Abstracts
Résumé
Problématique et objectif : La consommation des substances en contexte sexuel – aussi connu sous le nom de chemsex – a surtout été documentée chez les hommes gais, bisexuels ou ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (gbHARSAH), avec de rares études incluant des hommes hétérosexuels. Par ailleurs, les motivations associées au chemsex demeurent sous-documentées, nonobstant l’orientation sexuelle primaire rapportée. Cette étude qualitative exploratoire visait à décrire les motivations associées à la pratique du chemsex chez les hommes et à explorer les possibles différences selon leur orientation sexuelle primaire.
Méthodologie : Onze hommes cisgenre (>18ans) rapportant avoir consommé en contexte sexuel au moins une des substances associées au chemsex (méthamphétamine, cocaïne, kétamine, MDMA ou GHB) dans la dernière année ont participé à un entretien semi-directif. Une analyse thématique a été réalisée en utilisant la théorie de l’autodétermination (Ryan et Deci, 2000) pour organiser et conceptualiser les thèmes émergents relatifs aux motivations intrinsèques et extrinsèques associées à la pratique du chemsex.
Résultats : Les motivations extrinsèques rapportées faisaient référence à (1) l’influence de normes sociosexuelles intériorisées ou (2) des partenaires sexuels dans l’initiation ou le maintien de la pratique du chemsex. Les motivations intrinsèques incluaient le désir (1) d’améliorer la performance sexuelle et des sensations physiques ; (2) de réduire les inhibitions lors d’interactions sexo-relationnelles ; (3) de favoriser la connexion émotionnelle au.x partenaire.s ; (4) d’atténuer l’impact d’émotions ou d’événement douloureux ou alors (5) de combler un besoin lié à une dépendance aux substances.
Discussion : Nos résultats relèvent les facettes multiples du chemsex en matière de facteurs individuels, relationnels ou culturels influençant sa pratique, de même que le caractère heuristique du modèle de l’autodétermination pour distinguer les profils d’utilisateurs relativement à leurs motivations et leur orientation sexuelle primaire.
Mots-clés :
- chemsex,
- motivations,
- hommes,
- orientation sexuelle,
- méthodologie qualitative
Abstract
Background and objective: Sexualized drug use, also known as chemsex, has been documented mostly among gay, bisexual, or men who have sex with men (gbMSM), with rare studies including heterosexual men. Furthermore, motivations associated with chemsex are under-documented, regardless of reported primary sexual orientation. The aims of this study were to describe the motivations associated with chemsex among men and explore possible differences by primary sexual orientation.
Methods: Semi-structured interviews were conducted with 11 cis men ( 18years) reporting sexual drug used of at least one substance related to chemsex (methamphetamine, cocaine, ketamine, MDMA, or GHB). A thematic analysis was conducted using self-determination theory (Ryan et Deci, 2000) to conceptualize emerging themes related to intrinsic and extrinsic motivations associated with chemsex practice.
Results: Extrinsic motivations reported referred to (1) the influence of internalized socio-sexual norms or (2) sexual partners in initiating or maintaining chemsex practice. Intrinsic motivations included the desire to (1) enhance sexual performance and physical sensations, (2) reduce inhibitions during sex-related interactions, (3) foster emotional connection to partners, (4) cope with painful emotions or events, or (5) fulfill a need related to substance dependence.
Discussion: Our results highlight the multiple facets of chemsex in terms of individual, relational or cultural factors influencing its practice, as well as the relevance of the self-determination model to distinguish user profiles with respect to their motivations and primary sexual orientation.
Keywords:
- Chemsex,
- motivations,
- men,
- sexual orientation,
- qualitative methods
Resumen
Problemática y objetivo: El consumo de sustancias en el contexto sexual, también conocido como sexdopaje o chemsex, se ha documentado principalmente en hombres gais, bisexuales o que tienen relaciones sexuales con otros hombres (gbHARSAH), con raros estudios que incluyen hombres heterosexuales. Por otra parte, las motivaciones asociadas al sexdopaje siguen estando muy poco documentadas, a pesar de la orientación sexual primaria documentada. Este estudio cualitativo exploratorio tuvo como objetivo describir las motivaciones asociadas a la práctica del sexdopaje en los hombres y explorar las posibles diferencias según su orientación social primaria.
Metodología: Once hombres cisgénero (mayores de 18 años) que habían consumido durante el último año por lo menos una de las sustancias relacionadas con el sexdopaje (metanfetamina, cocaína, ketamina, MDMA o GHB) participaron en una entrevista semidirigida. Se realizó un análisis temático utilizando la teoría de la autodeterminación (Ryan y Deci, 2000) para organizar y conceptualizar los temas emergentes relativos a las motivaciones intrínsecas y extrínsecas asociadas con la práctica del sexdopaje.
Resultados: Las motivaciones extrínsecas comunicadas se referían a lo siguiente: 1) la influencia de las normas socio-sexuales interiorizadas o 2) parejas sexuales en la iniciación o el mantenimiento de la práctica del sexdopaje. Las motivaciones intrínsecas incluían el deseo de: 1) mejorar el rendimiento sexual y las sensaciones físicas; 2) reducir las inhibiciones durante las interacciones sexo-relacionales; 3) favorecer la conexión emocional de las parejas; 4) atenuar el impacto de emociones o acontecimientos dolorosos o 5) satisfacer una necesidad relacionada con la dependencia de sustancias.
Discusión: Nuestros resultados señalan las múltiples facetas del sexdopaje con respecto a factores individuales, relacionales o culturales que influyen en su práctica, así como el carácter heurístico del modelo de autodeterminación para distinguir los perfiles de los usuarios en relación con sus motivaciones y su orientación sexual primaria.
Palabras clave:
- sexdopaje (chemsex),
- motivaciones,
- hombres,
- orientación sexual,
- metodología cualitativa
Article body
Introduction
Le chemsex désigne la consommation intentionnelle de certaines substances psychoactives dans le but de prolonger la durée des rapports sexuels, de diversifier les pratiques ou d’améliorer l’expérience sexuelle (Bourne et al., 2015 ; Edmundson et al., 2018). Le terme chemsex est une abréviation des mots chemicals et sex communément utilisée par les gbHARSAH pour identifier leurs pratiques sexuelles sous consommation (Bourne et al., 2015). Les substances psychoactives les plus souvent associées au phénomène sont la méthamphétamine, le GHB et la méphédrone (Bourne et al., 2015), mais peuvent également inclure la cocaïne, la kétamine ou l’ecstasy (MDMA) (Ma et Perera, 2016). La pratique du chemsex au sein de la communauté gaie est décrite comme un phénomène appartenant à une sous-culture bien particulière et non représentative de la communauté gaie entière (Florêncio, 2021). Toutefois, selon Stuart (2019), l’utilisation du terme chemsex pour décrire la consommation sexualisée chez les gbHARSAH a permis d’identifier un phénomène unique et d’y répondre de manière appropriée (ex. : intervention ciblée et culturellement sensible). D’autre part, Møller et Hakim (2021), considèrent qu’une utilisation du terme chemsex limitée aux gbHARSAH participe à l’invisibilisation d’autres populations adoptant des comportements similaires (ex. : femmes, personnes trans et non-binaires), privant celles-ci d’accès aux financements en santé publique et aux programmes d’interventions spécialisés. Partant de cette prémisse, une meilleure compréhension de la pratique du chemsex dans d’autres populations que les gbHARSAH apparait nécessaire, bien que les origines du chemsex soient effectivement indissociables des enjeux auxquels font face plusieurs gbHARSAH (Miltz et al., 2021). Tout en reconnaissant les origines sociales et culturelles du chemsex comme intrinsèquement liées aux gbHARSAH (Stuart, 2019), mais dans l’objectif d’y inclure l’expérience d’hommes s’identifiant comme hétérosexuels, nous utiliserons la formulation (chem)sex de Race et al. (2021) pour faire référence de manière générique à la consommation intentionnelle de substances traditionnellement associées à la pratique du (chem)sex, soit le crystal meth, le GHB, la méphédrone, la kétamine, la cocaïne ou l’ecstasy (MDMA ; Bourne et al., 2015 ; Ma et Perera, 2016), en contexte sexuel indépendamment de l’orientation sexuelle. Ce faisant, les personnes rapportant avoir uniquement consommé de l’alcool, du cannabis ou des poppers en contextes sexuels n’ont pas été incluses dans l’étude, bien que ces substances soient parfois consommées en combinaison à celles associées au (chem)sex (Bourne et al., 2015 ; Stuart, 2019).
La pratique du (chem)sex est considérée comme une problématique importante de santé publique (Edmundson et al., 2018). L’euphorie et la désinhibition induites par les substances, combinées à la durée souvent prolongée des épisodes de consommation expliquent en partie pourquoi le (chem)sex est associé à une augmentation des pratiques sexuelles plus à risque (ex. : relations sexuelles sans protection) pour la transmission d’infections transmises sexuellement ou par le sang tant chez les gbHARSAH (Edmundson et al., 2018 ; Sewell et al., 2019), que chez les hommes s’identifiant comme hétérosexuels (Mckentin et al., 2018).
Des données de prévalence suggèrent que le (chem)sex est loin d’être un phénomène marginal, particulièrement chez les gbHARSAH. Réalisée auprès d’un large échantillon recruté dans 17 pays (n = 14 050), l’étude de Lawn et ses collègues (2019) suggère que jusqu’à 45,5 % des répondants homosexuels ont déclaré avoir consommé des substances dans l’intention spécifique d’améliorer l’expérience sexuelle, au cours des 12 derniers mois, contre 29 % pour les hommes hétérosexuels (Lawn et al., 2019). Une recension de 28 études épidémiologiques réalisées au Royaume-Uni entre 2007 et 2017 (Edmundson et al., 2018) estime la prévalence du (chem)sex entre 17 % à 31 % chez les gbHARSAH ; ces taux de prévalence variant notamment en fonction du lieu de recrutement (ex. : clinique de santé sexuelle, service hospitalier en suivi du VIH). Une étude réalisée à Montréal entre 2009 et 2013 auprès de gbHARSAH (n = 2149) a révélé qu’au cours des trois derniers mois 8,1 % des répondants avaient consommé de l’ecstasy/MDMA, 5,5 % de la cocaïne, 5,1 % du GHB, 2 % de la kétamine, et 1,2 % du crystal meth en contexte sexuel (Blais et al., 2018).
Comparativement aux données portant sur la prévalence, les indicateurs de santé sexuelle ou les pratiques sexuelles à risque associés au (chem)sex, peu d’études ont examiné les motivations associées au (chem)sex. Dans leur recension systématique des études portant sur les motivations associées à la pratique du (chem)sex chez les gbHARSAH, Lafortune et al. (2021) indiquent que la consommation sexualisée peut s’inscrire pour certains hommes en réponse à des marqueurs de détresse psychologique (ex. : solitude, ennui, anxiété ou dépression ; Amaro, 2016 ; Pollard et al., 2018 ; Pufall et al., 2018), ou à la suite d’expériences de stigmatisation associées à la séropositivité (McCready et Halkitis, 2008). D’autres données suggèrent d’ailleurs que le (chem)sex pourrait représenter pour certains une stratégie d’automédication pour atténuer une souffrance émotionnelle consécutivement à des événements stressants ou des difficultés personnelles (ex. : séparation amoureuse, décès d’un proche ; Voisin et al., 2017). Pour certains gbHARSAH, l’initiation au (chem)sex ou sa pratique régulière est liée à différentes pressions interpersonnelles provenant des pairs, des partenaires sexuels ou plus largement de la communauté gaie (Bourne et al., 2015 ; Deimel et al., 2016 ; Pollard et al., 2018). Si les motivations associées à la pratique du (chem)sex chez les gbHARSAH représentent un champ de recherche en émergence (Weatherburn et al., 2017), très peu d’études sur cette question ont inclus des hommes ayant des relations sexuelles majoritairement avec des femmes. À notre connaissance, seules deux études (Cheng et al., 2009 et 2010) ont documenté le désir d’expérimenter, d’améliorer ses relations sexuelles ou d’échapper à ses problèmes personnels comme motivations à consommer des substances associées au (chem)sex. Obtenir un portrait détaillé des motivations à la pratique du (chem)sex, selon l’orientation sexuelle primaire, permettrait le développement d’interventions psychosociales adaptées aux profils et réalités spécifiques des hommes pratiquant le (chem)sex.
Par ailleurs, plusieurs modèles conceptuels ont été mobilisés pour expliquer les comportements liés au (chem)sex, bien qu’aucun consensus réel ne semble émerger : le stress minoritaire (Meyer, 1995), la théorie de l’automédication (Chartier et al., 2009), les théories syndémiques (Deimel et al., 2016), l’approche des normes sociales (Ahmed, 2016) ou la théorie de la masculinité hégémonique (Amaro, 2016 ; Javaid, 2018). Effectivement, l’état des connaissances suggère que le (chem)sex est un phénomène généralement complexe et multidimensionnel, impliquant de nombreux facteurs et mécanismes psychosociaux (Drysdale, 2021 ; Maxwell et al., 2019 ; Weatherburn et al., 2017). En outre, ces modèles ne permettent pas de conceptualiser et d’articuler ensemble les facteurs environnementaux et individuels, faisant qu’un individu pourrait être porté à s’engager dans la pratique du (chem)sex. En ce sens, le modèle de l’autodétermination (Ryan et Deci, 2000) pourrait s’avérer heuristique pour conceptualiser les motivations associées à la pratique du (chem)sex. Ce modèle postule l’existence de deux types de motivations liés à l’exécution d’un comportement donné, soit les motivations extrinsèques qui proviennent de l’influence ou de contraintes extérieures de l’individu (ex. : ami.es, partenaire.s amoureux.se.s, normes sociales) et les motivations intrinsèques qui émanent de la volonté, de l’autonomie, et de la spontanéité de l’individu, dans le but d’en retirer un plaisir ou une satisfaction (Ryan et Deci, 2000).
La présente étude poursuivait deux objectifs : 1) décrire les motivations associées à la pratique du (chem)sex chez les hommes ; 2) explorer les possibles différences selon l’orientation sexuelle primaire à l’aide d’une classification des motivations extrinsèques ou intrinsèques selon le modèle d’autodétermination de Ryan et Deci (2000).
Méthodologie
Recrutement
Onze hommes rapportant pratiquer le (chem)sex ont été recrutés pour participer à ce projet de recherche. Pour être inclus dans l’étude, les participants devaient : (1) être âgés de 18 ans et plus ; (2) s’identifier comme homme (cis, trans ou comme personne transmasculine) ; (3) rapporter au moins deux épisodes de (chem)sex durant les 12 derniers mois ; et (4) être en mesure de s’exprimer en français.
Afin d’identifier de possibles différences quant aux motivations associées à la pratique du (chem)sex selon l’orientation sexuelle primaire, nous avons procédé à un échantillonnage intentionnel (Savoie-Zajc, 2006). Cette classification tenait compte de l’orientation sexuelle autorapportée, du sexe du ou de la partenaire sexuel.le lors des épisodes de (chem)sex, de l’attirance envers le.la partenaire, mais aussi des contextes sociosexuels des épisodes de (chem)sex (ex. : l’identification ou non à la communauté gaie). Tout au long de la collecte de données, différentes stratégies ont été déployées afin de recruter des participants de diverses orientations sexuelles primaires (gai, hétérosexuel) : (1) des annonces publiées sur les réseaux sociaux (ex. : page Facebook d’organismes communautaires, via Facebook Ad Manager) ; (2) des invitations envoyées par courriels à des organismes communautaires et des cliniques de santé sexuelles (ex. : clinique La Licorne, Cactus Montréal, l’Anonyme) ; et (3) un échantillonnage par réseaux (boule de neige) auprès des participants de l’étude qui étaient invités à partager l’annonce de l’étude à des personnes répondant aux critères d’inclusion (Savoie-Zajc, 2006). La publicité invitait les personnes intéressées à écrire à l’adresse courriel du projet, afin de signifier leur désir d’y participer. La personne intervieweuse communiquait alors avec les participants potentiels par courriel ou par téléphone afin d’organiser l’entrevue, décrire les objectifs généraux du projet et leur partager le formulaire d’information et de consentement.
Collecte des données
Des entretiens semi-dirigés (Savoie-Zajc, 2016) représentent la principale stratégie de collecte de données. Les entrevues réalisées duraient approximativement 1 h 30 et étaient enregistrées dans un format audionumérique. Le guide d’entretien était composé de questions ouvertes portant sur les expériences de (chem)sex. Les participants étaient invités à partager deux à trois épisodes de (chem)sex qu’ils considéraient comme significatifs à leurs yeux. Pour chacun de ces épisodes, trois grands thèmes étaient explorés : (1) les motivations associées à la prise de substances avant ou pendant les relations sexuelles ; (2) les émotions ressenties avant ou pendant ces épisodes et (3) la nature des liens qu’ils entretenaient avec leur.s partenaire.s durant ces épisodes.
À la suite de l’entretien, les participants ont complété un court questionnaire en ligne sur la plateforme Limesurvey comportant des questions sociodémographiques (âge, statut conjugal, niveau de scolarité, orientation sexuelle autorapportée, revenu), sur la nature et la fréquence des substances consommées, ainsi qu’une liste de motivations couramment associées à la consommation sexualisée de substances (Goyette et al., 2018), afin de caractériser l’échantillon et permettre de trianguler les données colligées durant les entrevues (Savoie-Zajc, 2006).
Analyse des données
Les entretiens ont été retranscrits intégralement et téléversés sur le logiciel Nvivo (version 12) pour faciliter la codification et la gestion de la base de données. Une analyse thématique a été réalisée en se basant sur les six étapes décrites par Braun et Clarke (2012) pour identifier des « patrons » à travers les données : (1) familiarisation avec les données ; (2) codification ; (3) identification des thèmes émergents ; (4) révision des thèmes ; (5) définition des thèmes ; (6) synthèse et rédaction du rapport. Une validation interjuge a été réalisée sur 10 % du matériel (taux de concordance fixé à 80 %) afin d’évaluer la fiabilité des analyses (Bachelor et Joshi, 1986 ; Tracy, 2010). Un degré d’accord satisfaisant (83,7 %) a été atteint. Les discordances lors de la validation interjuge ont été examinées par deux des auteur.e.s du présent article et résolues grâce à un ajustement dans les définitions des thèmes. À l’étape d’identification des thèmes émergents, la théorie de l’autodétermination de Ryan et Deci (2000) a été mobilisée afin de classifier les codes émergents, selon qu’ils référaient soit à des motivations de nature extrinsèque ou intrinsèque en lien avec la pratique du (chem)sex.
Considérations éthiques
Le projet a été approuvé par le Comité d’éthique de la recherche pour les projets étudiants impliquant des êtres humains de l’Université du Québec à Montréal (numéro de certificat : 4091). Des pseudonymes ont été utilisés et toutes les informations susceptibles de permettre l’identification des participants ont été retirées ou modifiées. Tous les participants recevaient une compensation financière de 15 $ après avoir participé à l’entretien et rempli le questionnaire.
Résultats
Les participants recrutés étaient âgés de 25 à 61 ans et résidaient tous à Montréal durant la dernière année. Quant à leur orientation sexuelle primaire, six s’identifiaient comme gais et cinq comme hétérosexuels. Au cours de la dernière année, les participants ont indiqué avoir consommé les substances suivantes en contexte sexuel : MDMA (n=10), GHB/GBL (n=9), cocaïne (n=8), crystal meth (n=4), kétamine (n=3). Durant la dernière année, quatre d’entre eux rapportaient avoir pratiqué le (chem)sex moins de la moitié du temps, deux la moitié du temps, deux plus de la moitié du temps et trois durant toutes leurs relations sexuelles (voir Tableau 1 pour le détail).
Motivations à pratiquer le (chem)sex
L’analyse des 11 entrevues a permis d’identifier différentes motivations et incitatifs à pratiquer le (chem)sex, lesquels ont été organisés en deux sous-ensembles distincts : les motivations extrinsèques et intrinsèques. Les résultats présenteront (1) les motivations rapportées de manière transversale dans l’échantillon (2) puis comparées selon l’orientation sexuelle des participants.
Motivations extrinsèques
Plusieurs participants rapportent que leurs comportements de consommation sexualisée sont influencés par des motivations de nature extrinsèque. Ceux-ci mentionnent être en effet portés à pratiquer sous l’influence : 1) de normes sociosexuelles perçues ou intériorisées ; 2) des groupes qu’ils fréquentent ; 3) ou de leur.s partenaire.s sexuel.le.s ou romantique.s.
Influences des normes sociosexuelles
Trois des hommes gais rencontrés évoquent pratiquer le (chem)sex sous la pression de devoir se conformer à un standard de sexualité intense (c.-à-d., « sans limites », « débridée » et « euphorique »), une norme qu’ils associent dans leur propos à la communauté gaie. Un des participants précisera que le (chem)sex représente une manière d’acquérir une forme de « prestige sexuel », qu’il désigne comme la capacité à avoir des relations sexuelles intenses avec plusieurs hommes. La peur de passer à côté de ce type d’expériences valorisées alimenterait le désir de consommer en contexte sexuel.
Quand tu arrives à vivre un trip intense avec un gars magnifique et que la bonne drogue est au rendez-vous et bien c’est ce qui donne envie de recommencer. Il y a un côté gambling là-dedans qui est attirant et de la peur de manquer ce trip magique, la peur de manquer des belles opportunités. Dans ma vie, je veux connaître le succès, puis on dirait que chez les gais, un barème du succès c’est d’avoir des expériences sexuelles intenses. Il y a une pression de vivre cette folle vie-là.
Philippe, 37 ans, gai
La tendance à consommer en contexte sexuel est influencée, chez deux de nos participants, par les standards véhiculés dans la pornographie gaie, valorisant l’intensité et la performance sexuelle (ex. : rallonger la durée des rapports sexuels, la sexualité en groupe, les éjaculations multiples). La consommation en contexte sexuel représente alors un moyen de reproduire de tels scénarios sexuels.
Influences du groupe d’appartenance
Cinq des hommes rencontrés rapportent avoir commencé à pratiquer le (chem)sex sous l’impulsion d’un désir d’appartenir à un groupe ou à une communauté. À travers leurs expériences, la pratique du (chem)sex s’inscrit dans une volonté de se conformer à des comportements qu’ils jugent attendus (un « prérequis », Robert), normalisés ou généralisés dans les différents milieux qu’ils fréquentent : espaces privés (résidence), publics (bars, saunas) ou virtuels (applications de rencontre).
[Lors de soirées] il y a un effet de groupe. Il y a des soirées où ce n’est pas ton intention de consommer, mais peut-être que le fait que ce soit normalisé dans cette soirée-là en particulier ou même dans la communauté ça va te pousser à consommer dans ces moments-là.
Michel, 26 ans, gai
Un autre participant (Thomas, 35 ans, gai) précise que la présence des substances dans les lieux qu’ils fréquentent (ex. : soirées privées, saunas), leur accessibilité et leur promotion sur les applications de rencontres (ex. : la présence de substances est mentionnée par certaines expressions telles que « party and play » ou « slam ») participent à l’initiation au (chem)sex, puis à sa pratique régulière. « Surtout depuis l’avènement des applications, l’accessibilité [aux substances] des non-habitués rend plus facile d’embarquer dans ce cycle et de devenir consommateur en bout de ligne. »
Certains hommes plus âgés (n=3) évoquent également vivre cette normalisation de manière coercitive, où la consommation en contexte sexuel est vécue comme une contrainte à laquelle se conformer, sous peine d’une exclusion (réelle ou appréhendée) des milieux qu’ils fréquentent.
Au niveau de la communauté gaie, il y a une pression de consommer […] Puis en vieillissant, il y a une réalité qui vient avec et dans la communauté [gaie] à 40 ans, t’es vieux. […] Donc pour être accepté, il y a une pression plus large [de consommer] pour rester dans la communauté, sinon t’es out.
Robert, gai, 55 ans
L’âge de deux participants semble d’ailleurs agir comme facteur d’influence quant à leur propension à consommer pour contrer les effets du vieillissement sur leur performance sexuelle (ex. : dysfonction érectile) et correspondre aux standards sexuels d’hommes plus jeunes, et ce indépendamment de l’orientation sexuelle. « Si je consomme [du GHB], je peux faire l’amour trois fois dans une soirée, alors que je ne suis pas sûr que beaucoup d’hommes font la même chose à mon âge. » (Sylvain, 61 ans, hétérosexuel)
Influences des partenaires sexuels
Plusieurs participants (n=4) mentionnent l’influence de leur partenaire romantique ou sexuel.le dans leur propension à pratiquer le (chem)sex, notamment motivée par le souhait d’accompagner leur partenaire dans une expérience de consommation ou de répondre à ses attentes au plan sexuel.
Trois participants rapportent que la pratique du (chem)sex s’inscrit dans une volonté d’être « sur la même longueur d’onde » que leur partenaire (Nicolas) ou par souci de ne pas laisser l’autre seul dans son expérience de consommation, non sans souligner le caractère pernicieux de ces motifs. « Je suis plutôt du genre à le faire si l’autre le fait aussi parce que je trouve que c’est comme quand tu es saoul, tu préfères que l’autre le soit aussi avec toi. » (Michel, 26, ans, gai)
D’autres participants (n=2) mentionnent consommer pour répondre aux attentes, perçues ou formulées par leurs partenaires, en matière de performance sexuelle, tels que pour améliorer leur endurance, la rigidité de leur érection, ou diversifier leurs pratiques sexuelles. « Le désir de ne pas décevoir ma partenaire, va aller au point où je vais consommer pour ne pas la décevoir. » (Charles, 30 ans, hétérosexuel)
Motivations intrinsèques
Plusieurs des expériences rapportées par les participants révèlent l’influence de motivations intrinsèques dans leur inclinaison à consommer en contexte sexuel. La pratique du (chem)sex est alors motivée par le souhait : 1) d’améliorer leur performance sexuelle et leurs sensations physiques ; 2) de réduire leurs inhibitions lors d’interactions sexuelles et sociales ; 3) de favoriser la connexion émotionnelle ; 4) d’atténuer l’impact d’émotions ou d’événements douloureux ; ou alors 5) de combler un besoin lié à une dépendance initiale aux substances.
Améliorer la performance sexuelle et les sensations physiques
Tous les participants (n=11) perçoivent le (chem)sex comme un moyen d’améliorer leur performance sexuelle et l’intensité des sensations physiques lors des relations sexuelles.
Je me disais il est minuit et quart et j’ai envie de vivre une expérience intense. Je sais que dans ce genre de soirée il va y avoir une espèce d’euphorie inatteignable. Pour moi, c’est une quête de sensations fortes.
Nicolas, 37 ans, hétérosexuel
Spécifiquement, la pratique du (chem)sex semble motivée par certains (n=10) par le souhait d’améliorer leur capacité physique, en termes de performance et de fonction sexuelle. Trois hommes insistent notamment sur le fait que la consommation de certaines substances (ex. : la cocaïne ou le GHB) facilite la montée de leur désir d’entreprendre et de maintenir leurs activités sexuelles, et ce, sur de plus longues périodes (plusieurs heures, voire plusieurs jours), ou bien améliore la rapidité à obtenir une érection et parvenir à la maintenir plus longtemps, par exemple. « C’est juste que je veux dire qu’au lieu d’avoir une baise de 20-40 minutes et bien ça peut durer 2 heures. » (Nicolas, 37 ans, hétérosexuel)
Sur le plan du désir et de l’excitation sexuelle, le (chem)sex permet pour d’autres hommes (n=8) d’agrémenter leurs pratiques sexuelles. Pour deux d’entre eux particulièrement, la consommation leur permet de « sortir de l’ordinaire » (Thomas) ou de « mettre du piquant » (Louis) dans leur relation de longue date avec leur partenaire. « Ça ouvre le « landscape » complet avec quelqu’un où il y a une routine sexuelle déjà un peu installée. » (Nicolas, 37 ans, hétérosexuel)
Dans le même ordre d’idées, certains hommes (n=7) indiquent avoir développé des scripts sexuels plus diversifiés. Lors des épisodes de (chem)sex, ces hommes évoquent notamment expérimenter une sexualité moins centrée sur la pénétration (anale ou vaginale) et plus orientée sur la sensualité (ex. : donner des caresses, des massages, se coller), en raison de l’intensification de la sensorialité sous influence de certaines substances associées au (chem)sex (ex. : crystal meth, MDMA, GHB). Pour Nicolas, par exemple, cette ouverture à d’autres comportements érotiques est associée à une diminution de l’anxiété de performance :
Les fois que c’était des « one on one » sur la drogue ça enlevait cette pression-là, de devoir être en érection. Parce que sur la drogue c’est tout ton corps qui devient érogène, donc si le pénis n’a pas le goût pendant une demi-heure, il y a plein d’autres affaires à faire et ce n’est pas grave.
Nicolas, 37 ans, hétérosexuel
Pour deux participants, la consommation de crystal meth sert à susciter un intérêt sexuel pour un partenaire masculin qui les attiraient peu initialement. « Peut-être que la personne avec qui j’étais ne m’attirait pas vraiment, puis en fumant ça va passer. […] avec une petite puff (crystal meth), ça va être correct. » (Thomas, 35 ans, gai)
Réduire les inhibitions lors d’interactions sexuelles et sociales
L’ensemble des participants perçoit la pratique du (chem)sex comme un moyen de diminuer leurs inhibitions sur le plan sexuel ou social. Cette désinhibition était vécue à travers différentes expériences, telles que la diminution des appréhensions vis-à-vis le jugement d’autrui ou des répercussions sur leurs comportements sexuels (« ne plus se poser de questions » ; Charles), ce qui les aidait à se sentir davantage ancrés dans le moment présent.
Quand j’étais en couple avec ma copine, j’étais assez à jeun et quand je couchais avec elle il y avait une partie de ma tête qui se demandait « est-ce qu’elle aime ça ? »,« suis-je correct ? », « Est-ce que j’ai l’air laid de cet angle-là ? » Et lorsque je fais cette drogue-là [crystal meth], toutes ces questions n’existent plus.
Nicolas, 37 ans, hétérosexuel
Plusieurs participants (n=7) rapportent que les effets désinhibiteurs des substances consommées (ex. : MDMA, GHB) favorisent l’abandon aux expériences sexuelles et permettent, par le fait même, d’être plus versatiles et ouverts à l’exploration de nouvelles pratiques auparavant appréhendées, telles que la sexualité avec des partenaires de sexes différents ou la sexualité en groupe. Pour un des participants (Thomas), le (chem)sex permet effectivement d’explorer des pratiques et des fantasmes sexuels considérés comme plus « hard » :
En consommant, on peut se permettre tout « hard ». Par exemple, ça m’est déjà arrivé d’être gelé [sur du crystal meth] et puis j’avais un fantasme que des gars différents, que je ne connaissais pas nécessairement, me pénètrent. La drogue rend la reproduction de fantasmes pornographiques possible.
Thomas, 35 ans, gai
Pour trois participants, les effets désinhibiteurs leur permettent d’acquérir une assurance sexuelle, se traduisant par une capacité d’entreprendre et de s’affirmer durant les rapports sexuels (« prendre les devants », « s’imposer » ; Louis). Un participant indique même que la cocaïne lui procure un sentiment de contrôle et d’agentivité lors des relations sexuelles. « Tu sais la coke c’est quand même un stimulant qui fait que tu te sens très voire trop en contrôle de toi-même. Tu te sens très confiant. » (Charles, 30 ans, hétérosexuel)
Sur le plan des interactions sociales, cinq participants expliquent que la consommation les rend plus enclins à aborder de potentiels partenaires sexuels, dans les bars ou sur les applications de rencontre, par exemple. L’effet désinhibiteur recherché dans certaines substances associées au (chem)sex leur permettent d’amoindrir leurs réserves ou leurs appréhensions initiales à aborder et solliciter des partenaires sexuel.le.s. (ex. : timidité, inquiétudes liées à leur image corporelle ou à leurs attributs physiques). Un des hommes (Robert) explique d’ailleurs que la consommation lui permet d’aborder des gens vers lesquels il n’irait pas en contexte de sobriété.
Au niveau social aussi c’est vrai que ça permet d’aborder des gens que je n’aborderais pas dans ma vie en général […] Il y a des relations plus faciles avec toutes sortes de gens plus jeunes que mon âge ou plus âgés des fois.
Robert, 55 ans, gai
Un participant (Lucas) explique même que le (chem)sex représente parfois un point en commun sur lequel la relation s’établit. Il précisera qu’au fil de sa trajectoire, les épisodes de vie où ils se sentaient plus isolés ont souvent été l’occasion de pratiquer le (chem)sex afin de bâtir des relations interpersonnelles dans un contexte de solitude.
Il y a toujours aussi l’effet un peu de bonding social. [Lorsque] je connais beaucoup de gens, j’ai un bon réseau de gens que je suis proche, je n’ai pas besoin […] d’utiliser la consommation pour pouvoir passer du temps avec quelqu’un.
Lucas, 25 ans, hétérosexuel
Favoriser la connexion émotionnelle
Pour neuf participants, le (chem)sex représente une opportunité de vivre un moment « significatif » au plan relationnel, caractérisé par un sentiment de connexion émotionnelle accrue au.à la partenaire sexuel.le.
Je te dirais que pour l’effet de connectivité, c’est beaucoup plus présent avec le crystal meth. Ce qui est vraiment intense c’est de voir quelqu’un en faire et que l’autre me voit en faire. Ça fait partie du trip, ça fait partie du sentiment de connectivité.
Thomas, 35 ans, gai
D’ailleurs, le (chem)sex est parfois perçu comme un moyen facilitant le dévoilement des sentiments envers un.e partenaire régulier.ère (n=8).
On se dit des choses qu’on ne se dit pas dans la vie en général. Il y a des barrières qui tombent. C’est intéressant parce que des fois on se dit des choses importantes de notre relation, de nous, de ce qu’on pense l’un de l’autre, donc des fois je lui dis c’est un peu plate qu’on se dise ça avec les drogues, mais sinon on ne se le dit pas.
Robert, 55 ans, gai
Atténuer l’impact d’émotions ou d’événements douloureux
La majorité des hommes rencontrés (n=8) rapportent que la consommation en contexte sexuel représente une stratégie pour faire face à des épreuves émotionnelles ou interpersonnelles.
Sur le plan émotionnel, quatre participants témoignent une sensation de vide affectif, de tristesse, de monotonie, d’ennui ou de solitude qu’ils parviennent à atténuer, certes momentanément, par l’usage de substances combinées aux relations sexuelles. Pour Louis (47 ans, gai), par exemple, la consommation de crystal meth représente une occasion de rompre avec la monotonie de son quotidien. « J’ai voulu comme sortir de ce mode de vie quotidien plate. La drogue c’est ça que ça fait. Ça t’emmène dans un autre espace. […] Je savais que forcément ça m’aiderait à ne pas penser à mon quotidien. »
Pour d’autres participants (Charles, 30 ans, hétérosexuel), le (chem)sex est pratiqué en réaction à un sentiment préalable de vide affectif et d’intimité relationnelle. « Sûrement que j’avais un besoin à combler au niveau affectif. La personne avec qui j’ai fait de la kétamine pouvait répondre à ce besoin-là. J’avais un gros besoin affectif et ça m’a probablement poussé à en faire avec elle. »
Six participants expriment pratiquer le (chem)sex afin d’amoindrir ou « mettre de côté » (Charles) la souffrance reliée à des événements relationnels difficiles, tels qu’une séparation amoureuse ou un décès.
Au début, je me souviens de ma première date, je suis allé aux toilettes et je me suis mis à pleurer. J’étais comme oh non ! T’as besoin de quoi pour te ressaisir et la coke, au début, c’était plus une question de « self estime » émotionnelle […] c’était plus comme une forme de support émotionnel et pour avoir l’énergie, mais l’énergie, c’est l’énergie émotionnelle d’aller dater.
Nicolas, 37 ans, hétérosexuel
Combler un besoin lié à la dépendance aux substances
Deux participants expliquent que le (chem)sex représente une manière de répondre à un manque initial lié à la dépendance à une ou plusieurs substances. Ces participants expliquent que leur intérêt pour le (chem)sex est en grande partie, sinon uniquement, motivé par la présence de substances. « Les personnes avec qui je suis finalement sont-elles vraiment des personnes qui m’intéressent ? Non. Finalement, je suis là pourquoi ? Pour la consommation et pas pour le sexe. » (Thomas, 35 ans, gai)
Nicolas (37 ans, hétérosexuel) explique pour sa part que sa consommation de cocaïne est devenue, au fil du temps, plus importante que les rapports sexuels en soi. « Je m’en foutais d’être une baise poche, parce que mon but [était] juste de faire de la poudre. »
Contrastes selon l’orientation sexuelle
La section suivante présente les principales différences ayant émergé des données quant à l’expérience des motivations intrinsèques et extrinsèques, selon l’orientation sexuelle primaire des participants.
Les motivations extrinsèques représentent la catégorie où l’on retrouve les différences les plus marquées selon l’orientation sexuelle primaire. En effet, l’influence des normes sociosexuelles et celle du groupe d’appartenance ont presque uniquement été rapportées par les participants s’identifiant comme gais. En comparaison, seul un homme s’identifiant comme hétérosexuel a comparé ses performances sexuelles aux hommes de son âge. Selon ce participant, la consommation de GHB en contexte sexuel lui permet d’augmenter la durée de ses relations sexuelles, qu’il considère comme supérieure à celle des autres hommes dans la soixantaine.
Au sein des motivations intrinsèques, seuls les hommes gais ont rapporté pratiquer le (chem)sex pour faciliter l’attirance initiale envers des partenaires sexuels. Quant aux participants hétérosexuels, ces derniers ont rapporté que le (chem)sex servait à pimenter leurs relations sexuelles et à sortir de l’ordinaire ou de leur quotidien avec une partenaire de longue date ; une expérience non rapportée par les hommes gais rencontrés qui percevaient plutôt le (chem)sex comme une normalité au sein de la communauté gaie. Pour ce qui est de la recherche de désinhibition et de lâcher-prise, ceux-ci concernaient davantage les aspects physiques liés à la sexualité pour les participants gais (ex. : exploration de nouvelles positions sexuelles ou de pratiques considérées plus « hard »), contrairement aux participants hétérosexuels qui rapportaient davantage un désir d’atténuer des émotions douloureuses et des appréhensions touchant à la sexualité (ex. : insécurités face à leur apparence physique lors de relations sexuelles). D’ailleurs, les participants s’identifiant comme gais ont pour certains (n=2) précisés l’importance pour eux de ne pas utiliser la consommation comme une « béquille » (Marc) lors de moments plus difficiles, afin de ne pas les aggraver par des expériences psychologiques négatives (ex. : épisode dépressif ou de paranoïa).
L’organisation des résultats en motivations extrinsèques et intrinsèques ne saurait réduire la compréhension du phénomène à l’influence de l’une ou l’autre. Nos analyses suggèrent que certaines motivations semblent parfois influencées à la fois par des forces externes et internes telles que le désir d’améliorer sa performance et ses fonctions sexuelles classé ici comme intrinsèque, mais qui semble étroitement influencé par les normes sociosexuelles. À cet égard, nos résultats rejoignent ceux d’études antérieures documentant l’interinfluence des caractéristiques individuelles et les différentes sphères sociales et culturelles (ex. : Flores-Aranda et al., 2018).
Discussion
Cette étude visait à décrire les motivations associées à la pratique du (chem)sex chez les hommes et à les contraster selon l’orientation sexuelle primaire. Les analyses ont révélé que ces motivations pouvaient être conceptualisées en deux catégories, soit les motivations intrinsèques ou extrinsèques, afin de mieux saisir leur rôle dans l’initiation ou le maintien de la pratique du (chem)sex.
Chez les participants s’identifiant comme gais, les motivations de nature extrinsèques étaient reliées à l’influence des normes perçues dans leur communauté. Ce constat est cohérent avec des études antérieures révélant l’association entre la pratique du (chem)sex et la perception d’une valorisation et de la normalisation de la consommation sexualisée de substances au sein de la communauté gaie (Ahmed et al., 2016 ; Lea et al., 2019 ; Pollard et al., 2018). Drysdale (2021) suggère d’ailleurs que participer à des activités sexuelles sous influence accroît, pour certains gbHARSAH, leur sentiment d’appartenance et un sens de collectivité. Certains participants ont dévoilé le sentiment d’être forcés à pratiquer le (chem)sex, sous peine d’exclusion, lorsque leur entourage y prenait part ou les incitait à le faire. Cette réalité était particulièrement évidente pour nos participants plus âgés, qui avaient entrepris la pratique du (chem)sex par crainte d’être rejetés pour leur âge ou de ne pas performer suffisamment en plan sexuel. Dans leur étude, Khaw et ses collaborateurs (2020) ont d’ailleurs révélé une association entre l’âge et la propension à pratiquer le (chem)sex. La consommation du partenaire sexuel semble également influencer la propension à initier la pratique du (chem)sex, dans un désir d’accompagner l’autre dans leur consommation ; une motivation également rapportée par Amaro (2016) ainsi que Milhet et ses collaborateurs (2019) dans leurs études qualitatives portant sur les gbHARSAH, suggérant que certains hommes pratiquant le (chem)sex le font par empathie et attachement envers leur partenaire. Si les facteurs interpersonnels sociaux semblent influencer les motivations à pratiquer le (chem)sex, des recherches futures ayant recours à des méthodes de collectes sensibles aux dynamiques relationnelles (ex. : entretiens dyadiques avec le partenaire) permettraient de capter plus finement les éléments interactionnels influençant le développement d’une pratique de consommation sexualisée (ex. : relation de pouvoir, désir de connexion émotionnelle, attachement).
Quant aux motivations intrinsèques, le désir d’améliorer la performance sexuelle et les sensations physiques a été unanimement rapporté par nos participants ; des résultats cohérents avec les données antérieures réalisées auprès d’hommes gais (Deimel et al., 2016 ; Weatherburn et al., 2017) et hétérosexuels (Cheng et al., 2009 ; Cheng et al., 2010 ; Lawn et al., 2019). Les effets désinhibiteurs recherchés dans les substances consommées sur le plan des capacités physiques (ex. : endurance et performance sexuelle), de l’état psychologique (ex. : confiance en soi) et de la disposition à avoir des relations sexuelles (ex. : augmentation du désir sexuel) sont au centre des motivations rapportées par nos participants ; un constat cohérent avec d’autres études documentant la recherche de désinhibition pour diversifier les pratiques sexuelles (Ahmed et al., 2016 ; Bourne et al., 2015), augmenter la confiance en soi (Weatherburn et al., 2017), faciliter les interactions sociales et sexuelles (Knight et al., 2019), ou s’engager dans des relations sexuelles avec certains partenaires qui ne les attiraient pas initialement (Deimel et al., 2016 ; Weatherburn et al.,2017) chez des gbHARSAH rapportant une pratique régulière du (chem)sex. L’expérience du (chem)sex comme une stratégie d’adaptation face à des événements de vie difficiles (ex. : séparation, rejet) a été rapportée par nos participants comme dans d’autres recherches menées auprès de gbHARSAH (Pollard et al., 2018 ; Weatherburn et al., 2017), mais n’a jamais été observée dans les études sur les hommes hétérosexuels. Par ailleurs, la pratique du (chem)sex semble servir, pour certains hommes dans notre échantillon et ceux d’autres études (Amaro, 2016 ; Bourne et al., 2015 ; Weatherburn et al., 2017), à développer une connexion émotionnelle au partenaire sexuel, notamment chez les personnes consommant de la MDMA en contextes sexuels (Lawn et al., 2019). Finalement, la pratique du (chem)sex représentait pour certains participants un moyen d’accéder à des substances, pour lesquelles une dépendance s’est développée. Des études réalisées auprès de gbHARSAH (Ahmed et al., 2016) et d’hommes hétérosexuels (Miltz et al., 2021) ont d’ailleurs décrit le caractère transactionnel de cette dynamique par laquelle la participation à des activités sexuelles permet d’accéder à certaines substances psychoactives. Effectivement, certains hommes peuvent offrir des substances pour accéder à des partenaires sexuels, tandis que d’autres échangent des faveurs sexuelles pour accéder aux substances, voir obtenir de l’argent (Ahmed et al., 2016). Le manque de données en lien avec la dynamique transactionnelle invite à aborder spécifiquement (et explicitement) cette dimension dans des recherches futures.
Limites
Les résultats de cette étude doivent être interprétés à la lumière de certaines limites. L’échantillon est majoritairement composé de participants ayant fait des études universitaires, résident Montréal, caucasiens et cisgenres, limitant la transférabilité des résultats à d’autres sous-groupes pratiquant le (chem)sex (ex. : personnes trans ou non-binaires, socioéconomiquement plus vulnérables). Dans la mesure où la collecte de données comprend des entretiens de recherche et des questionnaires autorapportés, les données sont sujettes à des biais de désirabilité sociale. Par ailleurs, seules les personnes ayant accès à Internet et ayant les capacités pour le faire ont pu participer à l’étude.
Conclusion
Cette étude représente un des premiers portraits documentant les motivations associées à la pratique du (chem)sex chez les hommes d’orientation sexuelle diversifiée. Ces résultats soulèvent l’importance d’aborder le (chem)sex en prenant en compte ses multiples facettes, tant individuelle, relationnelle, culturelle, économique que démographique (Melendez et al., 2016). Ils soutiennent aussi la pertinence de développer des interventions et services spécifiques à la consommation en contexte sexuel sensibles aux différentes réalités des hommes (ex. : orientation sexuelle primaire, motivations, pratiques sexuelles, contexte de consommation, etc.). De futures recherches sont requises pour répliquer nos résultats auprès d’échantillons plus importants et diversifiés, afin d’explorer la réalité de certaines sous-populations plus vulnérables (ex. : gbHARSAH plus âgés, présentant une dépendance, travailleurs du sexe), de même que confirmer la directionnalité des associations entre les motivations intrinsèques (tels que l’expérience d’émotions ou d’événement douloureux) et la pratique du (chem)sex, en ayant recours à des devis longitudinaux.
Appendices
Bibliographie
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