Abstracts
Résumé
La présente étude descriptive à devis mixte, menée auprès de 224 psychologues québécois, examinait leur niveau de formation et de connaissances, leurs perceptions et leurs besoins professionnels au regard de la douance. Les résultats indiquent qu’une majorité de répondants a reçu de la formation en douance, mais avec un nombre d’heures de formation et des niveaux de connaissances faibles. Ils indiquent également une reconnaissance élevée des besoins particuliers des personnes douées. Des besoins de perfectionnement, de soutien et collaboration, et d’accès aux services pour la clientèle douée sont dégagés. La discussion soulève des pistes pour soutenir le travail des psychologues auprès d’une clientèle douée.
Mots-clés :
- douance,
- connaissances,
- formation professionnelle,
- perception de la douance,
- besoins professionnels,
- psychologues
Abstract
This descriptive study, conducted among 224 psychologists in the province of Quebec using a mixed research approach, aimed to examine participants’ level of knowledge and training as well as attitudes and professional needs regarding giftedness. Results show that a majority of participants has received some training about giftedness, but with a low number of hours of training and low levels of knowledge. They also reveal a high level of recognition of the special needs of gifted people. Three categories of professional needs were identified: professional training, professional support and collaboration, and public services for the gifted. Emerging leads to support psychologists’ work with gifted people are discussed.
Keywords:
- giftedness,
- professional training,
- level of knowledge,
- attitude towards giftedness,
- professional needs,
- psychologists
Article body
INTRODUCTION
La notion de douance fait depuis longtemps l’objet de positions mitigées. Typiquement associée à l’éminence (Holahan, et al., 1995; Terman, 1926) et au talent (Gagné, 2010, 2017), elle est perçue, d’une part, comme favorable à l’innovation et au progrès (Subotnik et al., 2011), mais aussi, d’autre part, comme susceptible de nourrir l’élitisme et d’entretenir les inégalités sociales (Stalnake et Smedler, 2015; Sternberg et al., 2011). Au Québec, bien que des changements s’opèrent récemment à cet égard, cette dernière vision a prévalu au cours des dernières décennies, à l’issue d’un conflit idéologique survenu dans le milieu de l’éducation durant les années ’70 et ’80 (Bélanger, 2017; Massé, 2000), laissant le thème de la douance en marge des réflexions et avancées sur les politiques et pratiques en santé mentale et en éducation.
Pourtant, plusieurs experts invitent à s’intéresser aux besoins particuliers ainsi qu’aux défis relationnels, émotionnels et identitaires que peuvent rencontrer les personnes douées, et ce, dès l’enfance (p. ex., Liratni et Pry, 2011; Robert et al., 2010). Même si plusieurs enfants doués actualisent leur potentiel et montrent des capacités d’adaptation plus élevées que leurs pairs (p. ex., Jones, 2013), des études révèlent que certaines conditions (p. ex., manque de stimulation, faible soutien social) sont propices au déploiement de difficultés particulières, exigeant du soutien (Neihart, 1999; Neihart et Yeo, 2018). Or, le manque de connaissances en douance serait associé au risque que les individus doués ne soient pas repérés et fassent l’objet de diagnostics erronés (Bishop et Rinn, 2019), ou soient mal accompagnés (Webb et al., 2016). En plus de poser le risque d’être préjudiciable pour les personnes douées dans différentes sphères de leur développement (p. ex., cognitif, affectif, relationnel) et pour leurs proches qui tentent de les soutenir sans détenir les ressources adéquates pour le faire (Brault-Labbé et al., 2019; Jackson et Peterson, 2003; Peterson, 2009), ces écueils peuvent nuire à l’actualisation de potentiels humains exceptionnels.
Bien que le concept de douance attire de plus en plus l’attention des médias (p. ex., Fortier, 2020; Laou, 2017), mais aussi de l’État (Ministère de l’Éducation et de l’enseignement supérieur, 2020) et d’intervenants de diverses disciplines (p. ex., Colloque virtuel Douance : pour des expériences pleines de potentiel, 3 décembre 2021), la quasi-absence du concept de douance dans le portrait québécois ces dernières décennies, donne à penser qu’une majorité d’intervenants, dont les psychologues, serait peu outillée pour faire face aux défis et enjeux de la clientèle douée. Toutefois, à notre connaissance, cela n’a jamais été documenté empiriquement et exige de l’être afin de jauger la nature et l’ampleur des besoins à cet égard.
CONTEXTE THÉORIQUE
Conceptualisation de la douance
Initialement, la douance a été définie comme le fait de posséder un quotient intellectuel supérieur à 98 % de la population générale (QI > 130) (Terman, 1926). Les modèles contemporains proposent des conceptualisations qui se veulent plus larges et plus inclusives. En effet, la majorité des auteurs proposant ces modèles considère que le quotient intellectuel, bien qu’important, s’avère insuffisant pour décrire adéquatement la douance (Sternberg, 2018) et souhaitent par exemple inclure la créativité et la motivation dans leur description. Parmi les modèles les plus cités figurent celui des trois anneaux de Renzulli (Renzulli et Reis, 2018), celui de la différenciation de la douance et du talent de Gagné (2010, 2017), le modèle triarchique de l’intelligence de Sternberg (2018) et le modèle des intelligences multiples de Gardner (2006). Ces modèles, appréciés notamment par les milieux de pratique mais aussi critiqués pour leur manque de validation empirique (p. ex., Harder et al., 2014), sont résumés au Tableau 1.
Certains experts ajoutent à la compréhension de la douance en situant celle-ci dans un processus développemental (p. ex., Dai, 2020 ; Gagné, 2017) ou en décrivant des caractéristiques personnelles qui y ont été associées. Notons toutefois que certaines d’entre elles sont encore mal comprises et font l’objet de débats dans la littérature scientifique (p. ex., Gauvrit et Ramus, 2017).
Caractéristiques associées à la douance
Caractéristiques neurophysiologiques. La douance constituerait une condition neurodéveloppementale (Fumeaux et Revol, 2012) associée à une gaine de myéline plus épaisse, une activité synaptique et une activation de certaines aires cérébrales accrues, et un taux de sommeil paradoxal plus élevé (Guignard-Perret et al., 2019). Ces particularités sous-tendraient, par exemple, l’apparition précoce du langage ou de la motricité globale (Revol et al., 2004; Vaivre-Douret, 2011), le besoin de sommeil limité (Revol et al., 2004; Winisdorffer et Vaivre-Douret, 2012), la vitesse et la profondeur du traitement de l’information sensorielle (p. ex., Melnik et al., 2013).
Caractéristiques cognitives. Les habiletés cognitives représentent un aspect central de la douance et incluent notamment des capacités accrues au niveau attentionnel, au niveau du raisonnement verbal, de la capacité d’analyse, de la mémorisation et de l’aisance à effectuer plusieurs tâches simultanément (p. ex., Callahan, 2017, Liratni et Pry, 2011). Bien qu’elles soient typiquement mesurées par les échelles de QI (p. ex., WISC ou WAIS), une évaluation adéquate exige de ne pas s’appuyer uniquement sur un tel critère, puisque certaines habiletés peuvent varier selon les profils de douance, et que des facteurs contextuels ou personnels peuvent moduler les résultats à ce type de test (Pfeiffer, 2015; Silverman et Gilman, 2020).
Caractéristiques socioaffectives. Parmi les particularités socioaffectives ayant reçu le plus d’appuis scientifiques (Callahan, 2017), on retrouve un fort sens de l’humour, le perfectionnisme (Wiley et Hébert, 2014), un sens moral élevé et des préoccupations existentielles et de justice (Webb, 2016). Selon Callahan (2017), d’autres particularités telles que l’intensité émotionnelle et l’anticonformisme s’expliqueraient plutôt par le phénomène de dyssynchronie (p. ex., Terrassier, 2009), qui réfère aux multiples décalages entre les personnes douées et leur environnement (p. ex., peu d’intérêts communs avec leurs pairs), ou entre différents aspects de leur développement (p. ex., écart entre développement intellectuel et affectif).
Au-delà de ces caractéristiques, la douance peut se manifester différemment selon le genre. En effet, les garçons tendent à présenter davantage de comportements oppositionnels, alors que chez les filles on observe davantage de perfectionnisme (voir Reis et Hébert, 2008). En outre, des profils variés contribuent à expliquer la complexité du concept de douance, idée aujourd’hui reconnue par le Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec (2020). Ce dernier invite les professionnels québécois à adopter une définition moderne de la douance, moins restrictive, qui tient compte de cette diversité de profils pouvant être associés à des besoins variés (p. ex., profil à haut potentiel vs très haut potentiel intellectuel, Gross, 2018; profil homogène vs hétérogène, Revol et al., 2004).
Difficultés et besoins des individus doués
Alors que les connaissances convergent aujourd’hui vers l’idée que la douance est multidimensionnelle et outrepasse le simple fait de posséder un QI exceptionnel, la question du bien-être psychologique des personnes douées et de l’accompagnement à leur offrir demeure débattue dans la communauté scientifique (Jones, 2013). Deux points de vue sont principalement soulevés (Neihart et Yeo, 2018). Le premier stipule que les personnes douées seraient mieux adaptées que leurs pairs, de par leurs habiletés élevées à se comprendre elles-mêmes et le monde qui les entoure. Le deuxième propose qu’elles constituent une population plus à risque de vivre des difficultés psychologiques et interpersonnelles, notamment à cause de leurs différences qui les prédisposeraient à vivre des défis particuliers (p. ex., anxiété, isolement). Ces deux points de vue ont reçu un appui similaire dans la littérature scientifique, qui pourrait s’expliquer notamment par des démarches méthodologiques différentes (Jones, 2013), par exemple un recrutement de personnes douées tantôt en fonction de l’excellence académique et tantôt au sein d’une population clinique. Ainsi, si certains auteurs soutiennent que les individus doués ont des niveaux de difficulté similaires à leurs pairs ou seraient plus adaptés (p. ex., Vialle et al., 2007), d’autres mettent de l’avant d’importantes difficultés (p. ex., Cross et al., 2019), notamment une vulnérabilité accrue à l’anxiété ou la dépression (Karpinski et al., 2018) et une surélévation du risque suicidaire (T. Cross et J. Cross, 2018). En contexte scolaire, ils seraient susceptibles de rencontrer plusieurs défis, dont l’ennui, l’anxiété de performance, la démotivation, voire le décrochage scolaire (Siegle et al., 2017).
Récemment, Neihart et Yeo (2018) proposent une piste réconciliatrice de ces résultats contradictoires, postulant que les personnes douées ont des difficultés psychologiques uniques, toutefois non attribuables à la douance en soi. Les auteures suggèrent que « la douance semble plutôt contribuer à la complexité d’un individu, ce qui peut soit rehausser ou interférer avec l’ajustement psychologique de l’individu, dépendamment de nombreux facteurs de risque ou de protection » (Neihart et Yeo, 2018, traduction libre, p. 497). Parmi ces facteurs, des variables contextuelles telles que l’accès à des pairs similaires (Vogl et Preckel, 2014), le soutien parental (Jolly et Matthews, 2012) et le type de parcours scolaire (Cross, 2001; Siegle et Langley, 2015) ont été identifiées. Des variables intrapersonnelles telles que la résilience, l’humour et la motivation seraient prédictrices d’un meilleur ajustement (Neihart et Yeo, 2018). Enfin, un faible statut socioéconomique et certains profils de douance, dont la double-exceptionnalité (douance doublée d’un diagnostic comorbide; Foley-Nicpon et Candler, 2018) et le très haut potentiel intellectuel (niveau plus élevé de douance; Gross, 2018), seraient des facteurs de risque (Rinn, 2018).
Les psychologues face à la douance
Pour offrir à la population douée un accompagnement qui tienne compte des connaissances les plus à jour en douance, il apparaît nécessaire et important que les psychologues amenés à travailler avec celle-ci possèdent les outils nécessaires pour le faire (Peterson, 2018). Or, bien que la définition de la douance dans toute sa complexité et la description de l’évaluation qu’elle exige aient gagné en intérêt dans plusieurs régions du monde au cours des dernières décennies (Subotnik et al., 2011), le transfert des connaissances dans les milieux professionnels semble être demeuré limité (Webb et al., 2016).
Certains auteurs soulignent que, puisque la douance est un concept associé à l’intelligence, celle-ci et les facteurs de risque et de protection qui lui sont associés sont rarement connus et pris en compte par les professionnels pour comprendre certaines difficultés des personnes douées (Webb, 2014). L’attention est portée avant tout sur les difficultés apparentes (p. ex., dépression) sans en saisir les enjeux à la source (Neihart et al., 2002). De plus, certaines caractéristiques observées chez des personnes douées (p. ex., énergie élevée s’apparentant à de l’hyperactivité), de par leur ressemblance avec des manifestations de pathologies cliniques, sont confondues avec celles-ci (Peterson, 2009), augmentant les probabilités de diagnostics erronés. Les connaissances quant aux traitements adaptés aux besoins des personnes douées demeurent aussi limitées (Webb, 2014).
Au Québec, peu d’études sur les professionnels amenés à intervenir auprès de la clientèle douée ont été menées et, à notre connaissance, aucune n’a porté sur les psychologues. Toutefois, deux études récentes ont dressé un portrait des connaissances et perceptions de la douance chez des professionnels en éducation. La première, menée auprès de 129 professionnels (p. ex., enseignants, orthopédagogues, conseillers pédagogiques), révèle en moyenne moins de 10 heures de formation en douance, des niveaux très faibles de connaissances autorapportées, ainsi que des perceptions à l’effet que le milieu scolaire québécois est globalement peu adapté aux élèves doués (Poirier et al., 2019). La seconde étude, menée auprès de 1023 enseignants de niveau préscolaire-primaire, révèle que plus de 90 % de l’échantillon n’a jamais reçu de formation en douance. Par ailleurs, les participants rapportent des attitudes plutôt positives face à la douance, avec des moyennes légèrement au-dessus du point central de l’échelle de réponse (Massé et al., 2019). Les auteures soulignent l’importance de ce type d’études afin d’orienter adéquatement la formation à offrir aux professionnels qui, en retour, seront plus en mesure d’accompagner efficacement la clientèle douée. Les psychologues étant aux premières loges de l’évaluation et de l’intervention auprès des jeunes doués, ce type d’études apparaît tout aussi essentiel dans leur discipline.
OBJECTIFS
La présente étude vise à décrire certains aspects du vécu professionnel de psychologues québécois appelés à travailler auprès d’individus doués. Plus précisément, elle a pour objectifs spécifiques : 1) de décrire leur niveau autorapporté de formation et de connaissances sur la douance; 2) d’évaluer leurs perceptions face à la douance; et 3) de décrire leurs besoins professionnels en lien avec la douance.
MÉTHODE
Devis de recherche
Afin d’atteindre les objectifs de cette étude de type enquête descriptive, un devis de recherche mixte a été privilégié. Plus précisément, la stratégie utilisée est la triangulation concurrente. Cette stratégie implique que des données quantitatives et qualitatives soient recueillies au courant d'une même passation de questionnaire et qu’une importance équivalente soit accordée aux deux types de données, qui sont comparées et intégrées au moment de l'interprétation des résultats afin de bénéficier de leur complémentarité pour mieux comprendre le phénomène à l’étude (Creswell, 2009). Cette méthode a également l’avantage de permettre de recueillir des données auprès d’un grand nombre de participants.
Participants
L’échantillon est composé de 224 psychologues, dont 94 psychologues cliniciens, 82 psychologues scolaires et 48 neuropsychologues, provenant de 16 régions administratives du Québec (voir Tableau 2).
Pour prendre part à l’étude, les répondants devaient avoir 18 ou plus, maîtriser le français écrit et avoir une pratique professionnelle établie au Québec. Le Tableau 3 présente les statistiques descriptives se rapportant aux variables sociodémographiques et au contexte de pratique professionnelle en douance.
Déroulement
Le recrutement s’est effectué sur une période de six mois, via les réseaux professionnels des membres de l’équipe de recherche ainsi qu’avec la collaboration de l’Ordre des psychologues du Québec (OPQ) et de l’Association québécoise des psychologues scolaires (AQPS). Les personnes intéressées par l’étude étaient invitées à se rendre sur le site sécurisé LimeSurvey hébergeant le formulaire d’information et de consentement ainsi que le questionnaire en ligne, auquel ils pouvaient répondre de manière anonyme en une vingtaine de minutes d’après le prétest effectué. Le projet a reçu l’approbation du comité d’éthique de la recherche de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Sherbrooke.
Instruments de mesure
La collecte de données s’est effectuée au moyen d’un questionnaire maison, élaboré à partir de la recension théorique et des visées spécifiques de l’étude. Celui-ci a été soumis à un clinicien expert en douance et a fait l’objet d’un prétest auprès de trois professionnels ayant eu l’opportunité de travailler auprès d’une clientèle douée. Le questionnaire comportait les quatre sections suivantes.
Données sociodémographiques et contextuelles
Des données sociodémographiques (p. ex., sexe, âge, région administrative) et des informations sur le contexte de pratique professionnelle (nombre d’années d’expérience, fréquence d’intervention en douance, présence ou non d’activités de formation initiale ou continue en douance dans leur parcours, nombre total d’heures de formation reçue en douance le cas échéant) ont été recueillies à des fins de description de l’échantillon, puis d’analyses descriptives au regard de la formation reçue (objectif 1).
Connaissances sur la douance (13 items)
Les participants ont été invités à évaluer leur degré de connaissance en lien avec 15 notions issues de la littérature sur la douance recensée préalablement à la collecte de données[2] énumérées au Tableau 4 (objectif 1). Pour chaque notion, ils devaient autoévaluer leur niveau de connaissance sur une échelle de type Likert en sept points: 1- aucune connaissance (Je n’en ai jamais entendu parler); 2- connaissance minimale (J’en ai entendu parler, sans plus); 3- connaissance de base (Je pourrais en donner une définition ou description sommaire); 4- bonne connaissance (Je me sentirais capable d’échanger à ce propos avec des collègues); 5- très bonne connaissance (Je pourrais m’y référer avec aisance dans mon travail au quotidien); 6- expertise (Je serais en mesure d’offrir de la formation rigoureuse à ce sujet). Un score global de connaissances en douance a été calculé en effectuant la moyenne des scores autorapportés pour ces 15 thèmes.
Perceptions de la douance (5 items)
Afin de recueillir les perceptions à propos de la douance (objectif 2), les participants ont rapporté leur degré d’accord avec cinq énoncés évaluant leurs perceptions de la douance, énoncés issus de la littérature à ce sujet (énumérés au Tableau 4). Ils devaient répondre sur une échelle de type Likert en sept points allant de 1 « pas du tout d’accord » à 7 « entièrement d’accord ».
Besoin de soutien
Dans cette dernière section, les participants ont eu l’occasion de répondre à une question ouverte afin de s’exprimer de façon plus complète et personnelle quant aux besoins de soutien qu’ils rencontrent dans le cadre de leur travail en lien avec la douance (objectif 3). Plus précisément, les participants étaient invités à décrire en 5 à 10 lignes (ou plus s’ils le souhaitaient) quel(s) type(s) de soutien pourrai(en)t, selon eux, contribuer à faciliter leur accompagnement de personnes douées dans leur pratique professionnelle.
Stratégie d’analyses
Pour répondre aux objectifs 1 (décrire le niveau de connaissances et de formation en douance) et 2 (décrire les perceptions face à la douance), des analyses descriptives (moyenne, médiane, écart-type, minimum, maximum) ont été réalisées. En lien avec l’objectif 3 (décrire les besoins professionnels des psychologues face à la douance), le contenu de la question ouverte concernant les besoins a fait l’objet d’une analyse thématique, dans un paradigme compréhensif (explorer et décrire le phénomène à l’étude avec un faible niveau d’inférence). Après avoir subdivisé le corpus de données en unités de sens, celui-ci a été codé afin d’en extraire les principaux thèmes, ensuite regroupés en rubriques puis en axes. Considérant le nombre élevé de participants à l’étude, une thématisation séquencée a été privilégiée. Celle-ci consiste d’abord à extraire une liste de thèmes à partir d’un échantillon du corpus tiré au hasard, puis à appliquer cette liste au reste du corpus, avec la possibilité d’ajouter de nouveaux thèmes, lorsque pertinent (Paillé et Mucchielli, 2005). Avant de procéder à la suite de la codification pour le reste du corpus, l'organisation thématique obtenue a été soumise à une procédure d’accord intersubjectif au sein de l’équipe de recherche (Miles et Huberman, 2003) afin d’augmenter la validité interne de l'étude. Certains thèmes et rubriques ont été regroupés, modifiés, éliminés ou réorganisés en fonction des échanges tenus dans le cadre de cette démarche. L’analyse a été menée de façon itérative (Paillé et Mucchielli, 2005), de sorte que jusqu'à la fin de l’analyse, l'organisation thématique a pu être modifiée en fonction de thèmes émergents.
RÉSULTATS
Formation et connaissances des psychologues sur la douance (objectif 1)
Les participants rapportent à 67,0 % avoir déjà effectué une ou des activités de formation initiale ou continue sur la douance. Le Tableau 3 présente les statistiques descriptives se rapportant au nombre d’heures de formation reçue au sein de l’échantillon total. La moyenne étant potentiellement biaisée par la présence de six valeurs extrêmes (comprises dans l’intervalle de 115 à 600 heures), la tendance centrale apparaît mieux représentée par la médiane, qui correspond à 6,00 heures de formation reçue.
Au regard des connaissances, le Tableau 4 présente les statistiques descriptives du niveau moyen de connaissances rapporté par les participants en lien avec les 13 notions sur la douance à l’étude, suivies de leur score global de connaissances. En moyenne, ce dernier se situe légèrement au-dessus d’une connaissance minimale (point 2 de l’échelle de réponse), correspondant au fait d’avoir déjà entendu parler de la douance, sans plus. Seules les connaissances à propos des caractéristiques associées à la douance se situent légèrement au-dessus d’une connaissance de base (point 3 de l’échelle de réponse). Les psychologues ayant participé à l’étude ne se sentent donc pas, en moyenne, en mesure d’échanger avec des collègues sur les thèmes qui leur ont été soumis ou de s’y référer avec aisance dans leur travail (libellés des points 4 et 5 de l’échelle de réponse).
Perceptions face à la douance (objectif 2)
Les statistiques descriptives des cinq énoncés mesurant les perceptions des répondants face à la douance sont présentées au Tableau 4. Les psychologues reconnaissent que les personnes douées ont des besoins particuliers au même titre que celles ayant des difficultés d’apprentissage, le niveau moyen d’accord avec cet énoncé (5,83) étant nettement supérieur au point central de l’échelle de réponse (3,5). Les psychologues tendent également à être en désaccord avec l’idée que les ressources pour accompagner la clientèle douée soient suffisantes, la moyenne se situant en deçà du point central de l’échelle de réponse. En parallèle, les avis semblent plus mitigés concernant les énoncés évoquant que la douance représente une chance et qu’il est plus facile d’accompagner des individus doués, les moyennes se situant tout près du point central de l’échelle de réponse. Toutefois, les participants semblent peu adhérer à l’idée selon laquelle la douance contribue à l’élitisme et aux inégalités sociales.
Besoins professionnels des psychologues face à la douance (objectif 3)
Des 224 psychologues ayant participé à l’étude, 65 (29 %) ont fourni une description de leurs besoins dans leur travail en lien avec la douance, soit 10 psychologues scolaires (15,38 %), 34 psychologues cliniciens (52,31 %) et 21 neuropsychologues (32,30 %). La représentation thématique détaillée issue de l’analyse est présentée à la Figure 1. Les éléments contenus dans cette figure ne sont pas individuellement repris au fil du texte, faute d’espace, mais ceux-ci sont présentés globalement, avec des extraits verbatim de réponses écrites fournies par les participants en appui aux résultats rapportés[3]. Les thèmes et rubriques dégagés de l’analyse se subdivisent en trois axes : les besoins se rapportant au perfectionnement, les besoins se rapportant à la collaboration et au soutien, ainsi que les besoins se rapportant à des services à la collectivité pour un soutien accru aux personnes douées.
Axe 1 : besoins de perfectionnement
Les besoins de perfectionnement manifestés par les participants se subdivisent en trois rubriques. D’abord, les répondants évoquent la nécessité d’accroître l’accès à la formation en douance (point 1.1), non seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour d’autres acteurs avec lesquels ils sont appelés à interagir, qu’il s’agisse de professionnels en éducation, en santé ou de parents. Par exemple, un participant nomme l’importance « d’enseigner aux prof et directeurs ce que sont les défis pour un doué » dans les milieux scolaires alors qu’un autre soulève la nécessité qu’il y ait « plus de formations aux intervenants de première ligne; médecins de famille, TS, psy des CLSC et hôpitaux ». Au regard de la formation qu’ils souhaitent eux-mêmes recevoir, les réponses des psychologues permettent de dégager des contenus associés à plusieurs aspects de la pratique (évaluation, intervention, consultation), ainsi que des formats variés de formation souhaitée. Par exemple, en termes de contenu, un participant souhaiterait « des formations pour comprendre la douance "de l'intérieur", mais également pour distinguer les symptômes de TDAH de la douance ». Au niveau du type de formation, les réponses réfèrent, par exemple, au désir que soient offerts « des cours universitaires et un programme de maîtrise ou doctoral spécialisés en douance », qu’il soit possible d’assister « à un colloque ou un congrès qui serait tenu par divers experts dans le domaine d'où on pourrait ressortir des balises claires » ou à être « supervisée par un professionnel qui s'y connait si j'étais confrontée à cette problématique chez un élève ». De plus, des participants souhaitent que des conditions soient mises en place pour faciliter l’accès à la formation. Par exemple, un participant soulève la nécessité « d’obtenir de la formation accessible en région et/ou en collaboration avec le milieu de travail (système public) », alors qu’un autre mentionne l’importance de « sensibiliser les gestionnaires du système de santé sur le phénomène de douance afin qu'ils nous permettent d'aller à ce type de formation ».
Outre les activités de formation, les participants nomment également un important besoin d’accès à diverses sources de documentation (point 1.2). Un participant identifie par exemple le souhait d’accéder à « un livre de référence sur les connaissances et l'historique de la douance avec un volet pratique (branché sur le réseau scolaire québécois) ». Un autre mentionne le souhait d’accéder à « un ouvrage scientifique et clinique de pointe, en français, destiné à l'intervention psychothérapeutique auprès de doués ». Quelques participants soulèvent la pertinence d’accroître les recherches sur la douance ainsi que le transfert de connaissances au Québec (point 1.3), afin d’assurer que les ressources offertes aux professionnels s’appuient sur du matériel scientifiquement valide.
Axe 2 : collaboration et soutien
Trois rubriques se dégagent aussi au regard de la collaboration et du soutien à recevoir. La première concerne le besoin de collaboration interprofessionnelle (point 2.1), certains participants mentionnant le désir d’échanger entre collègues ou de bénéficier des savoirs d’autres professionnels pour intervenir en douance. Par exemple, un participant souhaite le développement d’un « groupe de professionnels pouvant facilement échanger sur ce thème et partageant le même souci de promouvoir le développement global des personnes douées, tant au niveau intellectuel qu’affectif ». L’amélioration de la collaboration avec les milieux scolaires représente également un besoin (point 2.2) et semble passer à la fois par une disposition plus positive des milieux scolaires face au thème de la douance, et à la fois par un accroissement des ressources en douance, celles-ci étant actuellement perçues comme rares ou absentes dans le réseau de l’éducation. Plus précisément, au regard de la disposition des milieux scolaires, des participants nomment la nécessité d’une plus grande ouverture et souplesse dans l’esprit de « reconnaître cette réalité et lui faire plus de place », certains percevant que « les milieux scolaires ne sont pas adaptés aux besoins des enfants présentant un profil de douance » et que « le perfectionnement des profs ne va pas dans le sens de cette réalité (douance) ». À cet effet, un participant espère qu’il y ait « démystification de la douance et support pour les enseignants (exemples pédagogiques concrets par matière permettant des adaptations selon les intérêts de l'élève doué et que l'enseignant n'y voit pas que tout est à créer) ». En termes de ressources à développer, certains participants mentionnent le besoin d’accroître les ressources financières et humaines (p. ex., conseillers pédagogiques formés, mentors) et expriment le souhait que les psychologues soient plus nombreux et plus présents en milieu scolaire. Certains considèrent ces ressources essentielles pour assurer des services adéquats aux élèves doués, par exemple « que les évaluations intellectuelles soient faites dans le milieu scolaire dès qu'il y a un soupçon de douance ». De nombreux participants évoquent aussi l’importance de ressources favorisant une multiplicité de mesures d’adaptation, d’enrichissement ou d’accélération. Par exemple, un participant suggère de :
« s'assurer que l'enfant ait accès à des livres qui sont à sa pointure (par ex. : roman d'adulte pour les élèves du primaire), donner un enseignement signifiant à l'élève qui n'a souvent pas besoin d'autant de révision pour comprendre les notions enseignées, adapter l'horaire avec des périodes de travail autonome et lui offrir des projets éducatifs stimulants (…). Envisager l'accélération scolaire si l'enfant démontre les capacités. »
En outre, certains participants évoquent le besoin que des programmes scolaires adaptés à la clientèle douée se multiplient dans la province, par exemple « davantage de classes à effectif réduit en douance, d'écoles alternatives, de cheminements qui permettent le compactage (sport-étude, bain linguistique) … ».
Finalement, certains participants évoquent le besoin d’être soutenus par les instances hiérarchiques (point 2.3), soit l’Ordre des psychologues du Québec (OPQ) et le Gouvernement du Québec. Par exemple, un participant a mentionné le souhait que soit créé « un comité à l'OPQ qui développe des lignes directrices pour l'évaluation (comme ça s'est fait pour le TDAH ou les dérogations scolaires) ». Un autre participant souhaiterait « que le Ministère de l’Éducation revoie les programmes en fonction de la neurodiversité » et un autre qu’il y ait « mise en place de programmes/groupes adaptés par le Ministère de l'Éducation, au même titre que pour les EHDAA [élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage] »
Axe 3 : services à la collectivité
Le troisième et dernier axe se subdivise en deux rubriques portant respectivement sur les services accessibles à la clientèle douée et sur des mesures favorables à la sensibilisation de la population au concept de douance. Les thèmes inclus dans la première rubrique se rapportent notamment au besoin de faciliter l’accès aux services pour la clientèle douée (point 3.1), ceux-ci étant perçus comme rares au Québec. Par exemple, un participant espère qu’il soit plus aisé de « trouver des ressources à suggérer à la clientèle pour soutenir et aider », alors qu’un autre souhaite qu’il y ait des « associations de soutien plus actives, ressources communautaires disponibles pour les parents et enfants ». Au regard de la sensibilisation sociale (point 3.2), des participants rapportent avoir l’impression que la société québécoise ne possède pas les savoirs adéquats en douance et que certains préjugés existant à ce sujet sont à déconstruire. Par exemple, un participant souhaite que les individus doués « se sentent entendus et compris (plutôt que louangés ou perçus comme ''chanceux d'avoir leurs capacités'') ». La sensibilisation sur la neurodiversité et la démystification de la douance sont ainsi espérées par certains participants.
DISCUSSION
La présente étude, menée auprès de psychologues québécois, avait pour objectifs de dresser un portrait descriptif de leur niveau de formation et de connaissances sur la douance, de leurs perceptions face à celle-ci ainsi que de leurs besoins professionnels en lien avec la douance.
Dans un premier temps, il peut apparaître étonnant qu’une majorité (près de 70 %) des psychologues ayant participé à l’étude rapporte avoir reçu de la formation en douance, compte tenu de l’historique de la douance au Québec. Cette proportion apparaît élevée comparativement à celle d’environ 10 % dans l’étude menée par Massé et ses collègues (2019) auprès d’enseignants. Toutefois, ce taux élevé pourrait ne pas être représentatif de l’ensemble des psychologues québécois : il est possible que les psychologues particulièrement intéressés par le thème de la douance, et ayant recherché de la formation à ce sujet, aient été plus nombreux à participer et qu’ils soient surreprésentés dans l’étude. De plus, puisqu’ils figurent parmi les rares professionnels habilités à l’évaluation psychologique et intellectuelle, les psychologues sont susceptibles d’être sollicités pour évaluer la douance et donc d’avoir été davantage exposés à de la formation, même minimale, s’y rapportant. Cela dit, bien que la proportion de psychologues ayant reçu de la formation soit élevée, le nombre d’heures de formation reçue demeure plutôt faible (nombre médian de six heures). Tel que l’indiquent de manière complémentaire les résultats qualitatifs discutés plus loin, ce niveau de formation est souvent perçu comme lacunaire par les psychologues eux-mêmes.
Les niveaux de connaissances rapportés par les participants fournissent des indices additionnels de leur sentiment de manquer de formation. En effet, les psychologues se déclarent très peu connaisseurs des divers modèles et notions liées à la douance qui leur ont été soumis. Les caractéristiques associées à la douance, susceptibles d’être sources de difficultés donc de consultation, constituent les seuls types de connaissances approchant (sans toutefois atteindre) un niveau moyen de maîtrise qui permet d’échanger sur le sujet avec des collègues (mais non de s’y référer avec aisance au quotidien dans son travail). Il apparaît particulièrement préoccupant de constater que les connaissances se rapportant à l’approche de réponse à l’intervention (RAI, Coleman, 2018) - reconnue en éducation pour plusieurs clientèles à besoins particuliers - sont faibles, alors que les psychologues oeuvrant auprès des enfants et des adolescents peuvent être sollicités par les milieux scolaires pour l’élaboration de plans d’intervention s’appuyant sur ce modèle. Cela laisse supposer que cette approche n’est que peu ou pas incluse dans la formation initiale des psychologues, ce qui gagnerait à être rectifié.
Ces résultats correspondent à la tendance générale observée dans la littérature scientifique (p. ex., Webb, 2016) selon laquelle les connaissances sur la douance, pourtant en évolution constante ces dernières décennies (p. ex., Renzulli et Reis, 2018; Sternberg, 2018), se transfèrent difficilement et peu efficacement dans les milieux de pratique. Certains auteurs suggèrent que cela soit dû, entre autres, aux débats dans la littérature scientifique sur la douance qui rendent difficiles l’atteinte de consensus et de balises claires sur des pratiques recommandables d’évaluation ou d’intervention (Bishops et Rinn, 2019; Jones, 2013). Les résultats contradictoires à savoir si les personnes douées sont plus ou moins vulnérables que la population générale au regard du bien-être en constitue un exemple (Jones, 2013). Ce type de débat apparaît susceptible d’entretenir des visions polarisées de la douance et, par le fait même, des tabous et malaises qui tendent à l’écarter de la scène sociale, comme ce fut le cas au Québec durant plusieurs décennies. À cet égard, il apparaît souhaitable de poursuivre des activités de recherche et de diffusion des connaissances sur ces thèmes controversés, en investissant des visions réconciliatrices axées sur les facteurs de risque et de protection (Neihart et Yeo, 2018).
À propos des perceptions face à la douance, de manière frappante, les participants apparaissent fortement en accord avec l’idée que les individus doués présentent des besoins particuliers et que les ressources qui leur sont allouées sont insuffisantes. Il semble donc y avoir, au moins chez une portion des psychologues québécois, une reconnaissance de la douance et de lacunes au niveau des services offerts à la population douée. Ces résultats rejoignent les tendances observées chez les enseignants de l’étude de Massé et ses collègues (2019), qui présentent des attitudes plutôt positives en ce qui concerne la reconnaissance des besoins éducatifs des élèves doués et du soutien qui doit être offert, et peu de préoccupations envers l’élitisme. En vertu de l’historique québécois et des préoccupations soulevées dans les médias ces dernières années, cette reconnaissance de la douance apparaît encourageante.
Par ailleurs, les avis sont plus mitigés concernant l’idée qu’il est plus facile d’accompagner une personne douée en raison de ses grandes capacités et l’idée que celle-ci est chanceuse d’être si bien équipée pour réussir. Dans la littérature clinique et scientifique, certains auteurs appellent à déconstruire l’idée, présentée comme un mythe, que la douance représente un « cadeau » (Cross et al., 2019), alors que d’autres soutiennent qu’elle constitue avant tout une force (Subotnik et al., 2011), et ces points de vue apparaissent parfois irréconciliables. Les présents résultats portent à croire que ces deux visions coexistent et représentent une part de ce que les psychologues rencontrent ou s’attendent à rencontrer dans la pratique clinique. Des études futures gagneraient à explorer cette hypothèse et à étudier plus en profondeur les attitudes des psychologues québécois à cet égard ainsi que les facteurs susceptibles de les influencer.
Un peu moins du tiers de l’échantillon a fourni des réponses à la question ouverte concernant les besoins professionnels face à la douance. Cela pourrait en partie s’expliquer par le temps requis pour formuler ce type de réponse, mais également par le fait qu’il soit plus difficile pour les psychologues peu connaisseurs de la douance de formuler, de manière éclairée, des besoins à cet égard. Néanmoins, l’analyse thématique permet de constater que les besoins rapportés sont multiples et relativement précis. D’abord, l’analyse a permis de dégager des demandes variées en termes de perfectionnement sur la douance (axe 1). À cet effet, les participants évoquent de nombreux contenus et formats de formation ou de documentation souhaitées, ciblant une diversité de clientèles douées (élèves, adultes, parents) et de mandats professionnels (évaluation, intervention, consultation auprès d’autres professionnels). Tel que suggéré par certains participants, afin de répondre à ce besoin et d’assurer des connaissances en douance pour tous les psychologues, il apparaîtrait indiqué d’inclure systématiquement le thème de la douance dans leur formation initiale, notamment par des cours ou des ateliers lors du baccalauréat ou du doctorat en psychologie. Les participants fournissent aussi des réponses témoignant d’une préoccupation pour la valeur scientifique et la clarté attendue des connaissances à acquérir ou des ressources auxquelles se référer en douance, invitant la communauté scientifique québécoise à mener de la recherche à ce sujet. Cela pourrait être au reflet de la rigueur attendue dans la profession, mais également de mythes (p. ex., douance est synonyme de succès) et d’ambiguïtés théoriques qui entourent la notion de douance (Sifuentes-Becerri et al., 2018), susceptibles de susciter confusion ou incertitude chez les professionnels. Ces suppositions gagneraient elles aussi à être vérifiées dans des études futures. Enfin, le fait que de nombreux répondants souhaitent que la formation en douance soit accessible au sein de professions en éducation, en santé et services sociaux semble témoigner de préoccupations de certains psychologues au regard de la qualité des services offerts, plus globalement, à la clientèle douée. Cela peut également laisser croire que la méconnaissance de la douance chez d’autres professionnels pourrait être susceptible, selon le point de vue des psychologues, de rendre plus difficile le travail interdisciplinaire, par exemple, lorsqu’il est question d’entretenir une compréhension et un langage communs en lien avec un cas clinique incluant une douance. Encore une fois, des études futures gagneraient à se pencher sur ces hypothèses, d’autant plus que la concertation interprofessionnelle est fréquemment nécessaire pour offrir un service adapté aux besoins de la clientèle douée (Sriraman et Dahl, 2009).
Si l’on considère conjointement les résultats de l’axe 1 issus de l’analyse qualitative et ceux obtenus dans la portion quantitative de l’étude, les multiples besoins de perfectionnement exprimés par les participants s’avèrent cohérents avec les connaissances très limitées en douance qu’ils ont rapportées, celles-ci indiquant clairement le peu d’aisance que plusieurs ont avec la notion de douance dans leur travail. Cela converge également avec la perception élevée des participants que la clientèle douée présente des besoins particuliers et semble témoigner d’un souci d’être outillé, afin de mieux comprendre et répondre à ces besoins. L’ensemble de ces résultats soutient la pertinence des initiatives qui se multiplient au Québec pour offrir des formations, organiser des colloques et élaborer de la documentation sur la douance s’adressant aux professionnels, incluant les psychologues. De plus, certains besoins exprimés indiquent qu’il pourrait être pertinent de considérer, en amont de ces activités de perfectionnement, une sensibilisation des gestionnaires aptes à libérer leur personnel pour participer à des formations, ainsi qu’une attention à ce que la formation puisse être accessible en région.
Le deuxième axe issu de l’analyse des besoins des psychologues se rapporte à des besoins de nature interactionnelle. Il semble illustrer l’importance pour les répondants de la collaboration et du soutien pour une pratique professionnelle efficace, dans des interactions avec des personnes et instances de différents ordres (collègues de sa propre discipline et d’autres domaines, systèmes de santé et d’éducation, ordre professionnel, gouvernement). Les besoins exprimés, plus particulièrement au regard de la collaboration avec les milieux scolaires, sont concordants avec les résultats de l’étude de Poirier et al. (2019) menée auprès de professionnels de l’éducation québécois qui, invités à partager leurs difficultés en lien avec la douance, insistaient sur le manque de connaissances en milieu scolaire sur les élèves doués et sur le fait que le système scolaire n’est pas adapté à cette clientèle. Les résultats d’une étude qualitative menée auprès de parents d’enfants doués au Québec (Brault-Labbe et al., 2019) abondent dans le même sens: en effet, plusieurs préoccupations des parents concernant le vécu scolaire de leurs enfants se rapportent au manque de connaissances sur la douance dans le milieu de l’éducation, à la collaboration difficile qui en découle et au manque de ressources et de services adaptés aux enfants doués. Le milieu de l’éducation apparaît ainsi comme une cible importante de sensibilisation et de formation en douance au Québec.
Enfin, dans l’esprit que véhicule le récent avis du Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur de Québec (2020) sur la réussite éducative des élèves doués, certains psychologues souhaitent que des mesures soient prises pour améliorer l’accès aux services pour les personnes douées et leurs proches, ainsi que la sensibilisation à la douance au sein de la collectivité (axe 3). En plus de contrer de potentiels préjudices dus au manque de ressources adaptées à la clientèle douée (Webb, 2014), des initiatives en ce sens pourraient limiter la marginalisation ou la stigmatisation parfois vécues par celle-ci (Cross et al., 2019) et les conséquences psychologiques négatives susceptibles d’en découler (Rinn, 2018).
En somme, la présente étude soutient l’idée que le concept de douance est méconnu et mérite de faire l’objet de formation initiale et continue accrue chez les psychologues québécois. Toutefois, malgré le manque de connaissances, les répondants à la présente étude apparaissent sensibles aux besoins particuliers de la population douée, désireux d’être mieux outillés pour y répondre, et ce, de concert avec d’autres professionnels concernés. Ces résultats invitent à multiplier les initiatives de formation et de sensibilisation sur la douance au Québec et, dans des études futures, à en évaluer l’efficacité.
Forces et limites de l’étude
La présente étude comporte certaines limites qui méritent d’être mentionnées. D’abord, sur le plan méthodologique, il est possible qu’un biais d’échantillonnage affecte la nature des résultats obtenus. En effet, la participation à ce type d’enquête descriptive sur une base volontaire laisse supposer que les participants possédaient d'emblée un intérêt pour le sujet à l'étude. Le portrait descriptif qui en résulte peut être teinté d’opinions et de sentiments à l’égard de la douance qui ne sont pas généralisables à l’ensemble des psychologues du Québec. Cela est d’autant plus vrai que le taux de réponse demeure faible si l’on se réfère au nombre de psychologues oeuvrant au Québec (près de 9000 psychologues inscrits en 2019-2020, voir Ordre des psychologues du Québec, 2021). De plus, le questionnaire maison développé par l’équipe de recherche l’a été à la lumière de la recension des écrits et des objectifs exploratoires de l’étude. Bien qu’il ait été élaboré avec l’avis d’experts en douance et soumis à un prétest, il n’a pas fait l’objet d’une validation empirique (p. ex., analyses factorielles), notamment pour les sections mesurant certaines connaissances (plutôt théoriques) et certaines perceptions (cinq énoncés) sur la douance. À cet effet, il serait particulièrement intéressant de reproduire ce type d’étude en incluant l’objectif de créer et de valider des instruments de mesure des connaissances et des perceptions face à la douance s’adressant à divers professionnels, à partir d’un nombre plus substantiel d’énoncés qui couvriraient un éventail plus large et plus à jour de connaissances et de perceptions. Il serait également intéressant de vérifier si la nature et l’intensité des besoins des psychologues varient en fonction du type de pratique professionnelle, par exemple selon qu’ils oeuvrent comme psychologue clinicien, scolaire ou comme neuropsychologue, ou encore selon le type de clientèle douée rencontrée (p. ex., enfants, adolescents adultes, famille). Finalement, considérant la visée descriptive et exploratoire de l’étude, les résultats obtenus ne permettent pas d’expliquer le manque de connaissances, les perceptions et les besoins liés à la douance chez les participants. Si la discussion permet de soulever certaines hypothèses à cet égard, celles-ci appellent à des recherches futures.
Considérant ces mêmes visées exploratoires et descriptives de l’étude, le devis mixte préconisé, qui permet de combiner les apports respectifs des données quantitatives et qualitatives, ressort assurément comme une force de l’étude. D’une part, la description quantifiée des connaissances et des perceptions sur la douance permet de se situer l’état de la situation actuelle et d’établir un point de comparaison pour d’éventuelles études futures sur le même sujet. D’autre part, les données qualitatives fournissent des informations beaucoup plus riches sur l’expérience des participants telle qu’exprimée dans leurs propres mots. Celles-ci offrent de nombreuses et précieuses pistes pour la création et la mise en place de ressources en douance, prenant directement ancrage dans les besoins exprimés. Bien que la méthodologie adoptée (enquête descriptive) préconise l’usage de questionnaires et ne permette pas d’approfondir l’expérience des participants comme le permettraient des entrevues, le nombre plus élevé de répondants que permet cette méthode permet de recueillir une grande variété de points de vue sur la question. En outre, malgré le taux de réponse faible proportionnellement à l’ensemble des psychologues québécois, le devis et la méthode de recherche retenus ont permis de recruter un échantillon de répondants presque partout à travers la province, conformément à l’objectif de dresser un portrait de situation au Québec. Enfin, l’étude contribue à l’avancement des connaissances puisqu’elle est la première, à notre connaissance, à s’intéresser au vécu professionnel des psychologues québécois face au thème de la douance. Ces connaissances sont d’autant plus importantes étant donné les rôles multiples et centraux que les psychologues peuvent être appelés à jouer dans l’accompagnement et le soutien aux personnes douées, à leur famille et à d’autres professionnels impliqués auprès d’eux (p. ex., enseignants, directions scolaires).
Appendices
Notes
-
[1]
Adresse de correspondance : Département de psychologie, Université de Sherbrooke, 2500, boul. Université, Sherbrooke (QC), J1K 2R1. Téléphone : 819-821-8000, poste 62203. Courriel : Anne.Brault-Labbe@Usherbrooke.ca
-
[2]
La littérature sur la douance s’étant significativement enrichie entre la collecte de données et la publication du présent article, les notions figurant dans cette liste pourraient différer si l’étude était répliquée à l’heure actuelle.
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[3]
Des corrections de coquilles ont été apportées aux extraits cités afin d’améliorer la fluidité du texte.
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