, s’impose d’ores et déjà comme une contribution importante dans ce domaine. Ses outils d’analyse sont empruntés à la sociologie compréhensive ainsi qu’à une sociologie de l’immigration qui, dans la lignée des travaux de Sayad (1977) explore les parcours migratoires et leur impact dans les expériences d’intégration. Grâce à ce parti pris théorico-méthodologique, les collaborateurs se donnent les moyens de décrire finement des situations et réalités sociales (chapitres 1, 2, 6), sanitaires (chapitres 3, 4, 5) et scolaires (chapitres 7, 8, 9) pour rompre avec une vision partielle et ethnocentrique de la problématique de l’intégration. Au long de l’ouvrage, les trajectoires pré et post migratoires apparaissent fort déterminantes dans la pluralité et la singularité des expériences d’intégration, types de sociabilité et modes d’identification. Elles concourent encore considérablement aux inégalités scolaires ainsi qu’à une vulnérabilité sanitaire plus ou moins accrue selon le statut juridique, la périnatalité et l’exposition aux pathologies chroniques. S’il met au jour des facettes méconnues de la précarité et du vécu quotidien des familles, le croisement des variables d’origine et d’aboutissement permet de saisir de manière originale les facteurs structurels et personnels de leurs résiliences scolaire et sociale. Ainsi, les récits de familles et de professionnels font émerger des stratégies de survie et un pouvoir de résilience déterminés par la capacité à mobiliser des ressources sociales, culturelles et personnelles selon l’histoire migratoire. Au demeurant, l’association des notions de trajectoire et de résilience s’avère féconde ici, tant du point de vue épistémologique que de l’action sociale. En effet, l’induction et la démonstration de leur complémentarité contribuent à nourrir la réflexion sur l’intégration des familles d’origine immigrante et à déconstruire l’idée véhiculée de la menace qu’elles représenteraient pour la cohésion sociale (Lagrange, 2010) et l’État providence. Cette approche fournit enfin des éléments essentiels pour l’action socioéducative en faveur de la réussite scolaire, en particulier et du processus d’intégration des familles, en général. Cependant, bien qu’il en constitue l’un des atouts, l’élargissement des perspectives (chapitre 6) peut donner l’impression d’une dispersion qui se dissipe toutefois par la qualité et la richesse des informations fournies. On peut en outre déplorer la faible portée de la dimension comparative amorcée, qui se résume à une contribution française. Mais était-ce là l’ambition principale de cet ouvrage ?