ChroniquesLes études québécoises à l’étranger

Les études québécoises dans les îles britanniques : un bilan

  • Craig Moyes

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  • Craig Moyes
    King’s College London

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Cover of Fictions québécoises de l’ailleurs, Volume 48, Number 2 (143), Winter 2023, pp. 7-156, Voix et Images

En 2001, Daniel Chartier, alors directeur de Globe. Revue internationale d’études québécoises – revue créée dans le sillage du référendum de 1995, qui se disait « la seule […] en français qui propose une lecture à la fois interdisciplinaire et internationale de la société québécoise » –, avait réuni, à l’occasion de son huitième numéro, des chercheurs du monde entier afin de prendre le pouls des études québécoises à l’étranger. Pour une discipline traditionnellement localisée dans les institutions universitaires de la vallée du Saint-Laurent, l’étendue de son rayonnement avait de quoi surprendre : du Brésil jusqu’à la Chine, en passant par le Sénégal, l’Ouzbékistan et divers pays européens, on trouvait des chercheurs et des étudiants qui s’intéressaient au Québec. Et parmi les vingt-cinq articles du recueil, on comptait quatre contributions originaires des îles britanniques. Le Canada fait partie, on le sait, de l’histoire de l’Angleterre depuis le xviiie siècle au moins, bien qu’il ne constitue qu’une fraction de sa grande épopée impériale. D’où venait alors cet intérêt pour le Canada français ? Rachel Killick, qui s’est vu octroyer la première chaire britannique en Quebec Studies à l’Université de Leeds en 2001, souligne avec perspicacité les facteurs conjoncturels qui auraient créé un climat propice à l’essor outre-Atlantique de la discipline. D’abord l’affaire d’un ou deux professeurs qui, de passage au Québec pour une raison ou une autre, y ont découvert une société en bouillonnement et une langue et une littérature qui n’étaient pas exactement celles de leur formation hexagonale, puis sont revenus au Royaume-Uni avec le désir d’approfondir leurs connaissances et de les communiquer aux étudiants britanniques, ce n’est qu’à partir des années 1970, après que le Québec fut soudainement internationalisé en quelques années par l’éclat d’Expo 67, le « Vive le Québec libre ! » de Charles de Gaulle, l’intersection de la « Trudeaumanie » et de la crise d’Octobre (qui, rappelons-le, concernait directement le Royaume-Uni par le kidnapping d’un de ses diplomates), que ce coin du Canada apparut digne d’un intérêt plus que folklorique. Bénéficiant d’une nouvelle politique extérieure, à l’échelle fédérale comme provinciale, qui mettait quelques fonds à la disposition des délégations culturelles et, par extension, des chercheurs étrangers, les études québécoises et canadiennes ont pu gagner une des premières têtes de pont en dehors de l’Amérique du Nord. The British Association for Canadian Studies (BACS) – avec à l’origine une forte composante francophone – est née en 1976 sous l’impulsion de Cedric May, un de ces « pionniers » débarqués (littéralement dans son cas : il avait fait sa traversée en paquebot) au Québec au moment de la Révolution tranquille. Enfin, deux vagues d’expansion du secteur universitaire au Royaume-Uni – l’établissement de nouvelles universités durant des années 1960, puis la réforme majeure de 1992, deux mouvements ayant provoqué des assouplissements disciplinaires corollaires – ont créé des espaces institutionnels propices à recevoir et à canaliser de nouveaux champs de recherche çà et là dans les universités britanniques. À l’orée du nouveau siècle, donc, les études québécoises au Royaume-Uni gagnaient en importance et présentaient une allure plutôt encourageante. Comme de juste, de jeunes chercheurs brillants venus de champs divers mettaient en route des recherches sur de multiples aspects de la langue et de la culture du Canada français, recherches qui furent suivies de la publication de plusieurs ouvrages marquants. À titre d’exemples (et pour ne citer que des monographies) : en études cinématographiques, Quebec National Cinema (2001) de Bill Marshall et Screening Quebec : Québécois Moving Images, National Identity and the Public Sphere (2004) de Scott MacKenzie (Glasgow) ; en linguistique, Language, Citizenship and Identity in Quebec (2007) …

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