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Cet ouvrage reprend les travaux d’une conférence internationale organisée le 13 novembre 2015 par le Center for International Relations Studies (cefir) du Département de science politique de l’Université de Liège. Il s’inscrit dans la réflexion que poursuit ce Centre sur le regain d’importance des organisations régionales dans les relations internationales de l’après-Guerre froide.
Cette conférence a réuni vingt-deux spécialistes, pour un bon nombre venus d’universités belges et françaises, mais aussi des universités du Panama et du Rio Grande (Brésil), de Yaoundé (Cameroun), de Lubumbashi et de Kisangani (Congo-rdc), de la China Jiliang University (Chine), de l’Université nationale de Colombie, de l’Université du Québec à Montréal et de celle de Genève. Leurs contributions font d’abord l’objet de quatre parties consacrées à l’Asie, à l’Amérique, à l’Afrique et à l’Union européenne. Chacune commence par un chapitre qui s’interroge sur la place des organisations de la région dans la gouvernance mondiale et sur leur reconnaissance par les instances multilatérales telles que l’Organisation des Nations unies (onu) ou l’Organisation mondiale du Commerce (omc). Les chapitres suivants présentent ces différentes organisations. Pour l’Asie, c’est l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (asean) et l’Organisation de Coopération de Shanghai (ocs) ; pour l’Amérique le mercosur ; pour l’Afrique, l’Union africaine et la Communauté économique des États d’Afrique Centrale. Pour l’Union européenne, l’approche est un peu différente. Après le projet d’Union économique eurasiatique, il s’agit de la place de l’énergie dans la régionalisation de l’Europe, de la pénétration turque dans les Balkans, enfin de la cohésion économique et sociale aux différentes étapes de l’Union européenne.
On apprend beaucoup de choses sur toutes ces organisations régionales dont certaines sont bien peu connues (par exemple l’ocs) et qui ont toutes une histoire et une ambition bien particulières. On apprend beaucoup sur leur activité et sur leur évolution, comme sur leur contribution à l’ordre international. On s’étonnera quand même que la dimension monétaire de certaines expériences n’ait pas été prise en compte. En Afrique la ceeac est aussi une Communauté économique et monétaire (la cemac) et il y a aussi l’Union économique et monétaire ouest-africaine (uemoa). Enfin comment parler de l’Union européenne sans considérer qu’elle regroupe des pays qui ont abandonné leur propre monnaie pour utiliser tous la même ? Mais on dira que cette manifestation était organisée par un Département de science politique ; elle n’a réuni que des spécialistes de cette discipline, donc naturellement aucun économiste.
La dernière partie se situe davantage au niveau global. Elle examine le développement de projets dits « de méso-mondialisation ». Ce sont notamment le Traité transatlantique (ttip) négocié entre les États-Unis et l’Union européenne, et le Partenariat transpacifique (tpp) qui concerne quinze pays, du Canada à la Nouvelle-Zélande ; c’est l’initiative « une ceinture, une route » qui vise à donner une nouvelle impulsion à la coopération entre la Chine et l’Union européenne. L’ouvrage se termine avec deux derniers chapitres sur les liens de coopération entre l’Union européenne et l’Asie d’une part, l’Union européenne et l’Amérique latine d’autre part. Le développement de ces méga-blocs régionaux, comme celui des associations transrégionales ou des coopérations interrégionales contribuent à façonner l’ordre mondial en inventant de nouvelles règles et de nouvelles normes. L’ouvrage montre bien le conflit entre la concurrence et la coopération. Il est remarquablement illustré par cette déclaration de Barak Obama à l’occasion des négociations sur le tpp et que cite le directeur de l’ouvrage : « Nous ne pouvons pas permettre à des pays comme la Chine de dicter les règles du commerce international. C’est nous qui devons écrire ces règles ». Tout est dit !