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Tel que l’indique le sous-titre, cet ouvrage, par sa dimension modeste, ne prétend offrir au lecteur rien d’autre qu’une occasion de se familiariser avec le système monétaire européen en se penchant sur son historique et sur ses principaux mécanismes de fonctionnement. L’auteure, professeure associée en relations internationales à la Leiden Universiteit, la plus vieille institution universitaire des Pays-Bas (1575), a profité d’un atelier de réflexion dans le Wyoming pour jeter les bases de son manuscrit. Elle sait donc gré aux participants de cette rencontre de même qu’à ses étudiants des cycles supérieurs qui ont su lui prodiguer des commentaires permettant d’offrir à son éditeur un manuscrit susceptible de répondre aux attentes de ses futurs lecteurs.

Convaincue que l’adoption de l’euro constitue un des plus importants événements reliés à l’histoire récente des relations monétaires internationales, Madeleine O. Hosli veut montrer par cette publication que l’euro est en mesure, par sa stabilité et sa solidité, de s’imposer comme une des devises majeures à l’intérieur du système financier international. En conséquence, il importe à ses yeux d’expliquer la nature de cette nouvelle devise en démontrant le rôle qu’elle est appelée à jouer dans le futur. Il y aura donc de la part de l’auteure une tentative de réponse aux sceptiques, assez nombreux, qui ne voyaient pas d’un bon oeil pour la « vieille Europe » l’avènement de cette nouvelle monnaie. Rappelons, pour n’évoquer que le plus célèbre d’entre eux, les propos pessimistes du fondateur de l’école de Chicago, Milton Friedman Ce denier se demandait comment une politique monétaire unifiée pourrait répondre aux besoins, par exemple, d’un Portugal fortement affecté par le chômage et un Royaume-Uni sujet au contraire à une surchauffe des prix. On aurait pu alors lui répondre que la Banque centrale européenne n’aurait qu’à faire de son mieux comme le fait la Réserve fédérale en présence d’un taux de chômage élevé au Nouveau-Mexique, contrairement à la Nouvelle-Angleterre avantagée par le plein emploi. Ceci, à défaut de prendre l’exemple du Canada où, c’est bien connu, une économie fortement différenciée se voit pourtant placée sous la coupe d’une politique monétaire commune, pour le meilleur et pour le pire. Évidemment, l’auteure, aussi enthousiaste puisse-t-elle être envers l’adoption de l’euro, ne manque pas de signaler la perte d’une certaine souveraineté pour les pays concernés. On pense ici, il va sans dire, à ce puissant outil d’intervention macroéconomique que représente la politique monétaire pour un pays donné. L’opinion des sceptiques de divers acabits et une esquisse de réponse envers les doutes exprimés font l’objet du premier chapitre.

Le chapitre suivant nous ramène aux années 1970, que l’on pourrait présenter comme les années de braise servant à paver la voie trente ans plus tard à l’euro. Certaines personnes vont se rappeler de la métaphore du serpent dans le tunnel, servant à illustrer la marge de manoeuvre à l’intérieur de laquelle devaient alors évoluer les monnaies des pays membres à l’époque de la Communauté européenne. Un serpent qui aura bien du mal à se discipliner à l’intérieur de son tunnel, ce qui fait dire à l’auteure qu’il valait alors mieux parler du serpent dans le lac (sans penser au monstre du Loch Ness…) Avec le chapitre 3, on se retrouve dans les années 1990 avec l’adoption du traité de Maastricht, et on peut maintenant évoquer les véritables années de braise de l’Union européenne. Un tableau, comme on en trouve en abondance dans cet ouvrage, rappelle les fameuses conditions exigées pour se qualifier à devenir membre de l’Union monétaire européenne (ume) : inflation et taux d’intérêt modérés, stabilité des taux de change, un déficit budgétaire n’excédant pas les 3 % du pib et une dette gouvernementale ne dépassant pas les 60 % du pib. Tout cela est bien connu, tout comme le sont de nombreux autres éléments de cet ouvrage dont, faut-il le répéter, l’intérêt réside précisément dans la présentation succincte de tout ce qui entoure l’avènement de l’euro et de ce qui a trait à ses grandes lignes de fonctionnement.

Le chapitre 4 se rapporte à la Banque centrale européenne. On sait que ses statuts stipulent que les décisions sont prises sur la base de la règle de la majorité simple. Ici, l’auteure ne manque pas de faire observer que les choses se compliquent avec l’élargissement à l’Europe des 25. Une réforme des statuts s’imposera dans un proche avenir. Elle pourrait prendre la forme d’une participation rotative au bureau des gouverneurs de la banque. Vient ensuite l’évocation classique de l’indépendance de la direction de la banque par rapport aux pouvoirs politiques. Ceci fait partie de tous les cours d’économie 101. Les Canadiens savent que le problème ne s’est plus présenté pour la Banque du Canada depuis 1962 alors que le gouverneur de l’époque avait dû démissionner à la suite d’une confrontation avec le gouvernement conservateur. Pour l’auteure, avec raison, le fonctionnement du système euro est tributaire de son indépendance envers les autorités politiques. Vient ensuite la question de la dévaluation (utilisée à trois reprises par l’administration Mitterrand). M.O. Hosli se réjouit du fait que cette arme qui opposait les pays entre eux est maintenant chose du passé. Le chapitre suivant se consacre aux taux de change et à la politique fiscale et monétaire. Se retrouve ici le sempiternel débat : faut-il combattre en priorité le choléra (le chômage) ou la peste (l’inflation) ? L’auteure ne prend évidemment pas position, ce n’est pas sa tasse de thé et là n’est pas l’objet de son volume. Elle déplore, par ailleurs, l’absence de coordination dans les politiques macroéconomiques mises de l’avant par les pays membres. Un état de fait qui apporte, on s’en doute bien, de l’eau au moulin des eurosceptiques. Se trouvent évoqués ici plus particulièrement la Suède et le Danemark ainsi que le Royaume-Uni. Avec pertinence, l’auteure s’attarde au cas particulier qu’offre la Suisse qui, plus tôt que tard, pourrait enfin décider de joindre l’Union européenne étant donnés les avantages qu’elle est susceptible d’en retirer. Le dernier chapitre nous retourne au cours d’économie 101 par une allusion aux trois grandes fonctions de toute monnaie avec en plus certaines répétitions sur les avantages découlant du système monétaire européen (fin des dévaluations et disparition de l’incertitude liée à la fluctuation des anciennes monnaies).

La conclusion, qui n’en n’est pas vraiment une, se présente davantage comme un résumé des quelque cent pages précédentes. M.O. Hosli réitère sa foi envers une monnaie qui fait preuve d’une belle stabilité en s’appuyant sur un consensus démographique significatif dans un contexte caractérisé par la stabilité politique et une évidente prospérité. Tout va donc, à ses yeux, pour le mieux dans le meilleur des mondes. On aura compris que cet ouvrage s’adresse à la fois aux Européens et autres citoyens du monde peu familiers avec ce nouveau système monétaire et désireux d’en connaître les principaux rouages et enjeux.