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D’entrée de jeu, Anne-Marie Jovenet précise l’objectif de sa démarche : permettre de mieux comprendre qui est l’enfant en souffrance. Cette compréhension permet au lecteur de faire le lien entre l’enfant en souffrance et l’élève en difficulté. Ce lien, qui en fait est un amalgame spontané entre l’enfant en souffrance et l’élève en difficulté, suscitera une discussion susceptible de favoriser l’émergence d’un dialogue entre la psychanalyse et la pédagogie.
Dans la première partie, c’est sous un regard psychanalytique que nous est présenté l’enfant, élève en difficulté. Le premier chapitre de cette première partie est consacré à une clarification conceptuelle de l’enfant en souffrance dans une perspective psychanalytique. Pour ce faire, même si l’auteure fait largement référence à plusieurs spécialistes cliniciens de l’enfance, c’est principalement à Winnicott et à Dolto qu’elle fait appel. De l’enfant à la ficelle à l’image inconsciente du corps, la problématique des enfants en souffrance est présentée à travers des cas cliniques. Le second chapitre, qui aborde la problématique de l’enfant en souffrance dans la perspective du changement d’école, s’appuie sur les travaux de l’équipe de recherche Théodile conduite par Yves Reuter. Des liens évidents paraissent entre le changement d’école et les souffrances d’enfants. Le chapitre 3 aborde la question du lien enfant/élève. Dans un rapprochement, non sans heurt, entre pédagogie et psychanalyse qu’a connu Freud lui-même, l’auteure confronte dans ce chapitre, la psychanalyse à la psychologie, puis à la didactique et enfin à la pédagogie.
Dans la deuxième partie de l’ouvrage, c’est sous l’angle pédagogique qu’est abordée la question de l’amalgame spontané entre enfant en souffrance et élève difficile. Prenant appui sur les travaux de recherche du Centre Alain Savary, le chapitre 4 élabore les concepts d’élève en difficulté, d’élève difficile. Des souffrances d’enfant aux souffrances d’adulte émergerait, de l’inconscient, le besoin de réparer l’élève en difficulté pour réparer l’enfant en souffrance en soi. Le chapitre suivant de cette seconde partie aborde la question du lien enfant-élève à travers la pédagogie Freinet. Entre la recherche de l’autonomie et le travail coopératif visant la transformation de soi, l’enfant devient élève si le milieu pédagogique le lui permet (p. 125). Dans le dernier chapitre de cette deuxième partie, Jovenet évoque l’effet bénéfique inattendu de la pédagogie Freinet sur les enfants difficiles. C’est à partir d’une analyse des observations et des entretiens que cet effet émerge.
Enfin la troisième et dernière partie de l’ouvrage nous conduit à la rencontre de la pédagogie Freinet et la psychanalyse. À travers le chapitre 7, l’auteur nous montre qu’il émerge de la parole des enseignants une souffrance qui n’a pas la parole dans une démarche collective : Tout se passe comme si la confrontation collective rendait difficile l’expression de la souffrance (p. 180). Souffrance qui, dans le chapitre suivant de cette dernière partie, confronte la démarche de coopération à la compétition d’une parole dominante. C’est sur les fruits de la rencontre entre psychanalyse et pédagogie Freinet que se clôt l’ouvrage de Jovenet. Cette rencontre a permis de faire émerger, par la parole des enseignants, le déni de l’enfant en souffrance.