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En s’appuyant sur une vaste littérature reliée aux sciences régionales, laquelle lui a permis de puiser à de nombreuses sources théoriques et à de nombreuses recherches empiriques, en incluant ses propres recherches, Marc-Urbain Proulx présente un important travail de synthèse à la fois descriptif, analytique et prescriptif à l’égard des différents territoires du Québec. La pertinence de l’ouvrage est à la fois scientifique et pédagogique. Au plan scientifique, c’est un ouvrage unique au Québec, en ce qu’il analyse particulièrement, de façon approfondie et systématique, la réalité de la gouverne du territoire infranational québécois, sur la base des théories les plus actuelles. Du point de vue pédagogique, sa force principale réside dans son approche multidisciplinaire et appliquée qui en fait un ouvrage de référence pour tout étudiant ou spécialiste qui s’intéresse à la dynamique territoriale québécoise.
Dans un premier temps, l’auteur s’intéresse à l’occupation du territoire québécois et à l’évolution de son aménagement ; il s’en dégage une première constatation selon laquelle le territoire québécois ne peut plus s’analyser simplement à partir de la dichotomie « centre − périphérie » ou de la dualité « rurale – urbaine ». Selon Proulx, nous assistons à une dynamique moins binaire et plus complexe. En plus des nouvelles formes territoriales reliées aux phénomènes grandissants de la métropolisation et de la mondialisation, Proulx souligne l’émergence de nouvelles zones économiques spécialisées, axées soit sur les secteurs primaire, secondaire, tertiaire ou quaternaire.
Puis, c’est à l’étude de la gouvernance territoriale du Québec que l’auteur nous convie. Il ressort de cette partie que les territoires au Québec tardent à s’approprier les facteurs de développement à cause de limites institutionnelles telles que le faible ancrage territorial, le déficit démocratique, l’insuffisance des moyens et l’absence d’un système global de planification territoriale. Par ailleurs, au chapitre de la décentralisation, il appert que l’organisation de celle-ci est dominée par l’approche de la fragmentation administrative des fonctions exercées par les municipalités locales, les municipalités régionales de comté (MRC) et les régions administratives. La planification territoriale, un des principaux vecteurs de la gouvernance territoriale, accuse plusieurs faiblesses, selon Proulx, dont celle d’un déficit de réflexivité.
Après avoir rappelé que les régions périphériques et centrales du Québec, contrairement aux régions métropolitaines de Montréal et Québec, n’ont pas connu de développement économique réellement linéaire, comme le voudraient les modèles explicatifs, celui de Rostow en particulier, Proulx consacre la dernière partie de son ouvrage à démontrer que le développement futur des régions du Québec passe indubitablement par l’innovation et qu’en ce sens, la principale question est de savoir comment les territoires, à travers leurs institutions, peuvent soutenir cette innovation et rendre leurs communautés apprenantes. Au Québec, écrit l’auteur, il y a peu de stratégies territoriales qui se différencient des stratégies nationales. La politique territoriale sert à appliquer les politiques nationales. S’il ne donne pas au renouvellement de la politique territoriale l’ambition de dépasser cet état de fait, Proulx plaide toutefois fortement pour que celle-ci arrive à articuler une vision globale commune au sein des territoires, en développant une nécessaire synergie territoriale, notamment par la mise en place de mécanismes institutionnels de coopération entre les secteurs.