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L’importance et le rôle des amis pour les jeunes exposés à la violence conjugale
Amélie Bisson
École de service social, Université d’Ottawa
Ce mémoire a comme objectif d’explorer l’importance et le rôle des amis pour les jeunes exposés à la violence conjugale. Les questions de recherche étaient les suivantes : 1) Quels sont les impacts de l’exposition à la violence conjugale sur la relation que les jeunes exposés entretiennent avec leurs amis? 2) Quels sont les facteurs qui influencent la décision des jeunes exposés à la violence conjugale de dévoiler ou non leur vécu à leurs amis? 3) Quelles formes de soutien sont fournies par les amis des jeunes exposés à la violence conjugale? Une recherche qualitative de nature exploratoire a été réalisée auprès de huit jeunes franco-ontariens âgés de 9 à 15 ans afin d’explorer ces questions.
Les données ont soulevé des résultats mitigés quant aux impacts de l’exposition à la violence sur la relation que les jeunes entretiennent avec leurs amis. Parmi les huit participants, six ont dévoilé la violence à au moins un ami et les amis ont été perçus comme une source d'appui. Les amis auprès desquels les jeunes choisissaient de se confier étaient des personnes en qui ils avaient confiance, souvent parce qu’ils les connaissaient depuis longtemps. Certains jeunes ont été amenés à dévoiler la violence notamment à cause de leur désir d’alléger le fardeau émotif associé à la violence. Les participants accordaient aussi une grande importance à l’idée que la violence conjugale constitue un secret et au fait que certains amis avaient un vécu familial similaire.
Portrait de la « crise » de patients en attente de soins alternatifs à Sudbury : de multiples perspectives et des voix pour la minorité francophone
Mélissa Sarah Borduas
École de service social, Université d’Ottawa
Dans la communauté de Sudbury, un ensemble de facteurs, une suite d’évènements et une couverture médiatique ont mené à la transformation d’une situation marquée par l’augmentation de patients en attente de soins alternatifs (patients ANS) en une « crise » généralisée. Le vieillissement de la population, les compressions dans les soins de santé et à domicile ainsi que les réformes d’hôpitaux sont au coeur des discours et des pratiques dans cette ville, tout comme dans le reste du Canada, aux États-Unis et dans bon nombre de pays d’Europe. Comment les personnes âgées en sont-elles venues à porter la responsabilité des problèmes dans le système de santé, notamment, l’augmentation des coûts, les attentes dans les urgences et les annulations des chirurgies?
La présence sur le terrain à Sudbury durant l’été 2011 fut un choix méthodologique qui a permis de saisir la situation de l’intérieur dans toute sa complexité et sa diversité. À travers les archives des journaux locaux, l’observation, les récits des représentants des différentes catégories d’acteurs en cause — décideurs, gestionnaires, professionnels de la santé, public —, il a été possible de documenter l’histoire populaire, les transactions officielles, les décisions gouvernementales, les politiques, les actions menées, les débats et le vécu des personnes. Il en est ressorti une pluralité d’interprétations témoignant de la diversité des expériences, des intérêts et des positions personnels et professionnels. Les constatations sont présentées suivant quatre axes d’analyse : l’hôpital, les soins de longue durée, les services à domicile et les services communautaires. Une attention particulière est portée à la perspective de la communauté francophone.
Les représentations sociales de la violence au sein des familles occidentales et non occidentales
Analyse critique comparative du discours journalistique lors du débat autour de la mise sur pied de tribunaux d’arbitrage islamiques pour les litiges familiaux en Ontario
Caroline Bouchard
École de service social, Université d’Ottawa
Ce mémoire propose une analyse critique des représentations sociales de la violence familiale dans trois quotidiens de l’Ontario au cours des deux années pendant lesquelles la polémique sur les tribunaux islamiques a eu lieu, soit entre 2003 et 2005. En nous inspirant de la théorie de l’intersectionnalité et de la théorie des frontières de l’identité, nous posons l’hypothèse que les discours dominants sur la violence au sein des familles non occidentales ne tiennent pas compte des multiples formes d’oppression que ces dernières peuvent vivre. La presse écrite dépeint majoritairement la violence des hommes non occidentaux envers leur conjointe ou leurs enfants comme étant un trait caractéristique de leur culture. Cette représentation, en plus de négliger l’influence des violences structurelles, notamment le racisme, la discrimination à l’emploi, vécues par les familles immigrantes ou d’origine non occidentale sur la violence dans la sphère privée, a pour effet pervers de forcer les femmes qui luttent contre la violence subie à prendre parti contre leur culture. Par une forme d’effet miroir, nos analyses permettront de montrer également que les journaux à l’étude dissocient la violence chez les familles occidentales de la lutte pour l’égalité des sexes pour en faire un enjeu d’ordre relationnel au sein d’une famille, voire d’ordre psychologique et individuel.
L’influence de la migration sur l’identité de jeunes adultes francophones provenant d’un milieu éloigné des centres urbains en Ontario
Mireille Brochu
École de service social, Université d’Ottawa
La migration est un phénomène très important chez les jeunes adultes vivant en contexte francophone minoritaire, en particulier chez ceux provenant d’un milieu éloigné des centres urbains. Afin d’étudier ce phénomène, nous avons choisi d’analyser le parcours migratoire de sept jeunes adultes provenant de communautés du nord-est de l’Ontario. Ce mémoire s’intéresse à la question de la migration selon leur point de vue et cherche plus spécifiquement à connaître l’effet de la migration sur leur identité et sur leur décision de revenir ou non dans leur milieu d’origine.
Les résultats de notre étude montrent que la migration de jeunes francophones provenant de régions éloignées des centres urbains constitue un facteur important dans la construction de leur identité et influence leur décision de revenir ou non dans leur milieu d’origine. À la suite de leur migration vers un centre urbain, les jeunes migrants acquièrent une nouvelle perception de leur milieu d’origine qu’ils ne possédaient pas auparavant. Malgré le fait qu’un sentiment d’appartenance demeure présent chez les migrants, leur migration vers la grande ville a contribué à une modification de leur identité, ce qui fait en sorte qu’ils considèrent souvent ne plus avoir de points communs avec leur milieu d’origine. Les résultats permettent de proposer certaines pistes d’intervention pour les communautés du nord-est de l’Ontario afin de favoriser la rétention des jeunes adultes et le retour de ceux qui ont quitté leur communauté.
Les perceptions des professionnelles de la santé quant aux effets des valeurs culturelles sur la relation thérapeutique
Krisann Dennis
École de service social, Université d’Ottawa
Cette étude a pour but d’explorer les perceptions des professionnelles de la santé quant à l’influence des valeurs culturelles sur la relation thérapeutique. Des entrevues semi-structurées ont été effectuées auprès de quatre infirmières qui interviennent auprès de personnes vivant avec le cancer. Les entrevues ont été complétées pour examiner deux questions principales : Les infirmières pensent-elles que les valeurs culturelles des individus vivant avec le cancer peuvent avoir des effets sur la relation thérapeutique? Comment ces professionnelles de la santé décrivent-elles les moyens utilisés pour communiquer avec leurs patients? Les participantes ont été recrutées par le biais d’un organisme communautaire qui offre des services pour les personnes diagnostiquées avec le cancer et d’un centre hospitalier. Elles ont été incluses dans ce projet parce qu’elles sont impliquées directement dans le soin des personnes vivant avec le cancer.
Les mêmes sept questions ont été posées à toutes les participantes. Les questions portaient sur les techniques de communication empruntées dans différentes situations, comme au moment d’aider le client à prendre des décisions difficiles au regard de la progression de sa maladie. Il a été découvert que les infirmières qui travaillent dans un organisme communautaire sentent que les valeurs culturelles de leurs clients ont un effet sur leur pratique professionnelle. À l’opposé, les professionnelles de la santé qui travaillent dans des hôpitaux rapportent que les valeurs culturelles n’ont pas d’influence sur leur manière d’intervenir auprès de leurs patients.
Le féminisme me fait peur! La résistance des jeunes femmes au féminisme d’aujourd’hui
Kim Dubé
École de service social, Université d’Ottawa
Le mouvement féministe suscite plusieurs craintes et résistances au sein de la société, mais peu de recherches ont été réalisées quant aux explications de la résistance au féminisme manifestée par les jeunes femmes francophones minoritaires. Mon étude a donc pour objectif d’explorer les explications qu’elles offrent de leur résistance, ainsi que les solutions qu’elles suggèrent pour la contrer.
J’ai effectué ma recherche auprès de cinq jeunes femmes d’origine francophone en contexte minoritaire étudiant dans des disciplines pouvant être liées à l’intervention avec les femmes. Une entrevue de groupe fut réalisée à l’été 2011. Les résultats de l’analyse de contenu, qui fut effectuée sous une lunette féministe socialiste, démontrent que la principale raison pour laquelle les jeunes femmes évitent de s’identifier au féminisme est la crainte du stigma y étant associé. De façon plus générale, elles désignent le manque d’information, la crainte de l’étiquette, de l’isolement et du rejet, la crainte du travail de justification, les contraintes religieuses, la crainte du contrat féministe ainsi que l’idée que l’égalité serait déjà atteinte dans la société. Tout cela dans un contexte où les stéréotypes négatifs à l’endroit du féminisme sont répandus dans toutes les sphères de la société, notamment dans les médias. En dernier lieu, les participantes suggèrent des solutions pour contrer la résistance. Elles discutent de l’importance d’offrir de l’éducation sur ce qu’est le féminisme à la société en général et particulièrement aux hommes, et l’importance de présenter l’identification au mouvement féministe comme étant un choix et non une imposition.
L’impact de la pratique sportive sur le développement des habiletés prosociales des adolescents de sexe masculin. Une évaluation des techniques d’entraînement de l’organisme DesÉquilibres
Ian Filion
École de service social, Université d’Ottawa
Cette étude explore le caractère « dérangeant » de l’adolescence ainsi que les interventions proposées auprès des adolescents. Nous présentons deux grandes catégories d’intervention : les approches « classiques » — principalement axées sur la parole — et les approches « alternatives ». Les succès mitigés des approches « classiques », surtout auprès des garçons, nous amènent à considérer le potentiel du sport comme outil d’intervention. Notre analyse du discours de quatre participants de sexe masculin au programme de DesÉquilibres — un organisme montréalais qui propose des programmes sportifs — suggère que le sport peut effectivement générer de nombreux bénéfices sur les plans physique, psychologique et social. Ainsi, nos résultats montrent que les entraînements ont eu des impacts positifs sur le comportement des participants. Ils s’inscrivent dans une amélioration de trois rapports : à soi; à l’autre et au groupe. Conséquemment, nous avançons que le sport offre des réponses intéressantes à l’accompagnement des adolescents dans leur devenir adulte. La particularité des entraînements de DesÉquilibres pointe vers certaines stratégies d’intervention efficientes de même que vers des pistes de recherche prometteuses.
Désinstitutionnalisation des personnes psychiatrisées dans le Nord de l’Ontario
Jacqueline Gallant, MSS
École de service social, Université Laurentienne
Depuis les quarante dernières années, au Canada, aux États-Unis et dans plusieurs pays d’Europe, les hôpitaux psychiatriques ont connu des réductions dans le nombre de lits et de services destinés aux patients souffrant d’une maladie mentale. Ces réductions sont liées à la vague de désinstitutionnalisation des personnes ayant des maladies psychiatriques qui a cours depuis les années soixante et soixante-dix surtout et qui a pour conséquence leur intégration dans les communautés.
Les thèmes de l’exclusion, du contrôle social et de la stigmatisation sont toujours d’actualité dans le processus de réinsertion communautaire de ces personnes. Le phénomène de la désinstitutionnalisation a des impacts importants tant sur elles que sur la société.
Selon certaines études, le logement est un facteur qui permet de déterminer si l’intégration dans la communauté est une réussite pour les personnes désinstitutionnalisées. Ce projet de recherche vise donc à connaître les expériences et les opinions de huit d’entre elles, résidentes de North Bay, par rapport au logement. En particulier, cette étude qualitative cherche à connaître, du point de vue des utilisateurs de services en santé mentale, comment leur logement a facilité leur intégration dans la communauté. Finalement, cette recherche permet de savoir si, pour ces personnes, il existe des lacunes ou des difficultés touchant le logement et ce qui pourrait être mis en place afin de les pallier.
Le renforcement du pouvoir d’agir des parents qui participent à un programme de prévention précoce
Marie-Claude Guay
École de service social, Université d’Ottawa
Cette étude porte sur les pratiques des travailleuses sociales qui favorisent le renforcement du pouvoir d’agir des parents qui reçoivent les Services intégrés en périnatalité et pour la petite enfance, le principal programme de prévention précoce du gouvernement québécois. Principalement, les résultats ont démontré que les travailleuses sociales connaissent bien la réalité des familles — savoir —, qu’elles adoptent des attitudes de non-jugement, de tolérance et d’authenticité — savoir-être — et qu’elles ajustent l’intervention aux besoins et au rythme des parents, les accompagnent dans leurs démarches et leur transmettent de l’information — savoir-faire. Certains éléments tels que la consommation de substances, les problèmes de santé mentale et le lourd passé des parents sont identifiés comme des obstacles au renforcement de leur pouvoir d’agir. De plus, lorsque les travailleuses sociales sont inquiètes pour les enfants, elles se montrent plus directives et exercent davantage de contrôle à l’égard des parents. Nous nous sommes interrogée sur la possibilité d’établir une relation égalitaire avec les parents et avons conclu que ce n’est pas envisageable, vu que les inégalités de pouvoir sont partie intégrante des rapports d’aide. En ce sens, nous devons poursuivre l’étude des pratiques permettant aux professionnelles et professionnels de réduire le recours au pouvoir et au contrôle. De plus, afin que les programmes de prévention précoce s’inscrivent davantage dans une philosophie de renforcement du pouvoir d’agir, nous proposons qu’ils encouragent plus d’actions visant la réduction des inégalités de pouvoir et d’accès aux ressources qui sont à l’origine des conditions de vie difficiles dans lesquelles vivent les familles.
La perception de l’intimidation par les jeunes qui la subissent
Mélanie Lacombe
École de service social, Université d’Ottawa
Dans cette recherche qualitative, nous avons exploré la perception des jeunes âgés de 8 à 13 ans au sujet de l’intimidation qu’ils subissent dans le milieu scolaire. Cette problématique sociale est encore aujourd’hui une source de problèmes pour plusieurs d’entre eux. L’objectif de cette étude est de relever la façon dont ces jeunes décrivent le phénomène de l’intimidation, ses effets sur leur vie quotidienne ainsi que les stratégies de réduction de l’intimidation qu’ils préconisent. Les paroles des jeunes ont été recueillies par l’entremise d’entrevues individuelles semi-dirigées afin de permettre aux victimes de s’exprimer librement.
D’après nos résultats, les participantes affirment que certains professionnels ne sont pas à l’écoute de leurs confidences et n’interviennent pas toujours adéquatement, de sorte que le cycle de l’intimidation peut difficilement être brisé. Tout au long du processus de recherche, nous nous sommes appuyée sur l’approche écologique afin de maintenir un regard élargi sur la situation. En matière d’intervention, cette recherche a permis de reconnaitre que chaque système joue un rôle essentiel dans la diminution de l’intimidation. Nous avons donc pu être sensibilisée par les témoignages des participantes et comprendre l’importance de modifier les sphères sociales qui sont à l’origine des difficultés vécues par les victimes afin de lutter contre cette problématique.
Les écueils et stratégies de l’intervention auprès des hommes dans un centre de santé et de services sociaux québécois
Martin LaFerrière-Simard
École de service social, Université d’Ottawa
Un discours de plus en plus consensuel sur l’importance de s’intéresser à l’intervention auprès des hommes est fondé sur les écrits scientifiques qui exposent mieux qu’auparavant les effets positifs et négatifs de la socialisation masculine sur la santé physique et psychosociale des hommes. Malgré les volontés vertueuses des intervenants, il appert que les services sociaux et de santé sont mal arrimés aux habitus masculins. Ce mauvais arrimage recèle de nombreux écueils. Il est pertinent d’aborder les écueils de l’intervention auprès des hommes en gardant comme objectif l’établissement de passerelles entre le discours, la théorie et la pratique. Quelques rares chercheurs ont proposé des modèles généraux d’intervention adaptés aux hommes en tant que réponse à ces écueils. Nous n’avons cependant recensé aucun écrit rapportant les stratégies mises en place par les intervenants psychosociaux pour adapter leurs pratiques à la socialisation du genre masculin.
Cette étude cherche à permettre une meilleure compréhension de la façon dont on intervient actuellement auprès des hommes dans le système d’aide public au Québec, en identifiant les écueils reconnus et les stratégies d’intervention auprès des hommes utilisés par les intervenants et les autres personnes impliquées dans le processus d’aide dans les secteurs santé mentale et services psychosociaux adultes d’un Centre de santé et de services sociaux (CSSS).
Cette recherche exploratoire a bénéficié de la participation volontaire de 12 intervenants (10 femmes, 2 hommes) divisés en quatre groupes de discussion. Ils ont nommé les écueils de l’intervention auprès des hommes en explicitant leurs interprétations, intentions, croyances et émotions au moment d’incidents critiques vécus dans un contexte d’intervention auprès d’hommes en CSSS. Ils ont par la suite tenté de dégager les stratégies qu’ils ont utilisées lors de ces incidents critiques et celles qu’ils considèrent, de façon générale, pertinentes pour l’intervention auprès des hommes.
Les résultats montrent que les intervenants réagissent négativement, par des contretransferts, aux comportements hostiles, dénigrants, méfiants, déplacés ou dépendants des hommes en demande d’aide. À la suite des discussions de groupe, réflexions et lectures proposées par la démarche de collecte de données, les intervenants proposent d’abord des stratégies liées aux principes de base de la relation d’aide et, par la suite, intègrent davantage la socialisation comme facteur explicatif des comportements masculins dans leurs propositions de stratégies. Les intervenants considèrent l’âge, l’origine ethnoculturelle, la scolarité et la « maladie » mentale comme des facteurs qui déterminent de façon importante le rapport différencié des hommes à la thérapie dans sa forme classique. Ces facteurs influencent à leur tour la capacité des hommes à exprimer leurs émotions. L’expression des émotions étant le marqueur qui, aux yeux des intervenants, permet d’intervenir de façon « classique » ou différenciée selon le genre.
D’emblée, les intervenants évoquent peu la socialisation comme facteur explicatif des comportements négatifs des hommes en demande d’aide. Ils les considèrent plutôt comme étant des écueils de l’intervention. Les réflexions stimulées par la méthode de collecte des données engendrent une transformation des savoirs, savoir-être et savoir-faire des intervenants, qui correspond au final à une approche différenciée selon le genre. L’adaptation de l’intervention en fonction de la capacité des hommes à exprimer leurs émotions représente un piège dans la mesure où tous participent d’une socialisation dominée par un code masculin qui provoque des conflits de rôle de genre, la marginalisation et la honte.
Les représentations sociales de l’école afrocentrique ans les journaux torontois
Bolaji Laflamme-Lagoke
École de service social, Université d’Ottawa
La diversité ethnoculturelle au Canada est un fait social et une caractéristique valorisée par les citoyens canadiens. Cette diversité ne garantit cependant en rien le succès de chaque groupe. Malgré une longue histoire d’organisation communautaire et d’action sociale de la communauté noire de Toronto, il reste que certains problèmes importants persistent. Le taux de décrochage scolaire dans la communauté noire atteint 40 %. Certains membres de la communauté noire essayent, depuis les années 1980, de mettre sur pied des écoles publiques alternatives qui répondraient aux besoins des jeunes issus de leur communauté. En 2007, le Conseil scolaire de Toronto étudie un projet de création d’une école élémentaire publique afrocentrique, basée sur les expériences et savoirs des personnes d’origine africaine et antillaise. Plusieurs s’opposent au projet, qu’ils qualifient de retour à la ségrégation.
Dans ce travail de mémoire, nous avons étudié les représentations sociales de l’école afrocentrique dans les journaux torontois. Notre méthode de recherche, l’analyse de contenu thématique, nous a permis d’identifier deux représentations sociales distinctes de l’école afrocentrique, ayant comme éléments centraux l’idée de ségrégation et l’idée d’empowerment de la communauté noire. Nos résultats peuvent servir à améliorer la compréhension des points de vue des opposants et des défenseurs des écoles afrocentriques. De plus, les résultats nous renseignent davantage sur les dynamiques majoritaires-minoritaires de notre société, ainsi que sur les réalités socioculturelles divergentes de différents groupes sociaux.
Le soutien social comme outil d’appui auprès des familles ayant un enfant atteint d’un trouble envahissant du développement
Nathalie Longtin
École de service social, Université d’Ottawa
Depuis plusieurs années, on note un intérêt marqué pour l’étude des différentes problématiques auxquelles sont confrontés les enfants ayant des besoins spéciaux et leurs familles en matière de services de santé et de services sociaux. Il est important, comme professionnel, de pouvoir offrir un appui auprès des familles vivant de telles situations. La présente étude s’intéresse au concept du soutien social et à son utilisation avec les familles ayant un enfant atteint d’un trouble envahissant du développement. Cette recherche traite de la question de la mobilisation du réseau social par les professionnels du service social pour soutenir et accompagner les parents dans l’adaptation à leur réalité.
Dans un premier temps, nous faisons un rappel historique de l’évolution de la famille traditionnelle à la famille moderne. Nous abordons ensuite la problématique associée aux besoins des familles ayant un enfant atteint d’un trouble envahissant du développement et les services qui leur sont offerts, et ce, selon une perspective écologique, offrant un portrait général des caractéristiques de ces familles. Cette recherche a été réalisée à partir de l’analyse de 30 études et articles scientifiques portant sur le sujet. Elle permet de reconnaître que la dynamique familiale et le soutien social s’influencent l’un et l’autre et que les bienfaits du soutien social sont nombreux. De plus, les résultats de cette analyse touchent le soutien social en lien avec les familles vulnérables et cherchent à ouvrir la porte à des pistes d’intervention pour les recherches futures.
Les représentations sociales du voile islamique et les enjeux sous-jacents à la croisée des discours sociopolitiques et identitaires : le cas du Québec et d’ailleurs au Canada
Fatuma Mohamoud
École de service social, Université d’Ottawa
Aujourd’hui plus que jamais, le voile islamique représente un véritable défi en Occident. Un défi, d’une part, par la diversité de ses justifications et, d’autre part, par ses multiples représentations tant par celles qui le portent que par le tissu lui-même. Bref, au-delà de l’aspect purement religieux, le port du voile est un amalgame d’identité et de symboles personnels, collectifs, sociaux et parfois même politiques. À la lumière d’une recension des écrits, l’objectif de ce mémoire est de présenter et d’analyser la problématique du voile islamique dans les espaces publics, plus précisément les enjeux autour des représentations sociales associées à ce bout de tissu. En d’autres mots, nous voulons explorer et comprendre pourquoi certaines femmes musulmanes optent pour le port du voile islamique et les réactions parfois négatives auxquelles ce dernier est assujetti. Les perceptions du voile à travers les discours médiatiques et populaires, notamment au Québec et ailleurs au Canada, sont aussi abordées. Le cadre conceptuel utilisé pour structurer la recherche et guider la réflexion de ce travail fut la théorie des représentations sociales. Quant à la méthodologie de recherche, une brève synthèse des justifications et des limites de l’approche méthodologique choisie ainsi que la technique d’analyse privilégiée sont abordées. De plus, quelques pistes de réflexion sur le rôle et le statut social des femmes musulmanes et occidentales font l’objet d’une analyse rigoureuse et complexe. Bref, les défis soulevés par la spiritualité et le service social des groupes en milieux multiculturels permettent d’envisager des solutions en vue d’adapter cette profession à des populations multiethniques et multiculturelles, dotées de valeurs et de croyances multiples et diverses. Finalement, les implications de ce mémoire pour le service social et les recherches futures sont abordées.
La violence dans les écoles élémentaires francophones minoritaires. Analyse des enjeux et de programmes d’interventions destinés aux enfants concernés par la violence perpétrée en milieu scolaire
Isabelle Parisien
École de service social, Université d’Ottawa
L’intimidation perpétrée dans les écoles élémentaires, surtout dans un contexte minoritaire francophone, s’avère une problématique encore peu connue et qui suscite de nombreux débats et questionnements pour la pratique sociale. Les professionnels oeuvrant auprès des enfants concernés par de telles situations, y compris les travailleurs sociaux, bénéficieraient de mieux connaître les enjeux entourant ce phénomène marquant, ainsi que les stratégies d’intervention à privilégier auprès de ces enfants.
Ce mémoire vise à mieux cerner les enjeux liés à la problématique de la violence perpétrée en milieu scolaire primaire, et ce, en tenant compte du contexte francophone minoritaire. Pour ce faire, nous avons réalisé une analyse critique du programme d’intervention Vers le pacifique (VLP) et de l’approche du Soutien au comportement positif (SCP). Ce mémoire jette ce regard critique en questionnant notamment si les initiatives destinées à ces enfants répondent à leurs besoins multiples et complexes.
Le résultat de notre analyse documentaire reflète qu’une conjugaison de plusieurs facteurs et caractéristiques sur les plans individuel, familial et environnemental contribuent à l’émergence de l’intimidation. Nous insistons aussi sur le fait que ses effets sont tangibles pour tous ceux qui sont concernés : tant ceux qui s’y livrent, les victimes, que les témoins et la communauté entière. Également, notre analyse met en lumière les éléments à prioriser par les initiatives d’intervention, ceux qui conduisent aux retombées les plus positives pour les enfants concernés dans de telles situations de violence.
Notre analyse des composantes du programme VLP et de l’approche SCP démontre qu’ils répondent à plusieurs des principaux besoins de la clientèle visée, entre autres, grâce à une approche d’intervention écosystémique et multidimensionnelle. En effet, ce mémoire signale l’importance de favoriser une approche caractérisée par la collaboration interdisciplinaire en milieu scolaire, particulièrement lorsque les intervenants sociaux oeuvrent dans un contexte minoritaire francophone.
En guise de conclusion, nous discutons des impacts pour la pratique sociale en ce qui a trait à l’intimidation à l’école élémentaire et nous amorçons une discussion sur l’intervention en milieu francophone minoritaire. Les implications pour la pratique sociale en travail social scolaire sont ensuite relatées. Nous terminons en proposant des pistes pour les recherches éventuelles portant sur les enfants concernés par l’intimidation et les programmes d’intervention leur étant destinés.
Ils voudront se libérer de nous : réflexion sur un parcours d’engagement
Jean-Luc Pinard
École de service social, Université d’Ottawa
Nous avons voulu les libérer et ensuite elles voudront se libérer de nous. Telle pourrait être l’une des réflexions que propose ce document en voulant faire un premier bilan d’un engagement de plus de vingt ans dans le développement communautaire et la défense des droits des personnes psychiatrisées dans une région du Québec. En lien avec cette réflexion, une première appréciation est faite des résultats d’une recherche en cours sur la désinstitutionnalisation au Nouveau-Brunswick francophone. Voici un regard croisé sur la réalité des personnes ayant été affectées dans leur dignité et le respect de leurs droits et marquées par l’institution et le diagnostic psychiatrique. Des expériences de lutte pour faire contrepoids à l’institutionnalisation sont évoquées, de même que l’idée de soutenir les efforts des personnes dans leur état de sujets de droits et de citoyens, membres d’une communauté.
Ce document passe en revue des stratégies d’opposition, de résistance, de dénonciation et de prise de parole citoyenne. L’État et ses institutions proposent la négociation et le pari de la participation, le partenariat et le travail en réseau. Quelles pistes d’action retenir? Dans le contexte du Nouveau-Brunswick, l’histoire est riche d’efforts et de luttes pour redonner aux personnes psychiatrisées leur juste place dans la communauté. Ce document tente d’explorer des voies prometteuses pour une continuité dans l’action. Enfin, quelques questions critiques sur le service social et l’action communautaire forment l’amorce d’une démarche d’approfondissement à poursuivre.
Regard sur le processus d’élaboration d’une recherche-action participative en milieu institutionnel québécois : le cas du Pavillon du Parc, un centre de réadaptation en déficience intellectuelle et en troubles envahissants du développement (CRDITED) de la région de l’Outaouais
Julie Pinard
École de service social, Université d’Ottawa
La recherche-action participative propose une façon différente d’aborder les problématiques sociales. Elle offre une perspective beaucoup plus globale qui vise les changements structuraux dans la réponse aux problèmes sociaux et sollicite des rapports différents entre chercheurs et participants de la recherche. Pourrait-elle permettre aux milieux institutionnels québécois de trouver des solutions gagnantes à long terme aux problématiques sociales? Est-il possible de réaliser une recherche-action participative en milieu institutionnel? Par l’étude du cas de la recherche-action participative menée au Pavillon du Parc de Gatineau, ce mémoire tente de répondre à ces questions.
L’étude de cas du Pavillon du Parc tend à démontrer que les enjeux de pouvoir en milieu institutionnel sont très présents et qu’ils viennent interférer avec le bon déroulement de la recherche-action participative. Cette étude montre également que l’inclusion des personnes directement concernées par les problématiques sociales dans les processus décisionnels de la recherche est souvent très difficile à mettre en application et est même parfois omise lorsque l’on fait de la recherche en milieu institutionnel. Les changements structuraux prisés par la recherche-action participative et pouvant mener à de réels changements sociaux semblent donc difficiles à réaliser. Toutefois, cette recherche montre clairement que chaque pas en direction d’un mode de recherche de type participatif apporte beaucoup, tant aux participants qu’à l’établissement. On constate enfin que pour un meilleur respect des fondements de la recherche-action participative, une attention particulière doit être portée à l’élaboration du plan stratégique de la recherche.
Garçons en action : un projet-pilote alternatif
Jonathan Poulin
École de service social, Université d’Ottawa
Dans cette recherche-action, un groupe, Garçons en Action, a été mis sur pied en collaboration avec le Centre de pédiatrie sociale de Gatineau. Ce dernier offre des services médicosociaux aux enfants et aux familles défavorisées afin de favoriser une trajectoire de vie positive pour les jeunes. Le Centre a émis l’hypothèse que les difficultés scolaires des garçons pouvaient en partie s’expliquer par un manque de valorisation à l’école. Ainsi, le Centre de pédiatrie sociale voulait implanter un projet alternatif et innovateur afin de valoriser les jeunes garçons de la communauté. Des activités manuelles ont donc été organisées avec sept jeunes, sur une durée de seize semaines. À la fin des activités, les jeunes et les parents ont rempli un questionnaire pour partager leur expérience.
D’après les résultats de notre recherche, les activités ont permis aux jeunes de se sentir valorisés puisqu’ils ont eu l’occasion de réaliser des projets individuels et collectifs. L’augmentation de leur estime de soi a amené des impacts favorables dans d’autres sphères de leur vie, comme dans leur milieu familial ou dans leur établissement scolaire. Les enfants et les parents sont persuadés que des activités similaires à l’école seraient bénéfiques pour améliorer les comportements à long terme. Les principes d’action de l’approche alternative ont donc permis de créer un environnement positif et de capter l’intérêt des jeunes. Enfin, en axant le groupe sur les forces et les compétences des jeunes, ces derniers ont pu s’approprier leur réussite et croire dans leurs capacités.
Entre le sans toit et le chez-soi. Une enquête sur les parcours de vie et la signification du chez-soi des jeunes de la rue à Ottawa
Susannah Taylor
École de service social, Université d’Ottawa
La jeunesse est une étape importante dans le parcours de vie d’un individu. Cela est aussi vrai pour les jeunes de la rue qui, en raison de l’instabilité de leurs logements, éprouvent des niveaux élevés de précarité au cours de cette période de transition. Favoriser leur accès au logement est donc une intervention privilégiée pour « combattre » l’itinérance. Toutefois, pour que ce type d’intervention soit efficace, les jeunes de la rue doivent être investis dans le succès de cette intervention. Bref, l’hypothèse de cette recherche est que la transition du logement — house — à un chez-soi — home — joue un rôle dans la décision d’un jeune d’habiter un logement donné.
Dans cette perspective, ce mémoire vise à mieux comprendre le rôle de la rue dans le parcours de vie d’un jeune de la rue. De surcroit, il cherche à circonscrire le rôle du chez-soi au sein de ce même parcours. Afin de réaliser ces objectifs, cette recherche analyse le discours de sept jeunes de la rue, âgés de 18 à 21 ans, qui utilisent les services de logement du Bureau des services à la jeunesse à Ottawa.
Les résultats de l’analyse ont permis d’appréhender des liens entre la rue, le chez-soi, les parcours de vie des jeunes de la rue et les conditions nécessaires pour une transition réussie hors de la rue. Il se dégage de l’analyse que pour les jeunes de la rue, la capacité d’exercer du contrôle et du pouvoir dans leur vie est une clé essentielle à leur transition à l’âge adulte ainsi que pour leur transition hors de la rue. Dans cette optique, l’analyse a montré que cette transition à l’âge adulte est marquée par la capacité des jeunes à échanger les règlements qui leur sont imposés pour une prise de responsabilité. Enfin, l’obtention d’un chez-soi représente un tournant dans la vie de ces jeunes en raison du pouvoir et du contrôle qu’ils peuvent exercer sur et dans leur chez-soi. C’est en ce sens que l’atteinte du chez-soi représente une étape importante dans la transition à l’âge adulte pour un jeune de la rue.
Des personnes adoptées racontent leur construction identitaire à l’adolescence
Patricia Tremblay
École de service social, Université Laurentienne
Cette recherche qualitative porte sur l’expérience de dix personnes qui ont été adoptées dans le cadre d’une adoption domestique au Canada. Nous avons exploré comment elles ont vécu leur adolescence en les questionnant sur leur histoire d’adoption, leurs relations familiales, leurs relations avec leur entourage ainsi que sur le développement de leur identité. Les recherches sur le sujet indiquent que le développement de l’identité à l’adolescence est une tâche particulièrement complexe pour les personnes qui ont été adoptées. Nous voulions donc obtenir une meilleure compréhension des difficultés qu’elles ont rencontrées, des facteurs qui ont nui au développement de leur identité, ainsi que de ceux qui les ont aidées. La démarche de recherche est inscrite dans la perspective écologique.
Les résultats obtenus montrent que la majorité des participants sont satisfaits de leur expérience d’adoption. Parmi les facteurs identifiés comme aidant à la création de leur identité, mentionnons tout d’abord l’importance au niveau de la famille de l’ouverture de la communication sur le sujet de l’adoption ainsi que du sentiment d’appartenance. Quant aux facteurs liés à l’entourage, il en ressort que le fait d’appartenir à un cercle d’amis ayant des interactions positives aide au développement de leur estime de soi. La présence de difficultés peut causer un sentiment d’isolement, une identité incomplète ainsi qu’une image négative de soi, et cela peut se poursuivre jusqu’à l’âge adulte.
La violence familiale : « Mieux vaut prévenir que guérir », analyse des plans d’action ontariens contre la violence familiale (2005 et 2007) et de leurs impacts pour les communautés francophones et immigrantes de l’Ontario
Rosine Umwali Twagirimana
École de service social, Université d’Ottawa
La violence familiale est une fatalité mondiale qui incite chaque pays à déployer de nombreux efforts pour l’éradiquer. Le Canada ne fait pas exception. Il a mis en place des politiques et lois visant à enrayer la violence familiale et cela, dans tous les secteurs d’activités canadiennes. Par ailleurs, les provinces canadiennes et les territoires y ajoutent leur propre créativité selon les priorités et les besoins de leur population.
Notre étude mise sur les efforts du gouvernement ontarien dans la lutte contre la violence familiale, plus spécifiquement les projets publiés dans les deux plans d’action ontariens contre la violence familiale (2005 et 2007). Après avoir jeté un regard aux préludes avant-gardistes du premier lancement en 2004, nous présentons ces deux plans d’action, en soulignant d’abord les projets envisagés pour les communautés francophones de l’Ontario, notamment, les Franco-ontariens et les personnes immigrantes.
Puis, à partir de ce qui a été réalisé pour ces communautés entre 2005 et 2007, nous relevons les écarts entre les objectifs et les faits. Enfin, notre analyse critique offre un plaidoyer pour la réalisation des promesses faites par le gouvernement ontarien pour la population à haut risque. En même temps, nous faisons résonner la voix de groupes de pression communautaires francophones luttant contre la violence faite aux femmes, afin de susciter des réflexions sur ce qui est envisageable dans la prochaine prévention contre la violence familiale.
En guise de conclusion, une brève synthèse et la contribution de notre étude dans la pratique du service social sont exposées.