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La revue québécoise Recherches féministes a 25 ans et la revue française Cahiers du Genre en a 21, si l’on tient compte qu’elle est d’abord parue sous le nom des Cahiers du Gedisst (de 1991 à 1998).
Pour marquer ces anniversaires dans un esprit de collaboration et de solidarité, nous avons préparé conjointement le présent numéro en choisissant un thème, « Les antiféminismes », qui souligne que la mission de nos revues se réalise autant dans un contexte de coopération entre féministes que de réaction antiféministe; cette réaction qui perdure ne saurait mieux exprimer l’enjeu politique de nos résistances et notre existence.
Les revues diffusant les recherches féministes francophones sont des courroies nécessaires au partage, au questionnement, à la confrontation et à la consolidation de nos recherches, de leurs fondements théoriques et de leur portée politique. En suscitant des articles, à travers les différents processus d’évaluation par les pairs et paires ainsi que par la publication de résultats de recherche, de textes de réflexion théorique, méthodologique et épistémologique, de comptes rendus de livres et de pratiques féministes novatrices, nos revues contribuent à la continuité et aux transformations des études féministes dans le monde francophone.
Cependant, les conditions de fabrication de ces publications changent très vite actuellement. La pression à la rapidité qu’instaure le numérique menace l’existence de la version papier et les modalités mêmes d’édition. De plus, les instances nationales et supranationales que sont les producteurs de classement (CLEO, JournalBase, ISI Impact Factor, ERIH, AERES, pour n’en citer que quelques-uns) indexent la performance des revues selon des critères et des procédures qui restent la plupart du temps opaques et qui créent une hiérarchisation relativement à la qualité (les fameux A, B, C), mais aussi quant aux disciplines, aux lieux de publication et à la langue, aux diverses formes de hiérarchie susceptibles d’être utilisées pour d’autres types de classement pour lesquels elles ne sont pas faites (recrutement ou évaluation des individus, par exemple).
Comme directrices de revue, nous aurons à coeur de poursuivre la collaboration entreprise pour ce numéro commun[1] dans des espaces créés en vue de réfléchir sur les nouvelles modalités d’édition et de discrimination de genre que produisent les différents types de classement et sur les façons de les contrer. Nous le ferons d’abord à Québec, à l’occasion de l’Université féministe d’été en mai 2012, puis à Lausanne, lors du Sixième Congrès international des recherches féministes francophones en août 2012.
Autre initiative commune soulignant notre semblable histoire : constatant que la version papier de nombreux numéros est épuisée, nous avons choisi d’offrir sous forme numérique à nos abonnées et abonnés le DVD réunissant les collections complètes des textes publiés s’ils sont déjà libres de droits. La revue Recherches féministes présente ainsi le contenu de 50 numéros (plus de 880 documents en texte intégral, dont près du tiers sont des articles). Pour leur part, les Cahiers du Genre présentent en texte intégral la totalité des textes publiés dans les Cahiers du Gedisst jusqu’à leur parution chez un éditeur en 1997, et l’ensemble des introductions et des résumés des articles des Cahiers du Genre. Sommaires et mots clés complètent ces collections. L’architecture du DVD permet la recherche par numéros ou par mots clés. À noter que les textes sont aussi consultables sur les portails ÉRUDIT pour Recherches féministes et CAIRN pour les Cahiers du Genre.
Longue vie à la pensée et à la recherche féministes! Longue vie à nos revues et à la solidarité féministe!
Appendices
Note
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[1]
Une première initiative de ce genre avait été prise en 1998, pour la fabrication du numéro commun des revues Nouvelles Questions féministes et Recherches féministes, numéro intitulé « Ils changent, disent-ils » et coordonné par Huguette Dagenais et Anne-Marie Devreux.