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Ce livre est une mise à jour de l’ouvrage dirigé par Pamela Aall, Daniel Miltenberger et Thomas G. Weiss, Guide to igos, ngos and the Military in Peace and Relief Operations, publié en 2000 par le United States Institute of Peace (une organisation indépendante fondée et financée par le Congrès). Tout comme le livre précédent, ce guide, dirigé cette fois par Robert Perito, se concentre sur trois groupes d’acteurs des opérations de paix, de stabilisation et d’aide humanitaire, c’est-à-dire les organisations internationales (oi), les organisations non gouvernementales (ong) et les forces armées ; à la différence près que cette édition comprend une section sur les agences civiles du gouvernement américain et près de cent pages d’informations supplémentaires. Destiné en priorité aux praticiens – plus précisément, aux organisations américaines ou à ceux travaillant en étroite collaboration avec celles-ci –, il s’agit plus d’un livre de référence que d’un ouvrage à lire d’une couverture à l’autre.
Les initiateurs de ce volume justifient cette mise à jour par l’évolution du contexte international lié à la campagne internationale contre le terrorisme, lancée à la suite des attentats terroristes menés contre les États-Unis en septembre 2001. En effet, celle-ci a ouvert de nouveaux champs d’opération aux acteurs des opérations de paix, en l’occurrence, les interventions dirigées par les États-Unis en Afghanistan et en Irak. Ces opérations dites de « stabilisation » constituent donc une nouvelle catégorie et s’ajoutent aux missions de paix dirigées par l’onu. Ce nouveau contexte influence directement le comportement des acteurs sur le terrain, notamment en raison d’une recrudescence de la menace pesant sur la sécurité du personnel des oi et des ong, qui doivent s’adapter aux transformations de l’« espace humanitaire » dans lequel ils opèrent.
Cette publication ne vise pas simplement à informer les protagonistes sur leurs fonctionnements réciproques, mais a aussi comme objectif de favoriser une meilleure coopération entre eux. L’institut prône ainsi le développement d’une véritable « doctrine de la consolidation de la paix » partagée par tous les intervenants. D’autant plus que le « champ de bataille » des opérations de stabilisation représente un nouveau défi pour les forces militaires, et que l’« espace humanitaire » des oi et des ong s’est passablement complexifié au cours des dernières années. Cette approche « multipartite » fonde le cadre stratégique sur lequel est basé le guide United States Institute of Peace Framework for Societies Emerging from Conflict, initialement présenté par Daniel Serwer et Patricia Thompson (dans Chester A. Crocker, Fen Olser Hampson et Pamela Aall (dir.), Leashing the Dogs of War, Washington, dc, United States Institute of Peace Press, 2007). Le guide devrait donc permettre d’améliorer les relations civilo-militaires entre les oi et ong et les forces armées, afin d’augmenter les chances de réussite de ces opérations. Car bien que ces acteurs aient des objectifs finaux et emploient des moyens différents, qu’ils aient des cultures et des principes d’opération distincts dressant des barrières à la coopération, ils cherchent néanmoins tous à construire la paix. D’autre part, parce qu’on assiste à une croissance du nombre et de la diversité des acteurs des opérations de paix, ceux-ci doivent nécessairement entrer en relation, bien que certaines de leurs activités soient jugées incompatibles.
Tout comme pour la première version, cet ouvrage présente un catalogue des organisations participant aux opérations humanitaires et de paix. Les sections présentant les trois principaux groupes d’organisations visent à expliquer leur fonctionnement général, à décrire leur processus de prise de décision, leur chaîne de commandement, leur financement et les contraintes qui régissent leurs activités ou plus généralement leur culture organisationnelle. Elles identifient aussi les principaux mécanismes de coordination entre ces acteurs ou les moyens déjà existants de partage d’information et de points de vue (par exemple, entre les ong et les forces armées, il existe la formule des cmocs, Civil-Military Operations Centers). La section sur les organisations internationales décrit avec précision l’organisation des activités de l’onu et de ses agences, son système de financement ainsi que sa structure d’autorité, ce qui permet de comprendre leur comportement sur le terrain. La section du volume consacrée aux ong correspond à celle publiée en 2000, mis à part quelques révisions. Elle souligne le caractère décentralisé du processus de prise de décision dans ce type d’organisation, un modèle qui autorise une plus grande souplesse de leurs activités : une particularité qui leur permet d’intervenir plus rapidement et de s’adapter plus facilement à l’évolution des conditions.
En réponse aux développements institutionnels des dernières années, une nouvelle partie présentant les agences civiles du gouvernement américain a été ajoutée, qui décrit les activités principales et l’organisation des agences américaines participant aux opérations de stabilisation, de paix et d’aide humanitaire, et introduit les développements légaux ainsi que les institutions mises en place aux États-Unis au cours des dernières années (par exemple, l’Office of Coordinator for Reconstruction and Stability créé en 2004). La dernière section décrit de façon relativement détaillée l’organisation des forces armées américaines et offre une bonne description de la culture militaire, soit une propension à prévoir le pire, à envisager trop rapidement le recours à la force, à mettre l’accent sur la planification, etc. Cet examen met en perspective les défis que représentent les opérations de stabilisation pour les forces militaires américaines, traditionnellement peu enclines à participer aux « opérations autres que la guerre ».
Bien qu’il puisse être utile aux membres des oi et ong, ce volume semble être principalement destiné aux militaires américains ayant à interagir avec des intervenants civils sur le terrain. L’étudiant en relations internationales y trouvera des informations factuelles utiles (financement et fonctionnement de l’onu, mécanismes de coordination civile-militaire, etc.) ainsi que des pistes de recherche intéressantes. L’ouvrage tend par contre à minimiser les conflits potentiels et réels qui subsistent entre les organisations civiles – en particulier, les ong – et les forces armées. Les trois scénarios présentés en introduction et qui servent de référence sont des idéaux types d’une utilité limitée : celui présentant les opérations de stabilisation est un mélange pour le moins surprenant des missions en Irak et en Afghanistan. L’accent mis sur l’impact de la campagne contre le terrorisme est en ligne avec l’importance accrue accordée aux opérations de stabilisation par rapport aux opérations de paix et d’aide humanitaire, alors que le premier guide était plutôt organisé autour de ces dernières. Il y a tout lieu de s’interroger sur l’impact de ce glissement et, en conclusion, de se demander dans quelle mesure il est profitable que ces organisations partagent une même doctrine d’action.