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Stuart Jamieson fut le premier à écrire un ouvrage en anglais sur les relations industrielles au Canada : il fut publié en 1957 sous le titre Industrial Relations in Canada. Seize années plus tard, il en publia une version mise à jour. C’était un ouvrage classique, concis, bien écrit et remarquable par son analyse des relations industrielles canadiennes tenant compte du contexte plus large de l’Amérique du Nord. Ces deux livres constituent une partie des contributions de l’auteur au domaine des relations industrielles. Sa thèse a servi à documenter le combat des travailleurs agricoles en Amérique et aussi au Canada pour la reconnaissance syndicale. Même si le taux de syndicalisation reste toujours faible dans l’agriculture en Amérique du Nord, le sujet traité demeure encore d’actualité. La Cour suprême du Canada a d’ailleurs statué en 2001 que le gouvernement de l’Ontario ne pouvait exclure les travailleurs agricoles de la législation générale du travail.
Après avoir complété ses études doctorales, Jamieson entreprit l’étude de l’industrie de la pêche de la Colombie-Britannique, décrivant là pour une première fois cet unique système de relations du travail. Il se servit de ce travail pour convaincre la Commission Antitrust d’abandonner une tentative de bannir la négociation collective dans le secteur des pêches au motif qu’elle constituait un cartel illégal. De nouveau, Jamieson se retrouvait du bon côté de l’histoire, alors que la politique fédérale en bout de ligne donnait suite à ses recommandations.
Par la suite, Jamieson contribua aux travaux de l’équipe spécialisée en relations du travail (Task Force) sous la direction de H.D. Woods. Son ouvrage, intitulé Times of Trouble : Labour Unrest and Industrial Conflict in Canada, 1900-1960, fit autorité et se présentait comme une analyse du conflit industriel au Canada. Jamieson identifia des cycles de grève en jetant un regard nouveau sur les grèves des années 1965-66 qui menèrent à la mise sur pied de l’équipe spécialisée.
Peu de temps avant sa retraite, Jamieson apporta un complément à son ouvrage Times of Trouble, en centrant son attention sur la violence, l’illégalité et les sanctions entourant les grèves au Canada. Il constata que la violence et d’autres activités similaires découlaient des iniquités de la législation régissant l’emploi au Canada. En adoptant une vision opposée à celle qu’il avait prônée antérieurement, il concluait que les épisodes de violence au cours des grèves au Canada étaient plus fréquents qu’aux États-Unis, quoique la violence avec le temps devenait moins usitée.
Stuart Jamieson enseigna l’économie et la sociologie à l’Université de Colombie-Britannique de 1945 à 1980. Il était bon et d’une grande gentillesse. Il représentait la figure emblématique du professeur distrait, transportant des piles de papier tout en oubliant un crayon ou une plume pour prendre des notes. Sa passion pour la justice sociale était bien ancrée mais non importune. Après une première assignation à titre de directeur de la recherche pour la Cooperative Commonwealth Federation, il passa sa vie à l’université en s’en remettant à la fin aux autres pour lire et apprécier l’importance de sa contribution.