Recensions

Appleby, John C. Fur, Fashion and Transatlantic Trade during the Seventeenth Century Chesapeake Bay Native Hunters, Colonial Rivalries and London Merchants. (Woodbridge: The Boydell Press, 2021)

  • Matthieu Tardif

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  • Matthieu Tardif
    Doctorant, Département d’histoire, Université de Montréal, Canada

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Cover of Scandales et Silences, Volume 39, Number 1, Fall 2023, pp. 6-292, Cahiers d'histoire

La Baie de Chesapeake est surtout connue pour être le berceau de l’esclavage anglo-américain avec ses plantations de tabac. D’autres activités s’y développèrent pourtant lorsque les Européens commencèrent à s’y établir. John C. Appleby retrace à travers six chapitres l’histoire de la traite des fourrures qui y fût pratiquée par des marchands britanniques et divers groupes autochtones entre la fin du xvie siècle et celle du xviie siècle. Bien qu’il s’agisse d’accessoires luxueux, la mode des chapeaux de feutre de castor connût un essor relatif à partir des années 1580. En Angleterre, cette vogue aurait été encouragée par la nécessité croissante de se distinguer à la cour, par l’abolition des lois somptuaires en 1603 et par le petit âge glaciaire de l’époque moderne. Comme leurs homologues français à la même époque, les chapeliers anglais se heurtèrent néanmoins à des difficultés d’approvisionnement en matière première. La population de castor en Europe de l’Ouest fut rapidement détruite tandis que l’importation de fourrures depuis la Russie n’était pas garantie. Dans un contexte de forte concurrence inter-européenne, cette conjoncture offrait un argument supplémentaire à l’Angleterre pour tenter d’exploiter les ressources du « Nouveau Monde ». Encadré par la Virginia Compagny, le commerce des fourrures dans la Baie de Chesapeake fut d’abord de faible envergure et irrégulier. Les Anglais en vinrent de plus à s’aliéner leurs partenaires de départ, les Powhatans, à force d’intrigues avec des groupes rivaux et de marchandage incessant lors de la traite. La dissolution de la compagnie en 1624 ainsi que le conflit franco-anglais aboutissant à la prise de Québec en 1629 encouragèrent néanmoins plusieurs aventuriers à s’engager dans le secteur des fourrures. Avec l’aide d’investisseurs métropolitains, le colon William Claiborne monta ainsi une entreprise combinant la traite et la plantation de tabac. À partir des années 1630, il lia des relations commerciales avec les Susquehannocks. À l’instar des Wendats (Hurons), ce peuple iroquoien avaient déjà l’habitude de commercer avec des groupes reculés et, de la même façon, ils jouèrent le rôle d’intermédiaires entre les marchands et les producteurs de fourrures situés plus au Nord. La création du Maryland en 1634 vint toutefois perturber les projets Claiborne. La nouvelle colonie revendiquait la possession de Kent Island, où il s’était établi, et elle entra en conflit avec les Susquehannocks. Le commerce de fourrures dans la baie finit par s’effondrer dans les années 1640 sur fond de reprise de la guerre anglo-powhatan et de conflits entre colonies britanniques. Les commerçants hollandais et suédois, installés plus au Nord, dans la baie du Delaware, en profitèrent alors pour se rapprocher des Susquehannocks. À partir des années 1650, de nouvelles initiatives commerciales virent le jour aux frontières de la Virginie. Le contexte restait cependant incertain car le commerce non-régulé était source de tensions et que la poursuite de la colonisation tant au Sud qu’au Nord provoquait des accrochages entre colons et autochtones. Par ailleurs, la création en 1670 de la Compagnie de la Baie d’Hudson fit prendre au commerce des fourrures britannique une nouvelle dimension. Les volumes de fourrures augmentèrent considérablement au point de saturer un marché qui n’était pas préparé à absorber de telles quantités de castor. Des crises de surproduction épisodiques survinrent et les marchands anglais durent parfois réexporter les fourrures vers la Russie. À l’orée du xviiie siècle, ces circonstances menèrent à l’effondrement définitif de la traite des fourrures depuis la Baie de Chesapeake. L’intérêt que porte John C. Appleby à une activité mineure dans l’environnement colonial où elle prenait place pourrait paraître incongru. Pourtant, il n’en est rien et son ouvrage possède de nombreuses qualités qui méritent d’être …