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L’ouvrage regroupe douze textes d’auteurs sur les littératies multiples envisagées dans leur rapport à l’éducation (préscolaire, élémentaire, secondaire, aux adultes) et aux communautés francophones. Organisé en cinq volets distincts, il illustre explicitement que la littératie d’aujourd’hui ne s’écrit plus au singulier et ne se réduit plus aux seules capacités cognitives de codage / décodage de supports écrits.
Dès l’introduction, Masny privilégie un point de vue écologique et situé. L’approche de la cognition située repose sur les principes de la théorie de l’action pour laquelle toute action s’ancre étroitement dans les circonstances matérielles et sociales dans lesquelles elle a lieu.
La théorie des littératies multiples, qui sous-tend l’ensemble des articles, ancre l’individu dans son rapport au monde et permet d’entrevoir la complexité des rapports à l’écrit, en prenant notamment en compte, d’une part, les représentations individuelles et sociales face à celui-ci et, d’autre part, le contexte dans lequel l’écrit est développé. En mobilisant des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être, l’individu évolue et se déplace en effet dans des instances de socialisation (la famille, l’école et la communauté), qui construisent et valorisent des pratiques de littératie différenciées.
Ainsi, une partie des textes (volets 1 et 2) mettent en avant la littératie scolaire. Montésinos-Gelet et Bolduc abordent la mise en place d’un rapport à l’écrit en contexte francophone, en insistant sur le développement de la conscience phonologique chez de jeunes enfants. Quant aux quatre textes regroupés dans le volet 2 (Blain et collab. ; Boyer ; Laplante ; Buors et Lentz), ils mettent plus particulièrement l’accent sur la multimodalité des littératies. Par le biais des nouvelles technologies, de la numératie ou encore par l’articulation entre les disciplines scientifiques d’une part, et les fonctions de la langue d’autre part, chacun des auteurs resitue l’importance de la littératie dans les programmes scolaires.
À côté de cette littératie valorisée par les institutions, les littératies familiales prennent leur place. Les quatre textes du volet 3 rappellent l’importance de développer et de renforcer un lien jusque-là ténu : 1) Beauchamp et Lacelle et 2) Bissonnette présentent des initiatives en ce sens, tandis que 3) Boudreau, Saint-Laurent et Giasson s’intéressent explicitement au rôle des parents dans la construction de compétences en littératie ; 4) Dionne-Coester et Fargo abordent la question de l’impact qu’un programme centré sur la prise en compte des littératies multiples pourrait avoir sur la croissance des communautés francophones en contexte minoritaire. Ce quatrième volet inclut également le texte de Kaszapt et de Zanchetta, qui présentent une perspective particulière en s’arrêtant sur un concept – la littératie en santé – en émergence définitoire. Enfin, dans le dernier volet, à partir d’une étude de cas, Masny et Waterhouse présentent une sorte de conclusion à cette publication, en décrivant les liens explicites avec les notions de bilinguisme ou de plurilinguisme des enfants vivant en contexte francophone minoritaire.
Le mérite de cet ouvrage tient à la réflexion à laquelle les auteurs invitent les lecteurs ; cette réflexion nous conduit à penser l’intrication des instances de socialisation (famille, école, communauté) et des supports (écrits, visuels, technologiques) comme des incontournables de la multimodalité des littératies.