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Cet exposé tente de retracer le cheminement réflexif fait à l’École de Traducteurs et d’Interprètes de Beyrouth depuis sa fondation en 1980 jusqu’à nos jours. Il se présente en deux parties. Dans une première partie, nous remontons dans le temps pour voir comment la formation a évolué, imposant des choix toujours renouvelés tant au niveau des cours dispensés et de l’approche pédagogique qu’à celui de la conception de la problématique qui sous-tend mémoires et thèses. Ces changements opérés au fil des ans ont été le fruit de plusieurs facteurs. Certains relèvent de décisions administratives prises par l’Université Saint-Joseph, telles que l’adoption du système ECTS en 2003, ou plus récemment, en 2014, l’élaboration du statut de l’enseignant-chercheur ; d’autres reviennent à la maturité traductologique à laquelle sont parvenus les responsables, les enseignants et les chercheurs de l’École du fait de l’expérience acquise au fil du temps, de la formation des formateurs, des recherches et des publications dans lesquelles ils s’étaient engagés et de l’introduction en 1997 d’un cycle doctoral.
Dans la deuxième partie, nous cherchons à comprendre dans quelle lignée théorique s’inscrivent les travaux de l’ETIB. Nous nous penchons sur la question suivante : faudrait-il qu’une institution universitaire de formation de traducteurs ait une théorie propre à elle ou lui suffit-il de souscrire aux théories existantes ? Nous nous attardons aussi sur la nature de cette théorie : faut-il qu’elle soit rigide, astreignante, cloisonnée et dogmatique ou souple, tolérante, ouverte et enrichissante ? Quelle position théorique est finalement la plus bénéfique à une institution académique et à l’évolution de cette science qu’est la traductologie ? D’une part, creuser le même sillon, toujours plus profondément, pourrait développer et peaufiner la réflexion, au risque de l’enfermer dans un cocon étroit et étouffant. D’autre part, tracer plusieurs sillons pourrait frayer de nouvelles pistes de réflexion et élargir les horizons, au risque d’éparpiller l’énergie et d’affaiblir le rendement. Tout ceci nous mène à repenser la formation des apprentis-traductologues. Dès la licence déjà, les étudiants sont initiés à la recherche dans l’espoir qu’ils deviendront les chercheurs de demain et qu’ils prendront le flambeau à leur tour pour faire avancer la réflexion traductologique.
Appendices
Note biographique
Gina Abou Fadel Saad est depuis 2012 directrice de l’École de Traducteurs et d’Interprètes de Beyrouth (ETIB) de l’Université Saint-Joseph. Son activité se répartit entre l’enseignement, la direction de mémoires et de thèses, la formation d’enseignants et la recherche. En 2003, elle fut la première à obtenir son doctorat de l’ETIB. Sa thèse intitulée Le texte-imara et son traducteur – L’exégèse formelle : porte d’accès au sens est la première recherche traductologique en langue arabe ; une synthèse en est publiée dans le recueil Thèses et Synthèses, Traduction – Traductologie (coll. Sources Cibles n° 25, USJ, Beyrouth, 2011). Elle a traduit et adapté en arabe en collaboration avec de H. Awaiss, L. Feghali, et J. Hardane Terminologie de la Traduction (coll. Sources Cibles n° 3, USJ, 2002) de Delisle, Lee-Jahnke et Cormier et traduit L’affaire du XXIe siècle : Le dialogue des civilisations de Mohammad Khatami(USJ, Beyrouth, 2008).