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Un tout petit vent

parfois un oiseau transparent

découvre le ciel

la terre alors n’a plus le même poids

c’est un tout petit vent de rien

qui sépare la terre et le ciel

même si le soleil

venu d’osselets lointains

se déchire ignorant tout

de ce qu’il rapporte d’en bas

un jour je m’éveillerai

aux abords du mot lumière

une voix première

me livrant à la soif du monde

Pour saluer Luc Perrier (1931-2008)

qui ouvrira le coffre de votre voix

maintenant que le balancement des érables

moule votre corps

je voudrais faire ce geste de dénouer la mort

mais lente est la pluie que donne la nuit

lente la phrase qui libère la mémoire

je ne sais que faire de ce silence

qui vous touche

comme une pomme oubliée dans le pommier

j’entends se lever votre parole

à jamais en avance sur la nuit

je dis vous

pour la politesse des ombres

je dis          soyez le moulin de mon âme

dévêtu de la peur je vous imagine

écouter l’avancée du soleil sur les pierres

les mains pour toujours

plongées dans votre coeur