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Le livre de Scott McKay, ex-député péquiste de Repentigny, se présente sous la forme d’une série de propositions décrivant un vaste projet politique. Avant sa défaite aux dernières élections provinciales, le gouvernement péquiste affichait une volonté de faire de l’écologie un enjeu politique et économique central pour le Québec. Son arrivée au pouvoir, dans la foulée du printemps érable et la convergence des luttes sociales et écologiques, permettait d’entrevoir l’avenir avec optimisme. Les premières décisions environnementales du Parti québécois, la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly 2 ainsi que le moratoire sur l’exploitation des gaz de schiste, étaient la preuve de son engagement écologique. Cependant, les hésitations sur la question des redevances minières et les contradictions autour de l’exploitation du pétrole à Anticosti rendent le bilan écologique de l’ancien gouvernement plutôt mitigé.
L’objectif principal de l’auteur est de mettre le territoire au centre des enjeux de la souveraineté nationale. Son ouvrage présente des solutions pour une transition vers une économie « verte », tente de démystifier les idées reçues autour du concept de développement durable et déconstruit la fausse opposition entre écologie et économie. L’auteur imagine alors une meilleure gouvernance environnementale et invoque une série d’instruments de gouvernance : mesures fiscales, responsabilisation des acteurs et des producteurs, mesures économiques variées afin de « verdir » les industries polluantes et de récompenser les entreprises vertes, mesures démocratiques qui misent sur la participation citoyenne, mesures économiques pour stimuler l’innovation, orientations politiques locales. Toutes ces propositions s’inspirent d’exemples concrets.
La transition écologique, vue par McKay, est largement basée sur des initiatives économiques et des mécanismes financiers dans lesquels l’innovation sert de moteur à la création de nouveaux marchés. Des questions et des conflits territoriaux importants comme l’autodétermination des peuples autochtones ou encore l’exode rural ne sont pas réellement abordés. Le lecteur se demande alors quel sens politique serait donné aux initiatives locales et populaires lors de la transition écologique. De manière générale, l’auteur favorise le statu quo, le business as usual du capitalisme vert axé sur la croissance économique et le développement technologique, malgré le fait que la souveraineté offrirait la possibilité d’une nouvelle vision. Or aucune remise en question des orientations politiques, des institutions et des systèmes de gouvernance traditionnels ne figure dans le livre. McKay soutient un système politique où prime le contrôle des externalités environnementales plutôt que la refonte totale du modèle de croissance économique. Il s’oppose même aux mouvements de décroissance qu’il considère « erronés et nuisibles » pour l’environnement (p. 108), voyant plutôt à travers la valorisation du territoire et de ses ressources environnementales « une nouvelle facette du nationalisme québécois qui émerge » (p. 151). L’intérêt de l’ouvrage est ainsi sa réflexion sur le nationalisme environnemental.