Abstracts
Résumé
Présenter un aperçu de la « mystique chrétienne médiévale » n’est possible qu’en la situant brièvement dans l’histoire de la « mystique » en Occident. Le terme n’est pas dénué d’ambiguïté. Apparaissant dans le contexte des religions à mystères, la mystique évolue vers une expérience silencieuse que les mots ne peuvent capter, avant de désigner des phénomènes anormaux décrits dans une rhétorique de l’étrange. Par rapport à la littérature moderne, les textes médiévaux sont très sobres. Faisant à écho à la théologie mystique de Denys l’Aréopagite (ve-vie s.), ils présentent une voie d’union à l’Un en deçà des mots et des concepts. Il ne suffit pas de connaître (mathein) Dieu par un savoir notionnel, il faut en faire l’expérience, « en pâtir » (pathein). Ce « pâtir Dieu » sera repris par Maître Eckhart (1260-1328), le chef de file de la mystique rhénane.
Abstract
To present an overview of ‘medieval Christian mysticism’ is only possible by briefly situating it in the history of ‘mysticism’ in the West. The term is not without ambiguity. Appearing in the context of mystery religions, mysticism evolves into a silent experience that words cannot capture, and then into abnormal phenomena described in a rhetoric of the strange. Compared to modern literature, medieval texts are very sober. Echoing the mystical theology of Dionysius the Areopagite (5th-6th century), they present a way of union with the One beyond words and concepts. It is not enough to know (mathein) God through notional knowledge, one must experience him, “suffer him” (pathein). This ‘suffering of God’ was taken up by Master Eckhart (1260-1328), the leader of Rhenish mysticism.