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La première partie de cet ouvrage regroupe six textes du domaine de l’analyse pragmatique des interactions et de l’analyse conversationnelle comparative ou contrastive. Ces chapitres donnent un aperçu de la diversité des systèmes de l’adresse, d’analyse de séquences, de styles communicatifs aussi bien que de la diversité des approches interculturelles en situation plurilingue. Successivement, Kerbrat-Orrechioni explore les formes nominales d’adresse, Havu compare le système des pronoms d’adresse en italien et en français et propose différentes combinaisons entre les pronoms d’adresse sélectionnés, et Claudel analyse un corpus d’environ 300 courriels, repérant les formules d’ouverture en français et en japonais. Puis, Traverso analyse les formes d’objections et d’enchaînements après l’objection dans les modalités de gestion des objections dans les corpus syrien et français. Atifi, Mandelcwajg et Marcoccia comparent les corpus constitués de messages postés qui concernent l’ethos communicatif dans des forums dédiés aux membres des diasporas de Marocains, Juifs tunisiens et Français expatriés. Enfin, Peeters montre, à partir de la notion de gratitude, la complexité de l’entreprise et les apports de la métalangue sémantique naturelle.
La deuxième partie propose huit textes présentant la didactique interculturelle dans une perspective de problématisation de la relation à l’altérité dans des situations où la question de la langue est un enjeu central. Dewaele met en évidence qu’il existe un écart considérable entre la compétence sociopragmatique reconnue dans une classe et la réalité des situations de la vie quotidienne. Proposant une approche complémentaire à celle de Dewaele, Guillot explique que l’utilisation du mais français est différente du but anglais. Weber, quant à lui, montre le décalage entre l’oral scolaire pratiqué dans la classe et celui pratiqué par les natifs en dehors de la classe. Hanscoët compare des constituants de l’oral en français et en anglais afin d’exposer les apprenants à des corpus de références sélectionnés pour leur prototypicité. Devilla étudie les forums de discussion entre locuteurs français (ethos de distance) et italiens (ethos émotionnel et de proximité). Mullan analyse trois types de corpus proposant des conversations potentiellement conflictuelles entre Australiens, entre Français ainsi qu’entre un natif anglophone et francophone. Falbo montre que les pratiques professionnelles de l’interprète à la télévision doivent s’ancrer autant dans l’interculturel que dans l’interaction. Enfin, après avoir analysé 11 films italiens doublés ou sous-titrés en français, Cini montre l’importance de considérer la compétence sociopragmatique dans la représentation/traduction des termes d’adresse.
La recherche de ces auteurs illustre la richesse, la diversité et le dynamisme des pratiques et des conventions langagières. Elle met aussi en évidence que l’enseignement-apprentissage d’une langue étrangère ou d’une interaction en contexte culturel exige un niveau élevé de compétence socio-pragmatique. Pour communiquer, la connaissance de mots ne suffit pas. Il faut savoir décoder le contexte socioculturel de ces mots. Afin de contribuer au champ de la didactique des langues, il est nécessaire de développer de nouveaux modèles de compétence de communication interculturelle et de rendre, par conséquent, les locuteurs « interculturellement » compétents. C’est à cette longue quête que nous convient ces auteurs.