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Ce livre tente de dresser un bilan des occasions qui s’offrent à l’Afrique depuis que la compétition pour ses matières premières en a fait monter la valeur. Depuis la fin du 20e siècle, les États-Unis, la Chine, l’Inde et d’autres pays émergents se sont progressivement ajoutés à l’Europe pour exploiter minerais, pétrole et terres agricoles en Afrique. L’Afrique du Sud est aussi de plus en plus présente sur le continent. Assistons-nous à une nouvelle colonisation ou à une renaissance de l’Afrique ? La question est peut-être prématurée et la réponse n’est ni simple ni claire, mais l’auteur en rassemble des éléments.
Il commence par souligner la rivalité entre la Chine et les États-Unis en Afrique. Il souligne aussi la surenchère pour les ressources naturelles de ce continent. Il examine ensuite les investissements pour extraire et transporter le pétrole du Soudan et du Tchad, et la situation économique de la Zambie depuis que la Chine y exploite les réserves de cuivre. La Zambie réussira-t-elle à éviter la malédiction liée aux richesses naturelles dont on reparlera dans un moment ? Enfin, un chapitre s’intéresse à la téléphonie mobile, qui facilite énormément les transactions dans l’économie africaine. On remarque que l’Afrique possède d’immenses gisements de coltan, nécessaire à la production des téléphones mobiles. Cependant, elle ne produit que très peu de ces appareils et ne les conçoit pas ; elle ne fait que les utiliser.
En tant que source de matières premières, l’Afrique souffre de divers maux et faiblesses que distingue l’auteur. 1) Ses gouvernements ne sont pas toujours en mesure de vendre leurs ressources naturelles à leur valeur réelle. Leur pouvoir de négociation est souvent faible, ne serait-ce que parce que les infrastructures pour l’exploitation et l’exportation des ressources ne sont pas en place. 2) Les prix des ressources naturelles sont volatils et ces ressources sont épuisables. 3) La demande de ces ressources peut entraîner une réévaluation de la devise locale qui ruine la possibilité d’exporter autre chose. C’est ce qu’on appelle la maladie hollandaise. 4) Les revenus provenant des ressources naturelles donnent aux gouvernements des moyens qui les rendent indépendants des contribuables, leur permettent de rester en place contre la volonté populaire et les incitent à y demeurer pour profiter d’une situation de rente ou de diverses formes de corruption. Des conflits armés peuvent s’ensuivre entre groupes prétendant occuper cette situation. C’est ce qu’on appelle la malédiction des ressources naturelles. 5) Les conflits armés peuvent impliquer des forces étrangères désireuses de profiter des ressources naturelles du pays. Ils risquent donc de déstabiliser tout le continent. 6) Les revenus provenant de l’exportation des ressources naturelles ne sont pas seulement distribués de façon très imparfaite, ils sont aussi placés à l’étranger. Sont donc exportés à la fois les ressources et les profits qu’on a pu tirer de leur exportation. 7) Il en résulte que l’exploitation des ressources naturelles demeure un secteur enclavé qui ne profite pas au développement national.
L’intervention de la Chine en Afrique occupe une part importante de ce livre, et ce n’est pas seulement parce qu’elle apparaît la rivale des États-Unis. Ainsi, la Chine laisse voir des comportements singuliers dans sa quête de matières premières. Elle construit des infrastructures pour l’exploitation et l’exportation de celles-ci, infrastructures qui sont parfois mieux adaptées au pays où elle opère que ne le sont les infrastructures de ses concurrents. Ses investissement semblent à long terme indépendants de la conjoncture, en fonction des projets d’une économie étatique et planifiée, voire impériale. La Chine n’attache pas à ses investissements des conditions qui contrarieraient les gouvernements locaux. C’est souvent un avantage, mais elle se montre tolérante vis-à-vis des dictateurs ou kleptocrates locaux. Les entreprises chinoises imposent aussi des conditions particulièrement dures à leur main-d’oeuvre locale, mais on soupçonne que cette critique comme la précédente sont amplifiées par une propagande occidentale. La Chine introduit des biens manufacturés utiles et bon marché en Afrique, mais ruineux pour les industries locales. Pour contrer la critique qui s’ensuit, elle peut créer localement des manufactures, notamment dans des zones économiques particulières. Elle exploite directement des terres agricoles africaines plutôt que d’acheter des biens agricoles produits sur le marché local. On pourrait continuer l’énumération, mais arrêtons-nous ici.
Un dernier chapitre conclut cet ouvrage par deux considérations. La première traite de l’impact de la crise actuelle sur la croissance en Afrique. La seconde envisage l’avenir de cette croissance. La difficulté sera de mobiliser les capitaux africains, qui fuient actuellement à l’étranger, pour développer et diversifier l’industrie locale, et échapper ainsi à la trop grande dépendance vis-à-vis des matières premières.
L’auteur offre quantité d’informations et de points de vue, examine quelques exemples d’investissement récent dans l’exploitation du pétrole ou des minerais, mais ne donne pas de vues synthétiques de la situation, sans doute complexe et fluide. Or, le lecteur n’a que faire de citations et de détails épars ; il attend des perspectives d’avenir au sujet de l’avenir de l’Afrique. Si l’auteur semble connaître son sujet, il ne le domine peut-être pas suffisamment pour éclairer le lecteur.