Comptes rendus

Dumas, Alexandre. Les quatre mousquetaires de Québec. La carrière politique de René Chaloult, Oscar Drouin, Ernest Grégoire et Philippe Hamel. Québec, Septentrion, 2021, 294 p.

  • Patrice Dutil

…more information

  • Patrice Dutil
    Université métropolitaine de Toronto

Access to this article is restricted to subscribers. Only the first 600 words of this article will be displayed.

Access options:

  • Institutional access. If you are a member of one of Érudit's 1,200 library subscribers or partners (university and college libraries, public libraries, research centers, etc.), you can log in through your library's digital resource portal. If your institution is not a subscriber, you can let them know that you are interested in Érudit and this journal by clicking on the "Access options" button.

  • Individual access. Some journals offer individual digital subscriptions. Log in if you already have a subscription or click on the “Access options” button for details about individual subscriptions.

As part of Érudit's commitment to open access, only the most recent issues of this journal are restricted. All of its archives can be freely consulted on the platform.

Access options
Cover of Les émotions dans l’histoire, Volume 76, Number 3-4, Winter–Spring 2023, pp. 1-278, Revue d’histoire de l’Amérique française

Qui dit que l’on n’écrit que l’histoire des vainqueurs ? Dans cet ouvrage, Alexandre Dumas analyse un échec retentissant dans l’histoire politique du Québec, celui du Parti national lancé en 1937 par cinq politiciens ambitieux et prometteurs, dont trois députés de l’Assemblée législative. C’est une histoire méconnue et Dumas tire son épingle du jeu habilement. Le contexte économique et politique du début des années 1930 est présenté avant que l’auteur ne s’intéresse aux quatre personnages principaux de son oeuvre. Tour à tour, il décrit l’itinéraire politique de René Chaloult, Oscar Drouin, Ernest Grégoire et Philippe Hamel. À ceux-ci s’ajoute un cinquième « mousquetaire » (l’expression est tirée des journaux de l’époque et non pas de l’imaginaire d’un auteur fort bien dénommé pour un tel livre), Adolphe Marcoux. À l’origine, les protagonistes sont tous membres du Parti libéral. Chaloult (1901-1978), natif de Québec, dans sa trentaine, est déçu par l’immobilisme du gouvernement d’Alexandre Taschereau face à la crise économique. Il se sent attiré par l’élan de Paul Gouin et de l’Action libérale nationale et appuie la nouvelle alliance de celle-ci avec le Parti conservateur du Québec, dirigé par Maurice Duplessis. Il se présente comme candidat pour l’Union nationale dans Kamouraska et est élu (1936) mais conclut que l’UN en pratique n’est qu’un triste cirque mené par un despote populiste. Impatient, il rompt avec Duplessis et, avec les autres mousquetaires, tente de lancer un nouveau Parti national (le premier remontait à l’époque d’Honoré Mercier) qui, lui aussi, ne sera qu’un espoir fuyant. Il reviendra donc au bercail libéral maintenant dirigé par Adélard Godbout et sera réélu. Chaloult aura changé d’étiquette politique quatre fois en quatre ans. Oscar Drouin (1890-1953) a été élu en 1928 en tant que libéral pour le district de Québec Est et réélu en 1931. Il se joint à l’Action libérale nationale et remporte l’élection (1935). Il se porte volontiers candidat pour l’Union nationale en 1936, et Duplessis le nomme ministre des Terres et forêts, mais les illusions le quittent très vite lui aussi. Ernest Grégoire (1886-1980), de son côté, était sans doute très connu. Avocat, il est élu maire de Québec en 1934 et 1936. Concuremment, il est élu à l’Assemblée législative en 1935 en tant que membre de l’ALN puis réélu l’année suivante comme candidat de l’Union nationale. Phillipe Hamel (1884-1954) est le plus âgé du groupe. Dentiste de son métier, C’est un fort orateur et entièrement voué à la nationalisation des compagnies d’électricité. Sa campagne le rapproche de l’Action libérale nationale et il sera élu durant l’élection de 1935 dans la formation de Paul Gouin. Il est réélu en 1936 sous la bannière de l’Union nationale mais, malgré sa popularité, est écarté du gouvernement Duplessis. Amer, il décide de l’abandonner. Le cinquième mousquetaire, Adolphe Marcoux (1884-1951), est médecin. Il gagne le siège de Québec-Comté en 1936 pour l’Union nationale. Il se joindra aux quatre autres, mais restera des plus discrets. Dumas décrit l’esprit politique qui anime ces mousquetaires. Pour eux, le Québec est en déroute. Contre les « trusts » qui exigent des sommes démesurées pour des services publics tels que l’électricité, ils sont inspirés non pas par le courant de gauche qui gagne une bonne part de l’Europe et de l’Amérique du Nord, mais par le programme catholique d’intervention proposé par Pie XI et l’Action catholique. L’accent nationaliste des mousquetaires est immanquable. C’est à travers les paroles et les gestes de ces cinq politiciens frustrés qu’une nouvelle parole nationalise s’ajoute au discours politique de la province. Le langage n’est pas celui de Duplessis. Les champions du Parti national s’attardent plutôt aux désirs et aux besoins …