Abstracts
Résumé
L’étude propose une analyse des moments les plus importants d’une histoire des traductions du grec, du russe (ou du slavon) et de l’anglais vers le français des prières chrétiennes-orthodoxes, au xxe siècle et au début du xxie siècle. Cette analyse porte sur les textes des prières personnelles, destinés à la pratique religieuse individuelle des fidèles. Sont étudiés six livres de prières en tout, dont cinq imprimés. Trois ont été publiés en France par des maisons d’édition religieuses, majoritairement monastiques, un volume est paru en Italie et un autre en Belgique. Le sixième est posté sur la toile, étant hébergé par le meilleur blogue orthodoxe francophone (« orthodoxologie.blogspot.com »). La conclusion de l’étude est que ces démarches traductives ont toutes eu comme objectif principal le bon déroulement (traditionnel et dans la langue du pays) de la pratique rituelle, de la vie de prière des fidèles. Elles ont donc été sous-tendues par une nécessité pastorale intrinsèque, et mettent en évidence une véritable conscience (méta)traductologique des traducteurs concernant l’aménagement d’une tradition (traductive). Il s’agit d’une traduction qui se construit moins à travers des retraductions successives et davantage par l’intermédiaire d’un réseau d’intertextualité traductive, dont il est également question dans l’étude.
Mots-clés :
- traduction,
- livre de prières,
- orthodoxie,
- intertextualité traductive,
- contexte francophone
Abstract
The aim of this study is to outline the most significant moments in the translation history of Christian Orthodox prayer texts, from Greek, Russian (or Slavonic) and English into French, in the 20th century and the early 21st century. It focuses on the texts of personal prayers, destined for the believers’ private religous practice. Six prayer books have been tackled, out of which five have been printed. Three printed books have been published in France by religious, mostly monastic publishing houses, one in Italy (in French) and another one in Belgium, while the sixth is available online on the leading Francophone Orthodox blog («orthodoxologie.blogspot.com»). The conclusion of the study highlights the fact that all these translation endeavours aimed at a proper course of the believers’ ceremonial practice and prayer life, both traditional and in their native language. Consequently, these actions have been based on an inherent pastoral necessity and thus illustrate a genuine (meta)translational awareness of the translators with respect to the creation of a translation tradition. This is the result of a translation intertextuality network (also approached in the study) rather than one of successive retranslations.
Keywords:
- translation,
- prayer book,
- Orthodoxy,
- translation intertextuality,
- Francophone context
Resumen
El presente estudio propone un análisis de los momentos más importantes en la historia de las traducciones del griego, ruso (o eslavo) e inglés al francés de las oraciones cristianas ortodoxas, en el siglo XX y principios del XXI. El análisis toma en consideración los textos de las oraciones personales, particulares, destinadas a la práctica individual de los fieles. Se estudian seis libros de oraciones, cinco de los cuales están impresos. Tres de ellos se publicaron en Francia, por editoriales religiosas, en su mayoría monásticas, uno se editó en Italia y otro en Bélgica. El sexto está publicado en Internet, en el mejor blog ortodoxo de habla francesa («orthodoxologie.blogspot.com»). La conclusión del estudio es que todas estas traducciones tuvieron como principal objetivo el buen desarrollo (tradicional y en el idioma del país) de la práctica ritual, de la vida de oración de los creyentes. Por consiguiente, se basaron en una necesidad pastoral intrínseca y ponen de manifiesto una verdadera conciencia (meta)traductológica de los traductores respecto de la organización de una tradición traductiva. Una tradición que se construye no tanto a través de una sucesión de retraducciones, sino sobre todo a través de una red de intertextualidad traductiva que también se plantea en el presente estudio.
Palabras clave:
- traducción,
- libro de oraciones,
- ortodoxia,
- intertextualidad traductiva,
- contexto francófono
Article body
1. Argument
Nous aimerions mettre en évidence les moments les plus importants d’une histoire des traductions et des retraductions des textes des prières chrétiennes-orthodoxes faites en langue française du grec, du russe (ou du slavon) et de l’anglais, au xxe siècle et au début du xxie siècle, par des traducteurs français et francophones. Nous nous intéresserons aux motivations ayant sous-tendu ces démarches traductives (et retraductives), au profil des traducteurs, au contexte socioculturel et historico-religieux de leur accomplissement, à l’accueil et à l’usage de ces traductions dans la pratique de l’orthodoxie en France, pays européen occidental réputé pour sa sécularisation. Notre analyse prendra en compte les textes des prières appelées personnelles (ou individuelles), destinés à la pratique religieuse des fidèles, qui complètent les prières liturgiques, célébrées à l’église, de façon en général communautaire. Nous ferons référence à cinq livres de prières imprimés, dont trois publiés en France par des maisons d’édition religieuses (en général monastiques), un en Italie (en français) et un autre en Belgique, ainsi qu’à un Petit Euchologe de poche, posté sur la toile, hébergé par le meilleur blogue orthodoxe de langue française, administré par un diacre suisse, professeur de lettres : <orthodoxologie.blogspot.com>[1].
2. L’orthodoxie en langue française et sa pratique liturgique
L’orthodoxie « orientale » a commencé à s’enraciner en Europe occidentale et en France en particulier (et de prédilection) depuis la fin du xixe siècle et le début du xxe, à travers les différentes vagues d’immigration provenues des pays traditionnellement orthodoxes vivant des drames historiques des plus profonds (l’exode des Russes après la Révolution de 1917, et des Grecs d’Asie Mineure après 1922 : Deseille 2017 ; Dumas 2009). Cette implantation a continué tout le long du xxe siècle, avec des moments différents d’intensité (dont une émigration importante des Roumains après la chute du communisme en 1989), aboutissant à une réelle visibilité religieuse et chrétienne durant les dernières décennies. D’après la dernière édition, la plus récente, de l’Annuaire de l’Église orthodoxe en France (Samuel 2021), réalisée et publiée par le hiéromoine Samuel du monastère de Cantauque[2], la France compterait de nos jours « entre 500 000 et 600 000 baptisés orthodoxes, Français d’origine ou nouveaux fidèles venant de l’ancienne Union soviétique, de Grèce, de Roumanie, des pays issus de l’ancienne Yougoslavie, et du Moyen-Orient » (Samuel 2021 : 10). La traduction du grec en français de l’ensemble des livres et des textes liturgiques nécessaires pour la célébration en langue française des offices de l’orthodoxie est d’une grande complexité et soulève de nombreux enjeux, que nous avons étudiés ailleurs (Dumas 2014, 2018). Puisque, à l’instar de tous les pays où elle est vécue de façon historique et majoritaire, dans l’Hexagone aussi l’orthodoxie est pratiquée aujourd’hui en langue française. Le français est devenu progressivement langue liturgique des célébrations orthodoxes, requise tant par les besoins linguistiques des Français convertis à l’orthodoxie, que par ceux de la deuxième génération des migrants arrivés des pays orthodoxes (tels la Russie, la Grèce, le Moyen-Orient, la Roumanie, la Bulgarie, etc.), de plus en plus intégrés dans la société française et ne parlant plus leur langue d’origine (utilisée aussi liturgiquement dans un premier temps).
En plus des textes liturgiques, il a fallu traduire aussi les textes des prières privées, personnelles, utiles pour la pratique individuelle de la foi, qui complète dans le christianisme en général (et dans l’orthodoxie en particulier) la pratique communautaire de la vie des fidèles dans l’Église. Comme nous le verrons par la suite, ce sont toujours les traducteurs des livres et des offices liturgiques qui ont procédé à la traduction en langue française des textes des prières aussi, à l’usage et à l’intention des fidèles laïcs. Et les plus assidus et les plus représentatifs du point de vue de leur autorité théologique (et spirituelle) de ces traducteurs sont, dans l’ordre chronologique de leur activité traductive, le père Denis Guillaume, et le père archimandrite Placide Deseille. Le premier était un moine gréco-catholique d’origine belge, devenu orthodoxe vers la fin de sa vie[3] ; le deuxième, un Français « de souche » et ancien moine cistercien[4], est rentré dans le monachisme orthodoxe à l’âge de 51 ans, au monastère de Simonos Petra au mont Athos, où il resta très peu de temps d’ailleurs, puisqu’il est revenu en France pour y fonder deux monastères de tradition athonite, qui figurent parmi les plus importants de l’Hexagone[5]. Excellents connaisseurs du grec, ces deux moines ont traduit vers leur langue maternelle et de l’intérieur du paradigme de la foi et de la pratique liturgique de l’orthodoxie, ce qui a assuré la réussite de leur démarche de transposer en français la richesse et la poéticité des textes de prières, liturgiques et individuelles, chrétiennes-orthodoxes.
De façon canonique, la langue source des traductions des textes des prières (tout comme des textes liturgiques) est la langue grecque dans l’orthodoxie ; néanmoins, à cause des particularités socioculturelles de l’enracinement de la foi orthodoxe en Occident en général et en France en particulier, d’autres langues-cultures ont pu acquérir ce statut, dans le cas précis de la traduction des textes des prières, à savoir le russe (ou le slavon) et l’anglais. Nous étudierons les raisons de cette évolution récente en matière des représentations concernant les pratiques traductives de cette facture, sous-tendue par les attentes et l’usage de ces traductions par leur public destinataire et consommateur-utilisateur. Si dans les cultures « traditionnellement » orthodoxes, ce type de démarche traductive ne caractérise plus le xxe siècle, relevant plutôt des xvie ou xviie siècles pour ce qui est de la culture roumaine par exemple, en France, ces traductions ont été faites au siècle dernier, un peu après la traduction massive des textes des offices et des livres liturgiques orthodoxes, du grec en français.
Nous essaierons d’étudier la manière dont l’autorité de certaines traductions, engendrée et légitimée par l’autorité théologique des traducteurs, a fait en sorte qu’elles soient reprises telles quelles sur le plan des démarches retraductives de notre corpus.
3. Les livres de prières orthodoxes et leurs traductions françaises
Dans les cultures traditionnellement orthodoxes, les livres de prières représentent des recueils de petites dimensions (en général de poche), qui regroupent les textes des prières les plus importantes qui sont lues par les fidèles (les plus fervents) à différentes occasions et moments de leur vie. Ils sont publiés par des maisons d’édition diocésaines, avec la bénédiction de l’évêque, et respectent une structure canonique : les prières initiales sont suivies des prières du matin et du soir, des prières avant le repas, avant le travail, des prières avant et après la communion, des prières pour l’évêque, pour le père spirituel, pour les voyageurs, de la Paraclisis à la Mère de Dieu[6], de divers acathistes, etc. Nous comprenons donc, dans ce travail, par textes de prières les textes regroupés dans ces Livres de prière(s), et qui sont utilisés par les fidèles pour prier. Quant à la prière, elle sera envisagée dans l’acception du linguiste d’origine roumaine Eugenio Coseriu, comme
une unité textuelle appartenant au champ religieux, dans laquelle un sujet humain (individuel ou collectif) demande, de façon directe ou indirecte, quelque chose à une divinité, à un être surhumain perçu comme ayant des attributs surhumains ou une omnipotence, animé par la conviction que cet être peut (et est disposé à) lui donner ce qu’il lui demande.
Coseriu 2010 : 7
Comme on peut le constater, cette définition fait référence à un type bien précis de prière, appelée d’intercession, puisque pour Coseriu (2010) elle représente le modèle de prière par excellence. Néanmoins, les livres de prières comprennent d’autres types de prières aussi, de louange, d’action de grâce, de pénitence et de pardon (Dumas 2020a : 545 ; Le Tourneau 2005 : 504).
Comme le précisent tous les travaux de théologie et d’anthropologie religieuse, la prière se retrouve, en effet, au coeur même de toute croyance et représente « un des phénomènes centraux de la vie religieuse » (Mauss 2014 : 392). Elle se situe au centre de la pratique religieuse de tout fidèle désireux de mener une vie chrétienne authentique, dont le but est le salut de son âme et son entrée dans le Royaume de Dieu (Deseille 2012).
La raison principale ayant sous-tendu la traduction en langue française des livres de prière(s) orthodoxes est donc de nature pratique, leurs traducteurs se proposant tout simplement de mettre à la disposition des fidèles des « manuels », des textes de prières traditionnelles et canoniques, c’est-à-dire traditionnellement établies par l’Église, les assurant de la sorte quant à leur efficacité rituelle. Il s’agit donc de textes qui se sont fixés à travers le temps, lors de la pratique de l’Église, qui ont été conservés et perpétués de façon traditionnelle et dont se sont servies pour prier des générations entières de chrétiens.
Les traducteurs ont pris l’initiative de les traduire au fur et à mesure qu’ils proposaient les versions françaises des offices liturgiques, qui comprennent les textes des prières communautaires de l’Église. Mais ces traductions ont été réunies et publiées sous forme de recueils appelés Livres ou Manuels de prières seulement après la finalisation du processus de transposition en français des livres et des offices liturgiques. C’est donc de façon progressive, selon une logique de la nécessité rituelle, qu’ont agi les traducteurs, animés par une conscience aigüe de l’importance de proposer aux fidèles des textes traditionnels de prières, dont ils puissent se servir pour leur pratique quotidienne de la foi.
Et la France, pays occidental laïc et réputé pour sa sécularisation, a vu paraître au moins trois livres de prières orthodoxes, publiés par des maisons d’édition religieuses, monastiques, tous traduits du grec. Ces démarches traductives et éditoriales ont été précédées de la parution à Rome de l’un des premiers livres de prières traduites du grec en français, qui représente l’ancêtre des trois autres et dont le nom fonctionne comme « un désignateur de référent culturel » (Ballard 2003 : 154) de facture liturgique, transposé tel quel (de façon traductive respectueuse et rituelle efficace) en français : Prosevkhitaire. Prières pour le soir, le matin et midi, traduction Père Denis Guillaume, Roma, Diaconie apostolique, 1990[7]. L’un des premiers, puisqu’en 1852 était publié à Paris un Livre de prières à l’usage des chrétiens de l’Église catholique d’Orient, traduit du grec et du slavon par Alexandre Stourdza (diplomate et auteur russe d’origine moldave, né en 1791 à Iassy, en Moldavie roumaine), et qui doit être vraiment le premier (Stourdza 1852). Comme son nom l’indique, il s’agit d’un livre de prières destiné aux chrétiens uniates, appelés aussi gréco-catholiques. Il vient d’être réédité en août 2021 par Tetyana Popova-Bonnal (aux éditions Tatiana), qui enleva de la première de couverture le sous-titre à l’usage des chrétiens de l’Église catholique d’Orient (Popova-Bonnal 2021).
Ces livres de prières ont été non seulement bien accueillis, mais aussi fort attendus et vendus, tant par les maisons d’édition qui les ont publiés que par les grandes librairies religieuses, chrétiennes, de France, dont notamment celle de la Procure (de Paris). Le premier livre de prières orthodoxes était publié dans l’Hexagone en 1996, par le monastère orthodoxe Saint-Nicolas de la Dalmerie, de juridiction oecuménique[8]. Dans l’Introduction signée par l’higoumène (et le fondateur) du monastère, l’archimandrite du Trône oecuménique Benoît, sont précisés les textes sources des traductions, le Prosevkhytarion grec et le Molitvoslov russe, ainsi que la reprise de certaines traductions françaises faites par le père Denis Guillaume (1992) :
Nous remercions chaleureusement l’archidiacre Denis Guillaume de nous avoir permis de reproduire sa traduction de l’Hymne Acathiste du petit canon paraclitique. Les traductions des autres textes lui doivent également beaucoup.
Livre de prières orthodoxes 1996 : 2-3
Le choix des textes sources et surtout leur mention dans le paratexte traductif de l’Introduction met en évidence l’ancrage de la démarche traductive de la communauté monastique de la Dalmerie dans la Tradition et la canonicité de l’Église, puisqu’ils font référence aux deux grandes traditions liturgiques de l’orthodoxie, regroupées sous le nom d’usage (Larchet 2016) : les usages grec et slave (russe). Le nom grec Prosevkhytarion veut dire, comme le nom russe Molitvoslov d’ailleurs, « Livre de prière ». Si le père Denis Guillaume avait essayé une francisation partielle du premier, sous la forme Prosevkhitaire (Guillaume 1990), les moines français du monastère orthodoxe Saint-Nicolas l’ont gardé tel quel, le transposant en français par translittération.
Il y a une liaison étroite entre ces deux livres de prières orthodoxes, établie tout d’abord par le texte source de leurs traductions, ainsi que par la reprise des versions du premier et leur intégration dans un projet de publication plus grand (du deuxième), qui comprenait d’autres textes de prières, ainsi qu’un calendrier final. La traduction initiale du père Denis Guillaume était ainsi reconnue des points de vue confessionnel et linguistique, et valorisée liturgiquement (et culturellement) par reprise et contextualisation, six ans après.
La qualité linguistique de cette première traduction était validée de la sorte par des moines traducteurs français, à travers sa publication par une maison d’édition monastique orthodoxe, en France. La traduction massive des livres et des offices liturgiques, notamment du grec en français, lors de la deuxième moitié du xxe siècle a eu pour résultat l’individualisation d’une terminologie religieuse chrétienne orthodoxe en langue française (Dumas 2009, 2010). Or, le plus prolifique des artisans de cette démarche traductive a été le père Denis Guillaume, qui a fait figure de pionnier. À ce titre, il a proposé de nombreux termes désignant des livres, des hymnes, des objets liturgiques orthodoxes, en général des emprunts au grec, mais aussi des mots empruntés au vocabulaire chrétien du français, propre au christianisme catholique. La plupart de ces mots ont été validés par l’usage, étant repris par les écrits de théologie et de spiritualité orthodoxes, rédigés et/ou traduits en langue française. Néanmoins, il y en a d’autres qui ne l’ont pas été, étant employés seulement par lui. Fait partie de cette dernière catégorie le dérivé matutinales, de « matin », utilisé comme déterminant auprès du nom « prières », dans la version française du Prosevkhitaire. Prières pour le soir, le matin et midi. (Guillaume 1990 : 32). Mentionné par le dictionnaire Trésor de la langue française[9], cet adjectif est très employé dans les écrits faisant référence à la liturgie catholique romaine, tel que le montrent les nombreux contextes d’emploi de cette facture, dont nous ne mentionnons ici qu’un seul : « Louanges matutinales, dom Patrick Hala, éditions de l’Abbaye de Solesmes »[10]. Si les textes des prières du matin se retrouvent de façon canonique « normale » dans les autres livres de prières publiés en français, ceux des prières appelées « matutinales » y font exception. Elles doivent représenter, fort probablement, une réminiscence de la pratique liturgique gréco-catholique, proche de celle du catholicisme romain, familière à notre traducteur devenu orthodoxe quatre ans après la publication du Prosevkhitaire publié en 1990 (plus précisément, en 1994).
La validation de ses versions françaises des textes des prières a été faite aussi par leur reprise (partielle) également par le père archimandrite Placide Deseille, dans les brochures publiées aux éditions de ses monastères, à l’intention et pour l’usage de ses fidèles[11] ; il s’agit des traductions en français des prières de la table, par exemple, également intégrées par le père Denis Guillaume dans un autre livre contenant des textes de prières, mais d’un autre type, appelé Le Spoutnik : Nouveau Synecdimos, et publiés sept ans plus tard (Diaconie apostolique, Parma 1997).
Les traductions françaises de la plupart des prières usuelles ainsi que des offices quotidiens réalisées par le père Denis Guillaume ont été reprises également au niveau de la publication d’un autre Livre de prières orthodoxes par les éditions Saints Anargyres (ASBL) de Belgique, dans la collection « textes liturgiques orthodoxes français selon la tradition byzantine », dans les années 2000.
En 2013 paraissait aux éditions des monastères Saint-Antoine-Le-Grand et de Solan, le Manuel de prières du chrétien orthodoxe[12], un tout petit livre d’une grande beauté et utilité, comprenant aussi les prières fondamentales proposées par la Tradition de l’Église aux fidèles, afin d’être lues le long de la journée, pour leur profit spirituel. Son titre diffère légèrement des titres traditionnels des livres de prières, exprimant de façon explicite l’intention pédagogique d’initiation à la pratique de la prière personnelle visée par ce recueil. Cette visée est trahie également par la structure de ce manuel, qui comprend, après les prières du matin et du soir, une « règle de prière simplifiée », suivie de la Paraclisis à la Mère de Dieu et des deux acathistes les plus lus dans l’orthodoxie, un consacré au « Seigneur Jésus-Christ », et l’autre à la Mère de Dieu. C’est la règle de prière appelée simplifiée qui nous semble fort suggestive du point de vue de l’intention de l’auteur-traducteur d’initier ses fidèles laïcs, qui fréquentaient ses monastères (et dont il connaissait le désir et le besoin de bénéficier d’une telle initiation), à une vie de prière personnelle canonique, conforme aux « règles » de l’Église, c’est-à-dire qui consiste dans la lecture des textes traditionnels, conçus, expérimentés et validés par la pratique religieuse de plusieurs générations de chrétiens orthodoxes. C’est cette visée pédagogique qui a sous-tendu la démarche retraductive des textes de prières. Et cette démarche peut être caractérisée de la sorte par rapport aux dates de parution des livres des prières que nous étudions ici, puisqu’au moment de la publication du Manuel, il y avait déjà en langue française le Prosevkhitaire du père Denis Guillaume et le Livre de prières orthodoxes des moines du monastère Saint-Nicolas de la Dalmerie. Mais les versions françaises de la plupart des prières réunies dans le Manuel paru en 2013 existaient déjà bien avant, ayant été publiées sous forme de brochures aux éditions des monastères Saint-Antoine-Le-Grand et de Solan, comme les acathistes et la Paraclisis à la Mère de Dieu[13], publiés en 1996.
Le nom de l’auteur-traducteur de ce Manuel de prières du chrétien orthodoxe n’est pas précisé, étant seulement suggéré et implicité par l’endroit de publication du Manuel de prières : les éditions des deux monastères orthodoxes français fondés par le père archimandrite Placide Deseille en France. De nombreuses versions françaises des prières contenues dans le Manuel ont été reprises, avec la bénédiction du père Placide, dans le Livre de prière (2014) publié un an après, par les éditions diocésaines de la Métropole Orthodoxe Roumaine d’Europe Occidentale et Méridionale, Apostolia, le recueil le plus complet de prières orthodoxes qui existe à présent en France et en langue française[14]. C’est le bref Avertissement à fonction de paratexte qui ouvre ce livre de prière qui nous le fait savoir :
La traduction des Psaumes publiés ici, ainsi que celle des Cantiques de l’Ancien Testament et de nombreuses autres prières [dont la Paraclisis à la Mère de Dieu], sont du Très-révérend Archimandrite Placide, qui nous a aimablement accordé la permission de les publier.
Livre de prière 2014 : 7
Cet Avertissement précise également les autres traductions françaises de quelques textes précis de prières reprises chez d’autres traducteurs, dont les noms sont mentionnés et l’activité traductive mise ainsi à l’honneur : les prières de saint Silouane de l’Athos sont extraites du livre intitulé Saint Silouane l’Athonite – Vie, doctrine, écrits (2016), rédigé en russe par son disciple, l’archimandrite Sophrony (Sakharov), et traduit en français par l’archimandrite suisse Syméon Bruschweiller (du monastère Saint-Jean-Baptiste fondé par le père Sophrony en Angleterre), publié chez Cerf en 2016 ; les versions françaises des prières de préparation à la liturgie eucharistique sont extraites de la revue Buisson Ardent. Cahiers Saint-Silouane l’Athonite[15] (avec l’autorisation du rédacteur en chef de la revue) et relèvent de la même lignée traductive, exercée par les disciples de saint Silouane de l’Athos et du père Sophrony Sakharov. Elles ont été traduites du russe aussi, langue dans laquelle elles ont été rédigées, les premières par saint Silouane de l’Athos et les dernières, par l’archimandrite Sophrony, son disciple, canonisé récemment par le patriarcat oecuménique. Et dans ce cas bien précis, la langue source des versions françaises de ces textes de prières n’était plus le grec, comme pour l’ensemble des prières traditionnelles orthodoxes, à cause du contexte socioreligieux tout particulier de leur composition. Elles ont été rédigées par deux grandes figures de l’orthodoxie contemporaine, qui ont profondément marqué la diaspora et les jeunes communautés orthodoxes de France et du Royaume-Uni, contribuant de façon décisive au développement de la vie monastique et au rayonnement de la spiritualité chrétienne orthodoxe en Europe occidentale en général. Autrement dit, c’est l’autorité spirituelle et théologique des auteurs de ces prières qui a sous-tendu la démarche de les traduire en français, et leurs particularités, leur aspect inédit, leur beauté et leur profondeur spirituelle[16], assurant de la sorte l’autorité et la notoriété (Dumas 2020b) des versions françaises de ces textes. Et tout ceci a engendré aussi les mutations des représentations concernant la langue source canonique des traductions des textes des prières orthodoxes, identifiée jusqu’alors de façon exclusive avec la langue grecque.
D’autres prières qui figurent dans le Livre de prière (2014) de la métropole roumaine ont été traduites en français par l’hypodiacre suisse Claude Lopez-Ginisty, également mentionné en tant que traducteur dans l’Avertissement à fonction de paratexte traductif de ce recueil. En revanche, la langue source de ces traductions n’y est point précisée. Néanmoins, on peut la deviner, compte tenu de l’origine et des compétences linguistiques de ce professeur suisse de lettres, telles qu’elles sont trahies par les textes postés sur son excellent blogue de spiritualité orthodoxe[17], traduits de l’anglais et parfois du russe. C’est d’ailleurs de l’anglais qu’il a traduit en français les textes des prières réunies dans le seul livre de prières hébergé par la toile, très précisément par son blogue (où il a été posté le 12 novembre 2009), et intitulé Petit Euchologe de poche (Lopez-Ginisty 2009)[18]. La langue et le texte source de la traduction sont mentionnés à la fin de ce recueil : il s’agit de l’anglais et du Pocket Prayer Book for Orthodox Christians[19], publié en 1956 aux États-Unis, à Englewood, dans le cadre du diocèse d’Antioche.
Le traducteur précise aussi le fait qu’il s’agit d’une traduction doublée d’une adaptation. Autrement dit, il avertit les lecteurs internautes de son petit livre de prières qu’il ne s’agit pas d’une traduction extrêmement fidèle à son original, mais d’une version française adaptée au contexte traductif de la pratique religieuse des orthodoxes francophones dont il tient compte, ou bien, en termes de traductologie, à une certaine tradition traductive de cette facture bâtie déjà en langue française. Cette adaptation prend en compte l’utilisation de syntagmes et de constructions syntaxiques déjà employés dans d’autres textes de prières traduits et rédigés en français. Mentionnons, en guise d’exemple, le syntagme qui apparaît dans le nom d’une prière intitulée « prière au temps de l’épreuve », ainsi que la traduction du titre anglais du livre – A Pocket Prayer Book for Orthodox Christians – sous la forme Petit Euchologe de poche. En langue française, dans la terminologie chrétienne-orthodoxe qui s’y est individualisée depuis l’implantation de l’orthodoxie dans l’Hexagone (justement à travers la traduction des livres et des textes liturgiques notamment du grec), le nom Euchologe veut dire « Livre de prières à l’usage du prêtre, qui contient l’office de la Liturgie Eucharistique, les autres offices sacramentels, ainsi que toutes sortes de bénédictions et de prières » (Dumas 2020a : 455). Ce n’est donc pas un livre de prières destiné à être utilisé par les fidèles, mais par le prêtre à l’intention de ceux-ci. Précisons néanmoins le fait que, dans la tradition catholique romaine, l’Euchologe est « le livre de messe des fidèles » (Le Tourneau 2005 : 261), le terme étant mentionné avec ce sens par le dictionnaire Trésor de la langue française (TLFi)[20]. Dans ce cas, l’adaptation du traducteur peut être interprétée comme une contamination entre les deux traditions chrétiennes, ou tout simplement comme une petite erreur d’équivalence. En même temps, il est certain que cette adaptation fait référence dans son cas bien précis à sa créativité traductive, engendrée et nourrie par son activité d’auteur de plusieurs textes de prières et liturgiques, en langue française, dont de nombreux acathistes consacrés à des saints ayant vécu en Suisse, en Angleterre ou ailleurs, en Europe occidentale, à l’époque de l’Église indivise[21].
Pourquoi l’anglais est-il devenu langue source de traduction des textes des prières, dans ce contexte précis, en langue française ? Pour deux raisons principales : « l’audace suisse » du traducteur, c’est-à-dire son appartenance à l’orthodoxie occidentale, enracinée en Suisse grâce aux différentes diasporas, et qui est plus « permissive » à l’égard des règles et des normes prescriptives en matière des traductions ; et l’originalité de certaines prières, qui ne se retrouvent pas dans d’autres livres « traditionnels » de ce type, et que le traducteur a jugées importantes du point de vue spirituel, pour les chrétiens orthodoxes francophones, qui ne pouvaient pas les comprendre en anglais. Des prières conçues en anglais ou traduites en anglais de l’arabe ou du grec (vu la publication de ce Prayer Book dans le cadre du diocèse orthodoxe d’Antioche présent en Amérique), on ne le sait pas. Des prières « d’action de grâce pour le recouvrement de la santé », « d’action de grâce après l’épreuve », « pour la prêtrise », ou « des célibataires », traduites pour la première fois (à notre connaissance, du moins) en langue française. Dans leur cas bien précis, il s’agit donc d’une démarche traductive, d’une langue moderne, non représentée comme langue traditionnellement orthodoxe, l’anglais, dans une autre, le français, qui bénéficie à peu près des mêmes représentations. Pour d’autres textes, comme les prières « à l’entrée dans l’église », « devant l’icône du Christ », « devant l’icône de la Mère de Dieu », ou « au saint ange gardien », il s’agit d’une retraduction, puisqu’ils étaient déjà traduits en français, du grec, avant la parution du Petit Euchologe de poche, tant par le père Denis Guillaume (dans son Grand Euchologe et Arkhiératikon : Guillaume 1992 : 604-605), que par le père archimandrite Placide Deseille, dans les différentes brochures comprenant des textes de prières usuelles publiés aux éditions de ses monastères. Et dans ce cas, nous avons affaire à une démarche retraductive qui ne tient pas compte de ces versions, qui l’ont précédée et que l’hypodiacre Claude Lopez-Ginisty devait connaître. Nous verrons par la suite qu’elle représente une exception, puisque tous les autres traducteurs des textes de prières ont valorisé, par reprise intertextuelle, intégralement ou partiellement, les versions déjà existantes en français de ces prières.
4. Pour conclure : francophonie chrétienne orthodoxe et intertextualité traductive
Comme nous l’avons déjà dit, le Livre de prière (2014) publié par les éditions Apostolia réunit des textes déjà traduits en français par d’autres traducteurs, dont il est fait mention dans l’Avertissement aux lecteurs ; ces versions sont reprises à travers une intertextualité de facture traductive qui reconnaît et légitime l’autorité des versions précédentes et met en place, culturellement et liturgiquement, une tradition traductive de cette facture (relative aux textes des prières), particulière, en langue française. Nous avons déjà mentionné plusieurs exemples de prières insérées dans ce livre avec leurs versions françaises proposées par de grandes personnalités théologiques et spirituelles contemporaines. Nous aimerions ajouter un autre aspect, à savoir la mise en place, pour certaines d’entre elles, d’une intertextualité traductive de facture plus complexe, qu’on pourrait appeler imbriquée, qui inclut, en plus de la reprise proprement dite de la version française de la prière, une citation d’une autre forme de prière déjà présente à l’intérieur de celle-ci (et qu’elle « transporte » avec elle). En général, il s’agit de citations (plus longues ou plus courtes) des Psaumes. Un des exemples les plus significatifs de ce type (qui rappelle l’intertextualité dans l’acception « étroite », restreinte, de Genette, de « relation de coprésence établie entre deux ou plusieurs textes, par la présence effective de l’un dans l’autre » : Genette 1982 : 7) est représenté par les textes des prières d’entrée dans l’église qui figurent au début de ce Livre de prière (2014), qui comportent des versets des Psaumes, tels qu’ils ont été traduits en français par le père archimandrite Placide Deseille (Deseille 2015) :
Prières d’entrée dans l’église
Je me suis réjoui quand on m’a dit : nous irons à la maison du Seigneur (Ps 121). Pour moi, en l’abondance de Ta miséricorde, j’entrerai dans Ta maison ; vers Ton saint temple je me prosternerai, pénétré de Ta crainte. (Ps. 5)
Livre de prière 2014 : 17
Cette version française du Psautier des Septante (Deseille 2015), accomplie par le père archimandrite Placide Deseille et signée par lui (à la différence du Manuel de prières du chrétien orthodoxe, du Recueil d’acathistes[22] et des textes des offices liturgiques qu’il ne signe pas en tant que traducteur), est reconnue de façon unanime en France, dans les milieux orthodoxes et même au-delà, dans les milieux chrétiens francophones en général (Dumas 2020b), comme étant la meilleure[23]. Une traduction faite par un Français « d’origine française », moine orthodoxe et higoumène (supérieur) d’un monastère français de juridiction oecuménique.
Nous n’avons pas trop insisté jusqu’ici sur l’appartenance juridictionnelle des traducteurs des livres de prières mentionnés ; or, la pluralité, et donc la diversité de leurs juridictions ecclésiastiques, représente l’une des particularités les plus prégnantes de l’orthodoxie d’expression française ou francophone[24]. En dehors de leur appartenance à différents pays européens francophones. Comme nous l’avons déjà dit, le père Denis Guillaume était belge, l’archimandrite Syméon Bruschweiller était suisse, et Claude Lopez-Ginisty est suisse aussi. Sans parler des Roumains francophones et des Français faisant partie de la métropole orthodoxe roumaine d’Europe occidentale et méridionale qui ont contribué à la traduction des textes des prières réunis dans le Livre publié par les éditions de cette métropole. La pluralité des initiatives traductives relève également de la pluralité des juridictions ecclésiastiques des traducteurs. Le père archimandrite Placide Deseille, ainsi que les moines français du monastère Saint-Nicolas de la Dalmerie appartenaient au patriarcat oecuménique ; le père Denis Guillaume est devenu archimandrite dans l’Église orthodoxe de Finlande ; le professeur suisse de lettres Claude Lopez-Ginisty est hypodiacre dans l’Église orthodoxe russe à l’étranger (à Vevey, en Suisse[25]). Néanmoins, malgré leur appartenance à cette diversité canonique de nature juridictionnelle, leurs démarches traductives, de transposition en français des textes des prières, ont répondu aux mêmes besoins pastoraux précis, de nécessité rituelle, en comblant un vide qui concernait la pratique de la prière quotidienne des fidèles en langue française, des laïcs donc, également membres de l’Église que les clercs. C’est le skopos de leurs traductions (Reiss et Vermeer 1996). Ces versions françaises ne portent, du point de vue discursif, aucune marque qui les associe aux différentes traditions culturelles de ces juridictions. À une seule exception près : dans l’Avertissement aux lecteurs, qui ouvre le Livre de prière de la métropole roumaine, on peut lire la mention suivante :
Les offices figurant dans ce livre suivent l’ordinaire du Livre des Heures roumain. Il peut être utilisé soit seul, soit accompagné d’autres livres liturgiques contenant les parties des offices propres au jour.
Livre de prière 2014 : 7
C’est donc l’ordre, l’agencement des offices traduits (avec leurs prières respectives, autrement dit le respect des « conventions de l’organisation textuelle » de la culture source : Reiss et Vermeer 1996 : 168) en français qui rattache ce livre à la tradition orthodoxe roumaine et, implicitement, à cette juridiction, trahie aussi par le profil de la maison d’édition, diocésaine, qui le publie.
Les différentes juridictions suggérées également par les éditions où sont parues les versions françaises des livres de prières que nous avons essayé d’analyser ici ne font qu’exprimer la particularité principale de ce qu’on pourrait appeler une francophonie orthodoxe, dont l’objectif principal est de vivre la foi chrétienne-orthodoxe et de la pratiquer en langue française. Dans des cadres canoniques établis par la Tradition de l’Église, c’est-à-dire dans des paroisses et des monastères rattachés à un évêque canonique, membre de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France, « eux-mêmes membres du synode de leur patriarcat respectif » (Samuel 2017 : 11). Et en se servant de textes de prières, liturgiques ou à usage personnel, individuel, fixés par la même Tradition.
Ce n’est pas un hasard si les traducteurs de ces textes sont pour la plupart des moines et des clercs, car, en tant que « bergers » et pères spirituels et personnes consacrées habituées à une vie de prière fervente, ils ont été plus conscients que d’autres membres de l’Église de la nécessité de ces traductions en langue française, pour un bon déroulement de la pratique religieuse, de la vie de prière, des fidèles francophones.
Malgré leur pluralité et leur diversité (ne serait-ce que juridictionnelle), ces démarches traductives ont toutes eu comme objectif principal le bon déroulement (traditionnel et dans la langue du pays) de la pratique rituelle. Elles ont donc été sous-tendues par une nécessité pastorale intrinsèque, mais aussi par une véritable conscience (meta)traductologique des traducteurs de mise en place d’une tradition (traductive) qui se construise moins avec des retraductions successives et davantage par l’intermédiaire d’un réseau d’intertextualité, qui reprenait, valorisait et mettait en circulation (et en usage) les versions précédentes des textes des prières orthodoxes. Un processus complexe et laborieux, accompli dans la contemporanéité, à la fin du xxe siècle et au début du xxie, en langue française, qui a contribué au rayonnement actuel de l’orthodoxie en France et en Europe occidentale, conférant une nouvelle dimension, chrétienne, à la francophonie.
Appendices
Notes
-
[1]
<https://orthodoxologie.blogspot.com/>, consulté le 20 avril 2021.
-
[2]
<https://orthodoxie.com/annuaire-de-leglise-orthodoxe-en-france-2021/>, consulté le 12 novembre 2021.
-
[3]
Décédé en 2008, il a travaillé pendant presque cinquante ans à la traduction en français de tous les offices liturgiques orthodoxes, de pratiquement tous les livres de culte, et ses versions françaises sont utilisées encore de nos jours dans l’ensemble des paroisses orthodoxes francophones : <www.pagesorthodoxes.net/liturgie/denis-guillaume.htm>, consulté le 16 novembre 2021.
-
[4]
<https://fr.wikipedia.org/wiki/Placide_Deseille> , consulté le 16 novembre 2021.
-
[5]
Le monastère masculin Saint-Antoine-le-Grand (situé dans le Vercors : <https://monasteresaintoine.fr/>, consulté le 10 juin 2021) et le monastère féminin de Solan (situé dans le Gard, l’un des plus grands de France : <https://monastere-de-solan.com/>, consulté le 10 novembre 2021), des dépendances (ou métochia) françaises du monastère athonite de Simonos Petra, et, par conséquent, de juridiction oecuménique.
-
[6]
Office de prière d’intercession faite à la Mère de Dieu, en période d’affliction et de maladie (Dumas 2020a : 521).
-
[7]
<https://priere-orthodoxe.blogspot.com/p/prieres-diverses.html> , consulté le 16 novembre 2021.
-
[8]
Livre de prières orthodoxes, Monastère orthodoxe Saint-Nicolas de la Dalmerie, 1996. <http://dalmerie.com/> , consulté le 16 novembre 2021.
-
[9]
<http://stella.atilf.fr/Dendien/scripts/tlfiv5/visusel.exe?27;s=200593455;r=2;nat=;sol=1>, consulté le 15 novembre 2021.
-
[10]
<www.abbayedesolesmes.fr/affichage livres/louanges-matutinales>, consulté le 16 novembre 2021.
-
[11]
Prières de la table, Monastère Saint-Antoine-Le-Grand, 1992.
-
[12]
Manuel de prières du chrétien orthodoxe, Monastère Saint-Antoine-Le-Grand, Monastère de Solan, 2013.
-
[13]
Petite Paraclisis à la Mère de Dieu, Monastère Saint-Antoine-le-Grand, 1996.
-
[14]
Livre de prière, publié avec la bénédiction de l’Archevêque † Joseph d’Europe Occidentale, Métropolite d’Europe Occidentale et Méridionale, Paris, Éditions Apostolia, 2014.
-
[15]
Buisson Ardent. Cahiers Saint-Silouane l’Athonite, no 11, 12, 13, 14. Consultables sur Internet : <https://www.pagesorthodoxes.net/saints/silouane/buissonardent-index.htm#13> ; consultés le 20 novembre 2021.
-
[16]
Il s’agit des prières intitulées « Quand l’âme cherche Dieu », « Quand l’âme a soif de l’humilité du Christ mais ne peut l’atteindre », « Lorsque, par notre orgueil, nous nous sommes éloignés du Seigneur », etc.
-
[17]
<https://orthodoxologie.blogspot.com/>, consulté le 10 novembre 2021.
-
[18]
<https://orthodoxologie.blogspot.com/2009/11/petit-euchologe-de-poche.html>, consulté le 10 novembre 2021.
-
[19]
Pocket Prayer Book for Orthodox Christians, Englewood, 1956.
-
[20]
<http://stella.atilf.fr/Dendien/scripts/tlfiv5/advanced.exe?8;s=1036134105> ; consulté le 20 novembre 2021.
-
[21]
Comme, par exemple, l’Acathiste consacré au saint Columba d’Iona, d’origine irlandaise, qui réussit à réintroduire le christianisme et la vie monastique en Écosse et au nord de l’Angleterre : <https://acathistes-et-offices-orthodoxes.blogspot.com/2009/09/acathiste-notre-pere-parmi-les-saints_27.html>, consulté le 20 novembre 2021.
-
[22]
Recueil d’Acathistes, Monastère Saint-Antoine-le-Grand, 1996.
-
[23]
« La meilleure version française du Psautier des Septante est celle du P. Placide Deseille, Les Psaumes. Prières de l’Église, Paris, 1979 » (Larchet 2016 : 100).
-
[24]
« L’Église orthodoxe, telle qu’elle est aujourd’hui en France, est déjà réellement l’Église de France, ou plutôt l’Église de Dieu en France. Le rattachement à une Église-mère grecque ou russe est accidentel et ne touche qu’à l’aspect humain de l’organisation ecclésiastique. Et un français [sic] qui appartient à une paroisse dont le prêtre dépend du Patriarcat oecuménique ou du Patriarcat de Moscou ne devient pas pour autant grec ou russe. Si l’on parvient un jour à unifier toutes les paroisses orthodoxes de France sous l’autorité d’un unique archevêque et à établir des diocèses territoriaux, ce sera un grand bien, car la situation redeviendrait ainsi conforme aux saints canons. Mais, quant à l’essentiel, cette Église unifiée dans sa structure ne sera pas davantage l’Église de France que la mosaïque juridictionnelle présente » (Deseille 2017 : 278).
-
[25]
<https://orthodoxie.ch/p/vevey-eglise-sainte-barbara/>, consulté le 20 novembre 2021.
Bibliographie
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- Samuel, hiéromoine (2021) : Annuaire de l’Église orthodoxe de France. Nouvelle édition. Monastère de Cantauque.
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