Recensions

Jean-François Payette, Politique étrangère du Québec : entre mythe et réalité (Québec : Presses de l’Université Laval, 2020), 360 p.

  • Arnaud Chaniac

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  • Arnaud Chaniac
    Doctorant en histoire contemporaine
    Université de Nantes—France
    Université de Montréal—Canada

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Cover of Scandales et Silences, Volume 39, Number 1, Fall 2023, pp. 6-292, Cahiers d'histoire

Existe-t-il une politique étrangère du Québec ? Depuis la formulation de la doctrine Gérin-Lajoie (1965), prolongeant en affaires extérieures les compétences provinciales du Québec, on est tenté de penser que l’affaire est résolue. Seulement voilà : poser cette question, c’est aussi se demander si le Québec dispose, en partie au moins, de prérogatives régaliennes afférentes au fédéral—et, partant, des moyens de les honorer effectivement. Jean-François Payette propose ici, dans un ouvrage synthétique mais touffu, de définir les fondements juridiques et de caractériser les manifestations historiques de la politique étrangère québécoise. L’auteur en arrive à la conclusion ambitieuse que cette dernière n’existe pas, en dépit de quelques moments d’éclat et de la mise en place de représentations québécoises par-delà les frontières de la province. Louise Beaudoin, principale lobbyiste des affaires québécoises à Paris à partir des années 1980, souligne que la structure de l’état fédéral en est la principale cause dans une préface au livre—point de vue qui ne surprend guère, et qui a en effet une part de vérité. L’ouvrage, tiré d’une thèse de doctorat soutenue à l’université Lyon III, est divisé en six chapitres qui mêlent la théorie et l’histoire des relations internationales. Le premier pose des jalons conceptuels à propos de la politique étrangère dans les États fédérés. Jean-François Payette revient sur l’analyse réaliste des relations internationales pour souligner qu’elle pourrait disqualifier d’emblée l’idée d’une politique étrangère québécoise, puisqu’elle s’attache par définition à comprendre les relations entre États institués. Quoique dominant, le réalisme est une approche qui est aujourd’hui nuancée par des études portant sur la para-diplomatie. On peut la définir comme l’ensemble des moyens d’influence mis à la disposition d’acteurs pour faire rayonner une entité politique, et ce soit en marge de l’État, soit en marge de sa politique explicite d’affaires étrangères. C’est donc essentiellement cette para-diplomatie québécoise, en quête constante de légitimité au Canada comme hors du Canada, qu’explore ensuite Payette de manière chronologique. Un deuxième chapitre porte sur l’histoire des relations internationales du Québec de la Nouvelle-France à la Révolution tranquille, tandis qu’une section entière est consacrée aux années 1960—décennie qui marque, sans conteste, l’entrée de la Belle-Province sur l’échiquier des relations atlantiques. Un quatrième chapitre explore le flou constitutionnel qui permet à Québec la mise en place d’une politique de relations internationales davantage que celle d’une politique étrangère. Elle s’adosse au réseau des Délégations générales, et repose sur la signature d’accords bilatéraux de coopération culturelle, scientifique et technique. Enfin, l’ouvrage s’achève sur l’examen des cinq dernières décennies : le rôle de la France dans la reconnaissance du Québec en affaires internationales y est bien mis en valeur. Le désengagement cyclique de celle-ci envers la question québécoise, et ce au gré des mandats présidentiels, explique également le manque de reconnaissance internationale nécessaire à la para-diplomatie québécoise pour qu’elle s’érige en une véritable politique étrangère, légitimée par Ottawa. Jean-François Payette propose une synthèse convaincante de l’histoire de la politique étrangère québécoise, étayée par une importante contextualisation théorique. La littérature abordait jusqu’ici la question de l’existence internationale du Québec dans une perspective strictement québécoise ou encore dans un objectif politique. En outre, elle était souvent écrite par celles et ceux qui se battaient pour son existence—qu’il s’agisse des « Messieurs Québec » de la Ve République française, ou des hommes et femmes d’État québécois. Payette offre donc une mise au point rigoureuse et scientifique bienvenue, ouvrant sur la comparaison avec la politique étrangère de petits États ou d’autres entités subnationales (Länder allemands, Flandre, Catalogne). On apprécie également la manière dont Payette répond clairement par la négative à la question qui sous-tend l’ouvrage : il …