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Un des mandats de l’Institut de la statistique du Québec est d'établir et de tenir à jour le bilan démographique du Québec. Depuis plusieurs années, l’Institut publie donc un rapport qui résume la situation démographique québécoise (fécondité, mortalité, migrations et nuptialité) de l’année. Les dernières versions de ce bilan présentent seulement les statistiques démographiques principales et tous les détails se trouvent sur le site Web de l’Institut.
L’Édition 2008 du bilan démographique du Québec permet de bien apprécier les bouleversements démographiques des dernières années. En 2007, l’augmentation du nombre des naissances (de près de 3 %, la cinquième hausse annuelle consécutive) et de l’indice synthétique de fécondité (qui a atteint 1,65 enfant par femme, comparativement à 1,45 en 2000) sont les tendances démographiques qui ont reçu plus d’attention par les médias et l’opinion publique, sans doute parce qu’elles représentent une inversion de tendance majeure par rapport aux années 1990. Néanmoins, « les années à venir diront s’il s’agit d’une conjoncture éphémère ou d’un changement structurel du calendrier de la fécondité » (p. 29). En accord avec les prédictions de la deuxième transition démographique, de plus en plus ces naissances se produisent en dehors du mariage, en regard de la chute continue de la nuptialité qui s’accompagne d’une élévation de l’âge au mariage et de l’aggravation de l’instabilité conjugale. Le changement démographique le plus étonnant (même si moins publicisé) est pourtant la stabilité du nombre de décès qui, dans le contexte d’une population vieillissante, indique une diminution de la mortalité. Si la hausse du nombre de naissances et la stabilité du nombre de décès se traduisent dans un accroissement naturel positif en légère augmentation par rapport aux années précédentes, l’augmentation des migrations interproviciales est à l’origine d’un solde migratoire en légère diminution. En effet, « pour une deuxième année consécutive, la part de l’accroissement naturel est un peu plus importante que celle de l’accroissement migratoire dans la croissance totale de la population québécoise » (p. 17).
Le but du bilan démographique du Québec est de présenter des informations factuelles sur la population québécoise. Par rapport à cet objectif, le bilan a deux forces. D’abord, toute information s’appuie sur des concepts et des indicateurs démographiques qui sont clairement expliqués même pour des lecteurs non experts. Deuxièmement, la situation québécoise est bien mise en contexte par rapport au reste du Canada et aux autres pays développés. Par ailleurs, la faiblesse du rapport est qu’il manque d’informations sur deux aspects très importants de la population québécoise : sa distribution spatiale et ses caractéristiques linguistiques. Les données démographiques régionales (population totale ; population selon le groupe d’âge et le sexe ; naissances, décès, accroissement naturel et nuptialité ; et tous indicateurs démographiques) sont disponibles avec un luxe de détails sur le site Web de l’Institut. Néanmoins il serait pertinent d’ajouter dans l’ouvrage lui-même un tableau ou deux sur la distribution de la population québécoise dans les différentes régions administratives et sur l’évolution démographique des principales villes au Québec. Similairement, le site Web de l’Institut contient plusieurs statistiques sur la langue ; par exemple, les naissances ventilées selon la langue d’usage et la langue maternelle de la mère, et selon le lieu de naissance des parents de l’enfant. En tenant compte de l’importance vitale de la démolinguistique au Québec, il est pourtant un peu surprenant qu’aucun de ces indicateurs ne soit présenté dans l’ouvrage.