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Le vieillissement de la population interpelle de plus en plus le gouvernement du Québec. En fait, l’augmentation de la proportion des personnes âgées a amené les décideurs publics, ainsi que les chercheurs, à s’interroger sur les répercussions sociales de ce changement démographique. Mais encore, il est reconnu qu’il faut adopter des actions concrètes afin de répondre adéquatement aux nombreux enjeux du vieillissement de la population.
Dans cet ouvrage collectif dirigé par Paula Negron-Poblete et Anne-Marie Séguin, il est question des enjeux spécifiques au milieu de vie des aînés. Au travers de huit chapitres, l’ouvrage propose au lecteur de regarder une série de résultats de recherche sur des questions d’aménagement des villes, des quartiers et des domiciles pour les aînés.
Les trois premiers chapitres traitent d’enjeux urbains. Le premier aborde une étude sur la distribution spatiale des aînés à Montréal et à Québec entre 1981 et 2006. Il est montré qu’en 20 ans, la population aînée s’est dispersée à travers la ville, laissant de plus en plus les centres-villes pour les quartiers périphériques. Le deuxième chapitre, quant à lui, propose une analyse des habitudes de mobilité quotidienne des aînés de la ville de Québec. Entre 1996 et 2006, la durée et la distance des déplacements augmentent chez les aînés. Cependant, les femmes âgées se déplacent moins souvent et moins longtemps que les hommes âgés et utilisent plus fréquemment les transports en commun. À partir d’une analyse de la distribution spatiale des résidences privées pour personnes âgées à Montréal et la composition de leurs environnements immédiats, le troisième chapitre confirme que les résidences privées ne se concentrent pas dans un quartier particulier, mais sont dispersées sur l’ensemble du territoire urbain.
Les trois chapitres suivants situent les aînés à l’échelle de la vie de quartier. À partir d’une série d’entrevues qualitatives, le quatrième chapitre explore les représentations des aînés vivant dans un quartier « gentrifié » de Montréal. Les propos des participants âgés montrent que l’expérience de la « gentrification » varie considérablement selon le statut socioéconomique. Ainsi, bien que les Canadiens français vivent plus difficilement le phénomène de « gentrification » que les personnes âgées d’origine italienne, il reste qu’à la base de cet écart d’apparence ethnique se retrouvent des enjeux d’habitation (locataire versus propriétaire), de revenus et de vitalité sociale. Le cinquième chapitre présente une étude sur les aspirations et les préférences résidentielles des aînés, ainsi que sur leurs pratiques de mobilité, dans l’agglomération de Québec. Les résultats confirment que les personnes âgées sont très attachées à leur résidence et à leur quartier. Par contre, avec l’avance en âge et les risques de développer des maladies ou des incapacités fonctionnelles, les aînés peinent à rester à domicile lorsqu’ils habitent en périphérie urbaine, car ils sont éloignés des services. Enfin, le sixième chapitre touche les questions d’accessibilité spatiale aux commerces dans un quartier de la rive sud de Montréal. On y démontre que l’offre commerciale est dispersée dans ce quartier, mettant en évidence les disparités d’accessibilité piétonnière pour les aînés, entre autres pour les services et les commerces d’alimentation.
Les deux derniers chapitres ont pour objet les enjeux entourant la résidence. À partir d’une étude sur l’espace intérieur du domicile, le septième chapitre explique que les espaces les plus difficiles en matière d’accessibilité sont la cuisine et la salle de bain et qu’ils représentent ainsi des lieux à risque pour les aînés ayant des problèmes de motricité. Afin d’adapter le domicile des aînés de façon sécuritaire, les auteurs proposent l’utilisation d’un outil d’évaluation de l’interaction entre la personne et son milieu. Le dernier chapitre explore les différentes interactions entre la personne âgée et le milieu institutionnel. La perte d’autonomie fonctionnelle contribue à limiter la portée du milieu de vie en institution, entre autres quand son aménagement ne répond pas adéquatement aux besoins de la personne vieillissante.
Cet ouvrage apporte une contribution pertinente à un débat gérontologique peu répandu au sein de la recherche francophone. Par contre, on peut déplorer que l’ouvrage accorde une trop large place aux constats de la recherche, et cela, au désavantage d’exemples d’interventions sur l’aménagement des environnements. D’ailleurs, malgré la rigueur des travaux cités dans ses pages, l’ouvrage est, selon nous, quelque peu en décalage par rapport aux récentes politiques publiques du gouvernement québécois, dont la politique Vivre et vieillir ensemble et la démarche Municipalités amies des aînés, qui mettent en premier plan l’aménagement d’environnements sains, sécuritaires et accueillants pour les aînés.