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Les dérives d’une mondialisation, dont la gouvernance a été abandonnée sans précaution au seul système financier, ont entrainé une succession de crises financières, économiques, sociales, alimentaires, écologiques… Aussi, face à la standardisation et à l’homogénéisation générées par cette mondialisation qui semble encore devoir s’imposer à l’ensemble de la planète, les territoires manifestent depuis plusieurs années des réactions salutaires. Par leur diversité fondée sur de nombreux facteurs patrimoniaux – ressources naturelles, histoire, géographie, culture, savoir-faire – les sociétés locales ont la capacité de réagir pour développer leur territoire et participer au développement de leur nation en valorisant leurs avantages, relatifs ou absolus.
Cette diversité signifie, par ailleurs, qu’il n’y a pas de modèle unique applicable uniformément à tous les territoires. Chaque territoire, lieu d’interaction entre activités humaines et environnement, est spécifique ne serait-ce que par la taille. On conçoit qu’il faut prendre en compte les différentes dimensions de cette diversité pour promouvoir le développement.
Alors que plusieurs scientifiques, géologues, biologistes, géochimistes, nous confirment que l’humanité est en train de changer d’ère géologique, passage de l’époque « holocène » à « l’anthropocène », le livre dirigé par Guy Massicotte est tout à fait en phase pour relever les défis. Dans l’avant propos, intitulé « Une brève histoire de la construction d’un savoir », Massicotte précise : « La publication de cet ouvrage sur les sciences du territoire, par un regroupement d’auteurs activement engagés dans ce domaine de la recherche, marque une étape décisive dans l’évolution d’un mouvement scientifique, politique et institutionnel et la construction d’un champ de connaissances et d’intervention unique au coeur de la société québécoise. »
Les territoires, dans leur diversité, se transforment en catalyseurs de processus cognitifs collectifs, de sorte qu’aucune discipline scientifique ne peut s’attribuer le monopole pour conseiller les acteurs locaux dans l’analyse, le diagnostic et les préconisations pour un plan d’action de développement de leur territoire approprié par la société locale.
C’est ainsi que l’initiative prise par Guy Massicotte de réunir dans ce livre les contributions de scientifiques d’origines aussi variées que géographes, sociologues, démographes, économistes et politologues nous offre, grâce aux sciences du territoire, des regards croisés tout à fait pertinents pour appréhender, gérer, contrôler et valoriser les interactions entre les activités humaines et l’environnement dans ses différentes dimensions naturelles, sociales, économiques, écologiques…
L’interdisciplinarité revendiquée dans ce livre démontre que les territoires sont en attente, pour leur stratégie de développement durable, d’une démarche qui, face à la complexité des interrelations, intègre une vision globale, systémique, mobilisant toutes les connaissances scientifiques disponibles. C’est donc un appel à la science, aux sciences, qui est fait pour un engagement véritable en faveur de la pérennité (voire de la résistance) des territoires selon des valeurs et des finalités d’équité, de durabilité, d’efficacité, de cohérence, de pertinence, mais aussi de solidarité et de démocratie dans un environnement mondial soumis au néo-libéralisme.
La contribution de 15 auteurs d’origines disciplinaires très ouvertes et d’horizons géographiques différents sur le territoire du Québec, offre aux lecteurs, chercheurs, consultants, experts, agents de développement et acteurs territoriaux une précieuse source d’information.