Abstracts
Résumé
Ce texte a pour point de départ une expérience partagée, entre 1966 et 1969, par l’auteur de l’article et André Belleau lui-même : la fréquentation des cours de philologie faisant partie du programme de lettres à l’Université de Montréal, ainsi que du cours consacré à François Rabelais par le professeur invité Michaël Baraz. L’hypothèse développée est que la valorisation du multiple et de l’hétérogène chez Belleau doit beaucoup à ces enseignements, mais ne va pas sans problème. Bien que les travaux de Bakhtine, encore peu connus à l’époque, soient venus par la suite étayer la lecture festive et carnavalesque de la multiplicité rabelaisienne que propose Belleau, la possibilité que le pluriel confine au non-sens ne cesse de poindre. Si Baraz a recours à des philosophes, et principalement à Spinoza, pour affronter le problème du pluriel, Belleau pense que le multiple se réalise dans une éthique du mouvement et que c’est le langage, dans sa mouvance et son dynamisme historique, qui est par excellence son lieu d’accomplissement. Par là se marque chez lui l’héritage de la philologie, qui saisit la langue comme un processus contingent et comme le produit d’une multitude de faits liés à la mobilité des peuples et à l’interaction des cultures.
Abstract
The starting-point of this text is an experience shared by the author and André Belleau between 1966 and 1969 when, in the literature program at the Université de Montréal, they studied philology and attended a course on Rabelais taught by visiting professor Michael Baraz. The author argues that Belleau’s recognition of the value of multiplicity and heterogeneity owes much to these teachings, but is not without problems. Although the work of Bakhtin, which at the time was not widely known, was later to support Belleau’s festive and carnavalesque reading of Rabelaisian multiplicity, the possibility that multiplicity may lead to nonsense continued to arise. While Baraz turned to philosophers and especially Spinoza to deal with the problem of plurality, Belleau thought that multiplicity realizes itself according to an ethics of movement and that language itself, in its mobility and historic dynamism, is the place where this multiplicity comes to life. Such a vision confirms the importance for Belleau of philology, which sees language as a contingent process and as the product of a great number of events related to the mobility of peoples and the interaction of cultures.
Resumen
Este texto tiene como punto de partida una experiencia compartida, entre 1966 y 1969, por el autor del artículo y el mismo André Belleau: la asistencia a las clases de filología que formaban parte del programa de Letras en la Universidad de Montreal, así como a la asignatura dedicada a François Rabelais, impartida por el Profesor invitado Michaël Baraz. La hipótesis desarrollada es que la valorización de lo múltiple y lo heterogéneo en Belleau se debe en gran parte a dichos docentes, pero no deja de plantear problemas. Pese a que los trabajos de Bajtín, aún poco conocidos en aquella época, vinieron más adelante a apoyar la lectura festiva y carnavalesca de la multiplicidad de Rabelais que propone Belleau, no deja de asomar la posibilidad de que lo plural confine al contrasentido. Si bien Baraz recurre a filósofos, y principalmente à Spinoza, a fin de afrontar el problema de lo plural, Belleau piensa que lo múltiple se realiza dentro de una ética del movimiento y que el lenguaje, en su esfera de influencia y su dinamismo histórico, es su lugar de cumplimiento por excelencia. Es en ello donde se marca en él la herencia de la filología, que considera el idioma como un proceso contingente y como el producto de una multitud de hechos vinculados a la movilidad de los pueblos y a la interacción de las culturas.