Volume 42, Number 3 (126), Spring–Summer 2017 Les genres médiatiques (1860-1900) Guest-edited by Micheline Cambron and Mylène Bédard
Table of contents (15 articles)
Dossier
-
LES GENRES MÉDIATIQUES DANS LE QUÉBEC DU XIXe SIÈCLE : ESSAIS DE POÉTIQUE
-
LE QUÉBEC DANS LE SYSTÈME FRANCOPHONE DE L’INFORMATION AU XIXe SIÈCLE
GUILLAUME PINSON
pp. 13–24
AbstractFR:
À Québec et en Louisiane, dans le dernier tiers du xviiie siècle, sont fondés les premiers journaux de langue française d’Amérique du Nord, tandis que le lancement du Journal de Paris en 1777 fait entrer la France dans le temps de la quotidienneté médiatique. Progressivement se constituent, de Paris à Bruxelles et à Genève, de Montréal à la Nouvelle-Orléans en passant par New York, de grands axes de circulation de journalistes, de corpus et d’imaginaires, à la source du premier mouvement de mondialisation médiatique dans sa dimension francophone, qui culmine au milieu du xixe siècle. Ce que nous appellerons la « francosphère médiatique » a ainsi reposé sur des traits culturels et littéraires (par la conscience d’user d’une langue commune prestigieuse — le français — avec ses oeuvres, ses auteurs et ses imaginaires collectifs), historiques (par la dynamique d’une « destinée » commune qui unit les deux façades atlantiques) et technologiques (par le développement des réseaux télégraphiques continentaux, du chemin de fer, des lignes maritimes et, en 1866, du premier câble transatlantique). Cet article posera ainsi l’hypothèse qu’il a existé, au milieu du xixe siècle et au coeur de ce système interconnecté, une littérature-journal de la francophonie qui s’est manifestée poétiquement sous la forme de certains genres journalistiques. Le genre de la chronique en a constitué le pivot central (nous en proposerons la synthèse avec ses grands praticiens, en France, en Belgique et au Québec), mais notre réflexion s’ouvrira également au reportage, qui émerge dans le dernier tiers du siècle de part et d’autre de l’Atlantique, et qui traduit les grandes mutations qui affectent le journalisme avec les nouveaux protocoles de l’écriture de l’information. Notre article se terminera sur les grands éléments poétiques du reportage au Canada français, domaine encore peu fouillé par la recherche, et qui a pourtant vu des journalistes — Lorenzo Prince, Auguste Marion, Jules Fournier ou encore Gilbert Larue — connaître de grands succès populaires.
EN:
The first French-language newspapers in North America were founded in Québec City and Louisiana in the last third of the 18th century, while the launching of the Journal de Paris in 1777 brought France into the era of the media as a daily phenomenon. Major circulation networks involving journalists, bodies of texts, and imaginative systems were gradually established between Paris, Brussels and Geneva and between Montréal and New Orleans via New York: this was the beginning of the first media globalization in its French-language aspect, which reached its high point in the mid-19th century. What we are calling the “French-language mediasphere” was defined by characteristics that were cultural and literary (the awareness of using a prestigious common language, French, with its works, its authors, and its collective imaginary systems), historical (through the dynamics of a common “destiny” bringing together both sides of the Atlantic), and technological (through the development of continental telegraph networks, railways, shipping lines and, in 1866, the first transatlantic cable). This article will argue that there was, at mid-century and at the core of this interconnected system, a journal/literature of the French-speaking world that manifested itself poetically through various journalistic genres. The column (chronique) was the key central genre (we are offering a synthesis focusing on its great practitioners in France, Belgium and Québec), but our analysis will also include the news story (reportage), which emerged on both sides of the Atlantic in the last third of the century, and which embodied the great transformations affecting journalism as new writing and information protocols appeared. Our article ends with an account of the great poetic elements of news stories in French Canada, an area that has so far attracted little attention from researchers despite the significant popular success enjoyed by journalists such as Lorenzo Prince, Auguste Marion, Jules Fournier and Gilbert Larue.
ES:
En Quebec y en Luisiana, durante el último tercio del siglo XVIII, se fundaron los primeros diarios de lengua francesa en América del Norte, mientras que con el lanzamiento de Journal de Paris (Diario de París), en 1777, Francia entró al tiempo de la cotidianidad mediática. Se constituyeron progresivamente, de Paris a Bruselas y a Ginebra, de Montreal a Nueva Orleáns, pasando por Nueva York, grandes ejes de circulación de periodistas, de corpus y de imaginarios, en el origen del primer movimiento de globalización mediática en su dimensión francófona, que culminó a mediados del siglo XIX. Así pues, lo que llamaremos la “francoesfera mediática” se basó en rasgos culturales y literarios (por la conciencia del uso de un idioma común prestigioso –el francés– con sus obras, sus autores y sus imaginarios colectivos), históricos (por la dinámica de un ‘destino’ común que unía ambas fachadas atlánticas) y tecnológicos (por el desarrollo de las redes telegráficas continentales, el ferrocarril, las líneas marítimas y, en 1866, el primer cable trasatlántico). Este artículo planteará, pues, la hipótesis de que existió, a mediados del siglo y en el corazón de este sistema interconectado, una literatura periodística de la francofonía que se manifestó poéticamente en forma de algunos géneros periodísticos. El género de la crónica constituyó el pivote central de la misma (propondremos una síntesis con sus grandes prácticos, en Francia, Bélgica y Quebec), pero nuestra reflexión se abrirá también al reportaje, que emergió en ambas orillas del Atlántico en el último tercio del siglo, y que tradujo las grandes mutaciones que afectaron al periodismo con los nuevos protocolos de la escritura de la información. Nuestro artículo finalizará con los grandes elementos poéticos del reportaje en el Canadá francés, sector aún poco investigado y que, sin embargo, dio a periodistas –Lorenzo Prince, Auguste Marion, Jules Fournier, o también Gilbert Larue– que lograron grandes éxitos populares.
-
SERVIR ET ALLÉGER : l’art du chroniqueur
VINCENT LAMBERT
pp. 25–37
AbstractFR:
Où qu’on la pratique, la chronique comporte un certain nombre de caractéristiques — relevées notamment par Marc Angenot (1986) et Marie-Ève Thérenty (2007) — qui en font un genre à part entière, même si le premier de ces traits est une indistinction qui tient à sa mitoyenneté générale. Elle est au point de rencontre de la littérature et du journalisme, des genres de l’intime et de l’espace public, de l’actualité et de l’inactualité, de l’archive et du provisoire, de l’objectivité factuelle et d’un subjectivisme assumé. Cet article propose de comprendre la spécificité de l’espace réservé au chroniqueur dans certains journaux canadiens de la seconde moitié du xixe siècle. Nous aborderons quatre chroniqueurs très actifs à l’époque : Arthur Buies, Hector Fabre, Napoléon Legendre et Edmond Paré. Ils partagent un ensemble de traits récurrents (le libéralisme, l’oralité, l’ironie, la flânerie et la contemplation) suggérant que nous sommes en présence d’une véritable figure médiatique, c’est-à-dire un type façonné par l’imaginaire médiatique, identifié à un ethos, à un langage, à certaines postures qui forment ni plus ni moins qu’un habit — une manière d’être, une tenue —, l’habit du chroniqueur. Celui qui revêt cet habit accepterait un mandat implicite, un peu comme le reporter mais à propos de tout et de rien, celui de préserver une connivence avec le lecteur, par laquelle le monde (de la politique au fjord du Saguenay en passant par les rues de Québec) sera vu d’un angle oblique, à la fois ironique et intime.
EN:
Wherever it is found, the column (chronique) includes certain features—identified by Marc Angenot (1986) and Marie-Ève Thérenty (2007), among others—that make of it a genre in its own right, even if its first characteristic is a lack of distinctiveness related to the fact that it generally occupies a kind of middle ground. It is located at the junction of literature and journalism, intimacy and public space, current events and whatever is not current, archives and the ephemeral, factual objectivity and an openly acknowledged subjectivism. This article seeks to understand the specific nature of the space assigned to columnists in certain Canadian newspapers in the second half of the 19th century. We will examine the work of four columnists active during this period: Arthur Buies, Hector Fabre, Napoléon Legendre and Edmond Paré. They shared a number of recurring traits (liberalism, orality, irony, strolling, contemplation), which suggests that we may be in the presence of a genuine media figure, i.e., a type shaped by the media’s imaginative system, identified with an ethos, a language, and certain postures forming an “outfit” (by which we mean “way of being” or “behaviour”): the columnist’s outfit. The person who put on this outfit agreed to take on an implicit commitment similar to that of the reporter, although he focused on anything and everything: a commitment to maintaining a sense of complicity with the reader, on the basis of which the world (from politics to the Saguenay fjord or the streets of Québec) was to be viewed, both ironically and intimately, from an oblique point of view.
ES:
Dondequiera que se practique, la crónica comporta cierto número de características –señaladas, entre otros, por Marc Angenot (1986) y Marie-Ève Thérenty (2007)– que hacen de la misma un género de pleno derecho, aunque el primero de estos rasgos sea una indistinción que se debe a su medianería general. Se sitúa en el punto de encuentro de la literatura y el periodismo, géneros de lo íntimo y el espacio público, de la actualidad y la ausencia de actualidad, del archivo y lo provisional, de la objetividad fáctica y un subjetivismo asumido. Este artículo propone que se entienda la especificidad del espacio reservado para el cronista en algunos diarios canadienses de la segunda mitad del siglo XIX. Abordaremos a cuatro cronistas muy activos en aquella época: Arthur Buies, Hector Fabre, Napoléon Legendre y Edmond Paré. Comparten un conjunto de rasgos recurrentes (el liberalismo, la oralidad, la ironía, la holganza y la contemplación), sugiriendo que estamos en presencia de una verdadera figura mediática, esto es, un tipo modelado por el imaginario mediático, identificado con un ethos, un lenguaje, algunas posturas que forman ni más ni menos un traje, una ‘forma de ser’, una ‘vestimenta’, el traje del cronista. Aquel que revistiera dicho traje aceptaría un mandato implícito, un poco como el reportero, pero a propósito de todo y de nada, lo de preservar una connivencia con el lector, dentro de la cual el mundo (de la política en el fiordo del río Saguenay, pasando por las calles de la Ciudad de Quebec), se vería desde un ángulo oblicuo, a la vez irónico e íntimo.
-
FLATTÉE ET POURFENDUE : représentations de la figure de la lectrice dans Le Pionnier de Sherbrooke
MYLÈNE BÉDARD
pp. 39–52
AbstractFR:
Si la fiction traverse le journal au xixe siècle, outrepassant les divisions entre les rubriques — ce que Marie-Ève Thérenty conçoit comme une forme de « littérarisation du journal » (2007) —, une réflexion sur les rapports entre les genres sexués reste encore à faire. S’intéressant aux effets provoqués par l’imaginaire et la fictionnalisation du féminin dans la presse canadienne-française de la deuxième moitié du xixe siècle, cet article examine les impacts de la compartimentation du masculin et du féminin dans des rubriques particulières sur les modalités du discours et la construction de la lecture dans Le Pionnier de Sherbrooke. Les dépouillements préliminaires de cette feuille régionale ont montré que les femmes constituent un sujet de fictionnalisation dans les décennies 1860-1880, mais que d’autres figures que celle de la harpie — très présente entre 1836 et 1838 (Randall, 2013) — émergent, dont celle de la criminelle. Les faits divers exploitent plus spécifiquement cette figure, qui revêt une identité multiple : la meurtrière, la femme-infanticide, l’empoisonneuse et même la lectrice-criminelle. Au moment où les journaux publient des romans-feuilletons afin de s’attirer un lectorat féminin, le fait divers diabolise la femme, et tout particulièrement la femme qui lit. Que le portrait de la lectrice qui émane du contenu journalistique dédié aux femmes, principalement du feuilleton, ne coïncide pas tout à fait avec celui que donnent à lire plusieurs nouvelles relevant du fait divers invite à s’interroger sur la délimitation des frontières génériques dans la presse en regard des catégories de genre.
EN:
If the 19th-century newspaper is shot through with fiction, regardless of divisions between headings (this is what Marie-Ève Thérenty (2007) understands as the “literarization of the newspaper”), the relationship between gendered genres remains to be examined. Focusing on the effects of the imaginative system and the fictionalization of the feminine in the French Canadian press in the second half of the 19th century, this article examines the impacts of the compartmentalization of the masculine and the feminine under specific headings on forms of discourse and the construction of reading in Le Pionnier de Sherbrooke. Preliminary work on this regional newspaper shows that women were the subject of fictionalization in the 1860s, 1870s and 1880s, but that figures emerged other than the harpy—which was very present between 1836 and 1838 (Randall, 2013)—, including the figure of the female criminal. Brief news items specifically exploited this figure, which took on a number of different forms: murderess, woman guilty of infanticide, poisoner, and even criminal female reader. At a time when newspapers were printing serialized novels to attract a female readership, news items demonized women and especially women readers. The fact that the portrait of the female reader presented in journalistic content dedicated to women, particularly serials, was not quite the same as the portrait drawn in a number of brief news items, raises questions about how the boundaries of genres in the press were defined in terms of gender categories.
ES:
Si bien la ficción atravesó el diario en el siglo XIX, sobrepasando las divisiones entre las rúbricas –lo que Marie-Ève Thérenty concibe en términos de ‘literaturización del diario’ (2007) –, aún queda por hacer una reflexión sobre las relaciones entre los géneros sexuados. Interesándose por los efectos provocados por el imaginario y la ficcionalización de lo femenino en la prensa canadiense francesa de la segunda mitad del siglo XIX, este artículo estudia los impactos de la compartimentación de lo masculino y lo femenino en las rúbricas particulares sobre las modalidades del discurso y la construcción de la lectura en Le Pionnier de Sherbrooke (El Pionero de Sherbrooke). Los análisis preliminares de esta hoja regional mostraron que las mujeres constituían un tema de ficcionalización en las décadas de 1860-1880, pero que hay otras figuras que la de arpía –muy presente entre 1836 y 1838 (Randall, 2013)– que emergen, entre ellas la de la criminal. La prensa de sucesos explota más específicamente esta figura, que reviste una identidad múltiple: la asesina, la mujer infanticida, la envenenadora e incluso la lectora criminal. En un momento en que los diarios publicaban folletines con el fin de atraerse al sector femenino, los sucesos demonizaban a la mujer, y en particular a aquella que leía. Que el retrato de la lectora que emana del contenido periodístico dedicado a las mujeres, principalmente el folletín, no coincida totalmente con el que dan a leer varias noticias, que se refiere al suceso, incita a interrogarse sobre la delimitación de las frontera genéricas en la prensa con respecto a las categorías de género.
-
LA CONSTITUTION DU LITTÉRAIRE EN CONTEXTE MÉDIATIQUE : la critique littéraire québécoise, 1860-1900
LOUIS-SERGE GILL
pp. 53–69
AbstractFR:
La critique littéraire québécoise du xixe siècle demeure l’un des genres médiatiques les plus délaissés des dernières années. Pourtant, nous observons dans la seconde moitié du siècle une croissance de la publication de textes de critique et un intérêt marqué pour la constitution d’instances de légitimation du littéraire. Dans cet article, l’auteur esquisse les formes et les tendances de la critique en contexte médiatique. À partir d’exemples tirés de journaux et de périodiques, il expose les formes suivantes : le prospectus, la bibliographie, l’article, l’étude, la correspondance et la biographie, avant de présenter le dossier de presse du Pèlerin de Sainte-Anne (1877), roman de Pamphile Le May, en regard du dialogue quotidien que permet la critique littéraire en contexte médiatique.
EN:
Québec’s 19th-century literary criticism is one of the most neglected genres of the past few years. And yet we can observe, in the second half of the century, an increase in the publication of critical texts and a marked interest in establishing processes that would confer legitimacy on literary phenomena. In this article, we outline the forms and tendencies of criticism in a media context. Drawing on examples from newspapers and periodicals, we describe the following forms: prospectus, bibliography, article, study, correspondence, and biography. Next, we present a press review of Pamphile Le May’s novel Le pèlerin de Sainte-Anne (1877), highlighting the dialogue that literary criticism was able to provide on a daily basis in a media context.
ES:
La crítica literaria quebequense del siglo XIX sigue siendo uno de los géneros mediáticos menos tratados en los últimos años. No obstante, observamos en la segunda mitad del siglo un crecimiento de la publicación de textos de crítica y un interés marcado por la constitución de instancias de legitimación de lo literario. En este artículo, deseamos esbozar las formas y tendencias de la crítica en un contexto mediático. A partir de ejemplos sacados de diarios y de la prensa periódica, exponemos las siguientes formas: el prospecto, la bibliografía, el artículo, el estudio, la correspondencia y la biografía. Luego, presentamos la carpeta de prensa de Pèlerin de Sainte-Anne (Peregrino de Santa Ana) (1877), novela de Pamphile Le May, con respecto al diálogo cotidiano que permitía la crítica literaria en un contexto mediático.
-
DU FAIT DIVERS À LA CRITIQUE : variations sur un objet culturel dans la presse périodique : le cas du théâtre
LUCIE ROBERT
pp. 71–83
AbstractFR:
Le présent article s’intéresse à la manière dont la presse périodique traite du théâtre à la fin du xixe siècle et il cherche à saisir l’émergence de ce qui deviendra au siècle suivant la critique dramatique. Il ne s’agit pas tant ici de fixer la date à laquelle le théâtre apparaît dans les journaux que de saisir comment cette critique s’immisce dans le journal et en adopte les normes et les règles. À travers quelques événements significatifs — la création des deux pièces de Louis Fréchette en 1880, quelques moments des tournées de Sarah Bernhardt (1880, 1891, 1905) et de Mounet-Sully (1894), l’incident Blonville-Saint-Louis en 1894 —, l’auteure interroge la manière dont le journal rend compte du théâtre. Sont ainsi envisagées quatre formes distinctes : le fait divers, le feuilleton dramatique, la publicité et enfin la chronique elle-même, bien que celle-ci n’émerge que très tardivement. Ce qui caractérise le discours de la presse sur le théâtre (et qui le distingue de celui que l’on trouve dans les revues ou les ouvrages spécialisés) est avant tout la nature du pacte qui lie le journal, d’une part à son lectorat, d’autre part, aux théâtres eux-mêmes en ce qu’ils sont source de revenus publicitaires, et au conflit qui peut résulter de cette double allégeance.
EN:
This article analyzes how drama was dealt with by the periodical press in the late 19th century, and attempts to understand the emergence of what would become theatre criticism in the 20th. Our goal is not so much to determine the date at which newspapers began to deal with drama, but to understand how this coverage of this topic entered the press and adopted its standards and rules. Through several significant events—the production of two plays by Louis Fréchette in 1880, moments from the tours of Sarah Bernhardt (1880, 1891, 1905) and Mounet-Sully (1894), the Blonville-Saint-Louis incident in 1894—we ask how newspapers covered what was happening on stage. Four distinct forms are examined: brief news items, dramatic serials, advertising, and actual criticism, although the latter does not appear until quite late. What characterized the discourse of the press on drama (and distinguished it from the discourse found in periodicals or specialized works) was the nature of the pact between the newspaper and its readership on the one hand, and the newspaper and theatres on the other (inasmuch as the latter were a source of advertising income), as well as the conflict that might result from this twofold allegiance.
ES:
El presente artículo se interesa por la manera en que la prensa periódica trató el teatro a finales del siglo XIX y procura captar la emergencia de lo que llegaría a ser, en el siguiente siglo, la crítica dramática. Por lo tanto, lo que nos interesa aquí no es tanto fijar la fecha en que el teatro apareció en los diarios, sino captar cómo dicha crítica se inmiscuyó en los diarios y adoptó sus normas y reglas. A través de algunos eventos significativos, como la creación de las dos obras de Louis Fréchette en 1880, algunos momentos de las giras de la actriz Sarah Bernhardt (1880, 1891, 1905) y Mounet-Sully (1894), el incidente Blonville-Saint-Louis en 1894, indagamos la manera en que el diario daba cuenta del teatro. Es así como se enfocan cuatro formas distintas: el suceso, el folletín dramático, la publicidad y, por último, la crónica en sí, aunque esta emergió muy tardíamente. Lo que caracteriza el discurso de la prensa sobre el teatro (y lo distingue del que se encuentra en las revistas u obras especializadas) es ante todo la índole del pacto que vinculaba el diario, por una parte a sus lectores, y por otra, a los mismos teatros, puesto que eran fuente de ingresos publicitarios, y al conflicto que pudiera resultar de esta doble lealtad.
-
DEUX CANADIENS FRANÇAIS DANS LA COURSE AUTOUR DU MONDE
CHARLOTTE BIRON
pp. 85–100
AbstractFR:
Le reportage devient au Québec, comme dans le reste de l’Occident, l’élément central de la presse d’information dans la foulée des modifications socioéconomiques et techniques qui ont transformé les journaux à la fin du xixe siècle. Parmi celles-ci, le développement fulgurant des transports et des communications s’imbrique dans les modalités qui permettent la naissance du genre. Composé au rythme du télégraphe, des trains et des bateaux, le reportage s’avère, dès ses balbutiements, intimement lié à la notion de déplacement ; il s’agit d’un moyen de couvrir l’actualité, mais également d’un objet de fascination. Le mouvement du reporter apparaît comme une fin en soi dans un type d’articles courant au tournant du siècle, le reportage-événement, dont le meilleur exemple est sans conteste le tour du monde de Lorenzo Prince et d’Auguste Marion, qui participent pour La Presse à la course dans laquelle se lancent différents journaux sur la planète en 1901. Le présent article vise à analyser les contraintes de l’écriture du tour du monde telles que les reporters de La Presse s’en sont saisis, mais également à réfléchir la spécificité de cette série, artefact issu de la traversée des frontières de deux reporters canadiens-français au tournant du siècle.
EN:
In Québec as elsewhere in the West, the news story (reportage) became the basic element of the information press as newspapers were transformed by social, economic, and technical change in the late 19th century. The meteoric development of transportation and communications became part of the conditions that allowed the genre to emerge. Written to the rhythm of telegraph, ships, and trains, the news story was intimately associated from the beginning with the idea of moving around as a way of covering current events, but also as something fascinating in itself. The reporter’s movement appeared as an end in itself in a type of article published at the turn of the century, the “reportage-événement” (“event/news story”). The best example of this is undoubtedly the trip around the world of Lorenzo Prince and Auguste Marion, who participated on behalf of La Presse in a race involving a number of newspapers in different countries in 1901. This article seeks to analyze the constraints on the writing of the trip around the world as the two reporters handled it, but also to think about the specific characteristics of this series, an artefact produced by the movement of two French Canadian reporters across borders at the turn of the century.
ES:
El reportaje llegó a ser, en Quebec, al igual que en el resto de Occidente, el elemento fundamental de la prensa de información, siguiendo las huellas de las modificaciones socioeconómicas y técnicas que transformaron los diarios a finales del siglo XIX. Entre estas, el desarrollo fulgurante de los transportes y las comunicaciones se imbricó en las modalidades que dieron lugar al nacimiento del género. Compuesto al ritmo del telégrafo, los trenes y los barcos, el reportaje estuvo, desde sus balbuceos, íntimamente vinculado a la noción de desplazamiento, medio para cubrir la actualidad, pero también objeto de fascinación. El movimiento del reportero aparece como un fin en sí en un tipo de artículos corriente en el cambio de siglo, el reportaje evento, cuyo mejor ejemplo es sin duda alguna la vuelta al mundo de Lorenzo Prince y Auguste Marion, quienes participaron, para el diario La Presse, en la carrera en la cual se lanzaron, en 1901, diferentes diarios en el planeta. El presente artículo apunta a analizar las limitaciones de lo escrito sobre la vuelta al mundo, como se apoderaron de ello los reporteros de La Presse, pero también invita a reflexionar sobre la especificidad de esta serie, artefacto proveniente del cruce de las fronteras por dos reporteros canadienses franceses en el cambio de siglo.
Étude
-
UN HOMMAGE « COLLOQUIALEMENT » DISTINGUÉ : « Le tombeau de Charles Baudelaire » de Nelligan
PATRICK THÉRIAULT
pp. 103–116
AbstractFR:
Le projet de sonnet en hommage à l’auteur des Fleurs du mal que Nelligan a laissé sous le titre « Le tombeau de Charles Baudelaire » n’a guère retenu l’attention des commentateurs, qui n’en ont offert aucune lecture soutenue. Son style et son imaginaire insolites témoignent pourtant d’un travail d’élaboration — au sens psychique et artistique du mot — indéniable, même remarquable, qui confère à cette « ébauche » non seulement l’unité de structure nécessaire à son fonctionnement et à son authentification comme poème, mais surtout un rare degré d’originalité. L’auteur démontre qu’à travers l’esthétique étrangement « locale » ou « colloquiale » de ce poème, Nelligan essaie, par un ingénieux et paradoxal tour de main, de se positionner avantageusement dans l’espace symbolique de la modernité baudelairienne.
EN:
The proposed sonnet paying tribute to the author of Les Fleurs du mal that Nelligan drafted under the title “Le tombeau de Charles Baudelaire” has received little attention from critics, who have provided no sustained analysis of it. And yet, its unusual style and imaginative resonance bear witness to an undeniable, even remarkable, work of development—in both the psychological and artistic senses—that provides this “draft” not only with the unity of structure required for it to function and be recognized as an authentic poem, but also, and more importantly, with a rare degree of originality. Through the strangely “local” or “colloquial” aesthetic of this poem, Nelligan is attempting, with an ingenious and paradoxical approach, to establish himself in a favourable position within the symbolic space of Baudelairean modernity. This is what we will seek to demonstrate after offering a brief commentary on the text.
ES:
El proyecto de soneto en homenaje al autor de Les fleurs du mal (Las flores del mal) que dejó Nelligan con el título Le tombeau de Charles Baudelaire (La tumba de Charles Baudelaire) no llamó mucho la atención de los comentadores, quienes no ofrecieron ninguna lectura sostenida del mismo. No obstante, su estilo y su imaginario insólitos dan testimonio de un trabajo de elaboración –en el sentido psíquico y artístico del término– innegable, incluso notable, que confiere a este ‘esbozo’ no solo la unidad de estructura necesaria para su funcionamiento y su autenticación como poema, sino sobre todo un grado de originalidad poco frecuente. A través de la estética extrañadamente ‘local’ o ‘coloquial’ de dicho poema, Nelligan trata, mediante una habilidad ingeniosa y paradójica, de posicionarse ventajosamente en el espacio simbólico de la modernidad de Baudelaire. Esto es lo que nos proponemos demostrar tras haber ofrecido un breve comentario sobre el texto.