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Présentation
L’actuelle pénurie de main-d’oeuvre affectant plusieurs professions considérées comme des métiers relationnels, une pression s’exerce sur le volet pratique de nombreux programmes de formation afin de faciliter (voire d’accélérer) l’arrivée des étudiants sur le marché du travail. Malgré les contextes et les enjeux distincts de stages en travail social, en enseignement, en psychologie ou en soins infirmiers (pour ne nommer que ceux-ci), cet ouvrage s’attarde aux éléments convergents d’une formation pratique reposant sur des interventions auprès de divers publics (ou diverses clientèles) et se présente comme une ressource pouvant favoriser les apprentissages expérientiels des stagiaires. Les intentions sont de soutenir leur préparation à devenir de futurs professionnels, et de les aider à tirer profit de leur stage, ainsi que de la supervision offerte.
À cet effet, l’auteure distingue le stage (l’expérience vécue en milieu de pratique, moment lors duquel les acquis sont mis en oeuvre en situation réelle, au profit du développement de compétences professionnelles) de la supervision (l’intervention d’accompagnateurs). Parmi ces accompagnateurs, le superviseur désigne le formateur mandaté par l’institution d’enseignement, mais aussi parfois le praticien (ou expert terrain) accueillant le stagiaire dans son milieu. Ainsi, considérant la variété des dispositifs d’accompagnement en stage dans les programmes de formation collégiaux et universitaires, cet ouvrage au caractère fédérateur embrasse les dyades (stagiaire et superviseur-praticien) et les triades (stagiaire, expert terrain et superviseur institutionnel).
Au cours de dix chapitres, l’auteure s’adresse directement aux lecteurs potentiels que sont les stagiaires en formation dans des métiers aux enjeux relationnels, à l’exception du dernier chapitre destiné aux accompagnateurs de stage. La démarche d’apprentissage proposée comporte, entre autres, des contenus théoriques, des exercices et des conseils. À cet égard, plusieurs images, listes à cocher et tableaux jalonnent l’ouvrage dont l’impression couleur dynamise la lecture. En écho au point de vue professionnel de l’auteure et à son expérience, des mises en situation (ou vignettes) rapportent les propos de stagiaires ou d’accompagnateurs, donnant lieu à des études de cas et des réflexions à réaliser avant, pendant ou après un stage.
Dès le premier chapitre, l’auteure pose les bases de ce qu’est un stage, précise les rôles des différents acteurs et démystifie certaines croyances relatives à l’expérience pratique. Par la suite, le deuxième chapitre vient souligner l’importance de certains moments clés en début de stage (dont la première rencontre avec l’accompagnateur du milieu de pratique), en plus de mettre l’accent sur les tâches incontournables en stage, allant de la préparation à la réflexion. Le chapitre suivant vise à permettre au stagiaire de tirer profit de la supervision offerte, notamment en l’aidant à comprendre la pertinence de cet accompagnement, l’influence du climat d’apprentissage dans l’activité de supervision et la variété des modalités pédagogiques (notamment en ce qui a trait à la supervision de stage à distance) pouvant être mises en oeuvre dans les métiers relationnels.
Le quatrième chapitre se démarque par un changement dans le ton. On y retrouve différents modèles théoriques liés de près ou de loin aux stages : le cycle de l’apprentissage expérientiel de Kolb, l’analyse réflexive de Schön, le modèle d’apprentissage de Potvin, ainsi que le modèle théorique de l’apprentissage et de l’enseignement contextualisé et authentique de Freney et Bédard.
S’ensuit un chapitre sur le savoir-être en stage qui présente (sans expliquer comment les développer) des attitudes ou des schèmes relationnels que les stagiaires peuvent mettre en oeuvre, notamment en faisant preuve d’initiative et d’autonomie. Dans le chapitre six sur la communication, l’auteure met l’accent sur les interactions entre le stagiaire et les accompagnateurs du milieu de stage (ce qui ne correspond pas nécessairement aux interactions stagiaire-superviseur qu’on retrouve ailleurs dans l’ouvrage). Le chapitre sept porte sur le savoir-faire en stage, soit le savoir-agir qui correspondent à des actions professionnelles réalisées par les stagiaires dans les métiers relationnels, comme l’entrevue d’accueil, l’observation directe et les rencontres de suivi. Ces moments touchent l’analyse, la planification, l’organisation, l’animation et la communication relatives aux interventions en stage. On y aborde également l’éthique, sous l’angle des valeurs. Dans le chapitre huit, l’auteure se penche sur les difficultés rencontrées en stage : les émotions négatives, les relations conflictuelles et la désillusion. Cette fois, des suggestions sont fournies, bien que générales, pour aider les stagiaires à surmonter de tels défis et obstacles.
Rarement abordée dans les ouvrages du genre, la fin du stage constitue le thème du dernier chapitre s’adressant aux stagiaires. Il y est question de se préparer à mettre fin à la relation avec son public (ou sa clientèle) ainsi que les membres du personnel du milieu de stage, de la réalisation du bilan de fin de stage, de même que de l’évaluation de ce dernier. Enfin, l’ouvrage se conclut sur le chapitre à l’intention des accompagnateurs de stage avec des propositions d’actions, de stratégies et du matériel pédagogique pour, entre autres, animer les rencontres de suivi avec les stagiaires.
Point de vue
La spécificité des stages dans les métiers relationnels n’est pas abordée explicitement dans cet ouvrage, mais elle se retrouve dans le choix des exemples et du vocabulaire au fil des chapitres : savoir-être, communication, clientèle, relation harmonieuse, etc. Plus qu’un guide pratique, il s’agit d’un ouvrage de référence avec un souci pratique, proposant de brèves synthèses théoriques sur différents thèmes (dont certains atypiques). Toutefois, certains enjeux sont à peine couverts, notamment l’éthique, malgré son importance dans les métiers relationnels. Est-ce le reflet des connaissances scientifiques et pratiques à l’égard de la formation pratique dans les métiers relationnels ? La porte demeure ouverte. Enfin, un questionnement subsiste à l’égard du public cible de l’ouvrage. S’adresse-t-on aux stagiaires ou aux superviseurs (du terrain ou de l’institution) ? Si l’auteure cherche à fournir des repères aux étudiants en stage, le propos semble parfois plus d’intérêt pour les accompagnateurs. Les éléments de contenu plus théoriques retiendront-ils l’attention des stagiaires ? Tout dépend de son usage, mais avec une bibliographie ratissant plus large que d’autres ouvrages du genre sur la supervision et l’accompagnement en stage, ce livre apporte un vent de fraîcheur pour toutes personnes sensibles aux enjeux de la formation pratique dans les métiers relationnels.