Abstracts
Résumé
De nos jours, les processus industriels d’élevage et de mise à mort des animaux de boucherie sont relégués vers des bâtiments anonymes, à l’abri des regards. Dans ces non-lieux aseptisés, mécanisés et invivables que sont les élevages et les abattoirs industriels, le rapport homme-animal est à jamais rompu, la vie et la mort animales ne font plus sens. La mise en récit de ces non-sens pose un défi pour la création littéraire, mais quelques écrivains français contemporains s’engagent à « rendre visible ce qui a été conçu pour être invisible» (Anne Simon, « Animal: l’élevage industriel », [s. p.]). Notre analyse, qui se concentrera sur 180 jours d’Isabelle Sorente et Comme une bête de Joy Sorman, propose d’examiner comment ces ‘non-lieux’ de l’industrie de la viande deviennent, dans l’univers littéraire, des lieux symptomatiques de maux qui affligent notre société moderne. Ces huis clos cachés, que l’on analysera comme des hétérotopies foucaldiennes, nous confrontent au malaise de notre propre humanité qu’engendre le traitement des animaux sous la contrainte capitaliste de la rentabilité. En employant le topos littéraire du regard animal, les écrivains font apparaître notre « reflet dans l’œil d’une truie » (Sorente, 180 jours, 485) ; et suscitent un questionnement des non-sens de l’industrie de la viande.
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