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Introduction

Ce travail s’inscrit dans le cadre théorique qui analyse la phrase en termes de prédicat et d’arguments (cf. Harris 1964 ; 1976 ; Gross 1981 et les travaux de G. Gross et autres élaborés au sein du Laboratoire de linguistique informatique[1]). Il part du fait que la traduction, automatique et autre, consiste à traduire des schémas d’arguments et non pas des unités lexicales et qu’il s’agit donc de « trouver » les emplois équivalents. Dans ce qui suit, nous nous intéresserons précisément à la description linguistique que nécessite la traduction automatique des noms prédicatifs (Npred.).

Dans un premier temps, nous exposerons les cas de figure possibles lors du passage d’une langue source (L1) à une langue cible (L2) quant à la traduction des constructions à Npred. Dans un deuxième temps, nous nous arrêterons sur la méthode d’analyse. Dans une troisième partie, nous donnerons des échantillons de l’application de la démarche exposée.

1. Le passage de L1 à L2 : les cas de figure possibles

Rappelons que lorsque nous parlons de noms prédicatifs, il s’agit en fait de combinaisons Vsup._Npred., c’est-à-dire des « constructions à verbes supports ». Les multiples travaux sur ces constructions, et spécialement sur leur traduction, ont mis l’accent sur « le caractère imprévisible » des Vsup. C’est-à-dire que lors du passage de L1 à L2, on ne peut pas prévoir quel Vsup. pour quel Npred. Ce qui nécessite, comme nous allons le voir plus loin, des listes d’équivalences préétablies entre les langues en question pour garantir un « bon » transfert.

Nous pouvons énumérer trois cas de figure quant à la traduction des constructions à Vsup. d’une manière générale[2] :

1.1. Vsup. + Npred. → Vsup. + Npred. (avec le même Vsup.)

C’est le cas qui pose le moins de problèmes puisqu’il s’agit dans les deux langues de combinaisons Vsup_Npred. :

forme: 018526aro001n.png
qɑ:mɑ bi ʒɑwlɑ
faire-prép.-promenade
forme: 018526aro002n.png
mɑ:rɑsɑ- l- ʒirɑ:ħɑtɑ
forme: 018526aro003n.png
tɑrɑħɑ suʔɑ:lɑn
forme: 018526aro004n.png
Irtɑkɑbɑ (χɑtɑʔɑn + ʒɑi:mɑtɑn + muχɑ:lɑfɑtɑn)

Faire une promenade
Pratiquer la chirurgie
Poser une question
Commettre (une faute + un crime + une violation/transgression)

Il suffit, dans ce cas de faire le lien entre les deux constructions, puisqu’il y a une correspondance entre la combinaison dans L1 et son équivalent en L2. L’idéal serait donc d’avoir des suites Vsup._Npred. avec des Npred. de la même classe sémantique et des Vsup. du même type (générique/approprié/variante lexicale ou aspectuelle, etc.). Ainsi, dans la série d’exemples ci-dessus, chaque élément de la suite est le transfert direct de son correspondant dans l’autre langue :

Promenade ↔ (ʒɑwlɑ) forme: 018526aro005n.png

Faire ↔ (qɑ:mɑ bi) forme: 018526aro006n.png

Chirurgie ↔ (ʒirɑ:ħɑ) forme: 018526aro007n.png

Pratiquer ↔ (mɑ:rɑsɑ) forme: 018526aro008n.png

Question ↔ (suʔɑ:l) forme: 018526aro009n.png

Poser ↔ (tɑrɑħɑ) forme: 018526aro010n.png

Faute ↔ (χɑtɑʔ) forme: 018526aro011n.png

Commettre ↔ (Irtɑkɑbɑ) forme: 018526aro012n.png

Crime ↔ (ʒɑi:mɑ) forme: 018526aro013n.png

Violation/transgression ↔ (muχɑ:lɑfɑ) forme: 018526aro014n.png

Le cas de figure ne couvre pas la totalité des emplois.

1.2. Vsup. + Npred. → Vsup. + Npred. :

Nous trouvons, en effet, un grand nombre de cas d’« équivalence partielle » où nous avons, par exemple, un Npred. dans L1 qui sélectionne un Vsup. générique, et dont l’équivalent sélectionne un Vsup. approprié. Il est possible aussi d’avoir deux Vsup. appropriés mais de « types » différents. Examinons les exemples suivants :

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rɑfɑςɑ ʃɑkwɑ:
lever-plainte

déposer une plainte

forme: 018526aro016n.png
ʔɑsdɑ: χidmɑtɑn
rendre-service

offrir un service

Comme le montre la « traduction » littérale proposée, ces deux exemples illustrent bien le « caractère imprévisible » du choix du verbe support pour un Npred. donné. Même pour le cas d’équivalence, il faudra donc préciser le ou les verbes supports sélectionnés pour chaque classe de Npred., voire pour chaque Npred.

1.3. Vsup. + Npred. → Vpred.

Ce cas se caractérise par l’absence en L2 de construction à Vsup. correspondante à celle de L1. La solution est alors de fournir le verbe prédicatif équivalent. Nous positionnant toujours sous l’angle de la traduction automatique, nous avançons que le transfert ne peut se faire qu’une fois le travail linguistique bien mené à terme quant à l’élaboration des descriptions adéquates et pertinentes pour la traduction automatique.

Ceci implique la nécessité de l’élaboration de descriptions uniformes et exhaustives qui se basent sur un principe de parallélisme entre les langues concernées.

2. Description uniformisée en vue de la traduction automatique et spécificités linguistiques

Plusieurs auteurs (entre autres, Danlos 1994 ; Heylen et al. 1994 ; dans une autre optique : Namer et Schmidt 1993 ; Blanco et Buvet 1999 ; Ranchhod 2000) ont montré que la traduction automatique des constructions à Vsup passe par la correspondance entre les descriptions des Npred. dans chacune des langues concernées. D’une manière générale, ces études s’accordent sur le fait que la traduction de ce type de construction nécessite un traitement modulaire. C’est-à-dire l’élaboration d’un ensemble de programmes en mesure de garantir les trois étapes de la traduction : l’analyse, le transfert et la production (synthèse).

Pour illustrer les trois phases, nous reprenons ici, pour l’essentiel, le schéma donné par M. Alonso Ramos (1998 : 42-43) :

  1. Phase d’analyse :

    • Identifier les constructions à Vsup et reconnaître le Npred.

    • Constituer le schéma d’arguments déterminé par le Npred.

  2. Phase de transfert :

    • La transposition de la structure dans L2 selon les spécificités de la langue d’accueil.

  3. Phase de production (ou synthèse) :

    • Chercher dans les dictionnaires de L2 les unités concernées par le schéma d’argument.

    • Combiner le nouveau Npred. avec le Vsup. adéquat.

Il est évident que ces opérations ne sont possibles que si les listes descriptives des éléments en question sont établies, et que les informations linguistiques fournies sont systématiques et uniformes d’une langue à l’autre.

2.1. La description linguistique uniformisée 

Il résulte de ce qui a précédé qu’il faut établir une grille uniforme qui serait en mesure d’intégrer systématiquement les informations nécessaires pour les opérations susmentionnées. La grille de description des Npred. doit contenir des informations du type :

  • déterminer la classe sémantique du Npred., le nombre et la nature des arguments susceptibles d’être sélectionnés par le prédicat en question, ainsi que leur construction (les combinaisons syntaxiques possibles) ;

  • décrire les différents déterminants du Npred ;

  • expliciter les différentes transformations qui le concernent (reformulations) telles que les constructions converses[3], la formation du passif, la relation de paraphrase possible avec une autre forme (verbale ou adjectivale) du prédicat, si le Npred. est non autonome, etc.

Puisqu’il existe plusieurs cas de figure pour la traduction de ces constructions, il est indispensable de mentionner de façon explicite les possibilités de transfert pour chaque cas précis. Ce qui revient à dire qu’il faut énumérer les deux possibilités :

  • construction à Vsup. : préciser dans ce cas s’il s’agit du même type de Vsup. ou non ;

  • verbe prédicatif.

Il est clair que cela n’est possible qu’une fois que la grille de description systématique et uniformisée sera élaborée dans les langues en question. Nous sommes amené donc à mettre l’accent sur la procédure de « listes d’équivalences » ou « classes d’équivalences » (Ranchhod-Marques 2000 : 264) préétablies avec toutes les informations linguistiques nécessaires pour le bon transfert automatique d’un emploi de Npred. donné d’une langue L1 à une langue L2. Nous pourrions imaginer alors deux types de grilles de description en vue de la traduction : soit l’élaboration de grilles autonomes pour chacune des langues concernées, avec des liens systématiques sur les différents niveaux des modules conçus pour assurer le fonctionnement des trois étapes énumérées plus haut, soit la conception de grilles « multilingues » qui intègrent en parallèle les informations relatives à chacune des langues.

Nous préférons la première procédure, c’est-à-dire l’élaboration de grilles séparées. Nous exposerons les raisons de ce choix dans ce qui suit, notamment en 2. 2.

Nous voudrions à ce propos commencer par fournir un échantillon de grille de description des classes sémantiques des Npred. Cette grille de description a été proposée par G. Gross dans divers articles et cours auxquels nous avons eu l’occasion d’assister. Elle concerne le français et l’allemand.

Dans un premier temps, nous avons pris la classe sémantique des « coups », dans l’état d’avancement où elle était, et nous avons essayé d’y insérer les informations concernant l’équivalent arabe, à savoir la classe de « dɑrb ». Voici le résultat :

<coups, Schläge, dɑrb> :

gifle, claque, coup de pied, beigne
Ohrfeige, Schlag, Fusstritt
dɑrbɑ, sɑfςɑ, tɑςnɑ, lɑt

  1. Nombre et nature des arguments :

    N0 : hum[4]/N1 : hum/N2 : sur, (auf, in, ʔɑlɑ:) Npc

  2. Verbes supports basiques :

    donner/recevoir
    geben/bekommen, kriegen
    wɑʒʒɑhɑ, ʔɑςtɑ:

  3. Déterminants 

    Quantifieurs 

  4. Verbes supports aspectuels :

    Duratif 
    Inchoatif : esquisser
    Intensif : asséner
    Itératif : bourrer de,
    Ponctuel 
    Progressif 
    Terminatif 

  5. Verbes supports appropriés :

    Coller, flanquer, porter
    Versetzen, verpassen
    sɑddɑdɑ

  6. Verbes supports métaphoriques :

    Administrer
    verabreichen
    ʒɑ:dɑ bi

  7. Restructurations :

    B a reçu une gifle de A
    B hat von A eine Ohrfeige bekommen
    B tɑlɑqqɑː lɑtmɑtɑn min A

  8. Constructions causatives sur le verbe support

  9. Prédicats verbaux appropriés 

  10. Prédicats adjectifs appropriés 

  11. Adverbiaux appropriés 

Il est possible donc, a priori, d’uniformiser la description selon ce qui a été proposé pour la langue arabe.

Nous pensons, cependant, qu’il est nécessaire de prendre en compte d’autres paramètres qui constituent les spécificités d’une langue aussi différente du français et de l’allemand sur plusieurs plans, notamment celui de la morphosyntaxe. Il suffit de penser à la quasi-systématicité du système dérivationnel pour comprendre qu’il faut tout de suite prendre en compte ces spécificités. En effet, il est pertinent pour les classes d’équivalence de préciser en arabe les différentes paraphrases possibles construites sur le verbe morphologiquement apparenté au Npred, ainsi que la possibilité ou non de la construction du passif, etc.

2.2. Spécificités de l’arabe

Il s’agit pour l’essentiel de faits relevant de la systématicité des faits morphologiques en arabe, dont l’impact est évident sur les grilles de description à proposer. En voici les plus saillants :

a) La forme nominalisée des Vsup.

Nous avons observé que les Vsup. acceptent le changement de catégorie sans acquérir un emploi prédicatif et tout en gardant une fonction « support ». Dans ce cas, la construction à Vsup. acquiert le statut de groupe nominal inclus dans une autre phrase :

ʔɑʒrɑ: ςɑmɑlijjɑtɑn (faire accompli-opération= il a fait une opération) ;
ʔiʒrɑ:ʔu ςɑmɑlijjɑtin (forme nominalisée du verbe-opération= effectuer une opération) ;
ʔintɑhɑl-ħɑdi:θu (se terminer accompli - art. déf.- conversation= la conversation se termina) ;
intihɑ:ʔul-ħɑdi:θi (forme nominalisée du verbe - art. déf.- conversation= la fin de la conversation).

La nominalisation des Vsup. en arabe est possible puisque, d’une manière générale, la nominalisation des formes verbales est quasi systématique. Ceci a pour cause le fait que le système dérivationnel arabe fonctionne par tableaux. Chaque tableau représente une matière consonantique à partir de laquelle sont dérivées les formes verbales et nominales selon des schèmes bien déterminés. Ainsi, pouvons-nous, à partir de la matière (ʒ-r-j), former des dérivés tels que : ʒɑrɑ:, ʔɑʒrɑ: (verbes), ʒɑrɑjɑ:n, etc.

Nous constatons que ce type de séquences est très fréquent en arabe moderne[5].

b) Les dérivés de la même racine et les relations paraphrastiques possibles

C’est dans le même sens que nous évoquons les différents dérivés de la même racine que le Npred. Ainsi, si l’on prend le Npred « qɑrɑ:r » (=décision) dans l’exemple suivant :

forme: 018526aro017n.png

ittɑχɑδɑ N0 qɑrɑ:rɑn (bi…)
prendre la décision de

nous constatons que, du point de vue morphologique, il est apparenté au verbe prédicatif « qɑrrɑrɑ » (=décider) qui peut former la paraphrase :

qɑrrɑrɑ N0 (ʔɑn…)

Nous nous contentons ici de remarquer que ce fait morphologique est quasi systématique en arabe. Il faudrait cependant préciser, par une étude des schémas d’arguments à générer, si tel ou tel verbe prédicatif (voire adjectif) constitue la paraphrase d’un emploi de Npred. En effet, cette systématicité morphologique ne reflète pas toujours une synonymie entre les phrases formées à partir d’un dérivé donné, comme nous le verrons dans les échantillons donnés en 3.

S’il est possible donc de parler de « racines prédicatives » pour la plupart des emplois, il faudra expliciter les informations concernant les cas contraires.

c) La construction en Npred=N0

C’est un cas très fréquent pour des raisons morphologiques, à savoir la multitude des schèmes verbaux pour une même racine (matière consonantique). Il a pour conséquence le fait que le « principe de co-référence[6] » entre le sujet du V.sup et celui du N.préd n’est pas respecté. Examinons l’exemple suivant :

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ʔɑʒrɑ:-N0-muħɑ:dɑθɑ:tin-mɑςɑ-N1
effectuer-N0-pourparlers-avec-N1

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ʒɑrɑt-muħɑ:dɑθɑ:tun-bɑjnɑ-N0-wɑ-N1
(se) dérouler-pourlarlers-entre-N0-et-N1

Entre les deux phrases, le passage du schème composé (ʔɑʒrɑ:) au schème simple est traduit syntaxiquement par le passage du Npred « muħɑ:dɑθɑ:t » de la position objet direct à la position sujet du Vsup. Plusieurs études[7] ont montré que ce genre de construction fournit l’équivalent des tournures impersonnelles du français. Dans un grand nombre de cas, ce type de transformation avec des Vsup. d’occurrence permet de faire l’économie du sujet pour focaliser sur le procès lui-même.

3. Échantillons de description de classes de Npred. en arabe

Nous présentons dans ce qui suit quelques classes de Npred. extraites d’un corpus arabe moderne (journalistique, littéraire et lexicographique) (Ouerhani 2005).

3.1. <ʒɑrɑ:ςim wɑ χɑt:ɑjɑ:>[8] (crimes et délits)

Cette classe se distingue par l’homogénéité sur le plan de l’actualisation par un groupe de verbes supports appropriés. En voici quelques exemples :

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irtɑkɑbɑ-N0-(E + ʒɑrɑ:ʔim)-qɑtl-(diddɑ + fi: ħɑqqi)-N1
commettre-N0 -(E + crimes(de))-meurtre-contre-N1

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irtɑkɑbɑ-N0-(ʒɑri:mɑ + muχɑ:lɑfɑ + ?qɑtlɑn + fɑđɑ:ςɑ:t + χɑti:ςɑ + intihɑ:kɑ:t + sɑriqɑtɑn)-(diddɑ + fi: ħɑqqi)-N1
commettre-N0-(crime + transgression + meurtre + atrocités + péché + violations + vol)- contre-N1

Comme nous l’avons mentionné dans le paragraphe précédent, les verbes supports de cette classe portent déjà une valeur sémantique « minimale » négative héritée d’un emploi prédicatif lointain et inférée par le simple emploi de ces verbes. Voici la proposition de description de la classe :

<ʒɑrɑ:ςim wɑ χɑt:ɑjɑ:>

ʒɑri:mɑ + muχɑ:lɑfɑ + qɑtl + fɑđɑ:ςɑ:t + χɑti:ςɑ + intihɑ:kɑ:t + sɑriqɑ
(crime + transgression + meurtre + atrocités + péché + violations + vol)

  1. Nombre et nature des arguments :

    N0 : hum/N1 : hum-non hum/N2 : diddɑ, fi: ħɑqqi

    • Structures syntaxiques possibles[9] :

      Vsup- N0- (quantifieur)- (classifieur)- dét : déf, indéf- <Npred>- (modifieur : adj., génitif)- prép. : diddɑ, fi : ħɑqqi- N1- (loc.)- (tmps).

      Vsup- (quantifieur)- (classifieur)-dét : déf, indéf.- <Npred> (modifieur : adj., génitif)- prép. : diddɑ, fi: ħɑqqi- N1- (loc.)- (tmps.) [N0=Npred)][10]

  2. Verbes supports basiques :

    qɑ:mɑ bi
    ʒɑrɑ:, wɑqɑςɑ, ħɑdɑθɑ (si N0= Npred)

  3. Déterminants :

    • « nɑkirɑ » (équivalent de l’indéfini)

    • « mɑςrifɑ » (défini)

    • Quantifieurs : ςɑdɑd min (un certain nombre de), mɑʒmu:ςɑ min (un ensemble de), ɑl-kɑθi:r min (beaucoup de)…

    • Modifieurs : fɑđi:ςɑ (atroce), lɑ: tuɣtɑfɑr (impardonnable)

    • Classifieurs : ʒɑri:mɑ, ʒɑrɑ:ʔim

  4. Verbes supports aspectuels :

    Duratif : wɑ:sɑlɑ
    Inchoatif 
    Intensif 
    Itératif : kɑrrɑrɑ, ʒɑddɑdɑ, ʔɑςɑ:dɑ, ςɑ:wɑdɑ
    Ponctuel :
    Progressif :
    Terminatif 

  5. Verbes supports appropriés :

    irtɑkɑbɑ, iʒtɑrɑmɑ, Iqtɑrɑfɑ

  6. Verbes supports métaphoriques 

  7. Restructurations :

    1. Converses :

      ςɑrrɑdɑ B li <Npred> min(qibɑli)A

      kɑnɑ B dɑħijjɑtɑ <ʒɑri:mɑ + fɑđɑ:ςɑ:t + intihɑ:kɑ:t + sɑriqɑ>min(qibɑli)A

    2. Relations « paraphrastiques » avec le verbe morphologiquement apparenté :

      ʔɑδnɑbɑ/N0 :hum/N1 :(fi: ħɑqqi)hum

      sɑrɑqɑ/N0 :hum/N1 :non hum/N2 : (min) hum

      qɑtɑlɑ/N0 :hum/N1 :hum,<animaux>,<végétaux>

      ʔɑχtɑʔɑ/N0 :hum/N1 :(fi : ħɑqqi)hum

      *intɑhɑkɑ/N0 :hum

      ʔɑʒrɑmɑ/N0 :hum

      iʒtɑrɑmɑ/N0 :hum

      Remarque : N1 est obligatoire dans tous ces exemples.

    3. Passif :

      (urtukibɑ + uqturifɑ + uʒturimɑ + *qi:mɑ bi) (ʒɑri:mɑ + muχɑ:lɑfɑ + qɑtl + fɑđɑ:ςɑ:t + χɑti:ςɑ + intihɑ:kɑ:t + sɑriqɑ…)

3.2. <iʒtimɑ:ςɑ:t> (réunions)

Ces noms prédicatifs appartiennent à la grande classe des événements organisés. En voici quelques exemples d’emploi :

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ςɑqɑdɑt- ɑl-lɑʒnɑ- (iʒtimɑ:ς + liqɑ:ʔ + multɑqɑ: + nɑdwɑ + muħɑ:dɑθɑ:t + *ħɑfl)- (loc. + tmps. + E)
tenir- dét.- commission- (réunion / rencontre / congrès / colloque / pourparlers / *fête) (loc. + tmps. + E)

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nɑđđɑmɑt- ɑl-lɑʒnɑ- (iʒtimɑ:ς + liqɑ:ʔ + multɑqɑ: + nɑdwɑ + muħɑ:dɑθɑ:t + ħɑfl)- (loc. + tmps. + E)
organiser - (réunion / rencontre / congrès / colloque / pourparlers / fête) (loc. + tmps. + E)

forme: 018526aro024n.png

intɑđɑmɑ (iʒtimɑ:ς + liqɑ:ʔ + multɑqɑ: + nɑdwɑ + muħɑ:dɑθɑ:t + ħɑfl)- (loc. + tmps. + E)
(s’)organiser - (réunion / rencontre / congrès / colloque / pourparlers / fête) (loc. + tmps. + E)

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inςɑqɑdɑ - ɑl-lɑʒnɑ- (iʒtimɑ:ς + liqɑ:ʔ + multɑqɑ: + nɑdwɑ + muħɑ:dɑθɑ:t + *ħɑfl)- (loc. + tmps. + E)
tenir- dét.- commission- (réunion / rencontre / congrès / colloque / pourparlers / *fête) (loc. + tmps. + E)

<iʒtimɑ :ς, nɑdwɑ, muħɑ :dɑθɑ :t>

réunion, séminaire, pourparlers…

  1. Nombre et nature des arguments :

    N0 : hum/N1 :/

    • Structures syntaxiques possibles :

      Vsup- N0- dét. : déf, indéf- (classifieur : ʒɑwlɑ min)- <Npred>- (modifieur : adj, génitif)- (loc)- (tmps)

      Vsup- dét. : déf, indéf.- (classifieur : ʒɑwlɑ min) -<Npred>- (modifieur : adj, génitif)- (loc)-(tmps) [Npred=N0].

  2. Verbe(s) support(s) basiques :

    ʒɑrɑ:, wɑqɑςɑ, [N0= Npred]

  3. Déterminants :

    • « nɑkirɑ » (équivalent de l’indéfini)

    • « mɑςrifɑ » (défini)

    • Quantifieurs : ςɑdɑd min (un certain nombre de), mɑʒmu:ςɑ min (un ensemble de), ɑl-kɑθi:r min (beaucoup de)…

    • Modifieurs : adjectif (ςɑ:mm, ʔɑwwɑl...), génitif : possessif co-référent à N0

    • Classifieurs :

  4. Verbes supports aspectuels :

    inchoatif : bɑdɑʔɑ(fi:), ʔiftɑtɑħɑ, ʃɑrɑςɑ(fi:),…
    duratif : dɑ:mɑ, wɑsɑlɑ, tɑwɑ:sɑlɑ, ʔistɑmɑrrɑ(fi:),…
    intensif : ʔɑkθɑrɑ min, kɑθθɑfɑ (min)
    itératif : kɑrrɑrɑ, tɑkɑrrɑrɑ [N0= Npred]
    ponctuel :
    progressif :
    terminatif : ʔɑnhɑ:, iχtɑtɑmɑ, fɑrɑɣɑ min,…

  5. Verbes supports appropriés :

    ςɑqɑdɑ
    inςɑqɑdɑ, ʔɑrɑ:, intɑđɑmɑ, iltɑʔɑmɑ [Npred=N0]

  6. Verbes supports métaphoriques

  7. Restructurations :

    1. Converses

    2. Relations « paraphrastiques » avec le verbe morphologiquement apparenté :

      iʒtimɑςɑ/N0 :hum/N1 : (+ bi)hum

      ʔintɑdɑ:/N0 :hum/N1 : (+ bi)hum

      tɑħɑ:dɑθɑ/N0 :hum/N1 : (+ mɑςɑ)hum

    3. Passif

    Remarques concernant les relations paraphrastiques :

    • Sur le plan morphologique, le verbe intɑdɑ: existe bien dans le dictionnaire, mais nous n’avons pas trouvé d’emploi contemporain équivalent de la construction à verbe support, c’est-à-dire qu’il ne constitue pas la paraphrase de l’emploi du Npred. nɑdwɑ. Notons aussi qu’il existe un autre Npred. dérivé de la même matière consonantique (racine), à savoir muntɑdɑ: qui appartient à la même classe et qui est actualisé, par ailleurs, par les Vsup. suivants :

      forme: 018526aro026n.png

      (nɑđđɑmɑ + ʔɑqɑ:mɑ) N0 muntɑdɑ:
      (organiser + tenir) N0 forum/ rassemblement
      organiser N0 un forum

    Pour ce Npred. également, le verbe morphologiquement apparenté intɑdɑ: ne forme pas une paraphrase.

    • Notons que le « statut » grammatical de N1 n’est pas le même selon qu’il est introduit par la préposition d’un côté, ou les prépositions mɑςɑ et bi de l’autre. En effet, dans le premier cas, il est présenté grammaticalement comme un deuxième agent ayant lui aussi le statut de « sujet » avec le N0, d’où l’appellation arabe de « mɑfςu:l mɑςɑhu » (littéralement « avec lui »). Tandis que dans le deuxième cas (introduction par mɑςɑ et bi), il est grammaticalement complément, et la phrase focalise, de ce fait, sur N0 en tant qu’investigateur du procès.

3.3. <ςuqu:bɑ> (punition/ sanction)

Voici quelques phrases qui illustrent l’emploi de cette classe de Npred. :

forme: 018526aro027n.png

(sɑllɑtɑ + fɑrɑdɑ)-l-mɑktɑbu-ςuqubɑtɑn-ςɑlɑ: -l-fɑri:qi
infliger/ adresser… accmpl- artdéf-bureau S-(une) punition/ sanction-prép sur-art.déf.-équipe
Le bureau a infligé une sanction à l’équipe)
(tɑlɑqqɑ: + χɑdɑςɑ li) -N1-ςuqu:bɑ:tin-min N0
recevoir accmpl-N1S- des punitions/ sanctions- de/ de la part de- N0
N1 a subi des sanctions de N0

<ςuqu:bɑ> punition/ sanction

  1. Nombre et nature des arguments :

    N0 : hum/N1 : ςɑlɑ:, fi:-ħɑqqi hum/N1 :hum

    • Structures syntaxiques possibles :

      Vsup/ N0 / dét. : déf, indéf- <Npred> (modifieur : adj, génitif)-(loc)- (tmps)

  2. Verbes supports basiques 

  3. Déterminants :

    • « nɑkirɑ » (équivalent de l’indéfini)

    • « mɑςrifɑ » (défini)

    • Quantifieurs

    • Modifieurs : adjectifs (tels que : qɑ:sijɑ « dure », ʔiqtisɑdijjɑ, « économique »…), génitif : possessif co-référent à N0,…

    • Classifieurs

  4. Verbes supports aspectuels :

    Duratif : dɑ:mɑ, tɛwɑ:sɑlɑ, ʔistɑmɑrrɑ [N0 = Npred]
    Inchoatif : bɑdɑʔɑ [N0 = Npred]
    Intensif
    Itératif
    Ponctuel
    Progressif
    Terminatif : ʔɑnhɑ:
     intɑhɑ: [N0 = Npred]

  5. Verbes supports appropriés :

    sɑllɑtɑ, fɑrɑdɑ, iςtɑmɑdɑ

  6. Verbes supports métaphoriques

  7. Restructurations :

    1. Converses :

      sɑllɑtɑ, fɑrɑdɑ/ χɑdɑςɑ (li, ʔilɑ:), tɑlɑqqɑ:

    2. Relations « paraphrastiques » avec le verbe morphologiquement apparenté :

      ςɑ:qɑbɑ/N0 : hum/N1 :hum

    3. Passif :

      furidɑt-ςuqu:bɑ:tun- ςɑlɑ:-bɑlɑd

      Imposer passif accmpl- des punitions/ sanctions- prép sur- pays

      Des sanctions ont été infligées à pays

      uςtumidɑt-ςuqubɑ:tun-fi:-ħɑqqi-bɑlɑd-fi:-loc

      Décider passif accmpl- des punitions/ sanctions- contre- pays- prép dans loc

      Des sanctions ont été décidées contre pays à loc)

    Remarque concernant le passif :

    Elle concerne précisément le deuxième emploi où l’on trouve uniquement la forme passive du Vsup, alors que la forme active du même verbe n’est pas employée. Ajoutons, par ailleurs, qu’on trouve aussi l’adjectif apparenté à ce verbe associé aux mêmes noms prédicatifs en tant qu’épithète dans des groupes nominaux tels que : ɑluqu :bɑ :t ɑl-muςtɑmɑdɑ (les sanctions décidées).
    Dans des cas pareils, il faudra intégrer cette information dans la grille de description : le fait que la forme passive uniquement d’un verbe est employée comme support. Ceci éviterait de générer, dans la traduction vers l’arabe, des constructions avec la forme active, alors qu’elle n’est pas employée.

Observons que ce type de construction est assez fréquent dans la presse arabe vu la valeur impersonnelle qu’elle véhicule. En effet, il permet de mettre l’accent sur le procès et la partie qui le subit, et d’omettre le sujet ou de le reléguer au second plan.

Conclusion

Nous avons essayé dans ce travail de montrer la nécessité de prendre en considération les faits spécifiques d’une langue donnée lors de l’élaboration des grilles de description linguistique en vue de la traduction automatique des Npred.

Pour une langue comme l’arabe, nous pensons que l’intégration de certains champs concernant notamment les relations entre des constructions dont les prédicats sont de formes morphologiques apparentées (dérivées de la même matière consonantique) est une condition nécessaire pour la confection de descriptions qui seraient en mesure de fournir toutes les informations nécessaires pour « comprendre », transférer et générer des constructions à Vsup. ou leurs équivalents.

Nous insistons sur le fait que ce ne sont là que des échantillons en vue de l’établissement d’un programme plus vaste pour l’élaboration de grilles de traitement pour la totalité des Npred. en arabe, et que ce type de description nécessite un travail sur un grand corpus. L’élaboration d’une méthodologie appropriée est en cours.