Abstracts
Résumé
Nous rapportons ici le processus collaboratif de construction d’une cartographie de conflits socio-écologiques associés à l’expansion de l’extractivisme au Québec et au Chili, développée dans le cadre du projet de recherche Resistaction[1]. Nous situons d’abord quelques repères théoriques principaux sur la cartographie participative et décrivons ensuite sommairement notre recherche, le contexte dans lequel elle s’inscrit et ses choix, nous attardant sur les particularités et les enjeux de la démarche cartographique réalisée. Quelques résultats préliminaires sont présentés et mis en évidence au regard des contextes des deux réalités étudiées. Finalement, nous abordons la signification du processus cartographique dans une perspective d’éducation relative à l’environnement socialement critique.
Mots-clés :
- cartographie participative,
- éducation relative à l’environnement,
- conflits socio-écologiques,
- extractivisme,
- recherche collaborative,
- Québec,
- Chili
Abstract
This article presents the context of the Resistaction collaborative research project, in which a participatory mapping process of socio-ecological conflicts has been initiated, documenting the expansion of extractivism in Quebec and Chile. Some main theoretical references are highlighted and the methodological options are briefly discussed, focusing on the cartographic elaboration process. Preliminary results in the two regions studied are presented, highlighting the particularities of these realities. Finally, the cartographic process is discussed, explaining its significance in a socially critical environmental education perspective.
Keywords:
- participatory mapping,
- socially-critical environmental education,
- socio-ecological conflicts,
- extractivism,
- collaborative research,
- Quebec,
- Chile
Resumen
Presentamos aquí el proceso colaborativo de construcción de una cartografía de conflictos socioecológicos asociados a la expansión del extractivismo en Quebec y en Chile, desarrollado en el marco del proyecto de investigación Resistaction. En primer lugar, exponemos algunos referentes teóricos básicos sobre el mapeo participativo y luego describimos someramente nuestra investigación, el contexto en el que se inserta y sus opciones, enfocándonos en las particularidades y desafíos del proceso cartográfico realizado. Posteriormente, mostramos algunos resultados preliminares relativos a los contextos de las dos realidades estudiadas. Finalmente, destacamos la significación del proceso cartográfico desde una perspectiva de educación ambiental socialmente crítica.
Palabras clave:
- cartografía participativa,
- educación ambiental socialmente crítica,
- conflictos socioecológicos,
- extractivismo,
- investigación colaborativa,
- Quebec,
- Chile
Article body
Cet article met en évidence le potentiel de la cartographie participative de conflits socio-écologiques comme stratégie d’éducation relative à l’environnement. La notion de cartographie participative apparaît dans les années 80, engendrant une véritable révolution dans le domaine de la cartographie (Palsky, 2013). Ce champ en pleine expansion englobe des pratiques très variées ayant en commun la prise en compte des connaissances et représentations citoyennes du territoire.
La cartographie participative, une démarche dialogique par et pour les acteurs locaux
La cartographie participative, ou la « cartographie sans cartographes » (Palsky,2010, p. 49), constitue à la fois un vaste ensemble de pratiques créatives et une critique des politiques et des normes cartographiques dominantes. Elle émerge comme une forme de contestation à une vision conventionnelle de la cartographie, qui questionne et soulève des enjeux épistémologiques et éthiques profonds reliés à ce domaine et propose des changements qui ébranlent les fondements et les pratiques, lui valant l’appellation de « contre-cartographie » (Peluso, 1995[2] ; Cooke, 2003, Piazzini Suárez, 2022) et de « cartographie indisciplinée » (Crampton et Krygier, 2010 ; Palsky, 2013). Cette approche cartographique, dont les principales notions associées sont présentées dans la Figure 1, contribue à contrer l’hégémonie des cartes officielles en « se libérant des limites académiques et en s’ouvrant à la population » (Crampton et Krygier, 2010, p. 86). En effet, comme le signalent Wood et coll. (2020), elle est destinée à déconstruire les conventions cartographiques et les systèmes sociotechniques qui les produisent.
Ce type de cartographie se propose de faire contrepoids aux visions et aux modes de production de cartes par des experts en provenance d’agences publiques ou privées, détentrices de l’information géographique, au service du pouvoir dominant, qui favorisent le contrôle et l’appropriation des territoires et des ressources. La cartographie participative se propose donc de renverser la vision imposée du territoire et le langage spécialisé des cartes, à travers des pratiques qui évoluent par le déploiement de procédés participatifs avec les populations locales ou mis en place par celles-ci. Elle apparait d’après Crampton et Krygier (2010), comme une forme d’« insurrection des savoirs » ; les rapports conventionnels de pouvoir-savoir à propos du territoire y sont questionnés.
Bien que les diverses pratiques de ce type de cartographie aient toutes comme fondement la dimension collective et participative, de même que l’appropriation du processus cartographique pour rompre avec l’hégémonie et le caractère colonial que l’on y associe, on constate néanmoins un gradient important en termes de visions sous-jacentes. La cartographie sociale, par exemple, met l’accent sur la compréhension qu’ont les communautés du territoire. Au-delà de l’identification des lieux physiques, elle vise à cerner et pointer les rapports socio-culturels et les tensions entre les acteurs qui habitent le territoire de sorte que « des liens sont établis avec les aspects éthiques, moraux, axiologiques et politiques de l’agir quotidien de ceux et celles qui participent au processus de cartographie » (Barragán Giraldo, 2016, p. 253). Ainsi, d’après Habegger, Serrano et Mancila (2006), la cartographie sociale est une proposition novatrice à caractère humanisant, qui met l’accent sur le territoire de vie (l’« espace vécu » d’Armand Fremond, 1976) et qui intègre les interactions et les dynamiques sociales et affectives favorisant l’appropriation des territoires par les communautés, consolidant leur sentiment d’appartenance
Avec l’émergence dans les années 90, de la cartographie critique [3], le caractère d’« insurrection » épistémologique, politique et éthique du processus proposé par la cartographie participative est davantage mis en évidence. Une telle cartographie prétend faire contrepoids aux cartes qui apparaissaient comme une forme d'exercice du pouvoir étant historiquement au service de l’appropriation des territoires par les empires favorisant via le discours cartographique, une reproduction de l'idéologie dominante (Harley, 2005). En déconstruisant la cartographie conventionnelle, la cartographie critique devient une stratégie de lutte et de transformation sociale par l’adoption d’une démarche collective, interactive et réflexive (Ortega, 2012). Le rôle des cartes est ainsi transmuté, accordant une grande importance au processus d’élaboration et à l’intégration des savoirs populaires, traditionnels et d’expérience qui, jusqu’à ce moment, n’étaient pas considérés par les experts cartographes. Sont également intégrés dans ces processus les savoirs associés à ce que Mignolo (2013) appelle la « pensée frontalière », une épistémologie émancipatoire qui émerge dans la créativité propre aux processus de lutte et de résistance, au cœur et à partir des territoires mêmes.
Une telle cartographie reconnaît la relation entre savoir et territoire, mettant en valeur les subjectivités des collectivités locales ainsi que les particularités polysémiques et multidimensionnelles du territoire, permettant à d’autres épistémologies et à d’autres rapports au monde et à la nature de sortir de l’invisibilisation (Pájaro et Tello, 2014). Il s’agit de favoriser la reconfiguration par les communautés - notamment rurales, périphériques et autochtones - de la territorialité des espaces habités (Barragán Giraldo, 2016).
Envisagé comme un processus de démocratisation, la cartographie critique permet la rencontre des concitoyen.ne.s, favorisant les échanges sur des réalités communes, améliorant la connaissance et la compréhension des situations vécues. Le partage et la mise en commun des savoirs convergent vers des décisions collectives permettant de définir les choix menant à la production des cartes. Les pratiques de la cartographie critique participent au dévoilement du réel tel que perçu et connu par les acteurs de cette réalité, favorisant une clarification des enjeux et des problèmes qui les affectent, et déployant le potentiel d’idéation de solutions et d’alternatives. D’après Palsky (2010), un processus de type « maïeutique » se déploie à travers le questionnement et la réflexion partagée, permettant de faire émerger des connaissances ou des ressentis à propos des territoires.
Par ailleurs, une telle cartographie permet de rompre l’individualisation des situations et l’isolement des citoyen.ne.s, qui se trouvent dans des contextes complexes, parfois à risque. Elle permet en effet une prise de conscience du fait que la situation vécue par chacun.e est associée à une réalité partagée par un plus grand nombre de personnes autour de soi. La contribution de telles pratiques à structurer un agir collectif pour l’investir dans le développement de projets territoriaux à visées émancipatoires est mis en évidence.
Le projet de recherche collaborative Resistaction : mise en contexte et choix privilégiés
L’intérêt pour la cartographie participative a pris forme au sein du projet de recherche collaborative Resistaction, qui s’est intéressé aux dimensions critique et politique de l’éducation relative à l’environnement dans les mouvances sociales contemporaines qui font face à l’expansion croissante des frontières extractives (Martínez Alier, 2014 ; Espinosa et Rodríguez, 2016 ; Svampa 2019 ; Villamil Velázquez, 2021 ; Pesa, et Ross, 2021). Ce projet s’est penché plus spécifiquement sur les réalités du Québec et du Chili, en explorant ces dimensions au sein des conflits socio-écologiques que l’extractivisme[4] génère et qui se multiplient actuellement de façon alarmante (Orellana et coll., 2020). Un accent particulier a été mis sur les processus territoriaux de dynamisation sociale qui se mettent en marche pour affronter les nouveaux scénarios qui menacent la qualité de vie des communautés, particulièrement présents dans le contexte de l’émergence et de la multiplication des « zones de sacrifice »[5] , [6]. Ces zones saturées de contamination industrielle sont caractérisées par de graves problèmes de santé publique. Elles présentent un environnement dévasté par l’effet combiné de substances toxiques et de destruction du paysage (Bolados García, 2016).
Le quotidien et les formes traditionnelles de vie des communautés dans ces contextes sont substantiellement altérés. Les droits reconnus par les conventions peinent à être respectés et sont souvent violés, affectant principalement les communautés rurales et autochtones (Aylwin, 2004 ; Yáñez et Molina, 2011 ; Muñoz-Duque et coll, 2020). Les citoyen.ne.s cherchent à répondre collectivement à l’inquiétude, à l’incertitude et à la colère que ces situations provoquent et à faire valoir leurs droits comme interlocuteurs légitimes à considérer dans la prise de décisions concernant leurs territoires (Orellana et coll., 2008 ; Batellier et Sauvé, 2011 ; Orellana et Marleau, 2015). Ces dynamiques marquent un « tournant écoterritorial » tel que Svampa (2019) qualifie ce processus en cours. Des réseaux d’action collective s’articulent et se mobilisent, arrimant les préoccupations et les impacts personnels aux questionnements et aux réalités collectives (Orellana et coll., 2008). Bien que les rapports de force vis-à-vis du système politico-économique soient très inégaux, la réalité témoigne d’une action sociale de contestation qui, malgré les obstacles souvent majeurs, se déploie souvent au-delà des localités et des régions directement affectées (Svampa, 2010).
Nos travaux, inscrits dans une perspective d’écologie politique, nous ont permis de constater le dynamisme des acteurs sociaux de ces mobilisations qui, collectivement, créent et mettent en œuvre diverses stratégies pour accéder et partager l’information, pour acquérir les connaissances et les compétences requises afin de répondre aux besoins de leurs luttes. On observe une diversité de formes d’expression et de manifestation, de même que de multiples stratégies de défense des territoires. Les constats font état d’un très vaste chantier d’apprentissage collectif d’ordre écosocial (Batellier et Sauvé, 2011 ; Orellana et Marleau, 2015 ; Sauvé, 2015 ; Brière et coll., 2022) qui se déploie à travers une appropriation collective des réalités, au croisement des regards, des savoirs et des expériences (Orellana, 2010 ; Orellana et Marleau, 2015 ; Wertheimer, 2013). Nous nous sommes particulièrement intéressés à ces dynamiques, qui se forgent dans la résistance et la résilience, à travers un processus complexe de dialogue de savoirs et de co-apprentissage ancrés dans les territoires, dans l’articulation de luttes qui génèrent une nouvelle forme de citoyenneté : une écocitoyenneté. Un processus de transformation personnelle et sociale se produit dans ce contexte (Walls et Heymann, 2004 ; Bolados García, 2016), autant au niveau des consciences, des conduites et des valeurs que du rapport des populations locales à leur territoire.
Selon nos observations, la notion d’intelligence territoriale citoyenne, mise de l’avant par plusieurs auteurs (dont Porto Gonçalves, 2009), prend une forme bien concrète dans ces contextes critiques, associée au processus émancipateur et de maturation politique qui y est favorisé. Les idéaux de démocratie politique, de justice environnementale et d’environnement sain apparaissent de moins en moins compatibles avec le modèle de marché dominant, qui est sérieusement remis en question. En effet, ces mouvances d’activisme sociopolitique et écologique font émerger et se consolider des aspirations à de nouvelles formes de vie démocratique qui soutiennent un rapport à l’environnement plus sain et plus respectueux. Ces processus sociaux ouvrent ainsi de nouveaux espaces de discussion et de réflexion sur des principes d’alternatives socio-écologiques qui se dessinent dès lors comme contrepropositions au néolibéralisme économique (Bolados García, 2016).
Tel qu’évoqué plus haut, nous avons analysé ces mouvances en nous penchant sur deux réalités culturelles contrastées : celles du Québec et du Chili, qui se caractérisent par un processus similaire d’expansion accélérée de l’industrie extractive – amplifiée par une vision technocentrique de la transition énergétique – et une multiplication importante de conflits écosociaux.
L’exploration de ces questions a été réalisée en nous appuyant sur une perspective interprétative et critique de recherche et sur des approches collaborative et ethnographique. Le processus de collecte de données s’est opéré via des entrevues, des rencontres de discussion et l’observation participante au sein des diverses initiatives déployées par les mouvements écosociaux au Québec et au Chili. Ces données nous ont permis de bâtir un répertoire de fiches descriptives des 71 cas de conflits socio-écologiques associés à l’extractivisme dans ces deux régions, et de produire sur cette base une cartographie des conflits. Nous avons eu recours à une diversité de sources et de stratégies[7], et nous avons construit le portrait des cas à travers un processus cyclique de rétro-alimentations continuelles et de validations (Figure 2).
L’exercice de repérage, de description et de décodage des conflits socio-écologiques s’est avéré laborieux et a dû relever le défi d’illustrer la complexité multiple des réalités étudiées : les dimensions historiques, socioculturelles et économiques, dont le développement de l’industrie extractive et ses impacts de divers types.
Inspirés par la stratégie de la cartographie participative, nous avons mis à contribution le processus de collecte des données adopté pour susciter et renforcer de telles dynamiques, à travers des espaces de réflexion et de discussion avec les acteurs des divers cas repérés, autant au niveau individuel, via les entrevues semi-dirigées, que par des rencontres de discussion de groupe avec les acteurs des cas de conflits. Aussi, depuis l’année 2020, le projet a organisé 13 rencontres socio-scientifiques (séminaires, tables rondes, conférences, ateliers) avec la participation des acteurs sociaux impliqués dans ces réalités et dans les dynamiques sociales suscitées, autant au Québec qu’au Chili. Ces événements ont contribué à clarifier collectivement ces réalités, à identifier les visions, les représentations, les besoins et les perspectives des acteurs sociaux. Par ailleurs, les observations de terrain ainsi que la participation de l’équipe du projet dans environ 80 événements (ateliers, colloques, séances d’étude, séminaires, etc.) organisés par les acteurs du milieu et portant sur les problématiques qui sont au cœur du projet Resistaction, ont contribué à bâtir les portraits des situations et ont guidé substantiellement la construction cartographique.
De l’élaboration d’un portrait des conflits socio-écologiques au Québec et au Chili à la construction d’une cartographie digitale
Les approches participative, systémique et itérative ainsi que la perspective de triangulation que nous avons adoptées, ont permis de mettre en marche un processus de construction cartographique qui visait à mettre en évidence la complexité des situations de conflit socio-écologique repérées. Il s’agissait par ailleurs, de proposer un outil pédagogique pouvant être mis à contribution dans les démarches de défense des territoires menées par les acteurs sociaux. La cartographie a tenu compte du portrait d’ensemble des réalités étudiées dans deux contextes géographiques et culturels différents, qui découle de la collecte des données, dont les particularités sont sommairement présentées ici.
Au Québec, la multiplication des conflits socio-écologiques est marquée par un boom extractif, associé en premier lieu, au Plan d’Action Nordique (2020 – 2023) et à ses prédécesseurs, le Plan Nord de 2011 et de 2015, qui visent le développement du territoire nordique québécois, riche en ressources et en grand partie vierge et peu peuplé (Vincent, 2011). Ce plan fut vivement critiqué par la société civile et par plusieurs organisations autochtones, mais il a été repris par les gouvernements successifs (Rodon et Therrien, 2017).
Plus récemment, ce boom a été alimenté par les politiques associées à la transition énergétique québécoise[8], qui visent notamment l’électrification des transports. Ceci a provoqué un engouement envers l’exploitation des minéraux stratégiques (graphite, zinc, nickel, titane, lithium, entre autres) nécessaires à la production de batteries électriques. Ces projets se concentraient particulièrement dans les régions administratives connues comme « régions ressources », où l’extraction de matières premières à des fins d’exportation est reconnue comme la base de l’économie (MEI, 2019, Fournis et Fortin, 2015). Actuellement, des régions traditionnellement associées à l’agriculture, au récréotourisme et à la villégiature, se trouvent également affectées par l’expansion extractive (Merino, 2020). Mais en réponse, des mouvements de contestation sociale émergent et les conflits se sont multipliés. Les mobilisations autour du développement de l’industrie du gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent, des projets de gazoducs traversant le Québec et de la fonderie Horne en Abitibi-Témiscamingue, illustrent bien cette mouvance.
Nous avons cartographié 25 cas de conflits socio-écologiques[9] touchant 1es 17 régions administratives du Québec (voir la figure 3). Ces cas sont reliés à l’expansion minière (17) pétrolière (3), gazière (3), forestière (1) et hydroélectrique (1) Des 25 conflits identifiés, 14 affectent des territoires autochtones « reconnus ».
Au Chili, la contestation sociale s’est accrue et a éclaté massivement en octobre 2019, liant aux préoccupations sociales des questions environnementales cruciales comme la situation critique de l’eau, la dévastation forestière et les zones de sacrifice, soulevant publiquement les critiques à la multiplication des projets extractifs (Maillet et al, 2019 ; Allain, 2019 ; INDH, 2016). Berceau du modèle néolibéral (Moulián, 2002), l’État chilien soutient un système de marché[10] favorisant l’appropriation des ressources naturelles par les entreprises privées.
Nous avons cartographié 46 cas de conflits socio-écologiques affectant 13 des 16 régions administratives (voir la Figure 4) ; Parmi eux, 23 sont liés à l’industrie minière, dix sont associés à des projets hydroélectriques ou électriques, trois ont pris racine dans des projets liés à l’industrie forestière ou agricole intensive, deux sont associés à des projets de centrales au charbon, un est relié à un projet gazier et un projet à la pisciculture intensive. Nous avons aussi cartographié six « zones de sacrifice » qui s’étalent dans le littoral chilien, désormais reconnues comme telles à cause de l’état de saturation en contaminants et de toxicité extrême. Au Chili, le concept de zone de sacrifice a été adopté par le mouvement de justice environnementale dans les années 2010, notamment pour qualifier la zone pluri-industrielle de Quintero-Puchuncaví, surnommée « le Tchernobyl chilien »[11].
Il est à noter que 16 des 46 conflits recensés impliquent des intérêts canadiens à différentes échelles. Certains projets extractifs sont propriété intégrale d’entreprises minières canadiennes, alors que d’autres ne le sont qu’à 20 % ou 50 %.
Les cartes produites, comme illustré par la Figure 5, permettent la visualisation d’un grand nombre d’informations sur les risques et les impacts des projets industriels à multiples échelles, tant géographiques (locale, régionale et globale) que temporelles (historiques ou contemporaines ; ces informations sont utiles à des fins d’éducation citoyenne critique concernant les problématiques associées à l’extractivisme. Une base de données cartographiques, construite à partir des informations compilées dans les fiches descriptives de chaque cas de conflit, a servi de structure logique pour l‘organisation des données collectées. L’équipe a par la suite procédé à la collecte d’un grand nombre de données géospatiales (voir Tableau 1) concernant les projets extractifs à la source des conflits ainsi que sur les communautés, les territoires et les écosystèmes affectés.
Une attention particulière a été portée aux territoires autochtones revendiqués, reconnus et traditionnels. Ces données ont été visualisées et traitées à l’aide du logiciel ouvert de géomatique Quantum GIS (ou QGIS) qui permet la triangulation des sources à des fins d’analyse. L’utilisation de tels logiciels facilite la création rapide de cartes, en format digital ou imprimé, permettant la visualisation de résultats préliminaires et favorisant ainsi la mobilisation des connaissances des acteurs locaux.
La participation des acteurs de la mobilisation sociale a été décisive pour la sélection des données cartographiques pertinentes pour chaque conflit, l’inclusion de nouvelles données (cartes, éléments à géolocaliser, géolocalisations) et l’analyse des résultats préliminaires. Des expéditions d’interprétation territoriale à des fins de collecte de données géolocalisées réalisées par des membres de l’équipe et des acteurs locaux ont contribué également à ce processus. Finalement, les résultats de l’analyse collective ont été développés sur des cartes interprétatives en ligne, utilisant la plateforme ArcGIS online Experience Builder.
Au travers de ce processus, nous avons produit :
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deux cartes globales des conflits socio-écologiques sur les territoires du Chili et du Québec, constituées de couches de données géoréférencées et des informations systématisées des fiches de conflits, proposant une vision d’ensemble de la situation de conflictualité ;
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des cartes illustrant chacun des conflits à l’échelle régionale ou à partir des bassins versants, intégrant des ensembles de données sélectionnées sous forme de couches géomatiques thématiques pour illustrer les différentes dimensions socio-écologiques pertinentes de chaque conflit ;
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des cartes politiques des territoires autochtones au Québec et au Chili.
La méthodologie mise en place par le projet Resistaction, élaborée de manière itérative et adaptative, s’inscrivait dans un processus d’apprentissage collectif. La stratégie de la cartographie participative s’est articulée en cours de projet. L’intention initiale d’avoir recours à la cartographie consistait uniquement à donner un portrait d’ensemble des conflits, sans pour autant investiguer de manière concertée les relations entre les différentes dimensions ajoutées au fil du projet (dont les titres autochtones et les bassins versants). Bien que la méthodologie adoptée ait montré sa capacité de construire des portraits compréhensifs des situations de conflits recensées, elle comporte des limites au regard des principes de la cartographie participative, notamment en ce qui concerne l’accessibilité. En effet, les outils cartographiques mis à contribution dans le projet nécessitent une connaissance de logiciels complexes, ce qui limite la possibilité des acteurs de contribuer directement à la création de matériel cartographique. Toutefois, le processus global de recherche mis en place a favorisé l’apport des acteurs des milieux concernés. Entre autres, il a été ainsi possible de creuser la relation entre la dispersion spatiale des impacts, leur effet cumulatif et les vulnérabilités socio-économiques déjà présentes dans les territoires. Aussi, avec la contribution des acteurs, nous avons pu explorer sur le terrain les manifestations du phénomène de « zone de sacrifice » et les dynamiques socio-écologiques qui l’ont généré. Par ailleurs, le processus cartographique a permis de mettre en lumière les déséquilibres de pouvoir actuels ou historiques dans la gouvernance environnementale et les enjeux territoriaux. Il a par ailleurs, favorisé la prise en compte des besoins locaux en matière de diffusion et d’éducation critique.
Potentiel pédagogique de la cartographie participative en éducation relative à l’environnement
Le processus participatif d’élaboration de cartes implique la convergence des personnes qui partagent un même contexte pour élaborer un cadre commun de travail méthodologique (théorique et pratique). Dans le cas du projet Resistaction, ce processus a été ajusté et vécu avec les limites du contexte global de ce projet, considérant entre autres, l’ampleur territoriale de notre étude.
Les personnes participantes à un tel processus étudient ensemble la réalité partagée, la redécouvrent, la « déchiffrent », l’analysent, la réfléchissent collectivement, ce qui dans notre cas, a pu être réalisé à travers un ensemble de moments de partage, de discussion et de réflexion lors de rencontres, de séminaires et tables rondes notamment, intégrant divers membres des organisations citoyennes impliquées dans les conflits socio-écologiques associées à l’expansion extractive, autant au niveau local que régional et aussi, des membres de la communauté de recherche qui se penchent sur ces réalités de conflit au Québec et au Chili[12]. Le regard sur les territoires a été ainsi discuté, reconstruit et réinterprété.
Ces moments ont favorisé la convergence de différentes façons d’appréhender le monde et ses représentations par l’entremise du vécu des participant.e.s et de l’expérience collective sur le territoire-contexte cartographié. Cette forme de réappropriation de la réalité a permis également de mettre en évidence l’histoire, les imaginaires sociaux et l’esprit des lieux. Ces contextes ont par ailleurs favorisé l’articulation et le partage de postures argumentées, utiles pour mener un débat solide sur des questions territoriales (Bolados García et Sánchez Cuevas, 2017 ; Sauvé, 2013 ; Orellana et coll. 2008).
Le repérage des situations de conflit a mis à contribution l’exercice de la mémoire et le récit des trajectoires individuelles et collectives, permettant de mieux cerner les enjeux, les problèmes et aussi les possibles transformations. En effet, l’approche herméneutique privilégiée a favorisé « une meilleure compréhension des situations depuis la perspective des sujets et du contexte dans lequel se retrouvent ces derniers » (Ameigeiras, 2009, p. 38) permettant également de construire des interprétations validées collectivement. Les processus ainsi conçus donnent lieu à la construction sociale de sens et à l’émergence d’un nouveau savoir à intégrer dans les cartes construites collectivement.
La cartographie participative apparaît dans ces contextes, comme un outil permettant la production d’un savoir dialogique, d’une « écologie de savoir » (Sousa Santos, 2017) « qui s’ouvre à une diversité de façons de connaître et d’expérimenter les territoires, dépassant la logique de la cartographie conventionnelle » (Montoya Arango et coll., 2014, p. 192). C’est un contexte propice pour repenser entre autres, les concepts de territoire et de territorialité, de lieu et de sens du lieu, et d’identité territoriale.
Les approches diachronique (étalement de la temporalité), holistique (regard d’ensemble) systémique (interaction complexe des dynamiques écologiques et sociales) et inclusive (participation d’une diversité d’acteurs) adoptées dans le cadre du projet Resistaction, ont été particulièrement appropriées pour favoriser la collaboration et la construction d’un portrait global et intégré des réalités. Aussi, ces choix ont contribué à visibiliser sur la scène publique, à travers une diversité d’initiatives, les connaissances et les lectures de la réalité des acteurs sociaux.
La cartographie participative apparaît dans ce contexte comme une stratégie appropriée pour interroger les implications éthiques et politiques de la cartographie et ses liens avec les interprétations du territoire et du comportement des divers acteurs dans celui-ci. Elle permet la réappropriation des réalités par les acteurs locaux, ouvrant des espaces de sensibilisation qui favorisent une réflexion approfondie sur les réalités, au croisement des savoirs de divers types, et permettant une lecture plus lucide de celles-ci, de même que la construction de récits critiques, contextualisés dans les vécus des acteurs sociaux. Ceci renvoie à l’apprentissage et au développement de compétences dans l’action sociale que Sauvé (2007, 2009, 2013) souligne dans ses travaux. L’identification des enjeux par les acteurs et l’expression de leurs préoccupations, tel que considérées dans le processus de production cartographique, créent des conditions pour une prise de décisions plus appropriées et significatives.
De telles démarches, ancrées dans les territoires, constituent une véritable révolution épistémique et un apport stratégique pour la revendication et la défense des droits territoriaux, en plus de participer à la transformation des pratiques et au changement social. Elles s’inscrivent dans ce que Porto Gonçalves (2009) et Leff (2014) appellent un « mouvement de ré-existence ». Celui-ci correspond à une forme de (re)construction du rapport au monde. Les perspectives heuristiques d’une telle cartographie peuvent en effet être déployées et favorisées par la créativité et l’imaginaire des collectivités.
La cartographie participative est abordée comme une stratégie pédagogique novatrice d’apprentissage par les pairs qui se construit de façon collaborative avec et par les citoyens, en s’appuyant sur des multiples outils de la cartographie digitalisée et sur des méthodes technoscientifiques qui permettent de stimuler et de déployer une ontologie de la diversité. Les personnes impliquées dans ces processus apprivoisent une diversité de techniques et d’outils de géo-référenciation comme le GPS ou les systèmes d’information géographique (SIG), se les approprient et apprennent à maîtriser ces nouvelles façons d’exprimer le territoire. De multiples dispositifs peuvent être utilisés comme outils de création et de support graphiques et visuels qui sont mis à contribution pour développer des dynamiques de socialisation, de réflexion et de débat.
À l’aide de divers supports visuels, les problématiques les plus critiques du territoire sont rendues visibles en identifiant les responsabilités, en réfléchissant à leurs liens avec d'autres dimensions de la réalité et en indiquant leurs impacts. Cette approche est mise de l’avant en complémentarité avec le regard rétroactif porté aux expériences et aux espaces d'organisation et de transformation, afin de tisser un réseau de solidarité et d’affinités. (Iconoclasistas.net)
La cartographie participative peut être envisagée comme une stratégie pédagogique d’ERE dans divers milieux et contextes et auprès de publics variés. Ses approches pédagogiques privilégiées (coopérative, holistique et systémique, réflexive et critique, interdisciplinaire et de dialogue de savoirs) peuvent être adoptées en complémentarité les unes aux autres, permettant de mener un processus riche qui favorise la construction de savoirs et renforce le protagonisme chez les participants.
Abordée comme méthodologie de recherche collaborative ou de recherche-action collaborative à propos des conflits socio-écologiques, la cartographie participative peut mener au développement d’un processus d’éducation et de formation relatives à l’environnement pour les collectivités, se transformant en stratégie pédagogique puissante. En effet, elle ouvre des perspectives permettant une connaissance et une compréhension approfondies des conflits, de la configuration des territoires et des tensions entre les divers intérêts et pouvoirs.
Les ateliers de cartographie participative ont également été perçus comme une façon de promouvoir les savoirs, les compétences locales et les liens au territoire souvent ignorés, inconnus ou méprisés et qui sont mobilisés dans la défense des territoires en contexte de conflit. La vitalité de ces savoirs et la diversité épistémique sont ainsi révélées au regard de la colonialité dominante des rapports de pouvoir-savoir-être dont sont porteurs les projets extractifs.
La cartographie participative permet de générer des espaces qui favorisent une autre façon de construire les connaissances à partir de l’hétérogénéité épistémologique existante dans les territoires. L’idée de communauté d’apprentissage (Orellana, 2010) trouve ici tout son sens. C’est la réalisation de la « sociologie des émergences » explicitée par De Sousa (2017), qui met en évidence l’horizon des possibilités (le potentiel) et des capacités (la puissance) lorsqu’on s’ouvre à un éventail large de savoirs, de pratiques et d’acteurs sociaux en y associant la conscience citoyenne émergente, insurgée, qui conteste le mépris du savoir expérientiel (Ibid.). Il s’agit d’un horizon qui repose sur une éthique du soin où s’entrecroisent les solidarités multiples, qui permet d’envisager l’espoir d’une utopie.
En contexte de conflits socio-écologiques, ces perspectives contestatrices et non conformes peuvent trouver dans la cartographie participative une voie qui permet le déploiement d’une écologie des savoirs (Ibid.) par la reconnaissance du patrimoine d’expériences et de savoirs permettant de co-construire une connaissance significative et utile et qui favorise aussi un cheminement d’émancipation. De tels processus sont enracinés dans la diversité de trajectoires socio-historiques territoriales des communautés affectées par les déploiements extractifs et dans leurs perceptions des conflits. La cartographie participative favorise également une clarification collective des multiples vulnérations et impacts sur les écosystèmes et sur la qualité de vie des communautés locales de l’extraction industrielle des biens communs dans leurs territoires. L’hétérogénéité des voix est ainsi mise en commun dans une dynamique de socialisation vers l’identification et l’articulation d’un agir commun. Ceci donne lieu à une maturation politique, à l’émergence d’une intelligence collective territoriale qui peut être mise au service de la négociation de revendications et de demandes de la part des communautés et aussi, d’un processus de convergence des expectatives sociales de transformation.
Les processus de cartographie participative des conflits socio-écologiques, développés dans une perspective d’ERE, deviennent une invitation à repenser notre identité écologique dans le contexte de disputes territoriales et de critique du modèle extractiviste dominant. Ils mettent à l’agenda les demandes de participation et de respect de droits politiques exprimées par les mouvements sociaux, qui exigent que leurs voix soient reconnues et prises en compte dans les décisions qui concernent le développement local et que leurs droits territoriaux environnementaux soient respectés. Ceci renvoie au droit à la « reexistence » (Porto-Gonçalvez, 2006), évoqué plus tôt, à l’écocitoyenneté critique et à la reconstruction identitaire. La cartographie participative se transforme par conséquent en une stratégie pédagogique qui ouvre de nouveaux espaces de réflexion sur les réalités socio-écologiques partagées et sur la protection des biens communs, contribuant à donner sens à la notion de justice écologique comme resignification des questions environnementales. Elle présente un énorme potentiel d’apprentissage écosocial permettant en particulier de générer de nouveaux débats sur les réponses à apporter au modèle politico-économique dominant, porteur d’injustices sociales et écologiques.
Appendices
Notes
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[1]
Projet Resistaction – Les dimensions critique et politique de l’éducation relative à l’environnement en contexte de conflit socio-écologique et leur apport à l’émergence d’alternatives (2018 – 2023), financé par le programme Savoir du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada-CRSH. https://resistaction.uqam.ca/la-recherche/
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[2]
Ce fut Nancy Peluso qui a articulé ce concept en 1995, pour décrire les stratégies de production de cartes mises de l’avant par les communautés de la forêt Kalimantan, en Indonésie, pour contester la cartographie forestière officielle qui portait atteinte aux intérêts des communautés locales et aussi, pour protéger les revendications de celles-ci (https://fr.abcdef.wiki/wiki/Counter-mapping).
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[3]
Le courant de la cartographie critique est associé aux travaux sur l’éthique de la validation cartographique de John Brian Harley (1990, 1991), qui met en évidence le manque de débat, de recul, de réflexion critique sur les données utilisées par les cartographes et l’approche instrumentale et technocratique privilégiée sans égard aux enjeux ou conséquences sociales des cartes produites.
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[4]
D’après Gudynas (2015) et Monange et Flipo (2019), entre autres, ce concept fait référence à une extraction industrielle massive qui implique une appropriation des ressources naturelles avec une visée d’exportation,
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[5]
Ce concept s’articule initialement vers la fin des années 40 dans le domaine de la géographie physique critique, dans le contexte de la Guerre Froide, en lien aux zones rendues inhabitables par la radioactivité associée aux activités nucléaires (Holifield et Day, 2017; Lerner, 2010).
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[6]
D’après Svampa et Viale (2014, p. 8), le concept de zone de sacrifice émerge de la dévalorisation d’autres formes de vie et de production différentes de celles de l’économie dominante.
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[7]
Le processus de collecte de données a été étroitement arrimé à l’agenda des activités et des initiatives des acteurs des mouvements sociaux et a été enrichi par la participation des collaborateurs de recherche en provenance d’organisations citoyennes des deux régions étudiées.
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[8]
Plan directeur en transition, innovation et efficacité énergétiques du Québec 2018-2023, https://transitionenergetique.gouv.qc.ca/fileadmin/medias/pdf/plan-directeur/TEQ_PlanDirecteur_web.pdf#page=136) - Plan pour une Économie verte 2030, https://www.quebec.ca/gouvernement/politiques-orientations/plan-economie-verte - Plan québécois pour la valorisation des minéraux critiques et stratégiques 2020-2025, https://www.quebec.ca/gouvernement/politiques-orientations/plan-quebecois-valorisation-mineraux-critiques-strategiques
-
[9]
Respectant le critère de temporalité adopté pour le repérage des cas de conflit dans les deux régions étudiées, nous avons retenu les cas actuels ou récemment terminés (environ 2 ans), et les conflits emblématiques, même si terminés depuis plus longtemps.
-
[10]
Ce système a été institutionnalisé en 1980 par la Constitution chilienne adoptée par le régime de dictature militaire d’Augusto Pinochet (1973-1990) et consolidé par les gouvernements postérieurs de « démocratie pactée » (Moulián, 2002). Malgré les indices macro-économiques, des iniquités profondes se sont creusées.
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[11]
C’est l’une des premières zones à avoir été reconnue comme zone de sacrifice présentant un état de contamination irréversible qui affecte gravement la santé des populations, même au niveau génétique, d’après de récentes études (Madrid et coll. 2022).
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[12]
Notamment, dans le cadre de recherches collaboratives ou de recherches-action avec la participation des communautés affectées par les conflits.
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