Abstracts
Résumé
Comment saisir le moment énigmatique où la vie réglée en société bascule dans un régime insurrectionnel, voire révolutionnaire ? Les explications rationnelles ou idéologiques semblent souvent insuffisantes pour appréhender les enjeux subjectifs et sensibles au coeur d’un passage à des formes d’action collective apparemment spontanées. Les Renards pâles de Yannick Haenel (2013) et Mathias et la Révolution de Leslie Kaplan (2016) représentent ce moment de rupture et de désorganisation de la vie quotidienne en accordant une large part aux ambiances. En analysant les différents pans selon lesquels celles-ci se déploient, ainsi que les stratégies narratives et les régimes descriptifs qui les donnent à éprouver, on voit que ces romans, loin de créer un simple décor au désir révolutionnaire, offrent une lecture des liens entre individu et collectif ainsi qu’une réflexion sur les articulations entre régimes affectifs et action, qui mettent en valeur le rôle déterminant du sensible dans la motivation politique.
Abstract
How to grasp the enigmatic moment when life regulated in society shifts into an insurgent, even revolutionary regime? Rational or ideological explanations often seem insufficient to apprehend the subjective and sensitive issues at the heart of a transition to apparently spontaneous forms of collective action. Les Renards pâles by Yannick Haenel (2013) and Mathias et la Révolution by Leslie Kaplan (2016) represent this moment of rupture and disorganization of daily life by granting a major part to ambiences. By analyzing the different aspects through which they unfold, as well as the narrative strategies and descriptive regimes that allow to share the experience, we see that, far from creating a mere backdrop for revolutionary desire, these novels offer a reading of the links between the individual and the collective, and a reflection on the articulations between affective regimes and action, which highlight the decisive role of the sensitive in political motivation.