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Cet ouvrage est le second volume tiré des travaux psychosociologiques d’une thèse de doctorat d’État, soutenue en 1975. Issu de la collection Histoire et mémoire de la formation, il concerne la formation de cadres supérieurs dans un style parfois déconcertant, tant par l’emploi d’une terminologie un peu étrange, truffée de néologismes, que par l’aridité d’un discours essentiellement mené par la démonstration. Cependant, une fois passée l’impression de décalage sémantique, il offre une compréhension de la mise en relation des problèmes humains dans les contextes organisationnels. La préparation dont il est ici question s’avère une réflexion articulée autour des pivots qui fondent toute démarche d’analyse de problème qui ne soit ni psychologisante, ni technocratique. Le problème traité ici n’est pas celui de la connaissance, mais plutôt une question complexe et ouverte à propos de l’action à entreprendre et de la manière de poser l’action. Animé par l’idée que les individus et les organisations sont des ensembles qui présentent des problèmes d’extériorité ou d’intériorité à résoudre, ce projet s’organise sous forme de propositions à caractère conceptuel, dont les retombées peuvent nourrir l’encadrement, la formation et plus indirectement la pratique.
La structure du texte vise à dégager les termes nécessaires de l’étude d’un problème, soit l’état initial, les possibilités d’action de l’agent, l’état but, la distance, les variables réductrices, la solution et l’état solution. Une fois vérifiée l’enveloppe du problème ou sa définition, on élucide les activités de réunion de l’information, de transformation de l’information en variables réductrices et de détermination de la solution. Accompagné par Descartes, Bachelard et Polya, c’est d’abord à une leçon de logique que nous convie l’auteur, loin de la simplification d’un algorithme de résolution de problème. Il donne ainsi à redécouvrir des éléments du Discours de la méthode sur la division du problème en sous-problèmes et en sous-ensembles d’un ensemble qui étudie un problème. S’il propose des typologies éclairantes de la nature des buts, des structures de problèmes et des formes de stratégies de recherches, l’exposé permet surtout d’entrer plus avant dans la règle, en approfondissant ces notions trop souvent éludées. L’explicitation de stratégies comme la déconnexion, qui recouvre les breaking set et brainstorming anglo-saxons, montre qu’à côté d’une démarche séquentielle, il peut en exister d’autres qui ouvrent tous les volets à la fois, en appelant des idées qui alimentent la réflexion autour de l’activité de solution. Glanant, en amont de son élaboration, des éléments de la théorie du traitement de l’information, ce texte orné de parenthèses psychanalytiques, ouvre une perspective large sur les aspects opérationnels et stratégiques qui demeurent des invariants nécessaires à l’étude d’un problème. L’exposé amène à conclure qu’il subsiste une méthode et un réductionnisme nécessaires pour parvenir à une solution par des voies modélisatrices. Par des exemples tirés de formations en entreprise, il met en lumière combien la pédagogie de l’étude des problèmes bénéficie du travail en groupe, celui-ci étant acteur et témoin de la décomposition du processus. C’est en définitive une lecture qui malgré de subtils distinguos s’avère enrichissante, pour peu que l’on souhaite approfondir sa compréhension générique de l’étude des problèmes, en partageant le projet central d’ouvrir les conceptions sur la nature et la solution des problèmes, par un travail de remise en marche de la pensée.