Abstracts
Résumé
Les romans de Monénembo questionnent la mémoire et l’histoire tout en revendiquant leur caractère fictionnel et artistique. Chacun existe grâce à une proposition formelle qui récuse les identités figées et ne se résume pas au statut de discours d’escorte du réel. Le narrateur et la scène énonciative des fictions s’opposent à une réception qui définit la légitimité de la parole en fonction de l’origine de l’auteur. La création artistique agit sur son destinataire ; elle porte des enjeux politiques et historiques ; elle offre d’abord une expressivité dans la langue qui est un espace de liberté, où se construit le sens. Au coeur de l’oeuvre de Monénembo, cette force n’est jamais un miroir du réel mais ce qui « rend visible » (Paul Klee). Nous montrons comment cette oeuvre, par son originalité et sa diversité, participe à l’élaboration de l’« universel latéral » que Souleymane Bachir Diagne pose comme modalité indispensable du renouvellement du lien entre les cultures, les êtres et le passé : la fiction convoque, sans obligation référentielle, les ressemblances et les proximités, plutôt que les impossibilités à faire communauté.
Abstract
Monénembo’s novels question memory and history, while asserting their fictional and artistic character. Each exists thanks to a formal proposition that rejects fixed identities and is not reduced to the status of an escorting discourse of reality. The narrator and the enunciative scene of the fictions stand in opposition to a reception that defines the legitimacy of speech according to the author’s origin. Artistic creation acts on its recipient; it bears political and historical stakes; it offers first and foremost an expressiveness in language that is a space of freedom, the one where meaning is constructed. At the heart of Monénembo’s work, this force is never a mirror of reality, but what “makes visible” (Paul Klee). We show how the originality and diversity of Monénembo’s work contribute to the development of the “lateral universal” that Souleymane Bachir Diagne posits as an indispensable modality for renewing the link between the cultures, the beings and the past: fiction summons, without referential obligation, the similarities and the proximities, rather than the impossibilities of building community.