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Ce livre a pour objectif d’introduire le lecteur à la géographie urbaine. De facture relativement scolaire, il est divisé en quatre chapitres. L’introduction souligne deux aspects principaux et distincts de l’urbanisation : selon l’auteur, les villes sont des « foyers de progrès » (p. 5) – qui doivent toutefois vivre avec les conséquences parfois néfastes d’une telle émancipation –, mais elles constituent également des lieux de grande pauvreté. Et c’est sur ces deux constats que repose principalement la dynamique du livre.
Le premier chapitre pose ainsi la question de savoir si l’urbanisation est aujourd’hui un phénomène généralisé. Proposant une série de définitions qui permettent de circonscrire la diversité des entités urbaines, l’auteur dresse également le portrait de l’urbanisation dans le monde depuis le début du XIXe siècle. La dernière partie de cette section insiste sur l’importance encore cruciale des notions de centre et de périphérie, notamment eu égard à leurs définitions et à leurs fonctions et en dépit de l’étalement croissant que connaissent aujourd’hui les sociétés urbaines. Le deuxième chapitre traite de la hiérarchie des villes. Le propos se concentre dans un premier temps sur l’Amérique du Nord, le Japon et l’Europe. Décrivant la situation des villes au sein de ces trois parties du monde, le chapitre s’intéresse ensuite aux « villes de la mer » et à leurs indéniables succès. La dernière section de ce chapitre porte plus spécifiquement sur la fin des campagnes, soulignant leur évolution depuis le début du XXe siècle.
Le troisième chapitre expose la situation de ce que l’auteur appelle les « Suds », mettant de l’avant « l’inflation urbaine » des villes des pays en voie de développement. Passant par l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine, il met l’accent sur un point commun propre aux villes des pays constitutifs de ces zones : l’augmentation du nombre de taudis, révélateurs de la pauvreté et, par conséquent, des inégalités que recèlent les sociétés urbaines contemporaines. Enfin, le dernier chapitre traite de la vulnérabilité des villes. Il est d’abord question des effets de l’urbanisation sur l’environnement, des difficultés à créer la ville « durable » et de la vulnérabilité des lieux contemporains face aux risques naturels ou aux conflits géopolitiques. La dernière partie de ce chapitre se veut plus optimiste en soulignant les progrès réalisés en termes de durabilité, malgré les obstacles qui demeurent. En conclusion, l’auteur propose deux scénarios pour l’avenir : l’un, pessimiste, pense les villes comme « des agglomérations énormes, dominant des périphéries désertes ou des pôles très productifs » (p. 101) ; l’autre, plus optimiste, pense les villes comme « un réseau d’agglomérations secondaires et des espaces ruraux » (p. 101). Le contrôle et l’aménagement constituent cependant des réponses possibles aux défis de l’urbanisation contemporaine.
L’originalité de cet ouvrage réside dans le point de vue offert, qui permet de voir les villes selon leur localisation : les villes du littoral, par exemple, ou la question des « Suds ». Cette originalité se confirme au regard des éditions précédentes 2000, 2005 : de nouveaux éléments ont en effet été apportés. Il aurait toutefois été possible de compléter l’originalité de cet ouvrage en accordant un intérêt théorique plus grand aux concepts et notions propres à la géographie humaine. De même, si l’ouvrage se veut général et tente de dresser un portrait global de l’urbanisation dans le monde et de ses limites, force est de constater qu’il s’adresse somme toute à un public français : nombreuses sont les références spécifiques à ce pays. L’ouvrage n’en demeure pas moins, une excellente introduction aux enjeux géographiques des sociétés urbaines contemporaines.