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Comment ne pas féliciter cette jeune maison d’édition, fondée en 1996, d’avoir pris l’initiative de publier la « correspondance générale » d’un aussi important personnage politique qui joua un rôle de tout premier plan sous le régime de l’Union des deux Canadas ? Il est prévu d’y consacrer trois tomes, dont le premier porte exclusivement sur l’échange épistolaire avec son grand et fidèle allié réformiste du Haut-Canada. Le combat que Louis-Hippolyte La Fontaine et Robert Baldwin menèrent pour promouvoir la cause d’un gouvernement colonial « responsable » scella une durable amitié entre eux.
Ce premier tome comporte une présentation analytique condensée et équilibrée de l’historien Éric Bédard qui précise bien la portée du contenu et l’intérêt historique que revêt l’échange de correspondance « entre les deux piliers du premier gouvernement de l’Union canadienne ». Malheureusement, le travail éditorial laisse à désirer quant à la fiabilité même de la version française qui nous est présentée. L’éditeur responsable, Georges Aubin, n’a pas jugé devoir soumettre au contrôle d’une expertise professionnelle la traduction française de Nicole Panet-Raymond Roy et de Suzanne Manseau de Grandmont, « léguée à la Société historique de Montréal ». Ce très productif compilateur de textes avoue candidement avoir assumé lui-même cette révision et « corrigé ici et là un certain nombre d’erreurs de lecture et des tournures incorrectes » (p. 19).
La fiabilité d’une traduction de documents historiques exige bien davantage que d’être conforme à des règles grammaticales ou stylistiques. Il importe surtout de posséder une bonne connaissance du contexte historique auquel réfèrent et renvoient les diverses informations contenues dans les textes pour pouvoir en saisir les subtilités, les significations plus ou moins explicites et en faire mention, au besoin, dans des notes infrapaginales. Or, loin d’être éclairé sur le sens à donner à maintes formulations vagues et parfois ambiguës, le lecteur est laissé à ses propres interrogations sur la valeur de la traduction elle-même.
Ayant pris soin de confronter le texte original de certaines lettres de Robert Baldwin avec leur traduction française dans la présente édition, je ne saurais en recommander l’utilisation pour fin de citation dans tout travail de recherche historique le moindrement sérieux. Fort heureusement, la « correspondance générale » des deux prochains tomes à paraître a été confiée à un traducteur expérimenté possédant une solide connaissance de cette période de l’histoire du Canada.