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En décloisonnant les disciplines scientifiques et en leur adjoignant les technologies, le nouveau programme d’enseignement des sciences au secondaire appelle à une remise en question des finalités de cet enseignement ainsi qu’à la révision des programmes de formation des maîtres.
La première partie de l’ouvrage porte sur le premier de ces enjeux. Barma et Guilbert présentent un panorama de différentes visions de la science et explicitent le lien de celles-ci avec l’implantation du nouveau programme. Santerre montre la nécessité, pour l’école, de devenir le lieu principal du développement de la culture scientifique et technologique et identifie des voies à explorer. Hodson, lui, traite des conditions à déployer pour que le travail pratique soit efficace, alors que Lebeaume étudie la question des coexistences potentielles des sciences et des technologies.
La seconde partie de l’ouvrage est consacrée à la formation des maîtres. D’emblée, Hasni pose la question cruciale du rôle des disciplines de référence face aux disciplines d’enseignement, en montrant qu’elles constituent des objets distincts. Roth traite ensuite de la nécessité de rendre les futurs enseignants actifs au cours de leur formation, notamment par le coenseignement et l’engagement communautaire. Finalement, le dernier chapitre soulève la nécessité de conceptualiser, voire théoriser, la pratique enseignante pour mieux former les futurs maîtres.
En traitant d’enjeux épistémologiques, pédagogiques, structurels et même philosophiques, l’ouvrage questionne le champ disciplinaire et montre bien la nécessité de changements profonds. Cette réflexion invite implicitement le lecteur à se repositionner et à remettre en question sa vision des sciences et des technologies. L’ordre de succession des chapitres confère une grande intelligibilité au propos, bien que le dernier, moins directement lié aux thèmes centraux, se détache de l’ensemble.
Malgré leur inclusion dans le titre, les technologies nous ont semblé être le parent pauvre de l’ouvrage. On y réfère fréquemment dans l’expression science(s) et technologie(s), mais on ne questionne pas autant leur enseignement que celui des disciplines scientifiques. Certes, l’article de Lebeaume est consacré aux technologies, mais le point de vue européen à partir duquel il en traite rend difficile l’établissement de liens avec le contexte québécois.
Aussi, la polysémie de plusieurs termes employés s’avère déroutante par moments. Comme les vocables technologie(s), technique(s), pratique et interdisciplinarité revêtent un sens différent chez l’un et chez l’autre, il devient difficile de savoir à quel point les pratiques désignées par ces termes diffèrent ou convergent. À l’opposé, la concordance est forte dans la présentation des pistes pédagogiques susceptibles de rendre l’enseignement des sciences plus signifiant ; plusieurs citent le décloisonnement des disciplines, l’unification des sciences et des technologies et l’interdisciplinarité comme des voies prometteuses. Dans l’ensemble, cet ouvrage accessible invite le praticien autant que le chercheur à adopter une attitude réflexive essentielle dans le contexte de changement actuel.