Abstracts
Résumé
L’accessibilité à l’espace public n’est pas toujours la même pour toutes et tous : elle est plutôt modulée selon le genre, l’ethnicité et/ou la classe sociale. Cet article jette un éclairage sur les rapports sociaux intersectionnels qui sont en jeu dans l’accessibilité aux espaces publics, plus spécifiquement dans le contexte de transformation des quartiers centraux montréalais. Il propose l’étude des cas comparés de la place Gennevilliers-Laliberté et de la place Simon-Valois, situées toutes deux au coeur du quartier Hochelaga-Maisonneuve. Depuis les années 2000, ce quartier connait non seulement d’importants réaménagements urbains, mais aussi une gentrification et une diversification ethnique de sa population, qui ne sont pas sans poser des enjeux de cohabitation. Nos données recueillies à l’aide d’observations directes et de questionnaires courts montrent que la cohabitation intergroupe sur ces deux places publiques se déroule dans un climat relativement pacifique. Alors que l’analyse fine des données met à jour des pratiques de l’espace différenciées selon le genre et l’appartenance ethnique, « l’inattention civile » dans l’espace public cache une autre réalité. Certaines personnes choisissent en effet de s’approprier l’espace périphérique en adoptant une stratégie d’évitement de l’une ou l’autre des places étudiées.
Mots-clés:
- accessibilité,
- appropriation de l’espace public,
- pratiques genrées,
- gentrification,
- diversité ethnique,
- Hochelaga-Maisonneuve
Abstract
Accessibility to public space is not always the same for everyone. It is rather modulated according to gender, ethnicity and/or social class. This article sheds light on the intersectional social relations that factor into the accessibility of public spaces, more specifically in the context of the transformation of Montreal’s central neighbourhoods. It proposes a comparative case study of Place Gennevilliers-Laliberté and Place Simon-Valois, both located in the heart of the Hochelaga-Maisonneuve neighbourhood. Since the 2000s, this neighbourhood has not only undergone major urban redevelopment but also the gentrification and ethnic diversification of its population, which comes with challenges regarding the ways in which people coexist. Our data collected through direct observations and short questionnaires show that the ways in which different groups interact and share space and time on these two public squares occurs relatively peacefully. While the detailed analysis of the data reveals practices of space differentiated by gender and ethnicity, a certain “civil inattention” in the public space hides another reality. Some people choose to appropriate the peripheral space by adopting a strategy of avoiding one or another of the places studied.
Keywords:
- accessibility,
- appropriation of public space,
- gendered practices,
- gentrification,
- ethnic diversity,
- Hochelaga-Maisonneuve
Article body
Cet article jette un éclairage sur l’accessibilité aux espaces publics pour une diversité de groupes sociaux dans un contexte de transformation des quartiers centraux montréalais[1]. En tant qu’espaces sociaux, les quartiers centraux des villes connaissent perpétuellement des transformations démographiques et physiques (Lefebvre, 2000 [1974]; Harvey, 2012; Scott et Storper, 2014; Brenner et Schmid, 2015). Depuis plus d’une quarantaine d’années en Amérique du Nord et en Europe, après que nombre d’entre eux eurent été désindustrialisés et paupérisés, ils ont fait l’objet de revitalisation urbaine aux fins non seulement d’améliorer le cadre bâti, mais aussi d’attirer des capitaux (Savitch et Kantor, 2002; Sassen, 2018). De telles opérations font souvent craindre – ou souhaiter – la gentrification, souvent accompagnée d’un déplacement de la population plus ancienne et démunie au profit d’une nouvelle plus fortunée ou au capital culturel plus important (Lees, Slater et Wyly, 2013; Atkinson et Jacobs, 2016). Il n’est pas rare que ces transformations physiques et sociales dans les quartiers centraux fassent émerger des différences de représentations et d’appropriation de l’espace entre les résidents, anciens et nouveaux (Gosseet al., 2016; McClintock, 2018). Lavoie et Rose (2012) ont rapporté la manière dont les résidents anciens les plus âgés se sentent dépossédés de leurs lieux de sociabilité, par exemple les places publiques et les commerces de proximité.
Zukin (2008) a souligné que la gentrification fonctionne comme un mécanisme d’exclusion et peut accentuer les rapports sociaux inégalitaires préexistants, d’autant plus que les rapports de classe sociale se recoupent avec d’autres dimensions sociodémographiques, telles que le genre et l’origine ethnique. Par exemple, dans les contextes où il existe des divisions ethniques, même si la précarisation des groupes à faible revenu ne dépend pas au premier abord de cette dimension, les tensions sociales sont souvent perçues comme étant reliées à l’ethnicité (De Rudder, 1990; Polat, 2018). Par ailleurs, les femmes sont plus susceptibles d’être confrontées à l’expulsion, notamment les mères célibataires (Kern, 2013; Desmond, 2016). Cet article explore les manières dont les rapports sociaux de classe sociale, de genre et d’appartenance ethnique influencent l’accessibilité à l’espace public. Il s’inscrit dans une étude plus large sur l’articulation des dynamiques liées à la fois à la gentrification et à la diversification ethnique dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal. Notre étude explore les conditions de la cohabitation entre les divers groupes sociaux, notamment aux places Gennevilliers-Laliberté et Simon-Valois qui illustrent de façon exemplaire les transformations en cours dans le quartier et où des résidents aux profils sociodémographiques fort contrastés se côtoient. De quelles manières ces espaces publics sont-ils fréquentés? En quoi les pratiques spatiales des divers groupes sociaux sont-elles différenciées? Existe-t-il des tensions d’appropriation entre les anciens et les nouveaux résidents? Si tel est le cas, ces tensions ont-elles un lien avec la classe sociale ou avec d’autres dimensions sociodémographiques telles que l’appartenance ethnique et le genre? Ce faisant, cette recherche vise à enrichir les connaissances sur les rapports sociaux intersectionnels d’accessibilité aux espaces publics et plus spécifiquement dans un contexte de transformation des quartiers centraux.
Dans la prochaine partie, nous présentons le contexte de l’étude à Hochelaga-Maisonneuve, un quartier qui a connu d’importantes transformations sociales et physiques depuis le début des années 2000, notamment avec l’aménagement urbain des places Gennevilliers-Laliberté et Simon-Valois. Suivra la présentation de l’approche théorique de cette recherche et de la méthodologie utilisée : à la fois l’observation directe et l’enquête par questionnaire court. Nous procéderons ensuite à la comparaison des deux places publiques pour saisir non seulement les différences entre les pratiques spatiales et les représentations des groupes sociaux divers, mais aussi les permanences. Enfin, une discussion fera office de conclusion pour souligner la nécessité de produire davantage de recherche sur le caractère intersectionnel des rapports sociaux de classe sociale, de genre et d’appartenance ethnique et leurs effets sur l’accessibilité aux espaces publics.
Les transformations à Hochelaga-Maisonneuve
Le quartier Hochelaga-Maisonneuve est situé au nord-est du centre-ville de Montréal (Figure 1). Il regroupe deux territoires distincts à la fin du 19e siècle et qui s’étaient développés avec l’établissement de nombreuses entreprises manufacturières. Sa prospérité lui conféra le surnom de « Pittsburgh du Canada » et la bourgeoisie de l’époque y érigea des bâtiments à l’architecture imposante, dans la tradition Beaux-Arts[2]. Au cours du 20e siècle, après avoir connu la crise de 1929, un regain durant la Seconde Guerre mondiale, puis la construction de grandes infrastructures, dont le Parc olympique des jeux de 1976 à Montréal, Hochelaga-Maisonneuve subit de plein fouet la délocalisation manufacturière. Ce quartier, à la population majoritairement ouvrière et d’origine canadienne-française, se paupérisa dans les années 1980. Dès lors, il regroupa l’une des plus importantes populations à faible revenu de la métropole et devint dans l’imaginaire montréalais un quartier où règne l’insécurité (gangs de rue, trafic de drogue, prostitution, etc.).
Mais Hochelaga-Maisonneuve connait d’importantes transformations physiques et sociales depuis la fin des années 1990. D’abord impulsées par les résidents et le milieu communautaire, elles ont été accélérées par des opérations d’aménagement de l’espace urbain, dont celles de la place Gennevilliers-Laliberté à Maisonneuve en 2002 et de la place Simon-Valois à Hochelaga en 2006.
La place Gennevilliers-Laliberté est située au bout de l’avenue Morgan dessinée par l’architecte paysagiste américain F. G. Todd en 1912 pour l’élite bourgeoise, notamment canadienne-française. La perspective aboutit sur l’édifice de l’ancien marché Maisonneuve érigé en 1914 d’après les plans de M. Dufresne, un éminent architecte et entrepreneur du quartier (Figure 2). Alors que cet édifice fut inoccupé durant plusieurs années après sa fermeture en 1967, il accueille depuis 1980 le Centre Communautaire Culturel Social et Éducatif Maisonneuve qui offre des activités de sport et de loisir. Un nouveau marché public fut finalement construit en 1995 (Figure 2, à droite sur la photographie de 2018). Avec le réaménagement de la place Gennevilliers-Laliberté en 2002, un très vaste espace fut donné aux piétons et aux résidents du quartier. La place est désormais bordée d’allées d’arbres et de bancs publics qui soulignent la perspective vers l’édifice de l’ancien marché. Au centre, une fontaine met en valeur une oeuvre du sculpteur canadien-français Alfred Laliberté, érigée en même temps que l’ancien marché.
La place Simon-Valois fut quant à elle aménagée sur ce qui était le passage de la voie ferrée du Canadien Nord jusqu’en 1990 (Figure 3). Située au coeur d’Hochelaga et bordant la rue Ontario qui se veut aujourd’hui une artère commerçante, elle est devenue un lieu privilégié pour l’établissement de nouveaux commerces de produits fins, de cafés et de restaurants haut de gamme. Outre des terrasses installées à l’arrière, le centre est occupé de bancs en pierre sur une surface minéralisée. Un passage libre en diagonale de la place souligne l’ancien tracé de la voie ferrée sur lequel a été aménagée en 2014 la Promenade Luc-Larrivée, qui traverse le quartier. Cet aménagement se veut un espace de rassemblement, accessible et sûr pour tous les usagers, résidents et visiteurs.
Les aménagements des places Gennevilliers-Laliberté et Simon-Valois ont contribué non seulement aux transformations physiques du quartier Hochelaga-Maisonneuve, mais aussi à sa transformation du point de vue social en attirant de nouveaux investisseurs et résidents. Entre 2006 et 2016, le profil sociodémographique du quartier a connu des changements (Statistique Canada, 2016). Bien qu’il reste l’un des quartiers les plus pauvres de Montréal avec plus d’un quart de la population ayant un faible revenu (27 % comparativement à 19 % dans l’ensemble de la ville), le revenu après impôt médian des ménages a augmenté de 40 %. Le nombre des personnes ayant un diplôme universitaire a presque doublé et celui des ménages composés d’une personne seule a augmenté de 13 % alors que la population a crû de 4 %.
Ces changements sociodémographiques ont été accompagnés de transformations sur le plan ethnique. Tandis qu’Hochelaga-Maisonneuve est traditionnellement associé à une identité canadienne-française dans l’imaginaire montréalais, la population immigrante a crû plus rapidement que l’ensemble de la population avec une augmentation de 25 % entre 2006 et 2016 (Statistique Canada, 2016). De plus, les personnes issues des minorités visibles ont atteint 17 % de la population totale.
Ces transformations démographiques n’ont pas été uniformes dans un quartier où les nouveaux résidents côtoient ceux de longue date. Parfois, des tensions sociales se font sentir, comme en 2016 quand plusieurs nouveaux commerces symbolisant « l’embourgeoisement » du quartier ont été vandalisés (graffitis, bris de vitrine, jets de peinture).
Cadre théorique
La cohabitation dans l’espace public répond généralement au principe de l’« inattention civile » qui permet aux usagers issus de divers groupes sociaux de vaquer à leurs occupations par rapport à autrui tout en gardant leur anonymat (Goffman, 1963; Lofland, 1998). Néanmoins, de nombreuses études ont montré qu’il existe une différenciation des représentations et des usages de l’espace public selon les multiples dimensions de l’identité (classe sociale, appartenance à des groupes racisés, expression d’une religion, genre, orientation sexuelle, âge, handicap, etc.). Par ailleurs, les travaux de Gehl (2010) ont montré que le genre et l’appartenance ethnique ne sont pas les seuls facteurs de positionnement dans l’espace, le design urbain ayant aussi des incidences sur l’usage des places publiques (recherche d’ombrage sous les arbres ou de fraicheur d’une fontaine, usage des bancs publics ou d’aménagements propices au repos, etc.).
Dans la mesure où chaque espace est marqué par les représentations et pratiques socionormatives construites par le(s) groupe(s) qui le contrôle(nt), les personnes adoptant des comportements différents peuvent y être jugées importunes (Cresswell, 1996). Peuvent s’ensuivre des processus d’exclusion plus ou moins conscients. Souvent, l’Autre dissimule certaines dimensions de son identité et de ses pratiques sociales dans l’espace public, mais il peut aussi s’auto-exclure (Hancock, 2011). Des stratégies d’embellissement et d’animation de l’espace, sous la forme par exemple d’ornementations florales et de festivités de voisinage, peuvent induire des déplacements non conflictuels des personnes marginalisées (Margier, 2014). Mais on peut aussi observer une tendance de certains membres des forces de l’ordre à exercer un pouvoir répressif, notamment à l’égard des personnes itinérantes, des prostituées et des jeunes de rue faisant parfois usage de drogue, alors que l’appropriation de l’espace public par ces groupes est souvent perçue comme un trouble à la sécurité (Morin, Parazelli et Benali, 2008; Chabot-Demers, 2016).
Tandis que ces conflits d’appropriation peuvent sembler exacerbés, la différenciation des usages de l’espace public et l’« exclusion ordinaire » peuvent prendre d’autres formes, liées notamment à la dimension du genre (Hancock, 2011). En effet, alors que les femmes ont été traditionnellement reléguées dans l’espace privé pour s’occuper du foyer et des enfants, leurs pratiques sociospatiales se différencient de celles des hommes (Hayden, 2017). Aujourd’hui encore, elles gèrent davantage leurs déplacements pour effectuer des tâches relevant du « care[3] », comme aller à l’épicerie et accompagner les enfants dans leurs activités (Rasselet, Bernard-Hohm et Raibaud, 2011; Luxembourg, 2017). Elles sont moins enclines à pratiquer un sport ou à flâner dans l’espace public (Raibaud, 2015; Lapalud, Blache et Roussel-Richard, 2016), d’autant plus qu’elles peuvent y faire l’objet d’interpellations sexistes et ne pas s’y sentir en sécurité (peur de l’agression, du viol, surtout la nuit) (Dagorn et Alessandrin, 2017; Roy-Trempe, 2019). Elles adoptent alors, souvent inconsciemment, des stratégies consistant non seulement à adapter leurs usages et leurs trajectoires spatiales, mais aussi à limiter leurs déplacements (Coutras, 1996; Lieber, 2011).
L’appartenance ethnique et celle à des groupes racisés sont d’autres dimensions sur lesquelles peuvent se fonder des différenciations, des représentations et des exclusions plus ou moins conscientes de l’espace public. Notamment, l’usage d’une langue étrangère et l’expression de l’appartenance religieuse peuvent être jugés dérangeants dans certains espaces par les membres des groupes ethniques majoritaires (Mounier, 2021). En cela, les inégalités ethniques tendent à être reproduites (traitement discriminatoire, comportements racistes) et les membres des groupes ethniques minoritaires peuvent préférer fréquenter d’autres espaces où ils sont moins contraints d’adapter leur comportement au regard des groupes majoritaires (Ulysse et McAll, 1997). Ils seront alors moins présents dans certains espaces publics.
Bien que ces publications laissent entrevoir que l’accessibilité aux espaces publics et leur appropriation ne sont pas nécessairement égales pour tous les groupes sociaux, il existe peu d’études ayant exploré comment les rapports sociaux inégalitaires, notamment de classe sociale, de genre et d’appartenance ethnique se recoupent dans ce processus, ce que cet article se propose de faire.
Méthodologie
Afin d’atteindre nos objectifs de recherche, nous avons constitué et combiné deux corpus de données inédites, à la fois quantitatives et qualitatives.
D’une part, des observations directes ont été effectuées aux places Gennevilliers-Laliberté et Simon-Valois durant les étés 2018 et 2019. Pour chacune des places, quatre périodes différentes ont été retenues afin de saisir les temporalités des pratiques spatiales : un matin, un après-midi et une soirée de semaine, ainsi qu’un après-midi de fin de semaine. Chaque observation comprenait deux phases consécutives de 30 minutes. La première phase d’observation consistait à repérer sur un fond de carte les usages passifs ou actifs de l’espace, selon que les personnes restent immobiles un certain temps ou ne font que passer. Une grille d’observation a permis de noter systématiquement le sexe de l’usager, sa classe d’âge approximative, son appartenance aux « minorités visibles[4] », son activité et s’il est accompagné (Figure 4). Durant la seconde phase, ces observations ont été complétées par des prises de notes qualitatives relatives, entre autres, aux langues utilisées, à l’aspect physique (p. ex., l’allure vestimentaire) et aux interactions sociales (conflits verbaux, comportements d’évitement ou amicaux, etc.)[5].
D’autre part, et afin de trianguler et densifier les données issues des observations directes, des données quantitatives ont été collectées à l’aide d’un questionnaire auprès des usagers passifs de ces mêmes places, durant l’été 2019. Une assistante de recherche a administré ce questionnaire d’une durée d’environ dix minutes à différents moments de la journée afin d’atteindre une diversité d’usagers. En plus des mêmes types d’informations collectées lors des observations (sexe de l’usager, classe d’âge approximative, appartenance aux minorités visibles, activité sur la place et accompagnement), des données sur la fréquentation des places, sur les interactions sociales entre les usagers, ainsi que leurs perceptions des transformations dans Hochelaga-Maisonneuve ont été recueillies. L’échantillonnage ne comportant aucun critère d’exclusion, on a pris soin de respecter une parité entre les femmes et les hommes. La saturation des données a été atteinte avec 15 participants pour chacune des places pour un total de 30. L’échantillon est divisé de manière paritaire entre les femmes et les hommes (16 et 14). La moitié sont des ainés de 60 ans et plus (50 %), suivis par des adultes de 30 à 60 ans (30 %) et par de jeunes adultes de 18 à 30 ans (20 %). Le groupe le plus nombreux est celui des hommes âgés de 60 ans et plus (30 %) et résidant à Hochelaga-Maisonneuve depuis 50 ans et plus, surtout à la place Simon-Valois. Aux deux places, 10 % des répondants sont issus des minorités visibles, mais notons que selon la perception de l’assistante de recherche, il a été plus difficile de joindre des personnes des minorités visibles à Simon-Valois qu’à Gennevilliers-Laliberté.
L’ensemble des données collectées ont été saisies suivant une codification numérique et traitées à l’aide du programme de traitement de données SPSS et suivant une approche ADS+, c’est-à-dire en analysant les données selon le sexe, l’appartenance ethnique, l’âge, etc. Enfin, les résultats sont comparés avec ceux issus de l’analyse des données d’observation, et interprétés à la lumière d’autres études scientifiques.
La méthode d’observation choisie comporte certaines limites. Par exemple, le repérage des personnes appartenant aux minorités visibles peut être sujet à interprétation. C’est entre autres pour minimiser cette difficulté que d’autres indicateurs tels que l’usage d’une langue, le port d’un signe religieux ou d’un vêtement traditionnel ont été utilisés. La nature subjective des notes d’observation est une autre limite. Néanmoins, la répétition des phases d’observation, la prise indépendante de notes par les deux assistantes de recherche, ainsi que l’administration du questionnaire assurent la saturation, la triangulation des données et leur validité interne. De plus, la mise en relation avec d’autres travaux scientifiques permet de valider nos interprétations de manière externe.
Résultats
La fréquentation et l’appropriation de l’espace public
Pour commencer, l’analyse des données recueillies lors des observations directes montre que les personnes issues des minorités visibles étaient plus présentes à Simon-Valois qu’à Gennevilliers-Laliberté (14 % et 7 % des usagers de 12 ans et plus). Par ailleurs, très peu d’usagers portaient un signe religieux et/ou un vêtement traditionnel (1 % et 0 %). Or, les données de Statistique Canada (2016) indiquent que le quartier compte de plus fortes proportions de personnes issues des minorités visibles (16 % à Hochelaga et 14 % à Maisonneuve). Ainsi, d’entrée de jeu, nos données suggèrent que les deux espaces publics n’étaient pas fréquentés de la même manière selon les dimensions sociodémographiques relatives à l’appartenance ethnique. De surcroît, aux deux places, les personnes issues des minorités visibles ont moins eu tendance à s’arrêter que celles non identifiées comme telles (22 % et 20 % comparativement à 40 % et 29 %).
De même, notons des modulations de fréquentation et d’appropriation de l’espace selon le sexe. Bien qu’aux deux places, femmes et hommes soient présents presque également (48 % et 52 %), ces derniers ont été plus nombreux parmi les usagers passifs (53 %), surtout à Simon-Valois (54 %). Plus spécifiquement, 4 % des femmes s’arrêtant sur les places sont issues des minorités visibles, alors que Statistique Canada (2016) les dénombre à hauteur de 8 % de la population totale du quartier. Retenons donc que les minorités visibles et les femmes occupent moins l’espace public.
Selon Raibaud (2015) et Lapalud, Blache et Roussel-Richard (2016), la pratique d’un sport et la flânerie dans l’espace public sont plutôt le fait des hommes. Nos données corroborent ces écrits alors que les hommes stationnaires – souvent des utilisateurs de fauteuils motorisés qui viennent pour discuter entre eux – sont plus nombreux que les femmes stationnaires aux deux places (57 %). Ajoutons que la totalité des usagers en position de « détente », c’est-à-dire allongés sur un banc public, sont des hommes. De même, ceux-ci sont bien plus nombreux à pratiquer la course à pied, le vélo, le patin et la planche à roulettes (75 %). Une seule femme issue des minorités visibles a été observée en train de faire du vélo à Simon-Valois.
La littérature a d’autre part établi que les femmes ont une plus grande propension à gérer leurs déplacements pour effectuer des tâches relevant du « care » (Hayden, 2017; Rasselet, Bernard-Hohm et Raibaud, 2011; Luxembourg, 2017). À cet égard, l’analyse de nos données révèle que les femmes sont plus nombreuses que les hommes à entrer ou à sortir d’un commerce donnant sur les deux places (52 %). Elles étaient aussi plus souvent accompagnées d’un ou de plusieurs enfants (66 %). Nos observations directes confirment ainsi que les pratiques spatiales sont différenciées selon le genre.
Nous avons également observé des modulations de fréquentation et d’appropriation de l’espace public selon la classe d’âge des usagers, mais de façon différente aux deux places. Il y a plus d’enfants à Gennevilliers-Laliberté qu’à Simon-Valois (19 % et 11 % de la totalité des usagers). À la première place, cette fréquentation est associée au Centre des loisirs qui offre des camps de jour pour les enfants. Statistique Canada (2016) dénombre plus d’enfants âgés de 14 ans et moins dans la population totale à Maisonneuve qu’à Hochelaga (13 % et 10 %). Mais le recensement montre aussi qu’il y a autant de personnes âgées de 60 ans et plus (16 % et 15 %), alors que nous en avons observé moins à Gennevilliers-Laliberté qu’à Simon-Valois (19 % et 26 %). Un quart des usagers passifs de la seconde place sont des hommes âgés, notamment en fauteuil motorisé et en groupe (Figure 5). À la première place, les personnes identifiées comme hommes agés en fauteuil motorisé étaient surtout actives, probablement de passage en direction de la place Simon-Valois.
Ces données d’observation directe sont triangulées avec celles issues du questionnaire auprès d’usagers passifs. La moitié des répondants ont déclaré ne pas fréquenter d’autres places publiques dans le quartier, suggérant ainsi que les usagers des deux sites sont différents. 40 % des répondants de l’échantillon de Simon-Valois y vont tous les jours : il s’agit d’aînés masculins résidant à Hochelaga-Maisonneuve depuis plus de 50 ans. En comparaison, les répondants sont moins nombreux à fréquenter Gennevilliers-Laliberté quotidiennement (27 %), mais ils s’y rendent quand même plusieurs fois par semaine (47 % comparativement à 13 %). Ce sont des résidents de longue date et ils comptent autant de femmes que d’hommes.
Alors que moins de la moitié des répondants de Gennevilliers-Laliberté pensent que le mode d’appropriation de l’espace y est toujours le même (40 %), plus des trois quarts de ceux de Simon-Valois disent la même chose (80 %). Pour ces derniers, les groupes d’ainés sont toujours installés au centre de la place, parfois à bord de fauteuils motorisés. Cette perception est partagée non seulement par les hommes, les femmes et les résidents récents, mais aussi par les plus anciens, c’est-à-dire ceux-là mêmes qui fréquentent le plus le centre de la place.
Ainsi, nos données montrent une forte appropriation de la place Simon-Valois par une certaine catégorie de résidents de longue date. Il semble même que cette appropriation de l’espace par des ainés, blancs, francophones, au fort accent québécois, associés à la classe ouvrière et se déplaçant en fauteuil motorisé fasse partie des représentations sociales concernant Hochelaga-Maisonneuve (Ouellet, 2019). La fréquentation de la place Gennevilliers-Laliberté semble plus diversifiée.
Les relations sociales
Lors des observations directes, nous avons compté plus d’usagers passifs à Simon-Valois qu’à Gennevilliers-Laliberté (39 % et 28 % des usagers de 12 ans et plus) et ceux-ci avaient aussi une plus grande propension à être en groupe (60 % et 53 %) : le plus souvent en train de discuter, parfois d’écouter de la musique ou de jouer à des jeux de société. Ces premières données suggèrent que si les deux places sont des espaces de socialisation, Simon-Valois l’est davantage. Les réponses au questionnaire confirment ces résultats, le tiers des répondants disent fréquenter la place Simon-Valois pour voir leurs amis du quartier, comparativement à un seul sur quinze répondants à Gennevilliers-Laliberté. Les usagers de celle-ci sont plus nombreux à déclarer y aller pour se détendre, notamment seuls. Toutefois, plus des trois quarts y rencontraient parfois des voisins et des connaissances sans que cela ait été planifié. Notons qu’aux deux places, les usagers ayant déclaré y entretenir des relations sociales étaient le plus souvent des hommes résidant dans le quartier depuis plus de 20 ans.
Selon Chan (2013), l’appropriation exclusive d’un espace par un groupe donné peut y entraver les relations sociales et interethniques. Qu’en est-il pour les places étudiées, notamment Simon-Valois, qui fait davantage l’objet d’une appropriation par des groupes rappelant l’identité traditionnelle canadienne-française du quartier? À première vue, aucun comportement hostile n’a été observé. La plupart des usagers vaquent à leurs occupations et les interactions sociales se déroulent selon le principe de l’inattention civile déjà évoqué. Toutefois, l’analyse fine des données révèle le fait que les femmes et les personnes issues des minorités visibles occupent moins ces espaces. Par surcroît, à Simon-Valois, le centre et l’avant de la place, plus exposés à la vue (Figure 6), sont occupés plus par des hommes (59 %), tandis que l’arrière et les terrasses des commerces le sont plus par des femmes (56 %). Celles-ci sont moins souvent seules que les hommes (39 % et 45 %), d’autant moins au centre de la place (30 % et 47 %), et celles issues des minorités visibles le sont moins encore (29 %). Considérant que la pratique de l’espace en groupe constitue un rempart au sentiment d’insécurité plus souvent éprouvé par les femmes (Lieber, 2011), nos résultats d’observation témoignent peut-être d’un malaise que certaines ressentiraient à fréquenter la place Simon-Valois, et notamment à s’installer près des groupes de résidents de longue date qui s’approprient l’espace.
Les usagers de la place Gennevilliers-Laliberté occupent l’espace de manière bien différente de ceux de Simon-Valois. Le centre y est très peu occupé (4 % pour 43 % à Simon-Valois) et les usagers préfèrent la zone est située devant l’entrée du nouveau marché Maisonneuve (61 %). En été, on y voit régulièrement des groupes de personnes âgées installées aux tables à pique-nique ombragées, à côté du piano public (Figure 7). Tandis que les femmes sont aussi nombreuses que les hommes à s’arrêter dans cette zone (50 %), nos données d’observation ne témoignent d’aucun malaise ou tension entre les divers groupes d’usagers.
Les figures 6 et 7 montrent que l’aménagement des deux places est très différent. La place Gennevilliers-Laliberté est près de quatre fois plus grande que la place Simon-Valois. Au centre, se trouve la fontaine imposante de La fermière, mais il n’y a pas de bancs publics. En revanche, les côtés ouest et est en comprennent beaucoup, dont la plupart sont à l’ombre en été. Selon nos observations, cette place est moins populaire que la place Simon-Valois en dépit du fait que cette dernière ait peu de bancs et que certains, en pierre, exposés au soleil, soient très chauds l’été. Mais comme elle est entourée de nombreux petits commerces et qu’elle est davantage à taille humaine, nous pensons qu’elle favorise la vie de quartier. Elle est tellement fréquentée qu’il n’y a plus de bancs libres certaines soirées d’été, des usagers s’installent alors directement sur le sol ou apportent leur propre chaise pliante.
Au-delà de l’ambiance d’inattention civile notée dans nos observations, le questionnaire fournit des données supplémentaires sur les interactions sociales entre les usagers. La majorité des répondants de Gennevilliers-Laliberté déclarent s’installer rarement au même endroit (53 %), alors que ceux de Simon-Valois sont plus nombreux à choisir toujours le même endroit par habitude ou en raison de l’aménagement – les bancs ombragés ou le piano (67 %). Les seconds sont surtout des hommes et des résidents depuis plus de 50 ans (70 % et 50 %), alors qu’une [seule] résidente depuis moins de 10 ans à Hochelaga préfère rester à l’écart des personnes s’appropriant le centre de la place. Rien de semblable n’est exprimé à Gennevilliers-Laliberté. Par ailleurs, moins de répondants ont été témoins de disputes impliquant des personnes intoxiquées ou itinérantes sur cette place qu’à Simon-Valois (27 % et 48 %). Il s’agit autant d’hommes que de femmes, de nouveaux résidents que d’anciens. Notons tout de même qu’une femme résidant dans le quartier depuis 10 à 20 ans a dû se déplacer à l’occasion d’une dispute d’appropriation de l’espace à Simon-Valois.
La perception des transformations du quartier
Les données montrent que la cohabitation intergroupe sur les deux places publiques se déroule dans un climat relativement pacifique, même si des tensions sociales se font parfois sentir (Simmel, 1989 [1902]; Goffman, 1963; Taboada-Leonetti, 1989). Comme Hochelaga-Maisonneuve connait d’importantes transformations pouvant accentuer les tensions sociales (DeRudder, 1990; Zukin, 2008; Polat, 2018), nous avons tenté de saisir quels sont les rapports sociaux à l’intersection desquels celles-ci se forment.
La grande majorité des répondants ont remarqué que le quartier a changé ces dernières années (87 %). Selon les résidents de longue date comme pour les plus récents, les transformations sont d’abord socioéconomiques (57 %). Ils sont plus nombreux à citer l’« embourgeoisement » ou la « gentrification » du quartier (47 %), tandis qu’un [seul] résident de plus de 50 ans déplore « plus d’itinérance ». Certains nuancent le propos en précisant que les transformations sont hétérogènes : des secteurs accueillent des résidents plus nantis, pendant que d’autres restent pauvres. En comparaison, 10 % des répondants citent des éléments relatifs à la diversification ethnique (plus de « mixité culturelle », d’« Anglos » et de « Français ») et 17 % mentionnent la diversité en général (type de ménage, style de vie, etc.). Notons que cette diversification de la population est décrite de manière positive.
Les transformations physiques des alentours des places publiques sont davantage perçues à Simon-Valois qu’à Gennevilliers-Laliberté (80 % et 27 %). Ces transformations se manifestent par l’apparition de nouveaux commerces et des réaménagements urbains selon près de la moitié et d’un tiers des usagers interrogés respectivement. Ces répondants sont autant des résidents récents que de plus anciens. Dans l’ensemble, la grande majorité des répondants des deux places voient les projets de rénovation comme une bonne chose (87 %), notamment parce que ces projets embellissent le quartier (60 %), attirent de nouveaux résidents et commerces (27 %), mais renforcent aussi la sécurité (7 %). Notons néanmoins que quelques personnes à Simon-Valois expriment une opinion nuancée à l’égard des rénovations (13 %) car selon elles, en contrepartie des effets positifs, ces projets contribuent à la disparition de certains commerces à bas coût et au déplacement de la population ancienne moins nantie. Ces résidents de longue date expriment également des regrets à l’égard de la vie sociale du quartier, autrefois plus animée (disparition de fêtes traditionnelles, par exemple).
⁂
Cet article a jeté un éclairage sur l’accessibilité aux espaces publics pour divers groupes sociaux dans des quartiers centraux en transformation, où pouvaient se poser des enjeux de cohabitation. Les places étudiées sont aménagées pour être accessibles à toutes et tous (surface minéralisée uniforme, éclairages, végétation libre de feuillage à sa base, etc.). Est-ce à dire que chacune et chacun peuvent jouir de l’espace sans entrave et de façon équitable?
Les interactions sociales sur les places sont apparues empreintes d’inattention civile (Goffman, 1963) et n’excluant aucun groupe. Même si les transformations du quartier suscitent quelques craintes chez des résidents anciens, elles sont globalement vécues de manière positive. Les usagers cohabitent pacifiquement, bien qu’ils n’interagissent pas nécessairement les uns avec les autres. Les transformations sur le plan de la composition ethnique de la population ne semblent pas être un facteur de tension et la présence de personnes issues des minorités visibles fait partie du nouveau visage du quartier. Le facteur socioéconomique est en revanche plus important, et les données s’y rapportant corroborent d’autres résultats de notre recherche qui démontrent que les nouveaux commerces et constructions de condominiums deviennent la cible de groupes d’activistes (Paré et Mounier, 2020). L’accès au logement et à des produits abordables est prioritaire pour ceux-ci et le secteur d’Hochelaga étant le plus touché par ces transformations, c’est sans doute pour cette raison que l’on observe un peu plus de tensions sociales sur la place Simon-Valois qu’à Gennevilliers-Laliberté.
Nos observations montrent une forte appropriation de la place Simon-Valois de la part de résidents anciens, le plus souvent des hommes âgés rappelant l’identité traditionnelle canadienne-française modeste du quartier. Mais elles n’indiquent pas que la présence récurrente de ces usagers entraine l’exclusion d’autres groupes sociaux. L’analyse différenciée selon le sexe et l’appartenance aux minorités visibles montre cependant clairement que la fréquentation et l’appropriation de l’espace sont modulées selon ces dimensions sociodémographiques. Non seulement l’espace traduit la segmentation « genrée » des tâches (Hayden, 2017), mais les femmes et les personnes issues des minorités visibles sont moins présentes sur les places publiques étudiées. Des facteurs liés aux rapports sociaux ethniques et de genre traditionnels interviennent sûrement dans ce phénomène (Hancock, 2011), mais ne peut-on pas dire que l’appropriation de la place Simon-Valois par les résidents anciens marque une zone d’exclusivité au bénéfice de certains usagers et au détriment d’autres? Certaines femmes et personnes issues des minorités visibles ressentent-elles un malaise à s’installer sur cette place? Sont-elles occupées ailleurs ou adoptent-elles des stratégies d’évitement? Est-ce que le design urbain des deux places a une incidence sur les positionnements respectifs des groupes en présence (Gehl, 2010)? Les recherches comme la nôtre, qui explorent l’intersectionnalité des rapports sociaux de classe, de genre et d’appartenance ethnique et leurs effets sur l’accessibilité aux espaces publics, sont pour l’heure trop peu nombreuses pour répondre à ces questions. Il est donc nécessaire d’approfondir le sujet. La prochaine étape de nos travaux de recherche par questionnaire auprès des résidents d’Hochelaga-Maisonneuve et habitant en périphérie des deux places publiques portera précisément sur la question de la cohabitation interethnique.
Appendices
Notes biographiques
Professeure titulaire au Département d’études urbaines et touristiques de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal, Sylvie Paré est membre du réseau Villes Régions Monde, de l’IREF et du RéQEF. Ses intérêts de recherche sont l’entrepreneuriat immigrant féminin, dans les contextes urbains et régionaux, la transformation des quartiers, dont la Cité-Jardin du Tricentenaire et le quartier Hochelaga-Maisonneuve, et la gestion de la diversité en milieu municipal. Avec Sandrine Mounier, elle a publié « Perceptions of the Hochelaga-Maisonneuve Neighbourhood in Montreal: A Textual Analysis of Written Media », dans Culture et gouvernance locale (2020).
Sandrine Mounier est titulaire d’un Ph.D. en études urbaines de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal, et d’un master en architecture de l’École nationale supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand (France). Ses intérêts de recherche sont les relations interethniques dans les bibliothèques publiques et les équipements de quartier, l’action publique locale de gestion de la diversité et les pratiques sociospatiales différenciées des femmes. Avec Sylvie Paré, elle a publié « Perceptions of the Hochelaga-Maisonneuve Neighbourhood in Montreal: A Textual Analysis of Written Media », dans Culture et gouvernance locale (2020).
Notes
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[1]
Nous tenons à remercier le Conseil de recherche en Sciences humaines du Canada pour la subvention accordée dans le cadre de notre recherche. Merci également à Chloé Zerini-Le Reste pour le travail de terrain effectué avec Sandrine Mounier. Enfin, nous sommes reconnaissantes pour les suggestions faites par les évaluateurs de notre article.
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[2]
Atelier d’histoire Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (https://ahmhm.com/, 5 novembre 2020).
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[3]
« Le care désigne l’ensemble des gestes et des paroles essentielles visant le maintien de la vie et de la dignité des personnes, bien au-delà des seuls soins de santé. Il renvoie autant à la disposition des individus – la sollicitude, l’attention à autrui – qu’aux activités de soin – laver, panser, réconforter, etc. –, en prenant en compte à la fois la personne qui aide et celle qui reçoit cette aide, ainsi que le contexte social et économique dans lequel se noue cette relation. […] Les travaux sur le care mettent en évidence le fait que la responsabilité du soin aux autres revient davantage à certaines catégories sociales (les femmes, les groupes les plus démunis ou subordonnés comme les immigrants ou les pauvres). » (Gagnon, 2016)
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[4]
« Selon la Loi sur l’équité en matière d’emploi, on entend par minorités visibles “les personnes, autres que les Autochtones, qui ne sont pas de race blanche ou qui n’ont pas la peau blanche”. Il s’agit principalement des groupes suivants : Sud-Asiatique, Chinois, Noir, Philippin, Latino-Américain, Arabe, Asiatique du Sud-Est, Asiatique occidental, Coréen et Japonais. » (Statistique Canada, 2015, [https://www23.statcan.gc.ca/imdb/p3Var_f.pl?Function=DEC&Id=45152], consulté le 3 octobre 2020.)
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[5]
Cette tâche a été confiée à deux étudiantes-assistantes de recherche, chacune se concentrant sur les usagers passifs ou sur les actifs. Ayant préalablement suivi une formation à l’éthique de la recherche, elles s’installaient discrètement sur la place sans interférer avec la vie sociale normale de l’espace public. Ajoutons que cette méthode de collecte de données par observation directe fut testée et réalisée en proche collaboration avec la responsable du projet de recherche.
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