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Le projet History of the Book in Canada/Histoire du livre et de l’imprimé au Canada, dirigé par Patricia Lockhart Fleming, est pour le moins ambitieux. L’objectif de ses directeurs est de structurer un nouveau domaine de recherche en histoire culturelle grâce à la publication de trois volumes présentant un survol de l’histoire du livre et de l’imprimé au Canada, des origines à nos jours. Le sujet est novateur et la manière dont ils l’abordent fait en sorte que ce champ d’études se trouve à la croisée de l’histoire culturelle, sociale, économique, intellectuelle et politique. La décision des directeurs d’adopter une perspective pancanadienne, leur souci de tenir compte des différences entre les villes, les régions, les groupes ethniques, les classes sociales et le genre ainsi que leur volonté de publier simultanément les versions anglaise (University of Toronto Press) et française (Presses de l’Université de Montréal) des volumes donnent une réelle envergure au projet.
Le premier volume de la collection est paru en 2004. Il portait sur la période précédant 1840. Le deuxième volume, dirigé par Yvan Lamonde, Patricia Lockhart Fleming et Fiona A. Black, est paru en 2005 et porte sur la période allant de 1840 à 1918. Il faut reconnaître d’emblée que le titre français, Histoire du livre et de l’imprimé au Canada, est plus explicite sur le contenu de l’ouvrage que le titre anglais, History of the Book. En effet, les nombreux chercheurs qui ont participé au projet se sont intéressés non seulement aux livres (manuels scolaires, études spécialisées, littérature, almanachs, brochures touristiques et ouvrages religieux), mais également aux journaux et aux magazines, aux documents officiels et aux illustrations.
Cet ouvrage aborde différentes facettes de l’histoire du livre et de l’imprimé. Il est question aussi bien des auteurs, de leur statut et de leurs droits que des lecteurs, de leur identité et de leurs pratiques de lecture. Les questions relatives à la production des imprimés et à leur distribution par l’intermédiaire de divers réseaux, des librairies et des bibliothèques publiques sont également abordées, tout comme l’influence de l’imprimé sur les identités, dont celles des Noirs et des Améridiens ainsi que sur celles des minorités linguistiques — pensons entre autres aux communautés allemandes, ukrainiennes, chinoises et françaises. Enfin, certains articles mettent en lumière l’importance de l’imprimé dans la construction d’une représentation de soi, dans la création de symboles nationaux et dans la vie civique.
Cet ouvrage est à la hauteur des ambitions de ses directeurs. Ces derniers nous offrent en effet un excellent survol de l’histoire du livre et de l’imprimé au Canada de 1840 à 1918. Une de leurs grandes réussites est de ne pas avoir fait disparaître la diversité des expériences vécues par les Canadiens sous une analyse trop englobante. Une question demeure toutefois : cette collection se veut-elle vraiment un point de départ pour la recherche ou constitue-t-elle plutôt un point d’arrivée ? Seul l’avenir le dira.