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Le titre de cet ouvrage de la collection « Que sais-je » nous laisse croire à un dictionnaire ou à une encyclopédie thématique, mais il s’agit plutôt d’un recueil de 100 mots, organisés par thèmes. Comme le mentionnent les auteurs, ces entrées se veulent des essais ouverts plutôt que des « articles d’une nomenclature fermée ». Si une liste de mots, à la fin du recueil, peut guider notre lecture, ce livre se lit aisément d’un trait et n’a rien de l’ennuyeux ouvrage de référence.
Le premier chapitre, Définir et délimiter, propose des articles sur différents territoires (de l’agglomération au village) et leurs caractéristiques (centre, densité, urbanisation). Si l’on comprend que « ségrégation », une forme de délimitation sociale, trouve sa place dans ce chapitre, on se demande pourquoi les auteurs y incluent la gentrification. Le deuxième chapitre réunit des articles sous le thème Construire et aménager. On y présente des formes et des espaces (architecture, mobilier urbain, espace public) ainsi que des réglementations. La lecture de ces dernières nous indique qu’on s’adresse ici à un public français. Il est d’ailleurs à noter que plusieurs articles s’attardent sur le contexte français et parisien. Pour certains, cette tendance à prendre l’exemple local pour relater des phénomènes globaux peut devenir lassante, mais le lecteur intéressé par la ville française en apprendra davantage.
Comme il existe plus d’un mode de vie urbain, le chapitre Vivre et habiter semble particulièrement hétéroclite. On y trouve à la fois des lieux (cimetière, toilettes publiques), des gens (« bobo », SDF, touriste), des concepts et écoles (droit à la ville, habiter, violence urbaine, École de Chicago, etc.) et un vocabulaire de l’environnement (arbre, écologie, environnement, pollution). Le chapitre démontre ainsi que le vivre et l’habiter peuvent être singuliers et son organisation souligne la subjectivité de l’ouvrage. Au chapitre Gérer et administrer, on parle autant de lieux que de modes de gérance (agora, cité, capitale, concertation, élection, gouvernance). Les auteurs y présentent également le projet urbain et la rénovation urbaine, deux programmes d’envergure qui sont aussi fortement liés aux pouvoirs politiques.
Bien qu’il porte le titre Se déplacer et se poser, le cinquième chapitre s’intéresse plus à la mobilité qu’à l’immobilité. Une façon peut-être de nous rappeler la vitesse et la fébrilité des milieux urbains. Les auteurs y présentent l’aéroport, l’automobile, le vélo, les gares et le péage, ajoutant aussi le parc et le jardin. En présentant les concepts de cyberespace et de démobilité, ils incluent également des phénomènes récents, soulignant le caractère changeant et la capacité d’adaptation de la ville. Finalement, le chapitre Quelques villes nous présente autant de villes que de types de ville, évoquant encore des concepts plus contemporains comme ceux de la ville lente, de la ville créative et de la ville durable.
En conclusion, voici un recueil certes incomplet, mais fort enrichissant. Les commentaires historiques y sont particulièrement intéressants, mais l’ouvrage en entier encourage une réflexion riche et intelligente.